(francais / italiano)
Revisionismo pangermanico per un'Europa neocarolingia
(2a parte; la prima parte alla pagina:
http://it.groups.yahoo.com/group/crj-mailinglist/message/5077 )
1. A proposito della mostra di Berlino e della alleanza strategica
tra revanscismo pantedesco e neoirredentismo italiano
2. Ordre supranational
29/08/2006 - http://www.german-foreign-policy.com/
=== 1 ===
A proposito della mostra di Berlino
Di seguito un estratto da un articolo di Giuseppe Genna che parla del
caso Grass e anche di questa mostra. Non necessariamente sono
condivisibili tutte le affermazioni di Genna, però è interessante che
l'articolo di Repubblica (da noi segnalato nel precedente invio) non
parli dello spazio dedicato nella mostra all'esodo e alle foibe
istriane.
(segnalato da Claudia Cernigoi - Trieste)
---
(...) Al Kronprinzenpalais, un'ulteriore mostra, non permanente, che
ha scatenato polemiche in tutto il mondo, e della quale, qui in
Italia, si è avuta qualche eco. Non reperendo una copia di giornali
italiani che fosse una, pur chiedendo a ogni edicola in corretto
inglese e venendo misinterpretato perché gran parte dei berlinesi che
ho incontrato non parla inglese, mi sono ridotto a leggere Le Monde,
il New York Times, lo Herald Tribune, le cui pagine culturali erano
dominate dal caso Grass e dallo scandalo di questa esibizione,
fragile in apparenza e muscolare a un secondo livello. Si tratta di
una rassegna degli esodi politici del Novecento: masse di presuli ed
esiliati nel XX secolo. La documentazione è scarsissima e per questo
stesso motivo risulta emblematica. Quattro lettere affiancate da una
tiara ortodossa e la questione turco-greca è sistemata (non ne sono
esperto, ma, avendo letto "Middlesex" di Jeffrey Eugenides, ho una
percezione attendibile dell'immane tragedia che fu vissuta e dai
turchi e dai greci). Enorme attenzione per lo sterminio, con
conseguente esodo di profughi in massa, degli armeni: sta diventando
l'argomento storico da opporre all'Olocausto. A proposito del quale,
compio un'unica constatazione: siamo presenti anche noi italiani
nell'esposizione, con la questione istriana e la storia delle foibe,
a cui viene dedicato un terzo dello spazio dedicato all'Olocausto.
Questa è la pietra dello scandalo internazionale (con
giustificatissima sottopolemica dalla Polonia), il motivo per cui la
stampa mondiale si è scagliata contro i pessimi (o benaccorti)
curatori della mostra: una riduzione, sic et simpliciter, della Shoah
a esodo, citando un pochino di massacri, in uno spazio
documentaristico ristrettissimo, con posizionamento in teca di una
valigia di deportato come testimonianza diretta. La questione
sottopelle di un revisionismo che, come dicevo, si respira o, almeno,
io ho respirato. (E non parliamo delle foibe: multimedializzate con
tre interventi: il servizio-fiume dell'Istituto Luce postfascista, il
cui unico sintomo di postfascismo sta nel rallentamento della voce
retorica ed enfatica che descrive l'esodo da Pola con terminologia da
Troiane euripidee; un'intervista a una signora che ammette di non
essersi nemmeno recata alle foibe e conta sette familiari morti;
dichiarazioni di ex bambini che ricordano la fuga da Pola. Nessun
dubbio, nessun approfondimento storiografico per una questione che
scatena invece, da anni, non soltanto uno scontro ideologico in
Italia, ma anche indagini di tutt'altro esito, come abbiamo
estesamente segnalato su Carmilla - http://www.carmillaonline.com/cgi-
bin/mt-search.cgi?IncludeBlogs=2&search=Santi+subito%21+%22Infoibati%
22+veri+e+presunti )...
(Fonte: http://www.carmillaonline.com/archives/
2006/08/001896.html#001896
WIR SIND EIN VOLK: Grass e il caso Germania - di Giuseppe Genna )
=== 2 ===
http://www.german-foreign-policy.com/fr/fulltext/55908
Ordre supranational
29/08/2006
BERLIN/MAGDEBOURG (Compte-rendu de la rédaction) - L'Empire allemand
du Moyen Âge qui s'étendait sur une large partie de l'Europe peut
être considéré comme un modèle pour le regroupement des états de
l'Union Européenne (UE) d'aujourd'hui. C'est ce que vient de déclarer
le ministre d'état de Berlin pour la culture, Bernd Neumann. Ainsi le
souvenir du Saint Empire romain germanique révèle "la logique
inhérente, historique" de la création et de l'élargissement continu
de l'UE. Ces remarques préparent les festivités données à l'occasion
du 50ème anniversaire de la Communauté économique européenne (CEE),
pour lesquelles la chancelière Merkel a invité le pape allemand
Joseph Ratzinger. Ratzinger est un partisan engagé de "L'idée de
l'Empire" et doit parler dans la capitale allemande des "fondements
spirituels" de l'Europe. L'offensive du gouvernement pour revitaliser
l'idée de l'Empire confirme des craintes en France, en Grande-
Bretagne et dans presque tous les états d'Europe de l'est. Plusieurs
parties de l'élite allemande mettent en garde contre une politique
hégémoniale de leur pays trop ouvertement affichée.
Signification importante
Comme le déclare le ministre d'état chargé de la culture, Bernd
Neumann, l'Empire allemand du Moyen Âge peut être considéré "de nos
jours" comme "le modèle d'un ordre supranational fonctionnant".[1]
Neumann a choisi cette référence contemporaine lorsqu'il a ouvert
dimanche dernier (27 août) une exposition historique dédiée au
prétendu modèle historique ("Saint Empire romain germanique de 962 à
1806"). A cause du lieu d'exposition de premier plan (entre autre le
Musée d'histoire allemande de Berlin, contrôlé par l'état) les objets
présentés et la façon dont ils sont assemblés sont particulièrement
remarqués. L'intervention du ministre d'état chargé de la culture,
immédiatement subordonné à la chancelière, renforce la signification
politique de cette exposition. Elle jette "un pont (...) qui nous
fait comprendre la logique inhérente, historique de l'intégration
européenne", a déclaré Neumann dimanche dernier. Le but explicite des
organisateurs est d'"examiner le passé de l'ancienne Europe dans une
période de réorientations intérieures et extérieures".[2] On a décelé
des "structures et des procédures de développement", qui "sont d'une
grande importance pour les discussions actuelles et la construction
fédérale de l'Europe", ont déclaré les organisateurs.
L'Europe de demain
La référence explicite aux structures de l'Empire du Moyen-Âge, qui
est visible dans la déclaration de Neumann, s'est longtemps limitée,
après la Deuxième Guerre mondiale, à l'extrême droite allemande ainsi
qu'aux milieux conservateurs et cléricaux. Ainsi Otto de Habsbourg,
politicien membre de la CSU (Conservateurs bavarois) et petit-fils du
dernier empereur, a cru pouvoir découvrir à la fin des années 70 que
la "politique d'intégration européenne (...) [est] la continuation
des grandes lignes et des principes fondamentaux de l'Empire qui ont
survécu à 1806, car ils ont une validité permanente".[3] Dans l'Union
Paneuropéenne, une association de partisans de l'UE proche de la CSU,
on tenait un discours semblable: il faudrait renouveler "dans
l'Europe de demain la fonction éternelle de l'Empire - dans l'intérêt
de l'Occident".[4] Joseph Ratzinger, l'actuel pape Benoît XVI, a
également voulu découvrir aux origines de l'actuelle UE une "Idée
commune d'Empire".[5] Ces dernières années, des journaux
conservateurs allemands ont ouvert leurs pages de culture et de
débats à de nouveaux plaidoyers pour l'"Empire".[6]
Discours du Pape
Le Président du Bundestag (Parlement fédéral allemand), Norbert
Lammert (CDU, Chrétien-démocrate), vient de déclarer qu'il a invité
le partisan de l'Idée de l'Empire, Joseph Ratzinger, à Berlin pour
l'année prochaine. L'invitation a été expliquée par la chancelière
allemande lundi dernier lorsqu'elle a été reçue par le Pape à Castel
Gandolfo. Le pape allemand doit assister à Berlin aux festivités
données à l'occasion du 50ème anniversaire des traités de Rome et
honorer l'événement par un discours. Cette bénédiction religieuse est
consacrée à la Communauté économique européenne (CEE) et aux
"fondements spirituels de l'intégration politique de l'Europe", a-t-
on pu lire préalablement dans la presse allemande.[7] L'invitation
actualise la conception de l'"Empire" comme coexistence permanente de
l'Eglise et de l'Etat et représente un affront particulier contre la
France, membre fondateur de la CEE. Paris est voué à la laïcité. La
séparation de l'église et de l'état est considérée depuis la
Révolution française en 1789 comme un principe fondamental de la vie
politique.
L'Europe centrale
Le discours qu'a tenu dimanche dernier le ministre d'état de la
culture de Berlin représente également un affront pour les états
voisins à l'Est et au Sud-est de l'Allemagne. En faisant ouvertement
allusion à la Pologne et à la République Tchèque, ce membre du
gouvernement allemand déclarait que le Saint Empire romain germanique
fait "partie du passé de nombreux états européens". Selon Neumann,
"l'Allemagne et l'Europe centrale [sont] (...) entremêlées
historiquement et culturellement de manière indissoluble".[8] Le
ministre d'état a ainsi rappelé l'ancienne hégémonie allemande à
l'est de son actuelle frontière, et dont le rétablissement est le but
de Berlin depuis 1990.
Craintes
La revitalisation du mythe de l'Empire se heurte à des critiques
virulentes. Dans une interview, l'historien Heinrich August Winkler a
fait remarqué l'importance du mythe de l'Empire pour la propagande
nazie. Selon Winkler, il était décisif "que l'Empire fût toujours
différent et plus qu'un Etat-nation ordinaire": "Lorsque Hitler
établit en Tchéquie occupée le Protectorat Bohème et Moravie en 1939,
des historiens d'inspiration pangermanique lui ont attesté que ceci
était tout à fait dans l'esprit de l'ancienne idée de l'Empire, qui a
toujours été supranationale." Winkler met en garde contre de
nouvelles tensions entre les états européens: Une "invocation de
l'Empire" va susciter "inévitablement (...) des craintes de
prétentions allemandes de vouloir être de nouveau un modèle pour
l'ordre européen".[9] Comme la critique du célèbre historien Winkler
a été publiée dans un grand hebdomadaire il y a déjà trois semaines
[10], l'actuel discours du ministre ne peut être compris autrement
que comme une propagande clairement affichée pour l'Empire.
[1] Kulturstaatsminister Bernd Neumann eröffnet Ausstellung "Heiliges
Römisches Reich Deutscher Nation 962-1806"; Pressemitteilung des
Presse- und Informationsamts der Bundesregierung 27.08.2006
[2] www.dhm.de/ausstellungen/heiliges-roemisches-reich/index_2.html
[3] Otto von Habsburg: Karl IV. Ein europäischer Friedensfürst,
München/Wien 1978
[4] Monatsinformationen der Paneuropa-Union, Januar 1977
[5] voir aussi Habemus Europam ( http://www.german-foreign-policy.com/
fr/fulltext/52653?PHPSESSID=005tj1l0ih7mcj0il5shs9q660 ) et Fils
allemand ( http://www.german-foreign-policy.com/fr/fulltext/55879?
PHPSESSID=005tj1l0ih7mcj0il5shs9q660 )
[6] voir aussi Genèse d'un nouvel empire ( http://www.german-foreign-
policy.com/fr/fulltext/46973?PHPSESSID=005tj1l0ih7mcj0il5shs9q660 )
et Heiliges Reich ( http://www.german-foreign-policy.com/de/fulltext/
54117?PHPSESSID=005tj1l0ih7mcj0il5shs9q660 )
[7] Lammert lädt Papst in den Bundestag ein; Frankfurter Allgemeine
Zeitung 28.08.2006
[8] Kulturstaatsminister Bernd Neumann eröffnet Ausstellung "Heiliges
Römisches Reich Deutscher Nation 962-1806"; Pressemitteilung des
Presse- und Informationsamts der Bundesregierung 27.08.2006
[9], [10] "Erste Macht Europas"; Der Spiegel 32/2006
Revisionismo pangermanico per un'Europa neocarolingia
(2a parte; la prima parte alla pagina:
http://it.groups.yahoo.com/group/crj-mailinglist/message/5077 )
1. A proposito della mostra di Berlino e della alleanza strategica
tra revanscismo pantedesco e neoirredentismo italiano
2. Ordre supranational
29/08/2006 - http://www.german-foreign-policy.com/
=== 1 ===
A proposito della mostra di Berlino
Di seguito un estratto da un articolo di Giuseppe Genna che parla del
caso Grass e anche di questa mostra. Non necessariamente sono
condivisibili tutte le affermazioni di Genna, però è interessante che
l'articolo di Repubblica (da noi segnalato nel precedente invio) non
parli dello spazio dedicato nella mostra all'esodo e alle foibe
istriane.
(segnalato da Claudia Cernigoi - Trieste)
---
(...) Al Kronprinzenpalais, un'ulteriore mostra, non permanente, che
ha scatenato polemiche in tutto il mondo, e della quale, qui in
Italia, si è avuta qualche eco. Non reperendo una copia di giornali
italiani che fosse una, pur chiedendo a ogni edicola in corretto
inglese e venendo misinterpretato perché gran parte dei berlinesi che
ho incontrato non parla inglese, mi sono ridotto a leggere Le Monde,
il New York Times, lo Herald Tribune, le cui pagine culturali erano
dominate dal caso Grass e dallo scandalo di questa esibizione,
fragile in apparenza e muscolare a un secondo livello. Si tratta di
una rassegna degli esodi politici del Novecento: masse di presuli ed
esiliati nel XX secolo. La documentazione è scarsissima e per questo
stesso motivo risulta emblematica. Quattro lettere affiancate da una
tiara ortodossa e la questione turco-greca è sistemata (non ne sono
esperto, ma, avendo letto "Middlesex" di Jeffrey Eugenides, ho una
percezione attendibile dell'immane tragedia che fu vissuta e dai
turchi e dai greci). Enorme attenzione per lo sterminio, con
conseguente esodo di profughi in massa, degli armeni: sta diventando
l'argomento storico da opporre all'Olocausto. A proposito del quale,
compio un'unica constatazione: siamo presenti anche noi italiani
nell'esposizione, con la questione istriana e la storia delle foibe,
a cui viene dedicato un terzo dello spazio dedicato all'Olocausto.
Questa è la pietra dello scandalo internazionale (con
giustificatissima sottopolemica dalla Polonia), il motivo per cui la
stampa mondiale si è scagliata contro i pessimi (o benaccorti)
curatori della mostra: una riduzione, sic et simpliciter, della Shoah
a esodo, citando un pochino di massacri, in uno spazio
documentaristico ristrettissimo, con posizionamento in teca di una
valigia di deportato come testimonianza diretta. La questione
sottopelle di un revisionismo che, come dicevo, si respira o, almeno,
io ho respirato. (E non parliamo delle foibe: multimedializzate con
tre interventi: il servizio-fiume dell'Istituto Luce postfascista, il
cui unico sintomo di postfascismo sta nel rallentamento della voce
retorica ed enfatica che descrive l'esodo da Pola con terminologia da
Troiane euripidee; un'intervista a una signora che ammette di non
essersi nemmeno recata alle foibe e conta sette familiari morti;
dichiarazioni di ex bambini che ricordano la fuga da Pola. Nessun
dubbio, nessun approfondimento storiografico per una questione che
scatena invece, da anni, non soltanto uno scontro ideologico in
Italia, ma anche indagini di tutt'altro esito, come abbiamo
estesamente segnalato su Carmilla - http://www.carmillaonline.com/cgi-
bin/mt-search.cgi?IncludeBlogs=2&search=Santi+subito%21+%22Infoibati%
22+veri+e+presunti )...
(Fonte: http://www.carmillaonline.com/archives/
2006/08/001896.html#001896
WIR SIND EIN VOLK: Grass e il caso Germania - di Giuseppe Genna )
=== 2 ===
http://www.german-foreign-policy.com/fr/fulltext/55908
Ordre supranational
29/08/2006
BERLIN/MAGDEBOURG (Compte-rendu de la rédaction) - L'Empire allemand
du Moyen Âge qui s'étendait sur une large partie de l'Europe peut
être considéré comme un modèle pour le regroupement des états de
l'Union Européenne (UE) d'aujourd'hui. C'est ce que vient de déclarer
le ministre d'état de Berlin pour la culture, Bernd Neumann. Ainsi le
souvenir du Saint Empire romain germanique révèle "la logique
inhérente, historique" de la création et de l'élargissement continu
de l'UE. Ces remarques préparent les festivités données à l'occasion
du 50ème anniversaire de la Communauté économique européenne (CEE),
pour lesquelles la chancelière Merkel a invité le pape allemand
Joseph Ratzinger. Ratzinger est un partisan engagé de "L'idée de
l'Empire" et doit parler dans la capitale allemande des "fondements
spirituels" de l'Europe. L'offensive du gouvernement pour revitaliser
l'idée de l'Empire confirme des craintes en France, en Grande-
Bretagne et dans presque tous les états d'Europe de l'est. Plusieurs
parties de l'élite allemande mettent en garde contre une politique
hégémoniale de leur pays trop ouvertement affichée.
Signification importante
Comme le déclare le ministre d'état chargé de la culture, Bernd
Neumann, l'Empire allemand du Moyen Âge peut être considéré "de nos
jours" comme "le modèle d'un ordre supranational fonctionnant".[1]
Neumann a choisi cette référence contemporaine lorsqu'il a ouvert
dimanche dernier (27 août) une exposition historique dédiée au
prétendu modèle historique ("Saint Empire romain germanique de 962 à
1806"). A cause du lieu d'exposition de premier plan (entre autre le
Musée d'histoire allemande de Berlin, contrôlé par l'état) les objets
présentés et la façon dont ils sont assemblés sont particulièrement
remarqués. L'intervention du ministre d'état chargé de la culture,
immédiatement subordonné à la chancelière, renforce la signification
politique de cette exposition. Elle jette "un pont (...) qui nous
fait comprendre la logique inhérente, historique de l'intégration
européenne", a déclaré Neumann dimanche dernier. Le but explicite des
organisateurs est d'"examiner le passé de l'ancienne Europe dans une
période de réorientations intérieures et extérieures".[2] On a décelé
des "structures et des procédures de développement", qui "sont d'une
grande importance pour les discussions actuelles et la construction
fédérale de l'Europe", ont déclaré les organisateurs.
L'Europe de demain
La référence explicite aux structures de l'Empire du Moyen-Âge, qui
est visible dans la déclaration de Neumann, s'est longtemps limitée,
après la Deuxième Guerre mondiale, à l'extrême droite allemande ainsi
qu'aux milieux conservateurs et cléricaux. Ainsi Otto de Habsbourg,
politicien membre de la CSU (Conservateurs bavarois) et petit-fils du
dernier empereur, a cru pouvoir découvrir à la fin des années 70 que
la "politique d'intégration européenne (...) [est] la continuation
des grandes lignes et des principes fondamentaux de l'Empire qui ont
survécu à 1806, car ils ont une validité permanente".[3] Dans l'Union
Paneuropéenne, une association de partisans de l'UE proche de la CSU,
on tenait un discours semblable: il faudrait renouveler "dans
l'Europe de demain la fonction éternelle de l'Empire - dans l'intérêt
de l'Occident".[4] Joseph Ratzinger, l'actuel pape Benoît XVI, a
également voulu découvrir aux origines de l'actuelle UE une "Idée
commune d'Empire".[5] Ces dernières années, des journaux
conservateurs allemands ont ouvert leurs pages de culture et de
débats à de nouveaux plaidoyers pour l'"Empire".[6]
Discours du Pape
Le Président du Bundestag (Parlement fédéral allemand), Norbert
Lammert (CDU, Chrétien-démocrate), vient de déclarer qu'il a invité
le partisan de l'Idée de l'Empire, Joseph Ratzinger, à Berlin pour
l'année prochaine. L'invitation a été expliquée par la chancelière
allemande lundi dernier lorsqu'elle a été reçue par le Pape à Castel
Gandolfo. Le pape allemand doit assister à Berlin aux festivités
données à l'occasion du 50ème anniversaire des traités de Rome et
honorer l'événement par un discours. Cette bénédiction religieuse est
consacrée à la Communauté économique européenne (CEE) et aux
"fondements spirituels de l'intégration politique de l'Europe", a-t-
on pu lire préalablement dans la presse allemande.[7] L'invitation
actualise la conception de l'"Empire" comme coexistence permanente de
l'Eglise et de l'Etat et représente un affront particulier contre la
France, membre fondateur de la CEE. Paris est voué à la laïcité. La
séparation de l'église et de l'état est considérée depuis la
Révolution française en 1789 comme un principe fondamental de la vie
politique.
L'Europe centrale
Le discours qu'a tenu dimanche dernier le ministre d'état de la
culture de Berlin représente également un affront pour les états
voisins à l'Est et au Sud-est de l'Allemagne. En faisant ouvertement
allusion à la Pologne et à la République Tchèque, ce membre du
gouvernement allemand déclarait que le Saint Empire romain germanique
fait "partie du passé de nombreux états européens". Selon Neumann,
"l'Allemagne et l'Europe centrale [sont] (...) entremêlées
historiquement et culturellement de manière indissoluble".[8] Le
ministre d'état a ainsi rappelé l'ancienne hégémonie allemande à
l'est de son actuelle frontière, et dont le rétablissement est le but
de Berlin depuis 1990.
Craintes
La revitalisation du mythe de l'Empire se heurte à des critiques
virulentes. Dans une interview, l'historien Heinrich August Winkler a
fait remarqué l'importance du mythe de l'Empire pour la propagande
nazie. Selon Winkler, il était décisif "que l'Empire fût toujours
différent et plus qu'un Etat-nation ordinaire": "Lorsque Hitler
établit en Tchéquie occupée le Protectorat Bohème et Moravie en 1939,
des historiens d'inspiration pangermanique lui ont attesté que ceci
était tout à fait dans l'esprit de l'ancienne idée de l'Empire, qui a
toujours été supranationale." Winkler met en garde contre de
nouvelles tensions entre les états européens: Une "invocation de
l'Empire" va susciter "inévitablement (...) des craintes de
prétentions allemandes de vouloir être de nouveau un modèle pour
l'ordre européen".[9] Comme la critique du célèbre historien Winkler
a été publiée dans un grand hebdomadaire il y a déjà trois semaines
[10], l'actuel discours du ministre ne peut être compris autrement
que comme une propagande clairement affichée pour l'Empire.
[1] Kulturstaatsminister Bernd Neumann eröffnet Ausstellung "Heiliges
Römisches Reich Deutscher Nation 962-1806"; Pressemitteilung des
Presse- und Informationsamts der Bundesregierung 27.08.2006
[2] www.dhm.de/ausstellungen/heiliges-roemisches-reich/index_2.html
[3] Otto von Habsburg: Karl IV. Ein europäischer Friedensfürst,
München/Wien 1978
[4] Monatsinformationen der Paneuropa-Union, Januar 1977
[5] voir aussi Habemus Europam ( http://www.german-foreign-policy.com/
fr/fulltext/52653?PHPSESSID=005tj1l0ih7mcj0il5shs9q660 ) et Fils
allemand ( http://www.german-foreign-policy.com/fr/fulltext/55879?
PHPSESSID=005tj1l0ih7mcj0il5shs9q660 )
[6] voir aussi Genèse d'un nouvel empire ( http://www.german-foreign-
policy.com/fr/fulltext/46973?PHPSESSID=005tj1l0ih7mcj0il5shs9q660 )
et Heiliges Reich ( http://www.german-foreign-policy.com/de/fulltext/
54117?PHPSESSID=005tj1l0ih7mcj0il5shs9q660 )
[7] Lammert lädt Papst in den Bundestag ein; Frankfurter Allgemeine
Zeitung 28.08.2006
[8] Kulturstaatsminister Bernd Neumann eröffnet Ausstellung "Heiliges
Römisches Reich Deutscher Nation 962-1806"; Pressemitteilung des
Presse- und Informationsamts der Bundesregierung 27.08.2006
[9], [10] "Erste Macht Europas"; Der Spiegel 32/2006