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Les Damnés du Kosovo - Un film brise le silence.

INTERVIEW :

Michel Collon et Vanessa Stojilkovic sur leur
nouveau film

Les Damnés du Kosovo

Chassée de son appartement à Pristina, Maria n'a eu la vie sauve que
parce
qu'elle parlait albanais. Son neveu, interprète pour l'ONU, a été
assassiné
sauvagement. Le mari de Silvana a été kidnappé, elle est sans nouvelles
depuis
deux ans. La maison de Stanimir a été brûlée. Qu'ont-ils en commun? Ils
sont
Serbes et vivent, ou plutôt survivent au Kosovo. Pourquoi les médias ne
parlent-ils plus de cette région occupée par l'Otan ? Le nouveau film de
Michel
Collon et Vanessa Stojilkovic brise le silence. Et met en garde tous les
peuples
menacés par les guerres de la mondialisation...

ANTOINE RENARD

Comment est né ce film ?

Michel Collon. J'ai effectué ce reportage au Kosovo
pour me rendre compte sur place de la situation
présente des Serbes et des autres minorités
nationales. Ayant en mémoire cette phrase de Bill
Clinton au moment où il déclenchait les
bombardements sur la Yougoslavie : "Notre fermeté
est le seul espoir pour le peuple du Kosovo de
pouvoir vivre dans son propre pays. Imaginez si nous
fermions les yeux et si ces gens étaient massacrés,
à la porte même de l'Otan. Celle-ci serait
discréditée."

Clinton parlait des Albanais. Mais aujourd'hui, qu'en
était-il des Serbes et des autres minorités nationales
Roms, Gorans, Turcs, Egyptiens, Musulmans... qui
vivaient au Kosovo depuis des siècles? Etaient-ils
en sécurité avec 45.000 soldats de l'Otan dans leur
pays?

Et qu'avez-vous vu ?

Michel Collon. Une accumulation de souffrances
qu'on n'imagine pas ici...

Mais les médias ne nous parlent plus du Kosovo. La
situation n'est-elle pas réglée ?

Michel Collon. Au contraire ! Ce que j'ai vu, ce sont :
attentats à la bombe, assassinats, destructions des
maisons ou expulsions, kidnappings et angoisses des
familles, menaces permanentes... Le constat est
accablant: une véritable purification ethnique a
chassé du Kosovo la plupart des non-Albanais et
terrorise ceux qui restent.

Qu'avez-vous pu montrer concrètement ?

Michel Collon. Une vingtaine d'interviews donnent la
parole aux victimes. Leurs témoignages, dignes mais
poignants, m'ont mis les larmes aux yeux. Il fallait
absolument faire passer leur message tragique.
Briser le silence médiatique qui entoure à présent le
Kosovo. Leur sort constitue une terrible mise en
garde pour tous les peuples : une occupation par les
Etats-Unis, ou les puissances de l'Otan, ce n'est
aucunement une solution. C'est au contraire
l'assurance de terribles souffrances pour tous les
êtres humains de ces régions occupées.

La présence des troupes de l'Otan ne freine pas ces
violences ?

Michel Collon. Non seulement elle ne les freine pas,
mais le film apporte plusieurs documents exclusifs
qui révèlent la complicité de l'Otan avec leurs
auteurs : les milices de l'UCK séparatiste.

Vous n'avez pas eu de problèmes pour tourner ?

Michel Collon. Bien sûr, dans un tel climat de terreur,
un cameraman serbe risque sa vie s'il tourne en zone
"non albanaise". Mais j'ai eu la chance de compter
sur une équipe de TV serbe très motivée. Des gens
extrêmement courageux à qui je dois beaucoup.

Vanessa, comment avez-vous rejoint ce projet ?

Vanessa Stojilkovic. A 25 ans, j'ai déjà tâté divers
métiers de l'image dont le montage. Après un contact
par Internet, Michel Collon m'a proposé de
recommencer l'écriture et le montage de son film, en
panne suite aux problèmes de santé du précédent
réalisateur. J'ai immédiatement accepté.

Parce que vous êtes Française d'origine yougoslave ?

Vanessa Stojilkovic. Oui et non. Oui parce qu'en
effet plusieurs membres de ma famille ont péri ou ont
enduré de terribles souffrances dans cette guerre.
J'en étais très fortement éprouvée. Alors, ce film m'a
permis de réaliser la promesse que je leur avais faite,
là-bas : dire la vérité en Occident.
Malheureusement, certains sont déjà décédés et
d'autres le seront bientôt.

Le stress de la guerre et des bombardements a
provoqué d'énormes problèmes d'hypertension qu'ils
n'ont pas les moyens de soigner. Et des cancers
croissant à une allure fulgurante. Les gens meurent
dans la souffrance. Le bilan de la guerre, pour toute
la Yougoslavie, ce n'est pas seulement des morts,
mais aussi l'état physique et psychologique de ceux
qui restent. Et leur manque d'avenir.

Michel Collon m'a vraiment fait un cadeau en
m'offrant la matière première des ces interviews
qu'il avait rassemblées. Et ses analyses pertinentes,
qui lient de façon claire cette guerre à la
mondialisation. En sculptant et en modelant cette
matière, j'ai pu faire parler ma souffrance, tenir ma
promesse, faire mon deuil.

Michel Collon. C'est surtout Vanessa qui m'a fait un
merveilleux cadeau. Moi, j'ai travaillé 4 jours de
tournage. Elle, 4 mois de montage. Pas facile du tout,
car je ne suis pas cinéaste professionnel, et ce que
j'ai ramené s'en ressentait. Grâce à elle, grâce à son
engagement remarquable, plein de gens dans le
monde pourront découvrir une réalité très importante.

Ce film s'adresse-t-il seulement aux Serbes ?

Vanessa Stojilkovic. Pas du tout! Ma motivation
principale a surtout été d'ouvrir les yeux aux
"Français français", disons, ou à tous ceux d'Europe
occidentale qu'on a désinformés. Leur faire savoir,
par exemple, qu'on prive les non-Albanais de soins
de santé décents : les gens meurent parce qu'on n'a
pas de quoi les soigner, parce qu'ils sont privés des
équipements médicaux nécessaires. Que les enfants
serbes sont privés d'écoles. Qu'une centaine
d'églises ont été démolies. Et que ça continue.

Est-ce un film "pro-serbe" ?

Michel Collon. Non. D'abord, il donne aussi la parole aux
nombreuses minorités nationales, elles aussi
persécutées, "nettoyées". Les Roms, par exemple,
pourchassés un peu partout en Europe, ces temps-ci. Et
martyrisés au Kosovo. Et aussi les Juifs, Gorans,
Musulmans, Turcs, Egyptiens... Des minorités dont on ne
parle jamais.

Ensuite, de nombreux Albanais se retrouvent également
victimes d'un système maffieux basé sur la terreur. L'un
d'eux a pu témoigner devant notre caméra. Il était
persécuté parce que marié à une Serbe !

En fait, je ne suis ni pro-serbe, ni pro-albanais. Je pense
que tous ces peuples se retrouvent victimes de
stratégies cachées : les Etats-Unis voulaient, comme
leurs alliés, détruire une Yougoslavie trop à gauche. Ils
voulaient contrôler les routes du pétrole qui passent
précisément par là. Ils voulaient installer leur super-base
militaire de Camp Bondsteel. Et ils y ont réussi, en
utilisant - non : en excitant eux-mêmes - le conflit entre
Serbes et Albanais.

Savez-vous qu'à présent, Washington conclut des
locations de 99 ans pour les pistes de ses bombardiers ?
Quelqu'un peut-il nous expliquer en quoi des
bombardiers aideront à résoudre les problèmes des
populations du Kosovo ?

Un objectif stratégique plus vaste, alors ?

Michel Collon. Exactement. Cette base rapproche les
bombardiers US de Moscou et du Caucase. Elle fait
partie du grand plan d'encerclement, car Washington ne
pense pas que Poutine et sa tendance seront
nécessairement éternels. Et surtout, briser la
Yougoslavie faisait partie du plan global en envoyant ce
message à tous les peuples du monde : si vous résistez à
la mondialisation, vous serez détruits.

Mais les médias ne nous parlent plus du Kosovo. La
situation n'est-elle pas réglée ?

Michel Collon. Au contraire ! Ce que j'ai vu, ce sont :
attentats à la bombe, assassinats, destructions des
maisons ou expulsions, kidnappings et angoisses des
familles, menaces permanentes... Le constat est
accablant: une véritable purification ethnique a
chassé du Kosovo la plupart des non-Albanais et
terrorise ceux qui restent.

Qu'avez-vous pu montrer concrètement ?

Michel Collon. Une vingtaine d'interviews donnent la
parole aux victimes. Leurs témoignages, dignes mais
poignants, m'ont mis les larmes aux yeux. Il fallait
absolument faire passer leur message tragique.
Briser le silence médiatique qui entoure à présent le
Kosovo. Leur sort constitue une terrible mise en
garde pour tous les peuples : une occupation par les
Etats-Unis, ou les puissances de l'Otan, ce n'est
aucunement une solution. C'est au contraire
l'assurance de terribles souffrances pour tous les
êtres humains de ces régions occupées.

La présence des troupes de l'Otan ne freine pas ces
violences ?

Michel Collon. Non seulement elle ne les freine pas,
mais le film apporte plusieurs documents exclusifs
qui révèlent la complicité de l'Otan avec leurs
auteurs : les milices de l'UCK séparatiste.

Un éditorialiste du New York Times l'avait déjà
clairement indiqué, à la veille de la guerre: "Pour que la
globalisation marche, l'Amérique ne doit pas craindre
d'agir comme la superpuissance omnipotente qu'elle est.
La main invisible du marché ne fonctionnera jamais sans
un poing caché. McDonalds ne peut être prospère sans
McDonnel Douglas, le constructeur de l'avion F-15. Et
le poing caché qui garantit un monde sûr pour les
technologies de la Silicon Valley, ce poing s'appelle
l'armée des Etats-Unis, Air Force, Navy et Marines."

Vous avez écrit plusieurs livres sur ces thèmes. Pourquoi
un film ?

Michel Collon. J'ai constaté que ce média permet de
toucher aussi ceux qui ne lisent pas. Et il est idéal pour
susciter un débat. Chacun peut facilement offrir une
cassette à un ami, un parent. Ou organiser chez soi une
petite projection + discussion.

Et c'est urgent car Monsieur Bush annonce qu'il va
attaquer de nombreux autres pays. Une bonne raison pour
les progressistes de rediscuter ce qui s'est passé en
Yougoslavie. Les résultats de l'Otan correspondent-ils à
ses promesses ? Y avait-il d'autres intérêts cachés ?
A-t-on manipulé l'opinion par des médiamensonges ?

La Yougoslavie, c'est un avertissement avant l'Irak, la
Palestine et bien d'autres ?

Michel Collon. Oui. La mondialisation, c'est la guerre, par
essence. La politique des multinationales ne fait
qu'augmenter l'écart entre riches et pauvres de cette
planète. La guerre est devenue la méthode n° 1 pour
briser leurs résistances. La guerre contre les
Palestiniens et les Irakiens, le "Plan Colombia",
l'agression contre le Congo par armées interposées, les
menaces contre l'Iran, la Syrie, la Corée, tout cela fait
partie de la même guerre globale.

Vanessa Stojilkovic. Il faudrait que la jeunesse
antimondialisation s'informe plus sérieusement sur ces
guerres. On ne peut laisser un pays qui a utilisé l'arme
chimique Agent Orange, des bombes à l'uranium et autre
saloperies nous manipuler et nous faire croire qu'il mène
la guerre pour la liberté et les droits de l'homme. On ne
peut le laisser gouverner le monde et y organiser des
guerres dans l'intérêt financier de ses multinationales. Et
je suis en colère aussi contre les pays européens qui ont
été complices et tirent profit de cette guerre.

Ce film est une mémoire, un avertissement, un appel au
secours. Des peuples du Kosovo et de tous les peuples
menacés. Lorsque l'Otan ou l'Euro-Armée s'apprêteront
à bombarder un peuple, il faudra que la population des
pays de l'Otan se soulève et intervienne massivement
contre ses gouvernements.

Le film précédent Sous les bombes de l'Otan a été traduit
en diverses langues. Et celui-ci?

Vanessa Stojilkovic. Je viens d'en terminer la version en
serbo-croate. Et d'autres traductions sont en route.
Avec les nouvelles technologies de montage sur
ordinateur, on peut facilement remplacer une "piste" du
montage, par exemple celle de la voix off ou celle des
sous-titres par une autre version. Des contacts sont déjà
pris pour des traductions en espagnol, italien, russe,
néerlandais, allemand. Nous pensons que l'anglais et
arabe seraient également très utiles. Pour tout cela, et
pour une diffusion maximum, nous cherchons de l'aide.

Parce que le sort infligé à la Yougoslavie menace
d'autres peuples ?

Michel Collon. Exactement. Ce film s'adresse à tous les
peuples du monde. Le Kosovo, c'est un avertissement à
toute la planète. Tout peuple qui ne veut pas vivre à
genoux, tout pays qui entend fixer lui-même son destin,
risque d'être frappé par la guerre globale de Mr Bush et
ses amis. La seule issue est de créer un grand front
international de résistance à la guerre.


Subject: Rtf : NOUVEAU FILM : Les Damnés du Kosovo
Date: Mon, 10 Jun 2002 20:40:45 +0200
From: Michel COLLON


Un document essentiel pour tous les pays
menacés de devenir un jour une cible des
Etats-Unis

Les Damnés du Kosovo

Film de Michel Collon & Vanessa Stojilkovic

Bill Clinton avait promis que l¹occupation
de l¹Otan amènerait la paix et la
protection de toutes les nationalités au
Kosovo. Qu¹en est-il aujourd¹hui ?
Vingt témoins parlentS

Chassée de son appartement à Pristina,
Maria n¹a eu la vie sauve que parce
qu¹elle parlait albanais. Son neveu,
interprète pour l¹ONU, a été
sauvagement assassiné. Le mari de Silvana a
été kidnappé en 1999, elle est
toujours sans nouvelles. La maison de
Stanimir a été brûlée. Qu¹ont-ils en
commun? Ils sont Serbes et vivent, ou
plutôt survivent, au Kosovo. Mais le
³nettoyage² frappe aussi les autres
minorités : Roms, Juifs, Gorans,
Musulmans... Pourquoi les médias ne
parlent-ils plus de cette région occupée
par l¹Otan ? Le nouveau film de Michel
Collon et Vanessa Stojilkovic brise
le silence.

Pour éclairer ce débat : la mondialisation
nous mène-t-elle vers des guerres
de plus en plus nombreuses ?

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