Les origines de la pauvreté de nos voisins |
Fidel Castro |
Communiqué du 31 mai 2009
J’ai lu voilà quelques jours, dans deux dépêches de presse, que Ban Ki-moon allait nommer Bill Clinton comme son envoyé spécial en Haïti. Selon cette dépêche :
« L’ancien président s’est fortement engagé sur le plan philanthropique envers la nation antillaise à travers l’Initiative mondiale Clinton. »
« Selon Clinton, le peuple et le gouvernement haïtiens sont en mesure de surmonter les graves dommages causés par les quatre tempêtes qui ont frappé l’île l’an dernier. »« Mme Clinton, secrétaire d’État, avait déclaré toute heureuse que « Bill était un envoyé vedette ». De son côté, « le Secrétaire de l’ONU a confirmé avoir nommé Bill Clinton comme son nouvel envoyé spécial en Haïti. Nous avons été ensemble dans ce pays voilà deux mois et sa présence a contribué à conscientiser la communauté internationale au sujet des problèmes de ce pays caribéen. »
« L’ONU craint qu’après plusieurs années de calme relatif grâce au concours de la MINUSTAH, l’instabilité politique ne s’empare de nouveau du pays. »
« quatre cyclones et tempêtes ont causé 900 morts, laissé 800 000 sinistrés et détruit la maigre infrastructure civile du pays. »
L’histoire d’Haïti et de sa tragédie est bien plus complexe
Après les Etats-Unis qui se déclarèrent souverains en 1776, Haïti fut le second pays du continent à conquérir son indépendance en 1804. Dans le premier cas, les descendants blancs des colons qui fondèrent les Treize Colonies, croyants fervents, austères et instruits, propriétaires de terres et d’esclaves, secouèrent le joug colonial anglais et jouirent de l’indépendance nationale, ce qui ne fut le lot ni de la population autochtone ni des esclaves africains et de leurs descendants qui restèrent privés de tout droit malgré les principes inscrits dans la Déclaration d’Indépendance.
C’est en Haïti, où plus de 400 000 esclaves travaillaient pour 30 000 propriétaires blancs, que les hommes et les femmes soumis à l’odieux système furent capables, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, d’abolir l’esclavage, de maintenir et de défendre un Etat indépendant en lutte contre les soldats qui avaient mis les monarchies européennes à genoux.
Cette étape coïncida avec l’essor du capitalisme et l’apparition de puissants empires coloniaux qui dominèrent les terres et les mers de la planète durant des siècles.
Les Haïtiens ne sont pas coupables de leur pauvreté actuelle
Ils sont les victimes du système imposé au monde. Ils n’ont pas inventé le colonialisme, le capitalisme, l’impérialisme, l’échange inégal, le néolibéralisme, ni les formes d’exploitation et de pillage qui sévissent sur la planète depuis deux cents ans.
Haïti mesure 27 750 kilomètres carrés et abrite d’ores et déjà en 2009, selon des estimations fiables, 9 millions d’habitants. Soit 885 habitants par kilomètre carré de terre arable, l’un des taux les plus élevés au monde, dans un pays sans le moindre développement industriel ou d’autres ressources qui lui permettraient d’acquérir le minimum de moyens matériels indispensables à la vie.
La population rurale représente 53 p. 100 des habitants ; le bois de feu et le charbon constituent le seul combustible domestique à la portée d’une grande partie des familles haïtiennes, ce qui entrave la reforestation. Les forêts qui retiennent l’eau grâce à l’humus des feuilles, des branches et des racines sont rares, de sorte que les pluies intenses provoquent des dommages humains et économiques aux localités, aux chemins et aux cultures. Les cyclones, on le sait, causent des dommages supplémentaires considérables et qui seront toujours plus graves si le climat continue de changer à rythme accéléré. Ce n’est un secret pour personne.
Notre coopération avec la population haïtienne : des écoles, des médecins
Tout cela a débuté voilà dix ans justement quand les cyclones George et Mitch ont frappé les Caraïbes et l’Amérique centrale.
René Préval était alors président et Jean-Bertrand Aristide chef du gouvernement. Les cents premiers médecins cubains furent envoyés le 4 décembre 1998, et le chiffre de coopérants de la santé s’éleva par la suite à 600.
C’est à cette occasion que nous avons créé l’Ecole latino-américaine de médecine (ELAM) où plus de 12 000 jeunes latino-américains font actuellement des études. Et c’est aussi à partir de là que nous avons concédé à de jeunes Haïtiens des centaines de bourses d’étude à la faculté de médecine de Santiago de Cuba, l’une des meilleures du pays.
En Haïti, la quantité d’écoles primaires avait augmenté et continuait de le faire. Même les familles les plus modestes rêvaient que leurs enfants puissent faire des études, seul espoir pour eux d’échapper à la pauvreté en travaillant dans le pays ou à l’étranger. Le programme cubain de formation de médecins fut bien accueilli. Les jeunes sélectionnées pour étudier à Cuba avaient une bonne préparation de base, héritage peut-être des progrès de la France dans ce domaine. Ils devaient faire une année de propédeutique, dont des cours d’espagnol. Ce programme a constitué une bonne pépinière de médecins de qualité.
À ce jour, 533 jeunes Haïtiens ont conclu leurs études comme spécialistes de Médecine générale intégrale dans nos facultés de médecine, et 52 d’entre eux étudient maintenant à Cuba une seconde spécialité en fonction des besoins. Un autre groupe de 527 continuent d’en faire, selon le quota de bourses adjugé à la République d’Haïti.
Actuellement, 413 personnels cubains de la santé travaillent en Haïti, prêtant des services gratuits à ce peuple frère. Les médecins cubains sont présents dans les dix départements du pays et dans 127 des 137 communes. Par ailleurs, plus de 400 médecins haïtiens formés à Cuba y exercent aussi, ainsi que les élèves de dernière année qui font leur pratique aux côtés de nos médecins, soit un total de plus de 800 jeunes Haïtiens consacrés à l’exercice de la médecine dans leur patrie. Les nouveaux diplômés haïtiens ne cesseront d’augmenter cette quantité.
Ce fut là un défi difficile à relever. Les médecins cubains se sont heurtés à des problèmes compliqués. La mortalité infantile se chiffrait à plus de 80 décès pour mille naissances vivantes ; l’espérance de vie était inférieure à soixante ans ; on comptait 120 000 sidéens adultes en 2007. Des dizaines de milliers d’enfants et d’adultes continuent de mourir tous les ans de maladies infectieuses et contagieuses comme la tuberculose, le paludisme, la diarrhée, la dengue et la malnutrition, pour ne signaler que quelques indicateurs. Le VIH est désormais une affection à laquelle on peut faire face pour préserver la vie des patients.
Mais ceci ne se fait pas en un an : il y faut absolument une culture de la santé que le peuple haïtien acquiert avec un intérêt croissant. On note des progrès qui prouvent qu’il est possible d’améliorer considérablement les indicateurs de santé.
Les trois centres ophtalmologiques ouverts en Haïti ont permis d’opérer 37 109 personnes de la vue. Les cas trop compliqués pour être opérés sur place sont envoyés à Cuba et soignés gratuitement.
Grâce à la coopération économique du Venezuela, on est en train d’ouvrir dix Centres de diagnostic intégraux, dotés d’une technologie de pointe déjà achetée.
Il est quelque chose de plus important que les ressources que la communauté internationale pourrait apporter : le personnel humain qui les utilise.
Nous avons pu aider modestement le peuple haïtien bien que les cyclones dont a parlé Clinton nous aient aussi frappés. C’est là une bonne preuve que ce qui fait défaut dans le monde, c’est la solidarité.
Je pourrais parler également de la contribution cubaine aux programmes d’alphabétisation et à d’autres domaines, malgré nos ressources économiques limitées. Mais je ne tiens pas à m’appesantir sur notre contribution, et cela n’est pas souhaitable. Je me suis borné à la santé, qui est un point incontournable. Nous ne craignons pas que d’autres fassent ce que nous faisons. Les jeunes Haïtiens qui se forment à Cuba sont en train de se convertir en ces prêtres de la santé dont ce peuple frère a de plus en plus besoin.
Le plus important, c’est la mise en place des nouvelles formes de coopération dont ce monde égoïste a tant besoin. Les organismes des Nations Unies peuvent attester que Cuba apporte ce qu’ils qualifient de Programmes de santé intégraux.
Rien ne sera le fruit de l’esprit philanthropique d’aucune institution.
À l’Ecole latino-américaine de médecine, s’est ajouté ensuite le nouveau Programme de formation à Cuba de médecins provenant du Venezuela, de la Bolivie, des Caraïbes et d’autres pays du Tiers-monde, à mesure que leurs programmes de santé les réclamaient d’urgence. Aujourd’hui, plus de 24 000 jeunes du Tiers-monde font des études de médecine dans notre patrie. En aidant d’autres pays, nous nous sommes développés aussi nous-mêmes dans ce domaine et nous constituons une force importante. Voilà ce que nous pratiquons, et non le vol de cerveau ! Les pays riches et surdéveloppés du G-7 peuvent-ils en dire autant ? D’autres suivront notre exemple, que nul n’en doute !
Traduction ESTI
31 mai 2009
Beyond the catastrophe
A grave tragedy has befallen the people of Haiti. Fight Imperialism Stand Together extends its solidarity to the island nation, its people and the peoples’ movements.
The 7.3 earthquake that struck near Port-au-Prince on Jan. 12 left many around the world waiting, shocked, hoping for the best but anticipating the worst. As night came and communications with the island remained tenuous, there was nothing left to do but wait for news of the damage and the toll of human suffering.
A 7.3 earthquake is a major catastrophe anywhere, but in a nation like Haiti -- the poorest country in the western hemisphere, with little infrastructure capable of withstanding such an occurrence -- it was bound to lead to major loss of life. It is expected that tens of thousands have been killed. The conditions of Haiti, where there are few hospitals, little medical personnel, barely passable national highways and no emergency response teams, will lead to the needless deaths of thousands more.
Haiti is a highly-exploited, poor nation. Eighty percent of the population lives on less than $2 a day and more than 50 percent on less than $1 a day. Unemployment exceeds 70 percent. Many people survive by subsistence farming, and within the last couple of years poverty and hunger has increased because of four consecutive tropical cyclones--Fay, Gustav, Hanna, and Ike--in August and September.
Natural occurrences have indeed caused a great harm, but they are not the chief cause of the misery that faces Haitian people.
Haiti has to be put in a context that best illuminates why the small nation is in a precarious situation.
Haiti was the western hemisphere’s first Black republic. It was the only slave colony to win freedom through armed struggle when the Haitian people defeated a military power that was the scourge of Europe -- the military of Napoleon Bonaparte.
George Washington and Thomas Jefferson gave the first foreign aid from the United States to the French slave owners, for fear that a successful revolution would lead to uprisings of enslaved Africans in North America.
At the time of the Haitian revolution, Saint Domingue, as Haiti was then known, was one the richest colony of the French, known as the “pearl of the Antilles.”
Because of the overthrow of the colonial slave masters, France sent an armada of 14 ships to extort 150 million francs from the country in payment for the loss of property (the people of Haiti, their free labor and the fruits of their labor).
That 1825 extortion began a series of western world attempts to assert its will on the free people of Haiti.
The U.S. occupation of 1915-1934 destroyed the Haitian constitution and established the armed forces that would later be dismantled by the first democratically elected president of Haiti in 1990, President Aristide, because of its ties to the Haitian ruling elite. The ruling elite, for most of Haiti’s history, has been mainly white or light-skinned due to the long legacy of colonialism.
Thousands were massacred by the invading U.S. forces.
The U.S. supported the brutal regimes of Francois “Papa Doc” Duvalier and his son Jean-Claude “Baby Doc” Duvalier. Tens of thousands were killed under the twin repressive regimes, mostly by the paramilitary Tonton Macoutes.
When the people of Haiti were able to force out Baby Doc through a mass struggle, another repressive military regime took over from 1987 until the election, by two-thirds of the electorate, of preacher and mass leader Jean-Bertrand Aristide.
Aristide was overthrown in September 1991, seven months after having been sworn in, by military and police officers.
Though Aristide returned in 1994, he was forced into accepting neoliberal austerity measures. The country was forced to import staples and rely more heavily on loans from the International Monetary Fund and World Bank, turning it from a nation that was in some respects able to produce its own food to one that now relies on the importation of more than 50 percent of its food.
Aristide was elected again in 2000 with 92 percent of the vote. He was kidnapped in 2004 by private security forces and the U.S. military and flown out of the country. Some of the same military leaders who started the coup were also leaders of the Tonton Macoutes death squad.
The U.S., France and Canada all occupied Haiti until a U.N. mission, named MINUSTAH, took over. MINUSTAH has been accused of carrying out massacres against the popular movement to restore President Aristide, leading to the killing of peoples’ leader Dred Wilme.
The peculiar history of slavery and genocide, colonization and support of brutal dictatorships by the U.S. and France has led to Haiti being in the condition it is in today.
Not only is there a meager infrastructure, but the country has been deforested. The deforestation leads to floods during the rainy season, mudslides and more severe hurricanes.
The U.S. has mobilized the Coast Guard to intercept Haitians trying to make it to the U.S. and the administration is deploying 2,000 Marines. Haiti does not need more occupying troops.
Already 9,000 U.N. troops are on the ground, have been there for more than five years and have not contributed to developing the country but in containing the people’s struggle and assuring a government that has denied the largest party, Fanmi Lavalas, from running in this year’s elections.
FIST calls for: the removal of all U.N. combat troops; reparations to be paid to the Haitian people for the years of slavery by the French, the U.S. occupations and support for rightist regimes; removal of all deportation orders that currently hang over the heads of the more than 30,000 Haitians in the U.S.; amnesty for any Haitians attempting to make it to U.S. shores; all bonuses from executives of financial institutions that received bailout money to be donated to Haiti; the creation of work brigades of U.S. workers and students to go to Haiti and help rebuild the country at U.S. union-scale wages; and cancellation of all of Haiti’s debt.
If the U.S were even remotely serious about assisting Haiti and acknowledging its part in the systemic underdevelopment and destabilization of Haiti, the government could easily call for the implementation of all the above measures.
Return President Aristide! Reparations Now for the Haitian People!
Fight Imperialism Stand Together
Jan. 14, 2010
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