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DNEVNIK

Macédoine : la légalisation de l’université albanaise de Tetovo crée
des remous

TRADUIT PAR JULIJA JOVCEVSKA, DE LA RÉDACTION DE SKOPJE DU COURRIER DE
LA MACÉDOINE
Publié dans la presse : 9 décembre 2003
Mise en ligne : mercredi 10 décembre 2003


Alors que le gouvernement macédonien se propose de « légaliser »
l’université albanaise parallèle de Tetovo, des mouvements étudiants
manifestent devant l’Assemblée nationale et l’opposition implore le
Premier ministre d’injecter ces fonds dans le réseau universitaire déjà
existant.

Par Igor Segavik


Le VMRO-DPMNE propose au Premier ministre, Branko Crvenkovski, une
seconde manière d’utiliser l’argent destinée à l’université de Mala
Recica : l’injecter dans le système éducatif existant en investissant
dans de l’équipement technique et la construction d’une nouvelle cité
universitaire.

Les perturbations causées par l’université de Mala Recica donneront
lieues, ce mardi, à une grande manifestation étudiante. Quelques partis
politiques, le Congrès mondial de la Macédoine, 22 ONG et une union des
élèves soutiendront cette manifestation contre la légalisation de
l’université illégale de Tetovo (l’UT), prévue pour mardi devant
l’Assemblée.

Les manifestations contre cette université « illégale » sont organisées
par le Bureau coordinateur des syndicats des étudiants des facultés des
universités « Saints-Cyrille-et-Méthode » et « Saint-Clément d’Ohrid ».
Le bureau coordinateur a lancé un appel à tous les citoyens afin de
rejoindre cette manifestation pacifique devant l’assemblée nationale au
moment même où les députés mettront au vote le projet de légalisation
de cette université. Mais cette manifestation n’est pas soutenue par
les syndicats étudiants des deux universités.

Hier, le parti d’opposition VMRO-DPMNE a annoncé qu’il soutiendrait la
manifestation des étudiants. Ce parti considère que l’argent prévu pour
la légalisation de cette université pourrait augmenter la qualité de
l’éducation en Macédoine.

« Avec les trois millions d’euros prévus pour cette légalisation, on
pourrait acheter 3 500 nouveaux ordinateurs pour les écoles en
Macédoine. Avec cet argent là, on pourrait aussi construire une
nouvelle cité universitaire d’une capacité de 1000 étudiants, on
pourrait approvisionner en méthodes gratuites les écoles primaires
ainsi que rénover environ 80 écoles » estime le VMRO-DPMNE dans une
lettre ouverte adressée au Premier ministre, Branko Crvenkovski.

Lors de la conférence de presse d’hier, le Bureau coordinateur du
secteur non-gouvernemental a appelé les citoyens à sortir et à
protester. Ce Bureau a aussi demandé le soutien des organisations
internationales.

« La légalisation de Mala Recica signifie la capitulation totale du
gouvernement devant la violence et un début de légalisation de toutes
les institutions parallèles dans le pays. Si cette université devient
légale, la qualité de l’éducation supérieure diminuera. Pourquoi
investir dans la quantité et non dans la qualité ? Tous les États
européens ont résolus la question de l’éducation des minorités par la
création d’universités privées et non en les faisant financer sur le
budget de l’État. Pourquoi les citoyens donneraient de l’argent pour
cette université alors qu’ils n’auront pas la possibilité d’y apprendre
en langue macédonienne ? », demande le Bureau du secteur
non-gouvernemental.

Le syndicat des étudiants des deux universités du pays, à Skopje et
Bitola, ne soutiennent pas cette manifestation. Ils considèrent que
cette initiative est légale, mais n’arrive pas à bon terme. Ils ont
alerté le ministère de l’Éducation afin qu’il présente publiquement les
arguments en faveur de la légalisation de l’université de Mala Recica.

« Nous voulons dire aux étudiants de ne pas aller manifester devant
l’assemblée. Maintenant, alors que nous sommes à la porte de l’Union
européenne, nous devons montrer que nous savons résoudre nos problèmes
de manière civilisée. Il ne faut pas que 1997 se répète [1] » a déclaré
Marija Stambolieva, la présidente du syndicat des étudiants de
l’université Saints-Cyrille-et-Méthode.

Stambolieva s’étonne d’ailleurs de l’initiative des étudiants, car lors
d’une réunion de travail s’étant déroulée la semaine dernière, aucun
des syndicats des facultés n’avaient parlé d’une initiative pareille.
Stambolieva a annoncé que si la réunion avec le ministre de l’Éducation
n’avait pas lieu, réunion lors de laquelle il exposera les arguments en
faveur de la légalisation, elle demanderait aux députés non pas de
boycotter cette loi, mais de la reformuler avant de procéder au vote
définitif.


[1] En 1997, lors de l’ouverture de cette université illégale, de
violentes manifestations qui avaient dégénérées en émeutes urbaines
entre les forces de l’ordre et les manifestants albanais, avaient eu
lieu dans le pays, notamment à Tetovo et Gostivar.


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