Udo Ulfkotte: Gekaufte Journalisten / LINKS / Giornalisti venduti. E' il titolo del libro d'un famoso giornalista tedesco: Udo Ulfkotte…
VIDEO (Ita subs): https://www.youtube.com/watch?v=Fm0HX1sDqY0
Fascinating details emerge. Leading US-funded think-tanks and German secret service are accessories. Attempted suppression by legal threats. Blackout in German media…
VIDEO: http://www.youtube.com/watch?v=UwE5LO5CphY
Bedauerlicherweise hat er keinen Plan, wer die eigentlichen Drahtzieher der Verhältnisse sind und wie Kapitalismus funktioniert, da er immer wieder dümmliche Seitenhiebe auf die Linke macht. Siehe hierzu auch Albrecht Müller auf den Nachdenkseiten:
http://www.nachdenkseiten.de/?p=23539
The original article:
by John Pilger, 5 December 2014
http://michelcollon.info/La-guerre-par-les-medias-et-le.html?lang=fr
Pourquoi tant de journalisme a-t-il succombé à la propagande ? Pourquoi la censure et la distorsion sont-elles la pratique standard ? Pourquoi la BBC est-elle si souvent un porte-parole d’un pouvoir rapace ? Pourquoi le New York Times et le Washington Post trompent-ils leurs lecteurs ? Pourquoi n’enseigne-t-on pas aux jeunes journalistes à comprendre les programmes des médias et à contester la haute prétention et le faible objectif d’une objectivité truquée ? Et pourquoi ne leur enseigne-t-on pas que l’essence de beaucoup de ce qu’on appelle les médias dominants n’est pas de l’information, mais du pouvoir ?
Ce sont des questions urgentes. Le monde est confronté à la perspective d’une guerre majeure, peut-être d’une guerre nucléaire – avec les Etats-Unis clairement déterminés à isoler et à provoquer la Russie et éventuellement la Chine. Cette vérité est tournée sens dessus dessous et à l’intérieur et à l’extérieur par des journalistes, y compris ceux qui on favoriser les mensonges qui ont conduit au bain de sang en Irak en 2003.
La période que nous vivons est si dangereuse et si faussée dans la perception publique que la propagande n’est plus, comme l’appelait Edward Bernays, « un gouvernement invisible ». C’est le gouvernement. Il règne directement sans crainte de contradictions et son but principal est de nous conquérir : notre sens du monde, notre capacité de séparer la vérité des mensonges.
La période de l’information est en réalité, une période de médias. On a la guerre par les médias ; la censure par les médias ; la diabolisation par les médias ; le châtiment par les médias ; les distractions par les médias – une chaîne de montage surréaliste de clichés dociles et de fausses suppositions.
Ce pouvoir de créer une nouvelle « réalité » est en construction depuis longtemps. Il y a 45 ans, un livre intitulé The Greening of America (La prise de conscience écologique de l’Amérique) avait fait sensation. Sur la couverture, ces mots : « Une révolution est en route. Elle ne sera pas comme les révolutions du passé. Elle tirera son origine l’individu. »
J’étais un correspondant aux Etats-Unis à cette époque et je me souviens de l’élévation d’un jour à l’autre au statut de gourou de l’auteur, un jeune universitaire de Yale, Charles Reich. Son message était que dire la vérité et l’action politique avaient échoué et que seule « la culture » et l’introspection pouvaient changer le monde.
En quelques années, poussé par les forces du profit, le culte du « moi-isme » avait presque écrasé notre sens d’agir ensemble, notre sens de justice sociale et l’internationalisme. La classe, le genre et la race étaient séparés. Le personnel était la politique, et les médias étaient le message.
A la suite de la Guerre froide, la fabrication de nouvelles « menaces » a complété la désorientation politique de ceux, qui vingt ans plus tôt, auraient formé une opposition véhémente.
En 2003, j’ai filmé une interview à Washington avec Charles Lewis, le distingué journaliste d’investigation américain. Nous avons discuté de l’invasion de l’Irak, quelques mois plus tôt. Je lui ai demandé, « Que se serait-il passé si le média le plus libre dans le monde avait sérieusement contesté George Bush et Donald Rumsfeld et avaient vérifié leurs déclarations, au lieu de transférer ce qui s’est révélé comme de la propagande pure ? » Il a répliqué que si nous, les journalistes avions fait notre boulot « Il y a une très, très grande chance qu’on ne serait pas parti en guerre en Irak. » C’est une déclaration épouvantable, et qui est soutenue par d’autres journalistes fameux à qui j’ai posé la même question. Dan Rather, David Rose anciennement de l’Observer et des journalistes et des producteurs importants de CBS, m’ont fait la même réponse. A la BBC, ceux qui souhaitaient rester anonymes, m’ont fait la même réponse.
En d’autres mots, si les journalistes avaient fait leur boulot, s’ils avaient interrogé et investigué la propagande au lieu de l’amplifier, des centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants pourraient être en vie aujourd’hui ; et des millions n’auraient pas fui leur maison ; la guerre sectaire entre Sunnites et Chiites pourrait n’avoir jamais été allumée, et l’infâme Etat islamique ne pas exister maintenant.
Même maintenant, malgré les millions qui sont descendus dans la rue pour protester, la plupart des gens dans les pays occidentaux n’ont qu’une petite idée de l’envergure des crimes commis par nos gouvernements en Irak. Encore moins sont conscients que pendant les 12 ans avant l’invasion, les gouvernements US et britannique avait mis en place une motion d’holocauste en refusant aux populations civiles de l’Irak les moyens d’existence. Tels sont les mots d’un représentant britannique important responsable pour les sanctions en Irak dans les années 1990 – un siège moyenâgeux qui a causé la mort d’un demi million d’enfants de moins de cinq ans, rapporté par l’UNICEF. Le nom du représentant est Carne Ross. Au bureau des Affaires étrangères à Londres, il était connu comme “Mr Irak”. Aujourd’hui il conte la vérité sur comment les gouvernements trompent et comment les journalistes répandent de plein gré la duperie. « Nous alimentions les journalistes de renseignements apparemment factuels ou expurgés, » m’a-t-il dit, « sinon on les excluaient. »
Le principal « whistleblower” pendant cette terrible période de silence était Denis Halliday. A ce moment-là, assistant du Secrétaire général des Nations Unies et une autorité supérieure de l’ONU en Irak, Denis Halliday a démissionné au lieu d’appliquer une politique qu’il a décrit comme génocidaire. Il estime que les sanctions ont tué plus d’un millions d’Irakiens. Ce qui est arrivé alors à Halliday était instructif. Il a été vaporisé. Ou il a été diffamé. Sur le programme d’information de nuit de la BBC, le présentateur Jeremy Paxman lui a crié : « « N’êtes-vous pas simplement un apologiste pour Saddam Hussein ? ». Le Guardian a récemment décrit ceci comme un des « moments mémorables » de Paxman. La semaine dernière Paxman a signé un accord de £1 million pour un livre.
Les servantes de la répression ont bien fait leur travail. Considérez les résultats.
En 2013, un sondage ComRes a trouvé qu’une majorité du public britannique croyait que le taux de victimes en Irak était inférieur à 10.000 – une petite fraction de la vérité. Une traînée de sang qui va de l’Irak à Londres a été nettoyée presqu’à fond.
On dit que Rupert Murdoch est le parrain de la clique médiatique, et personne ne devrait douter de l’augmentation de pouvoir de ses journaux – tous ses 127 journaux, avec une circulation combinée de 40 millions, et son réseau Fox. Mais l’influence de l’empire de Murdoch n’est pas plus grande que son reflet dans le reste des médias.
La propagande la plus effective est trouvée non pas dans le Sun ou sur Fox News – mais sous une auréole libérale. Quand le New York Times a publié des déclarations que Saddam Hussein avait des armes de destruction massive, on a cru ce faux témoignage parce que ce n’était pas Fox News ; c’était le New York Times. La même chose est vraie pour le Washington Post et the Guardian, qui ont tous deux joué un rôle critique en conditionnant leurs lecteurs à accepter une guerre froide nouvelle et dangereuse. Les trois journaux libéraux ont déformé les événements en Ukraine comme un acte pernicieux de la Russie – quand, en fait, le coup dirigé par des fascistes en Ukraine, était le travail des Etats-Unis, aidés par l’Allemagne et l’OTAN. L’inversion de la réalité est tellement omniprésente que l’encerclement militaire et l’intimidation de la Russie par Washington ne sont même pas contestés. Ce ne sont mêmes pas des nouvelles, mais dissimulée derrière une campagne de diffamation ou pour faire peur, du genre de celle avec laquelle j’ai grandis pendant la guerre froide. Une fois de plus l’empire mauvais s’amène pour nous avoir, dirigé par un autre Staline ou un nouvel Hitler. Nommez votre démon et allez à fond la caisse. La dissimulation de la vérité sur l’Ukraine est un des black-out le plus complet dont je puisse me souvenir. La plus grande construction militaire occidentale dans le Caucase et l’Europe de l’Est depuis la Seconde guerre mondiale est effacée. L’aide secrète de Washington à Kiev et à ses brigades néo-nazis responsables de crimes de guerre contre la population d’Ukraine de l’Est est effacée. Des preuves qui contredisent la propagande que la Russie était responsable du tir contre un avion de ligne malais sont effacées. Et de nouveau, des médias supposés libéraux sont les censeurs. Ne citant pas de faits, pas de preuves, un seul journaliste a identifié un dirigeant pro-russe en Ukraine comme l’homme qui a tiré sur l’avion de ligne et l’a abattu. Cet homme, a-t-il écrit, est connu comme le Démon. C’était un homme effrayant qui avait fait peur au journaliste. C’était la preuve.
Beaucoup de médias occidentaux ont fort travaillé pour présenter la population ethnique russe d’Ukraine comme des étrangers dans leur propre pays, presque jamais comme des Ukrainiens cherchant une fédération à l’intérieur de l’Ukraine et comme des citoyens ukrainiens résistant contre un coup orchestré par l’étranger contre leur gouvernement élu.
Ce que le Président russe a à dire n’a aucune importance ; c’est un pantomime de scélérat dont on peut abuser en toute impunité. Un général américain qui dirige l’OTAN et sort directement de Dr. Strangelove - un Général Breedlove – parle systématiquement d’invasions russes sans l’ombre d’une évidence visuelle. Sa personnalisation avec le Général Jack D. Ripper de Stanley Kubrick est le comble de la perfection. Quarante mille Russes sont massés à la frontière, d’après Breedlove. Cela a été suffisant pour le New York Times, the Washington Post et l’Observer – ce dernier s’étant déjà précédemment distingué lui-même avec des mensonges et des fabrications qui soutenaient l’invasion de l’Irak par Blair, comme l’a révélé son ancien journaliste, David Rose.
C’est presque le jeu d’esprit d’une réunion de classe. Les batteurs de tambour du Washington Post sont exactement les mêmes écrivains d’éditoriaux qui avaient déclaré que les armes de destruction massive de Saddam étaient « des faits vérifiés ».
« Si on se demande, » a écrit Robert Parry, « comment le monde pourrait trébucher dans la Troisième guerre mondiale – en grande partie comme il l’a fait pour la Première guerre mondiale, il y a cent ans – tout ce qu’on a à faire est de regarder la folie qui a enveloppé virtuellement l’entière structure politique/médiatique US au sujet de l’Ukraine où un faux récit de casquettes blanches contre des casquettes noires a été saisi tôt et s’est avéré imperméable aux faits ou à la raison. » Parry, le journaliste qui a révélé l’Iran-Contra, est un des rares qui enquête sur le rôle central des médias dans ce « jeu de poulets », comme l’a appelé le Ministre russe des Affaires étrangères. Mais est-ce un jeu ? Pendant que j’écris ceci, le Congrès US vote la Résolution 758 qui en un mot dit : « Soyons prêt pour une guerre contre la Russie. »
Au 19e siècle, l’écrivain Alexander Herzen décrivait le libéralisme laïc comme « l’ultime religion, bien que son église ne soit pas dans l’autre monde mais dans celui-ci ». Aujourd’hui, ce droit divin est bien plus violent et dangereux que n’importe quoi que le monde musulman crée, bien que peut-être son plus grand triomphe soit l’illusion d’une information libre et ouverte.
Dans les nouvelles, des pays entiers sont appelés à disparaître. L’Arabie saoudite, la source de l’extrémisme et de la terreur soutenue par l’occident, n’est pas un récit, sauf quand elle pousse le prix du pétrole vers le bas. Le Yémen a subi 12 ans d’attaques américaines de drones. Qui sait cela ? Qui s’en soucie ?
En 2009, l’Université de l’Ouest de l’Angleterre a publié les résultats d’une étude de 10 ans de couverture de la BBC du Venezuela. Des 304 reportages diffusés, seuls trois mentionnent des politiques positives introduites par le gouvernement d’Hugo Chavez. Le plus grand programme d’alphabétisation dans l’histoire humaine a à peine reçu une référence en passant. En Europe et dans les Etats-Unis, des millions de lecteurs et ceux qui regardent les TV ne savent pratiquement rien sur les changements de vie remarquables appliqués en Amérique latine, dont beaucoup inspirés par Chavez. Comme la BBC, les informations du New York Times, du Washington Post, du Guardian et le reste des respectable medias occidentaux étaient notoirement de mauvaise foi. On s’est même moqué de Chavez, sur son lit de mort. Comment explique-t-on cela, je me le demande, dans des écoles de Journalisme ?
Pourquoi des millions de gens en Grande Bretagne sont-ils persuadés qu’une punition collective appelée « austérité » est nécessaire ? A la suite du crash économique en 2008, un système pourri a été dénoncé. Pendant une fraction de seconde les banques ont été alignées comme escrocs avec des obligations envers le public qu’elles avaient trahi. Mais, endéans quelques mois, - à part quelques-unes envoyées en l’air pour des « bonus » excessifs – le message a changé. Les photos d’identité judiciaire de banquiers coupables se sont évanouis des journaux et quelque chose appelé « austérité » est devenu le fardeau de millions de gens ordinaires. Y a-t – jamais eu un tour de passe aussi effronté ?
Aujourd’hui beaucoup des prémisses d’une vie civilisée en Grande Bretagne sont démantelées afin de rembourser une dette frauduleuse – la dette d’escrocs. Les coupes de « l’austérité » sont estimées à £83 milliards. C’est presque exactement le montant d’impôts évité par les mêmes banques et des entreprises comme Amazon et Murdoch’s News UK. De plus, on donne aux banques malhonnêtes un subside annuel de £100 milliards en assurance libre et en garanties – un montant qui alimenterait complètement le Service de santé nationale. La crise économique est de la pure propagande. Des politiques extrêmes dirigent maintenant la Grande Bretagne, les Etats-Unis, et une grande partie de l’Europe, du Canada et de l’Australie. Qui se lève pour la majorité ? Qui raconte leur histoire ? Qui met les choses au point à ce sujet ? N’est-ce pas ce que les journalistes sont supposés faire ?
En 1977, Carl Bernstein, fameux pour le Watergate a révélé que plus que 400 journalistes et d’exécutifs d’informations travaillaient pour la CIA. Ils comprenaient des journalistes du New York Times, du Time et de réseaux de TV. En 1991, Richard Norton Taylor du Guardian a révélé quelque chose de semblable dans son pays.
Rien de tout cela n’est nécessaire aujourd’hui. Je doute que quelqu’un ait payé le Washington Post et beaucoup d’autres diffuseurs médiatiques pour accuser Edward Snowden d’aider le terrorisme. Je doute que quelqu’un paie ceux qui systématiquement diffament Julian Assange - bien que d’autres récompenses peuvent être abondantes. Il est clair pour moi que la raison principale pour laquelle Assange a attiré autant de venin, de malveillance et de jalousie est que WikiLeaks a mis par terre la façade d’une élite politique corrompue maintenues en haut par des journalistes. En proclamant une époque extraordinaire de révélations, Assange s’est fait des ennemis en illustrant et faisant honte aux portiers des médias, et pas le moins au journal qui a publié et s’est approprié cette grande exclusivité. Il est devenu non seulement une cible mais une poule aux œufs d’or. Des livres lucratifs et des accords de films à Hollywood ont été conclus et des carrières médiatiques lancées ou démarrées sur le dos de WikiLeaks et de son fondateur. Des gens ont fait beaucoup d’argent, tandis que WikiLeaks a lutté pour survivre.
Rien de tout cela n’a été mentionné à Stockholm, le 1er décembre quand l’éditeur du Guardian, Alan Rusbridger, a partagé avec Edward Snowden le Right Livelihood Award, connu comme un Prix Nobel de la paix alternatif. Ce qui était choquant au sujet de cet événement était qu’Assange et WikiLeaks étaient évaporés. Ils étaient des non-personnes. Personne n’a parlé en faveur de l’homme qui a été le premier à dénoncer digitalement et a fourni au Guardian une des meilleures exclusivités dans l’histoire. De plus, c’était Assange et son équipe WikiLeaks qui ont effectivement et brillamment – sauvé Edward Snowden à Hong Kong et lui ont assuré la sécurité. Pas un mot. Ce qui a rendu cette censure par omission si ironique et poignante et scandaleuse était que la cérémonie se déroulait au Parlement suédois – où le silence veule sur le cas Assange était de connivence avec une grotesque erreur judiciaire à Stockholm.
« Quand la vérité est remplacée par le silence, » disait le dissident soviétique Yevtushenko, « le silence est un mensonge ». C’est ce genre de silence que nous, journalistes, devons briser. Nous devons nous regarder dans un miroir. Nous devons appeler à la responsabilisation un média irresponsable qui sert le pouvoir et une psychose qui menace le monde d’une guerre mondiale.
Au 18e siècle, Edmund Burke a décrit le rôle de la presse comme un Quatrième Etat contrôlant les puissants. Cela a-t-il jamais été vrai ? Cela ne marche certainement plus. Ce dont nous avons besoin est un Cinquième Etat : un journalisme qui contrôle, qui déconstruit et contrecarre la propagande et enseigne aux jeunes à être des agents du peuple, pas ceux du pouvoir. Nous avons besoin de ce que les Russes appelaient perestroika –une insurrection contre la connaissance assujettie. Je l’appellerais le journalisme réel.
On est 100 ans après la Première guerre mondiale. Des journalistes alors ont été récompensés et ennoblis pour leur silence et leur collusion. Au somme du massacre, le Premier ministre britannique David Lloyd George s’est confié à C.P. Scott, éditeur du Manchester Guardian : « Si les gens savaient vraiment (la vérité) la guerre serait arrêtée demain, mais bien sûr, ils ne savent pas et n’ont pas la possibilité de savoir. »
Il est temps qu’ils sachent.
TRADUCTION : Nicolas Caseaux
Fondé en 1961, l’Atlantic Council (Conseil de l’Atlantique) se proclame « cercle de réflexion atlantiste influent auprès de l’OTAN« . L’Atlantic Council publie des documents favorables à la coopération transatlantique et internationale. Il déclare encourager ainsi le libre-échange entre les deux continents et, dans une moindre mesure, avec le reste du monde.
Selon sa charte, l’Atlantic Council est, depuis sa création, une institution non partisane, avec des membres modérés des deux tendances « gauche et droite ». En dépit de ses connexions, le Conseil se dit indépendant du gouvernement des États-Unis et de l’OTAN.
A / Qui sont ses intervenants ?
Très présent sur ce forum, Zbigniew Brzezinski est le géostratège qui a conseillé les présidents Jimmy Carter, George W. Bush et Barack Obama. L’Atlantic Council offre à Zbigniew Brzezinski une tribune permanente, lui permettant par exemple de rabâcher sans relâche son couplet favori du moment : « il est dans l’intérêt des américains que l’occident arme l’Ukraine« .
Le fait que le gouvernement de Kiev utilise des groupes paramilitaires ouvertement néo-nazis comme le bataillon Azov ne gêne absolument pas cet « accro » à la domination mondiale qui parfois ne masque même pas ses intentions. En 1998, lors d’une conférence, Brezinski déclarait : «
L’Ukraine constitue l’enjeu essentiel [pour soumettre l’Eurasie] […]. Si l’occident devait choisir entre une Ukraine démocratique et une Ukraine indépendante, ce sont les intérêts stratégiques et non des considérations démocratiques qui devront déterminer notre position. » Dans un entretien accordé au Nouvel Observateur en janvier de la même année (1998), Brzezinski explique « Pourquoi et comment il a financé Ben Laden en Afghanistan« .
Une discussion filmée entre deux invités de l’Atlantic Council nous éclaire davantage : le sénateur démocrate Chris Murphy et le sénateur républicain John McCain débattent sur le thème du jour « le rôle des États-Unis dans la sécurité européenne« . Et quand John McCain s’intéresse à notre sécurité, cela devient vraiment préoccupant. Rappelons en effet qu’il ne fut pas gêné de s’afficher avec Oleh Tyahnybok, le néo-nazi ukrainien. Et le même McCain soutenait en 2011 les rebelles de Libye et en 2013 ceux de Syrie. Résultat : Partout les islamistes sont les nouveaux maîtres de la Libye, et les djihadistes ont même désormais leur Etat à cheval entre la Syrie et l’Irak.
Anders Fogh Rasmussen est également très présent dans les dossiers et conférences de l’Atlantic Council. Ancien premier ministre Danois, Anders Fogh Rasmussen a fortement soutenu dans la « période Bush » la guerre en Irak de 2003. Rasmussen affirmait « L’Irak a des armes de destruction massive. Ce n’est pas quelque chose que nous pensons, c’est quelque chose que nous savons. » Toutefois une contrevérité, même de ce calibre, ne l’a pas empêché de devenir le 12ème secrétaire général de l’OTAN (du 1er août 2009 au 1er octobre 2014).
En Avril 2014, l’ex maoïste, ex Premier ministre du Portugal et 11ème président de la Commission européenne José Manuel Barroso, s’est déplacé à Washington pour recevoir le Prix du Leadership 2014 de l’Atlantic Council. Une distinction qui peut s’expliquer par le fait qu’un an auparavant, Barroso l’ultra- libéral avait relancé le Marché transatlantique, vaste espace économique, politique et militaire dominé par les Etats-Unis. Mme Clinton avait qualifié ce projet d’ « OTAN économique ».
B / A quoi ressemblent les débats organisés par l’Atlantic Council ?
L’une des spécialités de l’Atlantic Council est la mise en place de tables rondes qui ont actuellement pour objectif de convaincre de la permanence du leadership des États-Unis dans un monde souvent qualifié de « post-occidental ».
Ces rencontres réunissent un panel de représentants des gouvernements des affaires et de la sphère politico-médiatique. Par exemple : « Macro-tendances 2030 : les États-Unis pourront-ils rester leader dans un monde post-occidental ? » Pour animer ce débat, une directrice de la Fondation Bertelsmann à Washington DC, Annette Heuser, un néocons historique, Robert Kagan, chef de file des néo-conservateurs et cofondateur avec William Kristol du think tank « Project for the New American Century » (PNAC), et pour parfaire le tout, Moisés Naí, Directeur exécutif du FMI, fabricant de misère comme l’a montré John Paul Kampfner pour la BBC. Moisés Naím est également chroniqueur pour de nombreux journaux dont El Pais, The New York Times et Slate en France. Naím est enfin membre du conseil d’administration de la « Dotation nationale en faveur de la Démocratie » (NED, National Endowment for Democracy), une fondation financée par le gouvernement américain. Un des fondateurs de la NED, Allen Weinstein, expliquait au Washington Post que « bien des choses qu’ils [à la NED] faisaient maintenant étaient faites clandestinement par la CIA 25 ans auparavant »
Autres intervenants sur ce fil de discussion du site de l’Atlantic Council, cette fois consacré au droit maritime, nous retrouvons entre autres Leon Panetta, Directeur de la CIA et ancien secrétaire général de la Maison Blanche sous Bill Clinton, John Negroponte, ambassadeur américain qui soutenait secrètement les Escadrons de la mort au Honduras, Bruce Josten de la Chambre de Commerce américaine, et enfin Martin J. Durbin de l’American Petroleum Institute.
De facto ces « dialogues » n’ont rien de démocratique. Il n’y a pas le moindre débat contradictoire à l’Atlantic Council, seulement des recherches de convergences d’intérêts entre lobbyistes cumulards qui partagent des points de vue similaires sur la plupart des questions d’ordre économique ou géostratégique.
En substance, la préoccupation principale de ces échanges peut se résumer en deux points :
- Les Etats-Unis sont en train de perdre leur leadership et tout doit être mis en oeuvre pour récupérer la première place.
- Pour y parvenir, il est primordial de favoriser au maximum la réduction de la réglementation financière sur les sociétés transnationales.
C / Qui sont les directeurs et les directeurs honorifiques de l’Atlantic Council ?
Parmi un parterre bien choisi de fonctionnaires de l’armée américaine, d’affairistes ou bien de professionnels des médias, il semble instructif de dégager quelques personnalités et de relater certains de leurs faits d’armes qui indéniablement confirment le caractère cynique et suprémaciste de l’Atlantic Council.
Henry Kissinger, pour qui « Les grandes puissances n’ont pas de principes, seulement des intérêts ». En parfait accord avec sa logique, alors qu’il était Secrétaire d’Etat, il confessa entre autre à Nixon : « Aussi désagréables que soient ses actes, le gouvernement de Pinochet est meilleur pour nous que ne l’était Allende« .
Madeleine Albright, Secrétaire d’Etat sous Clinton, protégea certains criminels alliés à l’OTAN durant la guerre de Yougoslavie. Dans la même période, elle justifia publiquement la mort de 500 000 enfants irakiens par embargo.
Colin Powell, secrétaire d’Etat de l’administration Bush, prononça à l’ONU un discours sur les armes de destruction massive en Irak. Les « preuves » qu’il avançait se sont révélées fausses, mais ce rapport servit de prétexte à Bush pour envahir l’Irak.
Condoleezza Rice fut aussi secrétaire d’État sous les deux mandats de George W. Bush. Rice fait également partie de plusieurs conseils d’administration, dont celui du pétrolier Chevron. En avril 2014, sa nomination chez l’un des acteurs majeurs du stockage de données en ligne Dropbox occasionna une polémique.
Wesley Clark, ancien général des Forces armées des États-Unis, fut chargé de diriger l’opération « Allied Force » (78 jours de bombardements sur l’ex Yougoslavie). Wesley Clark fut le conseiller militaire d’Hillary Clinton pour la primaire démocrate de 2008.
James Baker, chef de cabinet de Reagan, directeur de campagne puis secrétaire d’état de GH Bush, conseillé juridique de GW Bush pour faire annuler la victoire d’Al Gore , conseiller du groupe Carlyle et président d’une commission sur l’Irak il prôna le maintient des USA en Irak. Très actif et pro-guerre sur les fronts Syrien et Ukrainien de l’impérialisme US.
Frank C. Carlucci, ex directeur de la CIA, deviendra directeur du Carlyle Group, une société qui unissait par de multiples intérêts les familles Bush et Ben Laden.
Robert M. Gates, directeur de la CIA lui aussi, deviendra secrétaire à la Défense des États-Unis sous la présidence de Bush et conservera son poste sous Obama. Dans les années 1980, il fut impliqué dans le scandale Iran-Contra.
Source : http://www.atlanticcouncil.org/images/publications/Companions_in_Competitiveness.pdf
D / Qui finance l’Atlantic Council ?
« L’Atlantic Council exprime sa gratitude envers les fondations privées, les agences US et étrangères, les entreprises et les personnalités qui le soutiennent. Ces soutiens permettent au Conseil de mettre en oeuvre une propagande de qualité et de produire des analyses régulières, entérinant par là-même la poursuite de sa mission« . Atlantic Council Supporters.
Nous pouvons dégager six catégories de pourvoyeurs de fonds : l’Industrie de l’armement (essentiellement aéronautique et spatiale), le pétrole et l’énergie, la finance internationale, les médias et la communication, les Départements d’Etat américains, et les gouvernements.
1 L’industrie de l’armement
Airbus Group, Lagardère et Daimler sont très présents dans le secteur aéronautique civil et militaire. Safran est un grand groupe industriel et technologique français très actif sur les marchés civils, militaires et spatiaux. Thales est spécialisé dans l’aérospatial et la défense. Avascent est une entreprise au service de la défense et de l’aéronautique. Sikorsky Aircraft Corporation est un constructeur américain d’avions et d’hélicoptères. Qineti est une multinationale britannique spécialisée dans le domaine de la défense. MDPA Missiles Systèmes est un sous-traitant d’Airbus Group. ATK est une entreprise américaine jouant un rôle majeur dans les secteurs de l’armement. Textron est une entreprise américaine du secteur de l’aéronautique et de la défense, comme Raytheon spécialisée elle dans les domaines des systèmes de défense et l’électronique. ANA All Nippon Airways est une compagnie aérienne japonaise partenaire à la fois de Boeing et d’Airbus. Lockheed Martinest la première entreprise américaine et mondiale de défense et de sécurité. Leidos travaille avec le ministère américain de la Défense, et le constructeur automobile suédois Saab est aussi un constructeur aéronautique militaire et civil.
2 Le pétrole et l’énergie
Chevron Corporation est la deuxième compagnie pétrolière des États-Unis. Grupa Lotos SA est une holding pétrolière semi-publique polonaise. ENI est la société nationale italienne des hydrocarbures. Areva est une multinationale française du secteur de l’énergie. General Electric est un conglomérat américano-canadien qui opère aussi dans le domaine de l’énergie.
3 La finance Internationale
Bank of America, Merrill Lynch sont des banques d’investissement. Kulczyk Investments SA est une société d’investissement internationale. Barclays Capital est une banque d’investissement britannique. Blackstone est une banque d’investissement américaine et un important gestionnaire de hedgefunds. Intesa Sanpaolo est une banque italienne. MCB est la quatrième plus grande banque du Pakistan. Nous remarquons encore la banque Rockefeller Financial (groupe Rockefeller), la Banque Royale du Canada, et Kirkland & Ellis LLP qui est une société internationale d’avocats d’affaires. Enfin la Deutsche Bank est la plus importante banque d’affaire allemande.
4 Les médias et la communication
Thomson Reuters est une agence de presse canadienne, Orange Pologne est le principal opérateur polonais de télécommunications, Bloomberg LP est un groupe financier américain spécialisé dans les services aux professionnels des marchés financiers. Tenir Ihlas est une agence de nouvelles turque. Bertelsmann est représenté au sein de l’Atlantic Council par sa « fondation Bertelsmann » connue pour promouvoir les idées néolibérales. Le groupe allemand Bertelsmann est l’un des premiers groupes de presse européen. Century Fox est l’une des plus grandes sociétés de production cinématographique US. IBMest une multinationale présente dans les domaines liés au matériel informatique et leurs réseaux, et Microsoft est la première entreprise mondiale d’informatique et de micro-informatique.
5 Les Départements d’Etat américains
Département de l’énergie des USA, Département de l’Armée de l’Air des USA (US AIR FORCE), Département de la Marine des USA (US NAVY), Conseil du Renseignement national des USA, Département d’État des USA (Ministère des Affaires étrangères).
6 Les gouvernements
Canada – Commission européenne – Emirats Arabes Unis – Estonie – Géorgie – Grande-Bretagne – Hongrie – Irlande du Nord – Koweït – Lettonie – Lituanie – Luxembourg – Macédoine-Monténégro – République slovaque – République tchèque – Singapour – Taipei.
E / L’Atlantic Council en France
1 Nicholas Dungan, un homme d’influence
Nicholas Dungan est le principal représentant de l’Atlantic Council sur les plateaux de la télévision française. En 2013, l’employé de la CIA et de la NSA, Edward Snowden révèle que les services secrets américains espionnent les européens dans des proportions considérables, un dossier très embarrassant pour les États-Unis qui s’apprêtent à ouvrir les négociations sur le traité de libre échange avec l’UE. Sur France 24, Dungan revient sur les révélations de Snowden. Si dans un premier temps il souligne l’aspect néfaste de cette affaire en termes d’image, très vite il fustige la démarche de Snowden en proférant que celui-ci a violé la loi et il invoque la lutte contre le terrorisme pour minimiser l’attitude étasunienne. En fait, il nous ressert un argument qui, aujourd’hui encore chargé d’émotion, se suffit à lui-même, mais qui avant tout ici permet de se débarrasser des questions embarrassantes : « Il faut comprendre qu’aux États-Unis, on ne s’est par remis des attentats du 11 septembre 2001. »
(Les Etats-Unis n’ont jamais cessé d’espionner la France). Dungan conclura son intervention en affirmant que l’ensemble des pays européens veulent ce traité de libre échange… Rappelons qu’en 2014, année des élections européennes, 55 % des Français n’ont jamais entendu parler de ce traité.
Le politologue Nicolas Dungan est membre de la Chatham House, une société savante britannique ultra droitière qui accueille des conférenciers influents : Christine Lagarde, Madeleine Albright, Ellen Johnson Sirleaf, Abdullah Gül, Anders Fogh Rasmussen, Herman Van Rompuy… Nicholas Dungan est également Conseiller spécial à l’IRIS qui est dirigé par le journaliste Pascal Boniface, mais surtout Nicholas Dungan est un ex-Président de la French American Foundation, un Cheval de Troie du libéralisme américain dans la société française qui compte parmi ses anciens disciples, communément appelés « Young Leaders », une ribambelle de journalistes et de personnages politiques français de droite comme de gauche.
2 Les parutions de l’Atlantic Council influencent-elles les opinions françaises ?
Avec le temps, l’Atlantic Council s’est imposé dans les médias français comme une référence en matière d’économie et de politique internationale. Aussi il est très courant que des journaux tels que Le Monde, Le Point, ou Le Figaro utilisent les analyses de l’Atlantic Council. Et même davantage : il y a une véritable « interaction » entre la presse occidentale et l’Atlantic Council qui à son tour reprend les chroniques du Monde, du Figaro, mais aussi du quotidien économique et financier britannique Financial Times, ou encore de l’hebdomadaire néoconservateur The Weekly Standard. Finalement, dans sa grande majorité, la presse de masse française a un lien direct avec l’Atlantic Council qui peut poursuivre ainsi sans trop d’embarras son entreprise à marche forcée d’ « OTANisation des esprits ».
L’Atlantic Council, qui a également pour vocation d’influer par une orientation des débats et discours toujours favorable aux intérêts américains, dispose depuis 2008 de son propre réseau de « jeunes leaders ». En 2009, l’Atlantic Council organisa à Strasbourg une conférence des jeunes atlantistes. A l’ordre du jour « comment inculquer la paix et la sécurité dans le monde ? » Difficile de faire plus grotesque quand on sait que le discours d’ouverture fut prononcé par… Bernard-Henri Lévy, le « philosophe » va-t-en-guerre qui sponsorise une nouvelle guerre « humanitaire » ou « démocratique » tous les six mois.
Enfin l’Atlantic Council distille un nombre considérable de rapports qui très fréquemment servent de supports techniques à certaines institutions françaises comme par exemple le Consulat Général de France, ou bien l’Etat-major des armées, ou encore l’Institut de Recherche Stratégique de l’École Militaire.
Conclusion
L’Atlantic Council est un lobby qui regroupe en son sein une multitude d’anciens secrétaires d’Etat américains, et il entretient des liens étroits avec l’état américain. L’Atlantic Council est financé par des états et des multinationales qui engrangent des bénéfices colossaux dans les secteurs liés directement ou indirectement à la guerre. Véritable bélier au service des guerres sous faux prétextes, (Yougoslavie, Afghanistan, Irak, Libye), l’Atlantic Council est la représentation parfaite du réseau de propagande efficace et moderne qui réunit les plus hauts niveaux des différents pouvoirs (politiques, médiatiques, financiers, administratifs et militaires). L’OTAN possède avec l’Atlantic Council un outil idéal pouvant convaincre du bien-fondé de ses actions un public très large du fait des différentes apparences de ses mandataires. Ces propagandistes ont un autre avantage, celui de communiquer sans jamais avoir en face le moindre contradicteur.
Il s’agit du 1er article d’une série de quatre billets sur l’OTAN
Agenti segreti infiltrati nei media
“La spia del Presidente”, Didier Hassoux, Christophe Labbé e Olivia Recassens 2012
In 48 ore, si sono visti dibattiti audiovisivi o leggere editoriali che mettano in discussione la veridicità del documento? Nessuno. Si deve andare su social network, blog di attivisti e siti alternativi per vedere analisi o pareri che svelino l’argomentazione fallace di questa nota ufficiale. Una doppia leggenda continua però ad avere vita facile: la stampa francese è piuttosto di “sinistra” e la sinistra è naturalmente incline all’antimilitarismo. L’apatia dei giornalisti francesi davanti alle “prove” dell’intelligence militare, per giustificare l’intervento militare in Siria, dimostra che non è così. Come spiegarlo? Al di là della mentalità da mandria degli uni e dell’indifferenza degli altri, una terza causa può illuminare un atteggiamento così rassegnato tra molti giornalisti, che si pretende costituiscano un contropotere.
Pubblicato nel gennaio 2012, l’e-book ‘La spia del Presidente‘ sull’ex-direttore del DCRI, conferma un segreto di pulcinella: i servizi segreti francesi, sia esterni (DGSE) che interni (DCRI), impiegano agenti coperti e giornalisti infiltrati nei grandi media francesi. La loro missione? Spiare i loro colleghi che indagano e, se necessario, intervenire per disinformare il pubblico su questioni relative alle questioni di sicurezza nazionale. I servizi possono anche finanziare l’addestramento di un futuro giornalista, come confermato da Jean Guisnel nel suo libro sulla storia della DGSE. Infine, alcuni giornalisti già sul posto, possono essere attivati per missioni specifiche con il pretesto del patriottismo e/o del denaro. Tranne ai loro reclutatori, non è noto il loro numero o identità. Solo con la pubblicazione di un libro pieno di rivelazioni, alcuni nomi poterono esser fatti. Come nel caso di Jean-Pierre Van Geirt, ex giornalista di TF1 che fu ‘smascherato’ dall’ex direttore dell’intelligence generale. Altri possono scegliere di confessarlo, come avvenne ad aprile con Denaud Patrick, ex-corrispondente di guerra.
Ma la questione si pone, evidentemente, in periodo di guerra, se la Francia decidesse di attaccare la Siria, l’opinione pubblica potrà essere deliberatamente presa di mira dalla propaganda e dalla disinformazione per garantirsi che sostenga qualsiasi manovra militare su larga scala. Quando il DGSE pubblica un documento rilanciato dai media, in cui sono già inseriti alcuni suoi agenti (travestiti da giornalisti), diventa necessario, in relazione alla verità e all’interesse generale, dubitare di sostenitori e approfittatori di questa operazione di comunicazione. Ovviamente, molti giornalisti non hanno bisogno di essere pagati dai servizi segreti, se del caso, per farsi strumentalizzare fornendo specifici servizi o, più in generale, chiudendo gli occhi sulla disinformazione fomentata dai loro capi di redazione. La crescente insicurezza del lavoro contribuisce all’auto-censura e all’anestesia del pensiero critico. È per questo che i media mainstream non hanno ritenuto necessario soffermarsi sul significato e le conseguenze della nomina di Hollande Christophe Bigot, a direttore strategico del DGSE, il 1 settembre. La coincidenza è gustosa: l’ex-ambasciatore in Israele, ammiratore delle pulizie etniche di David Ben Gurion e vicino alla classe politica di Tel Aviv, inizia i suoi compiti, mentre la Francia è in procinto di entrare in guerra contro la Siria, un Paese per cui il clan Netanyahu aspetta con ansia (dal 1996) un cambiamento di regime. E la sua nomina certamente contribuirà a rafforzare la stretta collaborazione occulta, tessuta fin dagli anni ’50 e descritta dallo storico Yvonnick Denol, tra servizi segreti francesi ed israeliani. Ecco perché la DGSE e la DCRI non dovrebbero incontrare difficoltà nel tentativo di modellare l’opinione pubblica attraverso le redazioni francesi da esse infiltrate. Oltre alla docilità dei veri giornalisti, vi sono ancor più numerosi agenti segreti sotto copertura, sempre pronti a farsi prendere la mano giocando al “soldatino” dell’ombra.
A titolo di esempio, una rivista regionale ha, con ogni probabilità, reso un favore al nuovo direttore della DGSE. Ad aprile, ho scritto per Oumma un breve ritratto di Bernard Bajolet. In particolare mi ricordo un aneddoto: il grande capo dei servizi segreti giocava a backgammon con Bashar al-Assad in gioventù. Per rendere visibile l’aura del personaggio, ho inserito un video di Bernard Bajolet, ripreso da La Presse di Vesoul. Come un signore aristocratico, ha mostrato le sue belle fontane suggerendo di esser felice di avere acquisito l’opulenta proprietà nella regione. Nulla di scandaloso, a priori. Tuttavia, di recente ho scoperto, guardando l’articolo su Oumma, che questo video, pubblicato da La Presse di Vesoul a dicembre, era stato eliminato dopo la pubblicazione del mio articolo. Qualcuno della DGSE, direttamente a Dailymotion o tramite il giornale locale, ha fatto ritirare senza spiegazione questo video. Non c’era alcun rischio per la vita e la reputazione di Bernard Bajolet. Se il personaggio è in realtà discreto, immagini del suo viso circolano su internet e il suo domicilio presso Vesoul è facilmente identificabile. Non importa: lo zelo di un alto funzionario della DGSE ha rimosso un innocuo video dalla rete.
Se si è in grado, stando ai vertici dello Stato, di censurare un video innocuo prodotto da un giornale locale, è facile immaginare quali significativi mezzi di pressione vengono usati per nascondere informazioni che potrebbero influire sulla sicurezza nazionale. O, più precisamente, sull’immagine dei nostri leader.
Addendum 08/09: il quotidiano inglese The Guardian ha oggi dedicato un articolo sui giornalisti-spia nel Regno Unito e sull’impatto di questo doppio impiego nella presentazione politico-multimediale della questione siriana.
http://www.controlacrisi.org/notizia/Politica/2014/6/25/41299-la-doppia-etica-di-monica-maggioni-direttrice-di-rainews-e/
Il Bilderberg è l’organizzazione più famosa del capitale occidentale e transatlantico
Essendo il corrispettivo della Nato sul piano economico e politico, il Bilderberg riunisce alcune tra le più importanti personalità di Usa, Canada, Europa occidentale e Turchia. Del resto, nasce nel 1954 per contrastare la diffusione del comunismo dopo la fine della Seconda guerra mondiale e per rafforzare l’integrazione economica e politica tra Europa occidentale e Usa, su cui doveva fondarsi la ricostruzione del mercato mondiale capitalistico. Col tempo e nonostante il dissolvimento dell’Urss il suo ruolo di luogo di incontro delle élite occidentali si è rafforzato (come ha fatto la Nato), a causa dei processi di integrazione e mondializzazione del capitalismo, sempre però nell’ottica di mantenere l’egemonia dell’asse atlantico, basato sull’alleanza Usa-Europa occidentale.
Anche quest’anno, come sempre, i contenuti delle discussioni sono stati secretati
E questo ha permesso agli intervenuti di esprimersi senza remore, almeno a detta del sito ufficiale del Bilderberg. Quello che sappiamo è che sono stati discussi temi centrali per la vita di milioni di persone: la sostenibilità della ripresa economica, il futuro della democrazia e la decadenza del ceto medio, i prossimi passi che l’Europa deve intraprendere, la nuova architettura del Medio Oriente, l’Ucraina, la possibilità di rispettare la privacy, la condivisione delle informazioni dell’intelligence, chi pagherà per l’incremento demografico, ecc. Ad essere grave non è solo la segretezza della discussione, ma che al rispetto di tale segretezza siano tenuti politici di vertice, capi di partito e membri dei parlamenti, ministri dei governi, dirigenti delle banche centrali e della Bce e membri della Commissione europea. Lascia quantomeno interdetti che uomini con responsabilità pubbliche enormi incontrino uomini a capo di imperi finanziari e industriali privati, senza che chi li ha eletti possa essere informato né delle conclusioni e né degli indirizzi che risultano dalle loro discussioni su temi di grande centralità.
Si tratta di una preoccupazione tutt’atro che oziosa, perché gli indirizzi emersi nel corso delle discussioni del Bilderberg spesso hanno trovato attuazione nella pratica, come dimostrano i rapporti di alcuni incontri del passato che sono stati decrittati da wikileaks e di cui ho pubblicato ampie sintesi in italiano nella seconda edizione del mio “Il Gruppo Bilderberg. L’élite del potere mondiale”. Ad esempio, nella conferenza di Buxton nel 1958 si affermava: <<Uno dei maggiori problemi con i quali la Comunità economica europea si confronta è quello del coordinamento delle politiche monetarie. Come uno dei partecipanti ha puntualizzato, l'integrazione dei Sei richiede il coordinamento in tutti i campi delle politiche economiche. (…) Qui sta, ad ogni modo, la più grande debolezza del Trattato.
La politica monetaria è strettamente legata ai bilanci nazionali e la disciplina di bilancio è notoriamente difficile da raggiungere
I ministri della finanze sono di solito più ragionevoli e potrebbero occasionalmente accettare pressioni esterne ma è molto più difficile convincere i parlamenti nazionali. Lo speaker dubita che a lungo termine il problema potrebbe essere risolto con successo senza un appropriato meccanismo istituzionale. Questo punto è trattato da un altro partecipante che guarda ad una valuta comune come ad una soluzione definitiva>>.
Oltre al riferimento alla possibilità di esercitare <<<pressioni esterne>> sui ministri delle finanze e a termini ora divenuti di uso comune come <<disciplina di bilancio>> e <<coordinamento delle politiche di bilancio>>, impressiona il fatto che già nel 1958 si delineava quella strategia di integrazione economica e valutaria che ha trovato piena attuazione nell’Europa attuale. Infatti la definizione di nuovi meccanismi istituzionali, legati alla Ue e all’euro, è oggi evidente strumento per piegare i parlamenti nazionali alla disciplina di bilancio e a quanto ne consegue, cioè alla riduzione della spesa sociale, alle privatizzazioni, ecc. Un altro esempio si riscontra a Bad Aachen nel 1980, dove è anticipato il principio di autonomia della Banca centrale, che troverà applicazione appena un anno dopo nel divorzio tra Banca d’Italia e Tesoro, voluto dal governatore Ciampi e dal ministro Andreatta (presente all’incontro di Princeton nel 1978), e soprattutto nello statuto della Bce (i cui due ultimi presidenti, Trichet e Draghi spesso hanno partecipato al Bilderberg), per definizione indipendente da qualsiasi controllo democratico:
<<Il maggior onere di una politica economica diretta verso la stabilità ricadrà sulla politica monetaria, che richiederà un più alto grado di autonomia per le banche centrali in altri paesi europei>>.
Ma le tematiche che risultano dai rapporti di wikileaks non riguardano soltanto le linee di politica economica. Attraverso i rapporti del Bilderberg è possibile ripercorrere i punti salienti della storia dei rapporti tra le potenze europee e tra queste e gli Usa, specie riguardo all’unità europea e all’approccio dell’imperialismo occidentale nei confronti dei paesi del terzo mondo (in particolare quelli ricchi di materie prime energetiche). Infatti, nei rapporti si evidenzia molto chiaramente l’interesse Usa nel favorire l’unità europea in modo da avere il sostegno di un unico e affidabile interlocutore. A Saltsjöbaden nel 1962 e più ancora nel 1963 a Cannes gli Usa insistono affinché nel processo di unificazione europea sia compresa la Gran Bretagna, con cui hanno sempre avuto una “relazione speciale”, e siano mandati a vuoto i tentativi del presidente francese De Gaulle di realizzare una Europa “terza forza” tra Usa e Urss, anche sul piano delle armi nucleari. Queste testimonianze di una spesso serrata dialettica interna dimostrano insieme l’esistenza di rivalità tra le potenze imperialistiche occidentali e la natura del Bilderberg come camera di compensazione di tali contraddizioni.
La segretezza tipica del Bilderberg
La segretezza tipica di Bilderberg è tesa a nascondere che l’origine delle linee politiche strategiche nasce al di fuori degli organismi eletti, ufficialmente e formalmente deputati a prendere decisioni pubbliche, ma non impedisce che i concetti discussi all’interno del Bilderberg trovino diffusione fra la cosiddetta opinione pubblica. Infatti, la presenza di giornalisti opinion maker e di proprietari di grandi gruppi del settore dei mass media serve allo scopo di preparare il terreno fra l’opinione pubblica all’accettazione di certe linee strategiche. Non a caso quello dei mass media è uno dei settori di attività più rappresentati nel Bilderberg. Su 136 partecipanti a Copenhagen si troviamo 13 appartenenti al settore, tra cui Monica Maggioni, direttore di Rainews24, e rappresentanti di network televisivi importanti e di testate giornalistiche come Le monde, El País, Financial Times, The Economist, ecc. A parte i media, il nucleo decisivo del meccanismo di definizione e di implementazione di linee politiche coerenti con gli interessi del capitale transnazionale risiede nella integrazione tra mondo economico e politico, mediata dal mondo accademico. Infatti, a Copenhagen troviamo 58 esponenti del mondo economico, di cui 35 di imprese non finanziarie e 23 di banche, assicurazioni e fondi d’investimento, 32 politici e 29 esponenti di università e think tank (i pensatoi finanziati dalle corporation). Tra gli esponenti del mondo economico troviamo i capi di alcune delle più importanti imprese transnazionali dei settori più strategici dall’energia alla manifattura a internet, come Fiat, Airbus, Alcoa, Google, Microsoft, Bp, Royal Dutch Shell, Novartis, ecc. e di fondi d’investimento e banche globali come Deutsche Bank, Goldman Sachs, ABN-AMRO Bank. Tra i politici ci sono esponenti importanti di quasi tutti i governi dei paesi partecipanti, come il ministro del tesoro britannico, i ministri degli esteri spagnolo e svedese, il ministro degli affari economici danese, il segretario di stato francese al commercio estero, oltre a politici sovranazionali, come Rasmussen, segretario generale della Nato, Viviane Reding, commissario europeo alla giustizia, i diritti fondamentali e la cittadinanza, e il turco Ahmet Üzümcü, direttore generale dell’organizzazione per il controllo delle armi chimiche. A metà strada tra politica e finanza troviamo anche esponenti delle banche centrali, come il presidente della banca centrale greca, il governatore della banca centrale canadese, un membro del consiglio d’amministrazione della Bce e il presidente del fondo monetario internazionale, Christine Lagarde.
Una particolare menzione va fatta quest’anno alla presenza di ben quattro importanti personalità
Quattro le personalità provenienti dal settore militare e dell’intelligence, a riprova della connessione tra vertici dell’economia e apparati di sicurezza dello Stato. Si tratta degli statunitensi Philippe Breedlove, capo militare della Nato, David Petreus, già capo della truppe Usa in Medio Oriente ed ex direttore della Cia, e Keith B. Alexander, già a capo dello Us Cyber command (il settore del Pentagono addetto alla guerra elettronica) e della National Security Agency (l’agenzia che coordina tutti i servizi di intelligence Usa), e del britannico John Sawers, capo dell’MI6, il celeberrimo servizio segreto di Sua Maestà. A questi si aggiunge Alex Karp, presente anche all’edizione del 2013 e fondatore e amministratore delegato di Palantir, una società finanziata dalla Cia che sviluppa software per l’intelligence. Pure da menzionare è la presenza di due cinesi, unici non occidentali presenti all’incontro e probabilmente invitati a discutere sullo scenario economico e politico cinese, uno dei temi in agenda. Si tratta del professore di economia dell’Università di Pechino Huang Yiping e del ministro Liu He. Liu He, che ha ottenuto un master ad Harward, dirige l’ufficio degli affari economici e finanziari della Repubblica Popolare Cinese ed è vice direttore della commissione per lo sviluppo e le riforme. Questa non è la prima volta al Bilderberg per dei cinesi né per un politico cinese, visto che il vice ministro degli esteri cinese, Fu Ying, era stato presente a due degli ultimi incontri.
Il Bilderberg non è una setta segreta ma un'organizzazione del capitale
Il Bilderberg non è una setta segreta, agente di una congiura internazionale, come certa vulgata complottistica pretenderebbe. Il Bilderberg è qualcosa di più serio: è una tipica organizzazione del capitale nella sua fase transnazionale, insieme ad altre organizzazioni, come l’Aspen Institute e la Commissione Trilaterale. Obiettivo dei democratici europei dovrebbe essere l’analisi scientifica di queste organizzazioni, attraverso la spiegazione del loro ruolo nei meccanismi di costruzione del consenso e di implementazione dei principi del neoliberismo, dalla deregolamentazione del mercato del lavoro alle privatizzazioni all’abbattimento del welfare state, ecc. La connessione diretta, in queste sedi di confronto e discussione, con chi fa informazione e chi opera nelle riproduzione delle idee e soprattutto con qualificati esponenti governativi e di organismi sovranazionali permette a imprese e banche globali di avere una influenza diretta sulla elaborazione delle politiche degli Stati occidentali. Al di sopra della corruzione dei politici che giornalmente trova spazio sui mass media, c’è un’altra corruzione, più nascosta ma con effetti molto più pesanti sulla vita dei cittadini europei, quella del processo di definizione e controllo delle decisioni generali, che vengono subordinate agli interessi particolari di una ristrettissima minoranza.
*autore de “Il gruppo Bilderberg. L’élite del potere mondiale”, Aliberti editore, 2014.