POGROM [en francais]
1. Article de "Liberation Online", 17/3/2004
2. "les enfants sont morts noyés en représailles d'une embuscade contre
un adolescent serbe...": version catégoriquement démentie dès le
premier jour par le porte-parole de l'UNMIK
3. Renforts de l'Otan au Kosovo, interventions à Mitrovica
(par Frederik Dahl - Reuters, 21 mars)
4. Serbes du Kosovo : LA VALISE OU LE CERCUEIL
(Le Figaro Magazine, J.-L. Tremblais, 9 avril 2004)
5. Kosovo : Un voyage pour rompre cinq ans de silence
(Comité de Surveillance OTAN, www.csotan.org )
6. Une possibilité que le Kosovo rejoigne l'OTAN
(B92, 16 mai 2004)
7. Kosovo – 5 ans après
(Markus Sanz, Comité pour la paix en Yougoslavie, Suisse)
---
SOURCES:
Anti-imperialiste mailing list
http://chiffonrouge.org/cgi-bin/mailman/listinfo/anti-imperialiste
Alerte OTAN mailing list
http://it.groups.yahoo.com/group/alerte_otan
=== 1 ===
http://www.liberation.fr/page.php?Article=186903
MITROVICA, Serbie-et-Monténégro - Une dizaine de personnes ont trouvé
la mort, mercredi au Kosovo, au cours d'affrontements entre communautés
serbe et albanaise qui passent pour les plus graves depuis que la
province de l'ex-Yougoslavie a été placée sous l'autorité de l'Onu en
1999.
Cette flambée de violence est un revers pour la communauté
internationale à l'approche des négociations sur le futur statut de la
région, où l'hostilité entre les différentes communautés ne s'est en
rien résorbée.
"C'est une situation très dangereuse", a déclaré Derek Chappell,
porte-parole de la police onusienne.
Tleurat Sejdiu, responsable du ministère kosovar de la Santé, a affirmé
que six personnes avaient trouvé la mort à Mitrovica, ville du nord du
Kosovo où une rivière et un cordon de police de l'Onu tiennent
théoriquement à distance les deux communautés.
Elle a ajouté que trois autres étaient mortes au village de Caglavida,
dans le centre de la province, et qu'un individu avait été tué dans
l'ouest par un policier de l'Onu.
"PIRES ACTES DE VIOLENCE"
Deux jeeps des Nations unies ont été incendiées à Mitrovica, où les
soldats de la paix ont dû progresser dans l'après-midi immeuble par
immeuble, à grand renfort de gaz lacrymogènes, pour mettre en place une
zone de sécurité. Plusieurs habitations serbes ont été incendiées dans
des villages que les Serbes ont dû fuir escortés par les soldats de la
force de l'Otan (Kfor). Un bureau de poste serbe, une clinique, une
école et une dizaine d'habitations ont ainsi été brûlés à Kosovo Polje,
près de Pristina.
Angela Joseph, porte-parole de la police de l'Onu, a précisé qu'une
militaire des Nations unies avait été contrainte d'ouvrir le feu en se
voyant attaquée dans la ville de Pec, dans l'ouest de la province.
"Elle était à deux doigts de recevoir une brique dans la tête", a dit
la porte-parole.
"Il s'agit des pires actes de violence perpétrés depuis longtemps", a
déclaré à Bruxelles un responsable de l'Otan. "Il faut que chacune des
communautés lance un appel à l'arrêt des violences."
Le Kosovo est administré par l'Onu depuis les bombardements de l'Otan
(1999), qui avaient entraîné le retrait des forces serbes de la
province. L'intervention alliée visait à mettre fin à la répression
exercée par les Serbes contre les Albanais de souche.
Les violences de mercredi font craindre que les Albanais ne se
retournent à nouveau contre l'Otan et l'Onu s'ils jugent que leur
indépendance tarde à venir.
Les heurts ont débuté en matinée à Mitrovica autour du pont de l'Ibar,
qui sépare les quartiers serbe, au nord, et albanais, au sud. Une foule
d'Albanais en colère après la mort par noyade dans un village voisin de
plusieurs enfants, provoquée selon eux par des Serbes, a tenté
d'envahir la partie serbe de la ville.
Selon les Albanais, les enfants sont morts noyés en représailles d'une
embuscade contre un adolescent serbe à Caglavica. Ce dernier a été
grièvement blessé par balles.
PLUS DE 300 BLESSES
Les forces de l'Onu et de l'Otan se sont interposées, tentant de
disperser la foule à l'aide de balles en caoutchouc et de gaz
lacrymogènes. Des coups de feu ont alors retenti et des grenades ont
été lancées.
A la tombée de la nuit, les deux camps ont pu être séparés et un
couvre-feu a été imposé à Mitrovica. Mais la situation était moins
claire ailleurs dans la province. Certains bilans font état de 300
blessés côté albanais et de 70 autres côté serbe.
Au village serbe de Caglavica, au sud de Pristina, la capitale
provinciale, plusieurs centaines d'Albanais ont franchi un cordon de la
police onusienne et incendié deux habitations.
La télévision serbe a montré des images des troupes de l'Otan, épaulées
par des hélicoptères, tentant de repousser les assaillants à l'aide de
gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes.
A Pec, des Albanais ont incendié trois maisons appartenant à des
Serbes. Une trentaine de Serbes ont trouvé refuge dans une église visée
par des jets de pierres.
A Belgrade, le Premier ministre serbe Vojislav Kostunica a écarté tout
envoi d'une force militaire serbe au Kosovo, comme le demandaient des
députés.
17/3/2004
=== 2 ===
Date: Sun, 21 Mar 2004 11:16:53 +0100
Subject: [Anti-imperialiste] [alerte_otan]Violence intercommunautaires
au Kosovo pacifié par l'OTAN - précision
"Les heurts ont débuté en matinée à Mitrovica autour du pont de l'Ibar,
qui sépare les quartiers serbe, au nord, et albanais, au sud. Une foule
d'Albanais en colère après la mort par noyade dans un village voisin de
plusieurs enfants, provoquée selon eux par des Serbes, a tenté
d'envahir la partie serbe de la ville. Selon les Albanais, les enfants
sont morts noyés en représailles d'une embuscade contre un adolescent
serbe à Caglavica. Ce dernier a été grièvement blessé par balles."
Cette version a été catégoriquement démentie dès le premier jour par le
porte-parole de l'UNMIK :
No Serbs involved in drowning: UNMIK | 01:58 | Beta
Le porte-parole de l'UNMIK Derek Chappell a déclaré cette nuit que le
seul survivant de la noyade d'hier avait dit aà ses parents que lui et
ses trois amis étaient entré dans la rivière d'eux-même, et avaient été
immédiatement pris par un courant très puissant. Le graçon avait réussi
à regagner la rive, mais ses 3 compagnons ont été emportés. L'incident
s'est produit aux environs de 16h30 et la police commencé à effectuer
des recherches le lond de la rivière à peu près une heure et demie plus
tard. 2 corps ont été retrouvés jusqu'ici. Les violents incidents dans
tout le Kosovo ont éclatés après qu'on ait prétendu que les garçons
avaient été pourchassés dans la rivière par des Serbes avec un chien.
Chappel a déclaré aux médias à Pristina que cela était catégoriquement
faux, d'après le récit du survivant.
[PRISTINA -- Wednesday - UNMIK spokesman Derek Chappell said tonight
that the survivor of yesterday's Ibar River drowning has told his
parents that he and three friends entered the river alone and were
immediately caught up in the heavy current.The boy managed to reach the
opposite bank of the river, but his three companions were swept
away.The incident happened at about 4.30 p.m. and police began a search
of the river about an hour and a half later. Two bodies have been found
so far.Today's violent incidents around Kosovo were sparked after
claims that the boys had been chased into the river by Serbs with a
dog.Chappell told media in Pristina tonight that this was definitely
not true according to the account of the surviving boy.]
Le bilan est actuellement de 31 morts, 600 blessés et 3.600 sans-abris.
=== 3 ===
Date: Sun, 21 Mar 2004 11:10:17 +0100
Subject: [Anti-imperialiste] [alerte_otan] Kosovo : "Les Albanais
tentent de se débarrasser des Serbes et de créer un fait accompli avant
toute négociation"
'des bombardements de l'Alliance atlantique destinés à mettre fin à la
répression serbe du soulèvement des albanophones' : La version
officielle est manifestement indifférente au fait que.d'une part les
fascistes de l'UCK avaient été soutenus dès 1996 par les services
secrets occidentaux, et que d'autre part que l'Alliance n'est
absolument pas troublée par l'épuration ethnique qui se poursuit depuis
5 ans au Kosovo contre les minorités non-albanophones. Les succès
remarquables obtenus par l'OTAN, c'est plutôt le retour de
l'ex-Yougoslavie dans le giron des multinationales, l'installation
d'une grande base militaire US (Camp Bondsteel) et l'instauration d'un
régime fasciste et maffieux au Kosovo.
R.M.
Renforts de l'Otan au Kosovo, interventions à Mitrovica
par Frederik Dahl
Reuters, 21 mars
PRISTINA, Kosovo (Reuters) - L'Otan a dépêché des renforts au Kosovo
vendredi après deux journées de violences entre albanophones et Serbes
qui ont fait 31 morts dans l'ensemble de la province serbe placée sous
tutelle provisoire de l'Onu.
Malgré un apaisement apparent, les incidents se sont à nouveau
concentrés vendredi sur la ville de Mitrovica, où les premiers
affrontements avaient éclaté mercredi en marge d'une manifestation de
Kosovars albanophones, dont la frange extrémiste voulant chasser la
minorité serbe de la région serait, selon l'Otan, à l'origine des
violences.
La France a décidé l'envoi de 400 soldats supplémentaires, qui
devraient arriver (demain) samedi, pour renforcer la force
internationale de paix au Kosovo (Kfor), dont les effectifs sont
actuellement de 18.500 militaires.
La France, qui comptera désormais 2.900 soldats au Kosovo, doit prendre
le commandement de la Kfor au cours de l'été.
Quelque 600 soldats allemands supplémentaires devraient également
rejoindre le Kosovo samedi tandis que le Danemark s'est engagé à
fournir une centaine de soldats en renfort.
Cent-cinquante des 750 militaires promis par la Grande-Bretagne sont
arrivés vendredi, au lendemain de 150 soldats américains et 80
carabiniers italiens.
Malgré ces renforts, la crainte est vive au Kosovo que les 48 heures de
violences communautaires n'aient d'ores et déjà infligé des dégâts
irrémédiables au processus engagé en 1999.
FAIT ACCOMPLI
"Les Albanais tentent de se débarrasser des Serbes et de créer un fait
accompli avant toute négociation", juge un responsable occidental sous
le sceau de l'anonymat. "Toute personne disposant d'un minimum
d'expérience politique peut le constater."
L'Otan et l'Onu ont pris le contrôle du Kosovo en 1999 à la suite des
bombardements de l'Alliance atlantique destinés à mettre fin à la
répression serbe du soulèvement des albanophones de la province. Les
représailles des Kosovars albanais avaient contraint quelque 200.000
Serbes à fuir le Kosovo.
Quelque 100.000 Serbes sont restés, principalement dans le nord de
Mitrovica et dans quelques enclaves.
Pour le Haut Commissariat de l'Onu pour les réfugiés (HCR), cette
nouvelle flambée de violence pourrait provoquer un nouvel exil serbe et
"menace d'annihiler des années d'efforts internationaux" pour
réconcilier Serbes orthodoxes et Albanais musulmans.
A Belgrade, quelque 15.000 Serbes ont manifesté pour exiger des Nations
unies qu'elles s'interposent face aux "terroristes albanais".
Le commandant des forces de l'Otan pour le sud de l'Europe, l'amiral
américain Gregory Johnson, a fait part de la détermination de
l'alliance à mettre fin à ce qui s'assimile, selon lui, à du "nettoyage
ethnique".
TIREUR ISOLE
La Kfor est intervenue vendredi à Mitrovica pour évacuer un immeuble
d'habitations ébranlé par une puissante explosion d'origine inconnue.
Ce bâtiment se trouve dans la partie serbe de Mitrovica mais est
essentiellement habité par des albanophones.
Auparavant, toujours à Mitrovica, quelque 300 soldats et gendarmes
français de la Kfor ont pris le contrôle de trois immeubles peuplés
d'Albanais à la suite de tirs d'un tireur isolé.
"Un tireur isolé à Mitrovica a été tué par des tirs de soldats de la
Kfor", a ensuite déclaré à Reuters le lieutenant-colonel Jim Moran,
sans préciser la nationalité de ce tireur isolé.
Un responsable d'un quartier de Mitrovica peuplé essentiellement de
Bosniaques a par ailleurs indiqué qu'un homme avait été hospitalisé à
la suite de tirs d'un franc-tireur.
Les forces de l'Otan sont également restées déployées aux alentours du
pont séparant la ville en deux et près duquel les premières violences
avaient éclaté mercredi.
A Svinjare, village serbe situé à environ cinq km au sud de Mitrovica,
de la fumée s'élevait de maisons incendiées par des Albanais, selon un
habitant.
=== 4 ===
http://www.lefigaro.fr/
Le Figaro Magazine
Serbes du Kosovo : La valise ou le cercueil
28 morts, 600 blesses, 3 200 refugies, 30 eglises ou monasteres
incendies : au Kosovo, les pogroms anti-Serbes ont repris avec une
violence accrue. Pour la premiere fois depuis 1999, des fonctionnaires
internationaux evoquent
publiquement un "nettoyage ethnique". Objectif des extremistes albanais
: se debarrasser des 100 000 derniers Serbes de la province. Reportage
chez les damnes de la guerre.
De notre envoye speciaul Jean-Louis Tremblais
[09 avril 2004]
A notre derniere rencontre, Borislav Kevkic etait en sursis. Ce pretre
orthodoxe veillait sur Saint-Sava, la derniere eglise de Mitrovica-Sud
(NDLR: secteur albanais de cette ville divisee par la riviere Ibar ; le
nord etant serbe). A ses cotes, repartis dans trois bicoques, on
comptait six Serbes : sa femme, deux autres popes temeraires, une
vieille paralytique et paranoiaque, les petits-enfants de cette
malheureuse partant tous les matins a l'ecole sous escorte militaire.
Et puis des chats. Plein de chats, ni serbes ni albanais, felins
apatrides se jouant des check-points et autres barbeles.
Dans cette ultime enclave, protegee vingt-quatre heures sur
vingt-quatre par les soldats de la Kfor (la force multinationale de
l'Otan), interdite de sortie sous peine de lynchage, cette communaute
irreductible et anachronique (sur)vivait tant bien que mal. Six Serbes
au milieu de 80 000 Albanais. Les derniers des Mohicans. Chaque
dimanche, le pere Borislav sonnait les cloches a toute volee. Pour la
forme, car Saint-Sava restait vide, les Serbes de Mitrovica-Nord
refusant de s'aventurer de l'autre cote du pont, chez les Shiptars (nom
que se donnent eux-memes les Albanais et que les Serbes emploient avec
mepris). Malgre tout, le pretre disait la messe. Pour lui et les siens.
Pour Dieu et la Serbie. <Si je m'en vais, me disait-il, ils
construiront une mosquee.>
Huit mois plus tard, si la mosquee n'est pas encore construite,
l'eglise est deja detruite... Incendiee le 18 mars lors du pogrom qui a
fait 28 morts et 600 blesses dans tout le Kosovo. De Saint-Sava il ne
reste qu'un batiment calcine et la croix du toit (trop haut pour les
vandales). A l'interieur, ce n'est plus qu'un tas de cendres : icones,
statues, chaire, autel, etc. Idem pour les habitations, pillees avant
d'etre brulees. Le cimetiere du jardin, ou reposent des
ecclesiastiques, a ete profane. Steles renversees et fracassees. Des
parachutistes francais (la brigade multinationale nord-est de la Kfor,
qui controle la region de Mitrovica, est placee sous commandement
francais) gardent desormais cet amas de ruines que meme les chats ont
deserte, griffons ecoeures par le spectacle de la folie humaine.
- Il faisait nuit, se souvient le pere Borislav, aujourd'hui refugie a
Mitrovica-Nord, en zone serbe et donc sure. Les Albanais ont defonce
les grilles. Ils reclamaient ma tete. Je les entendais vociferer.
Heureusement, les soldats marocains de la Kfor sont venus nous chercher
et nous ont sortis de l'enfer. Nous n'avons pas eu le temps de faire
nos valises. On a ramasse ce que l'on pouvait dans un sac en plastique,
et puis adieu. Les Albanais
ont commence par casser, par voler. Le lendemain, ils ont tout fait
flamber.
Quarante annees de ma vie sont parties en fumee !
Maisons incendiees et scenes de pogrom
Pour echapper a ses tourmenteurs, le religieux a ete exfiltre grave a
un helicoptere francais. Il squatte maintenant la maison d'un pope,
avec une couverture et quelques hardes dans son balluchon. Ils sont 3
200 Serbes (et quelques Ashkalis, des Tziganes musulmans persecutes
egalement par les Albanais en tant qu'ex-collaborateurs du regime
Milosevic) dans le meme cas.
Dans la novlangue onusienne, on les appelle les IDP (Internal Displaced
Persons), litteralement des <personnes internes deplacees>. Subtilite
juridique qui evite de les comptabiliser comme refugies et permet de
sauver la face. <Vous avez droit au retour>, leur a promis Harri
Holkeri, administrateur finlandais de l'ONU au Kosovo. Mais revenir ou
? Sept
villages serbes ont ete rayes de la carte. Svinjare, Obilic, Kosovo
Polje, Gnjilane, Caglavica, Lipljan, Urosevac. A Pristina, capitale de
la province, il n'y a plus un Serbe. Les 200 qui vivotaient encore dans
les barres HLM du YU Program ont fui leurs appartements livres a la
rapine et au pillage.
Pour l'instant, ils sont accueillis soit dans les camps de la Kfor,
soit dans les enclaves rescapees comme Mitrovica-Nord ou Gracanica.
C'est toujours la meme histoire, avec des variantes plus ou moins
sordides. Un air de deja vu dans ces maudits Balkans. Toujours au
printemps, poussee de seve et de sang, comme au Moyen Age, apres la
treve hivernale. Toujours et encore les memes masques, tragiques et
fatigues, marques par le fatum. Au pied du monastere de Gracanica,
Ljubica Milkovic, 73 ans, poignet dans le platre suite a un tabassage,
raconte comment elle a vu debarquer des centaines d'Albanais dans son
village et comment les soldats de la Kfor l'ont sauvee
des flammes. A l'hopital de Mitrovica, Goroljub Janackovic, 64 ans,
machoire edentee et crane bande, relate comment il s'est barricade dans
les toilettes quand les Albanais ont envahi sa maison. Il a reussi a se
degager et a s'enfuir dans les champs, non sans ecoper d'un coup de
hache sur la tete au passage.
Personne ne croit plus a des represailles spontanees qui au-raient
eclate suite a la noyade de trois enfants albanais dans la riviere
Ibar, le 16 mars. Selon cette these developpee par les medias et les
leaders albanais, les trois gosses, courses par des Serbes, se seraient
jetes dans l'eau pour echapper a leurs poursuivants. Telle est la
version rapportee par un quatrieme adolescent, pretendu survivant de
cette sinistre affaire. Diffuse
le jour-meme sur une tele locale, son temoignage aurait provoque la
colere des Albanais du Kosovo et declenche les violences des 17 et 18
mars.
- La realite est bien differente, confie sous couvert d'anonymat un
fonctionnaire de l'ONU. D'abord, la chronologie des faits : entre le 12
et le 16 mars, trois Serbes ont ete tues par balle et un quatrieme
blesse. Le signal de l'hallali avait donc ete donne avant la noyade.
Ensuite, il y a effectivement un survivant a cette noyade, mais c'est
une survivante, une fille ! On se demande alors qui est le gamin qui a
temoigne devant les
cameras. Qui l'a instrumentalise ? Enfin, on est frappe par la
simultaneite des attaques, lesquelles sont intervenues dans tout le
Kosovo presque en meme temps. Et avec des moyens lourds : armes
automatiques, grenades defensives, cocktails Molotov. Comme si tout
avait ete planifie et concerte depuis un moment.
Impossible de verifier les assertions sur la noyade : invoquant le
secret de l'instruction, la police de la Minuk (Mission des Nations
unies au Kosovo, 4000 hommes de toutes les nationalites) refuse de
communiquer sur ce dossier.
Eglises orthodoxes saccagees
Une chose est sure : les auteurs des exactions n'ont pas agi au hasard,
sous le coup de l'emotion. Il suffit de voir leurs cibles. Outre les
particuliers, les activistes albanais (les veterans de l'UCK,
l'ex-armee de liberation du Kosovo, sont fortement soupconnes d'avoir
teleguide les operations) ont vise des monuments emblematiques,
symboles de la <Jerusalem serbe>, ainsi que l'Eglise orthodoxe designe
le Kosovo. Trente eglises ou monasteres orthodoxes, dont plusieurs
joyaux de l'architecture medievale, ont ete incendies en moins de
vingt-quatre heures.
A Prizren, pour ne citer que cette ville : les eglises du
Christ-Sauveur, Saint-Nicolas, Saint-Cosmas et Damian, le monastere des
saints Archanges, tous monuments du XIVe siecle. Depuis 1999, 145 lieux
de culte ont ainsi ete detruits. La plupart avaient resiste a cinq
siecles d'occupation ottomane ; ils n'ont pas supporte cinq ans
d'administration onusienne...
Fait nouveau : c'est la premiere fois depuis 1999 que de hauts
responsables du Leviathan multinational qui preside aux destinees du
Kosovo parlent de <nettoyage ethnique>. C'est l'expression utilisee par
l'amiral Gregory Johnson, commandant de l'Otan pour le sud-est de
l'Europe. Pour le general italien Alberto Primicerj, qui commande l'une
des cinq brigades de la Kfor, <ce plan pour mettre le Kosovo a feu et a
sang etait pret de longue date>.
Il faut dire que ce printemps tragique illustre une escalade dans la
violence. Nous avons pu nous procurer un <document a diffusion interne>
de l'ONU qui insiste sur deux elements inedits.
Primo, indique la note, <le changement le plus significatif est
l'apparition de snipers>. Genre Sarajevo, ce qui est de mauvais augure.
Ce fut le cas a Mitrovica (ou un sniper albanais, qui tirait sur des
soldats danois de la Kfor, a ete abattu), a Pristina et a Lepo Selo,
sur la route de Skopje.
Secundo, poursuit le rapport, <il y a une tendance deliberee a attaquer
la Kfor et la police de la Minuk>. Autrement dit, a s'en prendre a la
communaute internationale. C'est ainsi que l'ONU a perdu une centaine
de vehicules, lamines ou carbonises, que plusieurs de ses bureaux
(comme celui du House and Property Directorate a Mitrovica-Sud) ont ete
aneantis, que
nombre de ses employes ont du etre transferes en lieu sur, avec
interdiction de se deplacer sur les routes. Sans oublier le tribut
verse par les soldats de la Kfor : 61 blesses, dont trois graves.
Pour les Serbes, la prise de conscience des <internationaux> est aussi
timide que tardive. 250 000 d'entre eux ont quitte la province depuis
l'intervention de l'Otan. Sur deux millions de Kosovars, ils ne sont
plus que 100 000. Doublement punis : par l'epuration ethnique qu'ils
endurent au quotidien et par la segregation sociale (ne restent au
Kosovo que les Serbes les plus pauvres, ceux qui n'ont ni les moyens ni
les contacts pour
s'etablir ailleurs). Le probleme, c'est que si des personnalites
isolees commencent a ouvrir les yeux, ce ne semble pas etre le cas au
sommet des organismes internationaux qui regissent le monde. En
temoigne ce communique surrealiste du Conseil de securite de l'ONU, en
date du 18 mars (soit apres les evenements) : <La creation d'une
societe multiethnique, tolerante et democratique dans un Kosovo stable
demeure l'objectif prioritaire de la communaute internationale.> A
mourir de rire ? <Non, a mourir tout court>, repondent les Serbes.
http://www.lefigaro.fr/magazine/20040408.MAG0020.html
=== 5 ===
Kosovo : Un voyage pour rompre cinq ans de silence
Après des années de silence médiatique, les sanglants événements de
mars dernier ont brutalement rappelé que la violence n'avait jamais
cessé de gangrener le Kosovo. Administré par l'ONU et occupé par les
troupes de l'OTAN depuis 1999, ce territoire est en passe de devenir «
ethniquement pur », les minorités y étant systématiquement discriminées
et expulsées.
Pourtant, il y a cinq ans, en guise de justification de 78 jours de
bombardements sur la Serbie et le Monténégro, les leaders occidentaux
nous avaient promis que le Kosovo deviendrait un modèle de tolérance
multiethnique, de démocratie et de respect des droits humains. Ces
beaux principes ont même été coulés dans une résolution de l'ONU,
mettant le territoire sous sa responsabilité et autorisant son
occupation par une force de l'OTAN.
Cinq ans plus tard, le Kosovo est loin d'être le paradis promis. Outre
le fiasco économique (70 % de chômage !) et son rôle de plaque
tournante pour les trafics en tous genres (êtres humains, héroïne.), la
province serbe - dont le « statut définitif » pourrait être examiné
l'an prochain par les grandes puissances - est petit à petit « épurée »
de ses nombreuses minorités. Depuis sa mise sous tutelle, les
deux-tiers de leurs membres - Serbes, Roms, Slaves musulmans, Croates,
Turcs. - ont été expulsés par des extrémistes de la communauté
albanaise, des milliers d'entre eux ont été assassinés ou sont portés
disparus depuis la cessation des combats. Environ 150 églises et
monastères orthodoxes, certains bâtis il y a plus de sept siècles, ont
été détruits. Les quelques dizaines milliers de non-Albanais qui y
vivent encore ont dû se replier dans des enclaves protégées, plutôt mal
que bien, par les troupes de l'OTAN et leur liberté de mouvement est
strictement limitée.
Afin de se rendre compte de la situation vécue par les minorités dans
ce protectorat sous contrôle occidental et leur exprimer notre
solidarité, le Comité de surveillance OTAN (CSO), soutenu par des
organisations de divers pays *, a pris l'initiative d'organiser cet été
un voyage d'inspection citoyenne au Kosovo . Nous irons dans les
enclaves où ces minorités subsistent, nous rencontrerons quelques uns
de leurs responsables, ainsi que l'un ou l'autre fonctionnaire
international. Une visite d'un camp de réfugiés, peut-être en Serbie,
est également prévue. Tous ceux qui souhaitent s'informer sans parti
pris sur ces problèmes et sur la réponse des représentants de la «
communauté internationale » sont les bienvenus. Etant donné l'objectif
du projet (« rompre cinq ans de silence »), chaque participant devra
selon ses moyens partager son expérience avec son entourage après son
retour.
La visite au Kosovo débutera vers le 15 août et durera 8 à 10 jours. Le
logement sera effectué aussi souvent que possible chez l'habitant. Les
déplacements seront effectués au moyen des voitures des participants,
si nécessaire la location d'un véhicule supplémentaire sera effectuée
sur place. Comme les participants proviendront de divers pays, un
briefing sera organisés dans une ville proche - probablement Belgrade -
la veille du départ groupé vers le Kosovo.
* Stop USA (Bruxelles), Comité pour la paix en Yougoslavie (Genève),
Voix des Roms (Liège), Voice of Roma (Sebastopol, Californie), Kelebek
(Italie)
Si vous êtes intéressé(e) par ce projet, si vous souhaitez plus
d'informations sur sa préparation, si vous voulez être tenu au courant
de ses suites, contactez-nous :
CSO, 31 rue de Dublin, 1050 Bruxelles, Belgique
info@...
0(032) 474 46 97 08
Comité de Surveillance OTAN, www.csotan.org
=== 6 ===
http://www.b92.net/english/news/
index.php?&nav_category=&nav_id=28396&order=priority&style=headlines
Une possibilité que le Kosovo rejoigne l'OTAN
B92, 16 mai 2004
Le commandant de l'OTAN George Johnson a déclaré lors d'une rencontre
avec le premier ministre du Kosovo Bajram Rexhepi, qu'il est concevable
que le Kosovo rejoigne l'OTAN dans un avenir 'pas tellement éloigné'.
"Le processus qui nous attend est difficile; nous avons plein de choses
à faire, et je promets que je ferai tout ce que je peux. Mais nous
devons rassurer chacun que les revendication de vivre ensemble en paix
fonctionnent également au niveau local.[?] De cette manière, nous
prouverons à tous que nous travaillons à former une communauté stable,
multiethnique au Kosovo", a dit Johnson.
Un membre du conseil exécutif, Oliver Ivanovic, a déclaré à B92 qu'il
n'y avait absolument aucun moyen pour que le Kosovo rejoigne l'OTAN,
car ce n'est pas un pays indépendant. "Il ne peut être membre de
l'alliance que de façon indirecte, via la Serbie-Monténegro", a-t-il
dit.
A possibility of Kosovo joining NATO
PRISTINA -- Sunday - NATO commander George Johnson said, at a meeting
with Kosovo Prime Minister Bajram Rexhepi, that Kosovo could
conceivable join the NATO alliance in the "not so distant future."
"The process that awaits us is difficult; there is a lot for us to do,
and I promise that I will do everything I can. But, we have to assure
everyone else that claims of living together in peace are working on
the local level as well. In this manner, we will prove to all that we
are working on forming a stable, multiethnic community in Kosovo."
Johnson said.
Executive council member, Oliver Ivanovic told B92 that there is
absolutely no way that Kosovo can join NATO, because it is not an
independent country.
It can only be part of the NATO alliance indirectly, through the
country of Serbia-Montenegro." he said.
=== 7 ===
Kosovo – 5 ans après
Markus Sanz
Le mercredi 24 mars 1999 marque une date sinistre de notre histoire:
pour la première fois depuis 1945, un Etat souverain de l’Europe, qui
n’avait attaqué personne et ne représentait une menace pour aucun pays
voisin, se voyait bombardé par une alliance militaire placée sous
commandement américain, au mépris total des règles du droit
international et en violation flagrante de la charte de l’ONU.
Le 24 mars 1999, début du bombardement de la République fédérale de
Yougoslavie par l’OTAN, fut, on le voit aujourd’hui, une date
charnière. Depuis ce jour, la même armée a inauguré une série continue
de guerres d’agression mobilisant des moyens colossaux, déstabilisant
des continents entiers et reposant sur des alibis fabriqués de toutes
pièces, comme cela avait été le cas pour la Yougoslavie.
Depuis 5 ans, cette date est commémorée par les adversaires de la loi
de la jungle planétaire. Cette année, elle prend un relief particulier
à la suite du nettoyage ethnique et religieux du Kosovo perpétré par
les extrémistes albanais, blanchis et couverts par l’occupant
occidental.
Faut-il le rappeler? Ces événements ne sont pas une surprise pour les
observateurs avertis. L’administration du Kosovo par les forces
américaines et leurs alliés a, depuis toujours, misé exclusivement et
totalement sur les extrémistes indépendantistes, partisans d’un Kosovo
albanais ethniquement pur et disposant de ressources inépuisables,
celles du trafic de drogue et de la prostitution. De nombreuses voix
s’étaient élevées depuis des mois, pour annoncer que des massacres
auraient lieu si l’on ne fait rien. On n’a rien fait.
Il est fort à parier qu’une photo passera à l’Histoire comme symbole de
la plus grande erreur commise par l’Europe de la fin du XXe siècle:
celle montrant Bernard Kouchner, alors premier représentant spécial du
Secrétaire général des Nations Unies au Kosovo, Wesley Clark, chef des
forces américaines et Hashim Thaçi, le chef de l’UÇK terroriste,
faisant serment d’indéfectible amitié.
Endoctrinement des populations par le contrôle absolu de l’information
Sous prétexte de combattre une purification ethnique serbe inventée de
toutes pièces pour justifier la guerre, on aura réussi à en réaliser
une vraie, dans l’autre sens. Et cela sans que personne ne dise quoi
que ce soit! Ce parfait endoctrinement des populations européennes par
le contrôle absolu de l’information, et ce, au moment précis où l’on
parle de l’avènement de l’Ere de l’information, est le seul véritable
succès de l’OTAN. Car pour le reste, c’est le cauchemar: des milliers
de personnes ont été expulsées de leurs foyers ces derniers jours, dans
le nettoyage des dernières petites enclaves où des Serbes vivaient
encore. 25 églises et monastères ont été incendiés, sept villages
rasés. Ces crimes s’ajoutent à l’exil de plus de 200.000 habitants du
Kosovo et à la destruction d’environ 120 monuments chrétiens, sous
l’œil et la responsabilité de M. Kouchner et d’autres apparatchiks
«humanitaires», et d’une force internationale venue soi-disant rétablir
la paix civile. Depuis 5 ans, les médias occidentaux couvrent de leur
silence ce qui est
• un désastre humanitaire: 800.000 personnes déplacées pendant le
conflit, puis 230.000 habitants chassés de leur foyer après l’entrée
des forces de l’OTAN; une épuration ethnique ouverte: 6000 attaques
contre des Serbes provoquant la mort de plus de 1000 d’entre eux depuis
que les forces d’occupations contrôlent le Kosovo;
• un désastre économique: 29 milliards de dégâts dans les
infrastructures industrielles de la Serbie et du Monténégro (routes,
ponts, hôpitaux, systèmes de télécommunications);
• un désastre écologique: augmentation fulgurante des cancers sur les
territoires bombardés, disparition de certaines espèces animales et
végétales de l’écosystème;
• un désastre pour les relations intercommunautaires: la mise en place
d’un régime d’apartheid et d’injustice, supervisé par l’UNMIK, n’a fait
que radicaliser et enflammer encore davantage les antagonismes;
• un désastre institutionnel: la création d’une zone
constitutionnellement indéterminée ayant pour seule légitimité la
résolution 1244 du Conseil de sécurité bloque, de fait, toute
possibilité de stabilisation de la région;
• un désastre militaire: l’Alliance militaire la plus puissante du
monde n’est pas parvenue à détruire plus de 13 chars, quelques
batteries antiaériennes et quelques véhicules de l’armée Yougoslave en
78 jours de bombardements, ce qui démontre que l’objectif n’était pas
militaire, mais géostratégique, donc sans lien avec des préoccupations
humanitaires;
• un désastre pour le Droit international: cette intervention illégale
des pays membres de l’OTAN a ouvert la porte aux interventions qui ont
suivi en Afghanistan puis en Irak;
• un désastre diplomatique: la farce des négociations de Rambouillet a
ridiculisé l’idée de médiation internationale ayant pour but de trouver
des solutions dans le respect des intérêts des populations concernées.
Que font les armées européennes dans ce cauchemar? Que sont allés y
chercher les Suisses? Qui répondra de ce désastre, imposé au prix du
bombardement féroce de tout un pays?
Qui répondra à ce désastre?
Les éléments de réponses ne manquent pas. Pour l’essentiel, les
mécanismes économiques jouent et la nouvelle donne est l’occasion pour
les entreprises les plus agressives de faire main basse sur de
nouvelles ressources à exploiter (sous-sol, main d’œuvre) dans un
contexte mafieux où les lois et le Droit ne jouent plus, où règne la
loi du plus fort.
On est à des années-lumière de la construction d’une Europe de la Paix
et du Droit. A tel point que l’on peut se demander même si les dégâts
faits dans les Balkans sont rattrapables. Les USA, dont le but premier
de l’intervention au Kosovo est la déstabilisation de l’Europe, font en
tout cas le maximum pour parachever leur œuvre de sape. Du Kosovo, ils
contrôlent aussi bien la voie fluviale du Danube que le passage vers la
Grèce et la Turquie. Ils contrôlent surtout un point stratégique de la
route du pétrole qu’ils veulent soustraire aux Européens. Enfin, ils
contrôlent les sociétés qui désirent s’implanter au Kosovo.
Curieusement, dans ce jeu de Monopoly, pour reprendre l’expression du
journaliste et écrivain Michel Collon (voir «Monopoly, l’Otan à la
conquête du monde»), l’Europe, qui a tout perdu dans l’aventure, n’a
qu’un espoir: que les Albanais, une fois le Kosovo entièrement sous
leur contrôle, se retournent contre leurs bienfaiteurs et complices et
les chassent eux aussi. Scénario possible, mais où l’Europe fait figure
de spectateur bien plus qu’acteur de sa construction.
Quant à la Suisse, la guerre du Kosovo aura été un événement
particulièrement sinistre et triste, que l’Histoire retiendra
probablement aussi, comme un jalon sur la voie de sa désintégration.
C’est, en effet, lors de la guerre du Kosovo que la Suisse, sous la
poussée des médias et du conditionnement généralisé des esprits de ce
moment, a accepté de renier sa propre identité en votant pour que son
armée intervienne dans d’autres pays pour y faire régner l’ordre des
puissants du moments, trahissant par là l’esprit même de son identité,
sa légendaire neutralité et son armée exclusivement vouée à des tâches
de défense.
Un bilan accablant, mais un espoir intact
Ce constat de faillite ne doit pas faire oublier que le présent ne
préfigure pas obligatoirement l’avenir et que l’espoir existe. En
effet, durant ces 5 ans, rien n’a été fait pour la paix et une solution
durable. Absolument rien, quoi qu’on en dise. Des milliers de
personnes, de sociétés, d’organisations, d’ONG, de coopérants se sont
précipités dans les Balkans, mais tous centrés sur leurs idées, leurs
visions, leurs intérêts. Des milliers d’actions de développement ont
été entreprises, mais pour générer des profits, pas pour générer la
paix. De sorte que l’espoir est toujours intact!
Il nous faut absolument le redire ici, le rétablissement de la paix
dans les Balkans et dans le monde passe prioritairement par un refus
clair opposé aux stratégies impériales de division des peuples et par
l’ouverture de vraies négociations politiques et diplomatiques visant à
concilier les parties autour de projets de paix durables, c’est-à-dire
respectueux du droit de tous les peuples à disposer d’eux-mêmes.
Le Comité pour la paix en Yougoslavie, créé le jour où l’horreur des
bombardements a déferlé sur la Serbie, avait, il y a cinq ans rédigé un
manifeste qui reste toujours d’actualité (cf. L’appel de Genève sur
www.gael.ch/collectif). Nous en reprendrons ici la conclusion:
Le Comité pour la paix en Yougoslavie demande aux autorités suisses de
• prendre l’initiative des démarches pour faire juger l’OTAN et les USA
par les tribunaux internationaux pour leur agression du 24 mars 1999
contre la République fédérale de Yougoslavie, au même titre que les
auteurs d’exactions perpétrées sur le terrain;
• mettre en place, en Suisse, le cadre adéquat pour la reprise du
dialogue entre les parties au conflit au Kosovo;
• proposer une approche du problème basée sur la prise en compte des
aspirations des populations et non des extrémistes qui prétendent les
représenter, et ce dans une perspective de respect mutuel aussi bien
des peuples que des individus;
• favoriser la création, en Suisse, d’un Institut de la Paix, institut
de formation chargé d’élaborer des stratégies de médiation et de
résolution pacifique des conflits basées sur les approches utilisées
avec succès dans le contexte de petits groupes.
Source: "Horizons et debats", numero 25, avril 2004 - Comité pour la
paix en Yougoslavie, Cp 915, 1264 St-Cergue, Suisse, courriel:
www.gael.ch/collectif
http://www.apisgroup.org/article.html?id=1860
7. maj 2004. godine
1. Article de "Liberation Online", 17/3/2004
2. "les enfants sont morts noyés en représailles d'une embuscade contre
un adolescent serbe...": version catégoriquement démentie dès le
premier jour par le porte-parole de l'UNMIK
3. Renforts de l'Otan au Kosovo, interventions à Mitrovica
(par Frederik Dahl - Reuters, 21 mars)
4. Serbes du Kosovo : LA VALISE OU LE CERCUEIL
(Le Figaro Magazine, J.-L. Tremblais, 9 avril 2004)
5. Kosovo : Un voyage pour rompre cinq ans de silence
(Comité de Surveillance OTAN, www.csotan.org )
6. Une possibilité que le Kosovo rejoigne l'OTAN
(B92, 16 mai 2004)
7. Kosovo – 5 ans après
(Markus Sanz, Comité pour la paix en Yougoslavie, Suisse)
---
SOURCES:
Anti-imperialiste mailing list
http://chiffonrouge.org/cgi-bin/mailman/listinfo/anti-imperialiste
Alerte OTAN mailing list
http://it.groups.yahoo.com/group/alerte_otan
=== 1 ===
http://www.liberation.fr/page.php?Article=186903
MITROVICA, Serbie-et-Monténégro - Une dizaine de personnes ont trouvé
la mort, mercredi au Kosovo, au cours d'affrontements entre communautés
serbe et albanaise qui passent pour les plus graves depuis que la
province de l'ex-Yougoslavie a été placée sous l'autorité de l'Onu en
1999.
Cette flambée de violence est un revers pour la communauté
internationale à l'approche des négociations sur le futur statut de la
région, où l'hostilité entre les différentes communautés ne s'est en
rien résorbée.
"C'est une situation très dangereuse", a déclaré Derek Chappell,
porte-parole de la police onusienne.
Tleurat Sejdiu, responsable du ministère kosovar de la Santé, a affirmé
que six personnes avaient trouvé la mort à Mitrovica, ville du nord du
Kosovo où une rivière et un cordon de police de l'Onu tiennent
théoriquement à distance les deux communautés.
Elle a ajouté que trois autres étaient mortes au village de Caglavida,
dans le centre de la province, et qu'un individu avait été tué dans
l'ouest par un policier de l'Onu.
"PIRES ACTES DE VIOLENCE"
Deux jeeps des Nations unies ont été incendiées à Mitrovica, où les
soldats de la paix ont dû progresser dans l'après-midi immeuble par
immeuble, à grand renfort de gaz lacrymogènes, pour mettre en place une
zone de sécurité. Plusieurs habitations serbes ont été incendiées dans
des villages que les Serbes ont dû fuir escortés par les soldats de la
force de l'Otan (Kfor). Un bureau de poste serbe, une clinique, une
école et une dizaine d'habitations ont ainsi été brûlés à Kosovo Polje,
près de Pristina.
Angela Joseph, porte-parole de la police de l'Onu, a précisé qu'une
militaire des Nations unies avait été contrainte d'ouvrir le feu en se
voyant attaquée dans la ville de Pec, dans l'ouest de la province.
"Elle était à deux doigts de recevoir une brique dans la tête", a dit
la porte-parole.
"Il s'agit des pires actes de violence perpétrés depuis longtemps", a
déclaré à Bruxelles un responsable de l'Otan. "Il faut que chacune des
communautés lance un appel à l'arrêt des violences."
Le Kosovo est administré par l'Onu depuis les bombardements de l'Otan
(1999), qui avaient entraîné le retrait des forces serbes de la
province. L'intervention alliée visait à mettre fin à la répression
exercée par les Serbes contre les Albanais de souche.
Les violences de mercredi font craindre que les Albanais ne se
retournent à nouveau contre l'Otan et l'Onu s'ils jugent que leur
indépendance tarde à venir.
Les heurts ont débuté en matinée à Mitrovica autour du pont de l'Ibar,
qui sépare les quartiers serbe, au nord, et albanais, au sud. Une foule
d'Albanais en colère après la mort par noyade dans un village voisin de
plusieurs enfants, provoquée selon eux par des Serbes, a tenté
d'envahir la partie serbe de la ville.
Selon les Albanais, les enfants sont morts noyés en représailles d'une
embuscade contre un adolescent serbe à Caglavica. Ce dernier a été
grièvement blessé par balles.
PLUS DE 300 BLESSES
Les forces de l'Onu et de l'Otan se sont interposées, tentant de
disperser la foule à l'aide de balles en caoutchouc et de gaz
lacrymogènes. Des coups de feu ont alors retenti et des grenades ont
été lancées.
A la tombée de la nuit, les deux camps ont pu être séparés et un
couvre-feu a été imposé à Mitrovica. Mais la situation était moins
claire ailleurs dans la province. Certains bilans font état de 300
blessés côté albanais et de 70 autres côté serbe.
Au village serbe de Caglavica, au sud de Pristina, la capitale
provinciale, plusieurs centaines d'Albanais ont franchi un cordon de la
police onusienne et incendié deux habitations.
La télévision serbe a montré des images des troupes de l'Otan, épaulées
par des hélicoptères, tentant de repousser les assaillants à l'aide de
gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes.
A Pec, des Albanais ont incendié trois maisons appartenant à des
Serbes. Une trentaine de Serbes ont trouvé refuge dans une église visée
par des jets de pierres.
A Belgrade, le Premier ministre serbe Vojislav Kostunica a écarté tout
envoi d'une force militaire serbe au Kosovo, comme le demandaient des
députés.
17/3/2004
=== 2 ===
Date: Sun, 21 Mar 2004 11:16:53 +0100
Subject: [Anti-imperialiste] [alerte_otan]Violence intercommunautaires
au Kosovo pacifié par l'OTAN - précision
"Les heurts ont débuté en matinée à Mitrovica autour du pont de l'Ibar,
qui sépare les quartiers serbe, au nord, et albanais, au sud. Une foule
d'Albanais en colère après la mort par noyade dans un village voisin de
plusieurs enfants, provoquée selon eux par des Serbes, a tenté
d'envahir la partie serbe de la ville. Selon les Albanais, les enfants
sont morts noyés en représailles d'une embuscade contre un adolescent
serbe à Caglavica. Ce dernier a été grièvement blessé par balles."
Cette version a été catégoriquement démentie dès le premier jour par le
porte-parole de l'UNMIK :
No Serbs involved in drowning: UNMIK | 01:58 | Beta
Le porte-parole de l'UNMIK Derek Chappell a déclaré cette nuit que le
seul survivant de la noyade d'hier avait dit aà ses parents que lui et
ses trois amis étaient entré dans la rivière d'eux-même, et avaient été
immédiatement pris par un courant très puissant. Le graçon avait réussi
à regagner la rive, mais ses 3 compagnons ont été emportés. L'incident
s'est produit aux environs de 16h30 et la police commencé à effectuer
des recherches le lond de la rivière à peu près une heure et demie plus
tard. 2 corps ont été retrouvés jusqu'ici. Les violents incidents dans
tout le Kosovo ont éclatés après qu'on ait prétendu que les garçons
avaient été pourchassés dans la rivière par des Serbes avec un chien.
Chappel a déclaré aux médias à Pristina que cela était catégoriquement
faux, d'après le récit du survivant.
[PRISTINA -- Wednesday - UNMIK spokesman Derek Chappell said tonight
that the survivor of yesterday's Ibar River drowning has told his
parents that he and three friends entered the river alone and were
immediately caught up in the heavy current.The boy managed to reach the
opposite bank of the river, but his three companions were swept
away.The incident happened at about 4.30 p.m. and police began a search
of the river about an hour and a half later. Two bodies have been found
so far.Today's violent incidents around Kosovo were sparked after
claims that the boys had been chased into the river by Serbs with a
dog.Chappell told media in Pristina tonight that this was definitely
not true according to the account of the surviving boy.]
Le bilan est actuellement de 31 morts, 600 blessés et 3.600 sans-abris.
=== 3 ===
Date: Sun, 21 Mar 2004 11:10:17 +0100
Subject: [Anti-imperialiste] [alerte_otan] Kosovo : "Les Albanais
tentent de se débarrasser des Serbes et de créer un fait accompli avant
toute négociation"
'des bombardements de l'Alliance atlantique destinés à mettre fin à la
répression serbe du soulèvement des albanophones' : La version
officielle est manifestement indifférente au fait que.d'une part les
fascistes de l'UCK avaient été soutenus dès 1996 par les services
secrets occidentaux, et que d'autre part que l'Alliance n'est
absolument pas troublée par l'épuration ethnique qui se poursuit depuis
5 ans au Kosovo contre les minorités non-albanophones. Les succès
remarquables obtenus par l'OTAN, c'est plutôt le retour de
l'ex-Yougoslavie dans le giron des multinationales, l'installation
d'une grande base militaire US (Camp Bondsteel) et l'instauration d'un
régime fasciste et maffieux au Kosovo.
R.M.
Renforts de l'Otan au Kosovo, interventions à Mitrovica
par Frederik Dahl
Reuters, 21 mars
PRISTINA, Kosovo (Reuters) - L'Otan a dépêché des renforts au Kosovo
vendredi après deux journées de violences entre albanophones et Serbes
qui ont fait 31 morts dans l'ensemble de la province serbe placée sous
tutelle provisoire de l'Onu.
Malgré un apaisement apparent, les incidents se sont à nouveau
concentrés vendredi sur la ville de Mitrovica, où les premiers
affrontements avaient éclaté mercredi en marge d'une manifestation de
Kosovars albanophones, dont la frange extrémiste voulant chasser la
minorité serbe de la région serait, selon l'Otan, à l'origine des
violences.
La France a décidé l'envoi de 400 soldats supplémentaires, qui
devraient arriver (demain) samedi, pour renforcer la force
internationale de paix au Kosovo (Kfor), dont les effectifs sont
actuellement de 18.500 militaires.
La France, qui comptera désormais 2.900 soldats au Kosovo, doit prendre
le commandement de la Kfor au cours de l'été.
Quelque 600 soldats allemands supplémentaires devraient également
rejoindre le Kosovo samedi tandis que le Danemark s'est engagé à
fournir une centaine de soldats en renfort.
Cent-cinquante des 750 militaires promis par la Grande-Bretagne sont
arrivés vendredi, au lendemain de 150 soldats américains et 80
carabiniers italiens.
Malgré ces renforts, la crainte est vive au Kosovo que les 48 heures de
violences communautaires n'aient d'ores et déjà infligé des dégâts
irrémédiables au processus engagé en 1999.
FAIT ACCOMPLI
"Les Albanais tentent de se débarrasser des Serbes et de créer un fait
accompli avant toute négociation", juge un responsable occidental sous
le sceau de l'anonymat. "Toute personne disposant d'un minimum
d'expérience politique peut le constater."
L'Otan et l'Onu ont pris le contrôle du Kosovo en 1999 à la suite des
bombardements de l'Alliance atlantique destinés à mettre fin à la
répression serbe du soulèvement des albanophones de la province. Les
représailles des Kosovars albanais avaient contraint quelque 200.000
Serbes à fuir le Kosovo.
Quelque 100.000 Serbes sont restés, principalement dans le nord de
Mitrovica et dans quelques enclaves.
Pour le Haut Commissariat de l'Onu pour les réfugiés (HCR), cette
nouvelle flambée de violence pourrait provoquer un nouvel exil serbe et
"menace d'annihiler des années d'efforts internationaux" pour
réconcilier Serbes orthodoxes et Albanais musulmans.
A Belgrade, quelque 15.000 Serbes ont manifesté pour exiger des Nations
unies qu'elles s'interposent face aux "terroristes albanais".
Le commandant des forces de l'Otan pour le sud de l'Europe, l'amiral
américain Gregory Johnson, a fait part de la détermination de
l'alliance à mettre fin à ce qui s'assimile, selon lui, à du "nettoyage
ethnique".
TIREUR ISOLE
La Kfor est intervenue vendredi à Mitrovica pour évacuer un immeuble
d'habitations ébranlé par une puissante explosion d'origine inconnue.
Ce bâtiment se trouve dans la partie serbe de Mitrovica mais est
essentiellement habité par des albanophones.
Auparavant, toujours à Mitrovica, quelque 300 soldats et gendarmes
français de la Kfor ont pris le contrôle de trois immeubles peuplés
d'Albanais à la suite de tirs d'un tireur isolé.
"Un tireur isolé à Mitrovica a été tué par des tirs de soldats de la
Kfor", a ensuite déclaré à Reuters le lieutenant-colonel Jim Moran,
sans préciser la nationalité de ce tireur isolé.
Un responsable d'un quartier de Mitrovica peuplé essentiellement de
Bosniaques a par ailleurs indiqué qu'un homme avait été hospitalisé à
la suite de tirs d'un franc-tireur.
Les forces de l'Otan sont également restées déployées aux alentours du
pont séparant la ville en deux et près duquel les premières violences
avaient éclaté mercredi.
A Svinjare, village serbe situé à environ cinq km au sud de Mitrovica,
de la fumée s'élevait de maisons incendiées par des Albanais, selon un
habitant.
=== 4 ===
http://www.lefigaro.fr/
Le Figaro Magazine
Serbes du Kosovo : La valise ou le cercueil
28 morts, 600 blesses, 3 200 refugies, 30 eglises ou monasteres
incendies : au Kosovo, les pogroms anti-Serbes ont repris avec une
violence accrue. Pour la premiere fois depuis 1999, des fonctionnaires
internationaux evoquent
publiquement un "nettoyage ethnique". Objectif des extremistes albanais
: se debarrasser des 100 000 derniers Serbes de la province. Reportage
chez les damnes de la guerre.
De notre envoye speciaul Jean-Louis Tremblais
[09 avril 2004]
A notre derniere rencontre, Borislav Kevkic etait en sursis. Ce pretre
orthodoxe veillait sur Saint-Sava, la derniere eglise de Mitrovica-Sud
(NDLR: secteur albanais de cette ville divisee par la riviere Ibar ; le
nord etant serbe). A ses cotes, repartis dans trois bicoques, on
comptait six Serbes : sa femme, deux autres popes temeraires, une
vieille paralytique et paranoiaque, les petits-enfants de cette
malheureuse partant tous les matins a l'ecole sous escorte militaire.
Et puis des chats. Plein de chats, ni serbes ni albanais, felins
apatrides se jouant des check-points et autres barbeles.
Dans cette ultime enclave, protegee vingt-quatre heures sur
vingt-quatre par les soldats de la Kfor (la force multinationale de
l'Otan), interdite de sortie sous peine de lynchage, cette communaute
irreductible et anachronique (sur)vivait tant bien que mal. Six Serbes
au milieu de 80 000 Albanais. Les derniers des Mohicans. Chaque
dimanche, le pere Borislav sonnait les cloches a toute volee. Pour la
forme, car Saint-Sava restait vide, les Serbes de Mitrovica-Nord
refusant de s'aventurer de l'autre cote du pont, chez les Shiptars (nom
que se donnent eux-memes les Albanais et que les Serbes emploient avec
mepris). Malgre tout, le pretre disait la messe. Pour lui et les siens.
Pour Dieu et la Serbie. <Si je m'en vais, me disait-il, ils
construiront une mosquee.>
Huit mois plus tard, si la mosquee n'est pas encore construite,
l'eglise est deja detruite... Incendiee le 18 mars lors du pogrom qui a
fait 28 morts et 600 blesses dans tout le Kosovo. De Saint-Sava il ne
reste qu'un batiment calcine et la croix du toit (trop haut pour les
vandales). A l'interieur, ce n'est plus qu'un tas de cendres : icones,
statues, chaire, autel, etc. Idem pour les habitations, pillees avant
d'etre brulees. Le cimetiere du jardin, ou reposent des
ecclesiastiques, a ete profane. Steles renversees et fracassees. Des
parachutistes francais (la brigade multinationale nord-est de la Kfor,
qui controle la region de Mitrovica, est placee sous commandement
francais) gardent desormais cet amas de ruines que meme les chats ont
deserte, griffons ecoeures par le spectacle de la folie humaine.
- Il faisait nuit, se souvient le pere Borislav, aujourd'hui refugie a
Mitrovica-Nord, en zone serbe et donc sure. Les Albanais ont defonce
les grilles. Ils reclamaient ma tete. Je les entendais vociferer.
Heureusement, les soldats marocains de la Kfor sont venus nous chercher
et nous ont sortis de l'enfer. Nous n'avons pas eu le temps de faire
nos valises. On a ramasse ce que l'on pouvait dans un sac en plastique,
et puis adieu. Les Albanais
ont commence par casser, par voler. Le lendemain, ils ont tout fait
flamber.
Quarante annees de ma vie sont parties en fumee !
Maisons incendiees et scenes de pogrom
Pour echapper a ses tourmenteurs, le religieux a ete exfiltre grave a
un helicoptere francais. Il squatte maintenant la maison d'un pope,
avec une couverture et quelques hardes dans son balluchon. Ils sont 3
200 Serbes (et quelques Ashkalis, des Tziganes musulmans persecutes
egalement par les Albanais en tant qu'ex-collaborateurs du regime
Milosevic) dans le meme cas.
Dans la novlangue onusienne, on les appelle les IDP (Internal Displaced
Persons), litteralement des <personnes internes deplacees>. Subtilite
juridique qui evite de les comptabiliser comme refugies et permet de
sauver la face. <Vous avez droit au retour>, leur a promis Harri
Holkeri, administrateur finlandais de l'ONU au Kosovo. Mais revenir ou
? Sept
villages serbes ont ete rayes de la carte. Svinjare, Obilic, Kosovo
Polje, Gnjilane, Caglavica, Lipljan, Urosevac. A Pristina, capitale de
la province, il n'y a plus un Serbe. Les 200 qui vivotaient encore dans
les barres HLM du YU Program ont fui leurs appartements livres a la
rapine et au pillage.
Pour l'instant, ils sont accueillis soit dans les camps de la Kfor,
soit dans les enclaves rescapees comme Mitrovica-Nord ou Gracanica.
C'est toujours la meme histoire, avec des variantes plus ou moins
sordides. Un air de deja vu dans ces maudits Balkans. Toujours au
printemps, poussee de seve et de sang, comme au Moyen Age, apres la
treve hivernale. Toujours et encore les memes masques, tragiques et
fatigues, marques par le fatum. Au pied du monastere de Gracanica,
Ljubica Milkovic, 73 ans, poignet dans le platre suite a un tabassage,
raconte comment elle a vu debarquer des centaines d'Albanais dans son
village et comment les soldats de la Kfor l'ont sauvee
des flammes. A l'hopital de Mitrovica, Goroljub Janackovic, 64 ans,
machoire edentee et crane bande, relate comment il s'est barricade dans
les toilettes quand les Albanais ont envahi sa maison. Il a reussi a se
degager et a s'enfuir dans les champs, non sans ecoper d'un coup de
hache sur la tete au passage.
Personne ne croit plus a des represailles spontanees qui au-raient
eclate suite a la noyade de trois enfants albanais dans la riviere
Ibar, le 16 mars. Selon cette these developpee par les medias et les
leaders albanais, les trois gosses, courses par des Serbes, se seraient
jetes dans l'eau pour echapper a leurs poursuivants. Telle est la
version rapportee par un quatrieme adolescent, pretendu survivant de
cette sinistre affaire. Diffuse
le jour-meme sur une tele locale, son temoignage aurait provoque la
colere des Albanais du Kosovo et declenche les violences des 17 et 18
mars.
- La realite est bien differente, confie sous couvert d'anonymat un
fonctionnaire de l'ONU. D'abord, la chronologie des faits : entre le 12
et le 16 mars, trois Serbes ont ete tues par balle et un quatrieme
blesse. Le signal de l'hallali avait donc ete donne avant la noyade.
Ensuite, il y a effectivement un survivant a cette noyade, mais c'est
une survivante, une fille ! On se demande alors qui est le gamin qui a
temoigne devant les
cameras. Qui l'a instrumentalise ? Enfin, on est frappe par la
simultaneite des attaques, lesquelles sont intervenues dans tout le
Kosovo presque en meme temps. Et avec des moyens lourds : armes
automatiques, grenades defensives, cocktails Molotov. Comme si tout
avait ete planifie et concerte depuis un moment.
Impossible de verifier les assertions sur la noyade : invoquant le
secret de l'instruction, la police de la Minuk (Mission des Nations
unies au Kosovo, 4000 hommes de toutes les nationalites) refuse de
communiquer sur ce dossier.
Eglises orthodoxes saccagees
Une chose est sure : les auteurs des exactions n'ont pas agi au hasard,
sous le coup de l'emotion. Il suffit de voir leurs cibles. Outre les
particuliers, les activistes albanais (les veterans de l'UCK,
l'ex-armee de liberation du Kosovo, sont fortement soupconnes d'avoir
teleguide les operations) ont vise des monuments emblematiques,
symboles de la <Jerusalem serbe>, ainsi que l'Eglise orthodoxe designe
le Kosovo. Trente eglises ou monasteres orthodoxes, dont plusieurs
joyaux de l'architecture medievale, ont ete incendies en moins de
vingt-quatre heures.
A Prizren, pour ne citer que cette ville : les eglises du
Christ-Sauveur, Saint-Nicolas, Saint-Cosmas et Damian, le monastere des
saints Archanges, tous monuments du XIVe siecle. Depuis 1999, 145 lieux
de culte ont ainsi ete detruits. La plupart avaient resiste a cinq
siecles d'occupation ottomane ; ils n'ont pas supporte cinq ans
d'administration onusienne...
Fait nouveau : c'est la premiere fois depuis 1999 que de hauts
responsables du Leviathan multinational qui preside aux destinees du
Kosovo parlent de <nettoyage ethnique>. C'est l'expression utilisee par
l'amiral Gregory Johnson, commandant de l'Otan pour le sud-est de
l'Europe. Pour le general italien Alberto Primicerj, qui commande l'une
des cinq brigades de la Kfor, <ce plan pour mettre le Kosovo a feu et a
sang etait pret de longue date>.
Il faut dire que ce printemps tragique illustre une escalade dans la
violence. Nous avons pu nous procurer un <document a diffusion interne>
de l'ONU qui insiste sur deux elements inedits.
Primo, indique la note, <le changement le plus significatif est
l'apparition de snipers>. Genre Sarajevo, ce qui est de mauvais augure.
Ce fut le cas a Mitrovica (ou un sniper albanais, qui tirait sur des
soldats danois de la Kfor, a ete abattu), a Pristina et a Lepo Selo,
sur la route de Skopje.
Secundo, poursuit le rapport, <il y a une tendance deliberee a attaquer
la Kfor et la police de la Minuk>. Autrement dit, a s'en prendre a la
communaute internationale. C'est ainsi que l'ONU a perdu une centaine
de vehicules, lamines ou carbonises, que plusieurs de ses bureaux
(comme celui du House and Property Directorate a Mitrovica-Sud) ont ete
aneantis, que
nombre de ses employes ont du etre transferes en lieu sur, avec
interdiction de se deplacer sur les routes. Sans oublier le tribut
verse par les soldats de la Kfor : 61 blesses, dont trois graves.
Pour les Serbes, la prise de conscience des <internationaux> est aussi
timide que tardive. 250 000 d'entre eux ont quitte la province depuis
l'intervention de l'Otan. Sur deux millions de Kosovars, ils ne sont
plus que 100 000. Doublement punis : par l'epuration ethnique qu'ils
endurent au quotidien et par la segregation sociale (ne restent au
Kosovo que les Serbes les plus pauvres, ceux qui n'ont ni les moyens ni
les contacts pour
s'etablir ailleurs). Le probleme, c'est que si des personnalites
isolees commencent a ouvrir les yeux, ce ne semble pas etre le cas au
sommet des organismes internationaux qui regissent le monde. En
temoigne ce communique surrealiste du Conseil de securite de l'ONU, en
date du 18 mars (soit apres les evenements) : <La creation d'une
societe multiethnique, tolerante et democratique dans un Kosovo stable
demeure l'objectif prioritaire de la communaute internationale.> A
mourir de rire ? <Non, a mourir tout court>, repondent les Serbes.
http://www.lefigaro.fr/magazine/20040408.MAG0020.html
=== 5 ===
Kosovo : Un voyage pour rompre cinq ans de silence
Après des années de silence médiatique, les sanglants événements de
mars dernier ont brutalement rappelé que la violence n'avait jamais
cessé de gangrener le Kosovo. Administré par l'ONU et occupé par les
troupes de l'OTAN depuis 1999, ce territoire est en passe de devenir «
ethniquement pur », les minorités y étant systématiquement discriminées
et expulsées.
Pourtant, il y a cinq ans, en guise de justification de 78 jours de
bombardements sur la Serbie et le Monténégro, les leaders occidentaux
nous avaient promis que le Kosovo deviendrait un modèle de tolérance
multiethnique, de démocratie et de respect des droits humains. Ces
beaux principes ont même été coulés dans une résolution de l'ONU,
mettant le territoire sous sa responsabilité et autorisant son
occupation par une force de l'OTAN.
Cinq ans plus tard, le Kosovo est loin d'être le paradis promis. Outre
le fiasco économique (70 % de chômage !) et son rôle de plaque
tournante pour les trafics en tous genres (êtres humains, héroïne.), la
province serbe - dont le « statut définitif » pourrait être examiné
l'an prochain par les grandes puissances - est petit à petit « épurée »
de ses nombreuses minorités. Depuis sa mise sous tutelle, les
deux-tiers de leurs membres - Serbes, Roms, Slaves musulmans, Croates,
Turcs. - ont été expulsés par des extrémistes de la communauté
albanaise, des milliers d'entre eux ont été assassinés ou sont portés
disparus depuis la cessation des combats. Environ 150 églises et
monastères orthodoxes, certains bâtis il y a plus de sept siècles, ont
été détruits. Les quelques dizaines milliers de non-Albanais qui y
vivent encore ont dû se replier dans des enclaves protégées, plutôt mal
que bien, par les troupes de l'OTAN et leur liberté de mouvement est
strictement limitée.
Afin de se rendre compte de la situation vécue par les minorités dans
ce protectorat sous contrôle occidental et leur exprimer notre
solidarité, le Comité de surveillance OTAN (CSO), soutenu par des
organisations de divers pays *, a pris l'initiative d'organiser cet été
un voyage d'inspection citoyenne au Kosovo . Nous irons dans les
enclaves où ces minorités subsistent, nous rencontrerons quelques uns
de leurs responsables, ainsi que l'un ou l'autre fonctionnaire
international. Une visite d'un camp de réfugiés, peut-être en Serbie,
est également prévue. Tous ceux qui souhaitent s'informer sans parti
pris sur ces problèmes et sur la réponse des représentants de la «
communauté internationale » sont les bienvenus. Etant donné l'objectif
du projet (« rompre cinq ans de silence »), chaque participant devra
selon ses moyens partager son expérience avec son entourage après son
retour.
La visite au Kosovo débutera vers le 15 août et durera 8 à 10 jours. Le
logement sera effectué aussi souvent que possible chez l'habitant. Les
déplacements seront effectués au moyen des voitures des participants,
si nécessaire la location d'un véhicule supplémentaire sera effectuée
sur place. Comme les participants proviendront de divers pays, un
briefing sera organisés dans une ville proche - probablement Belgrade -
la veille du départ groupé vers le Kosovo.
* Stop USA (Bruxelles), Comité pour la paix en Yougoslavie (Genève),
Voix des Roms (Liège), Voice of Roma (Sebastopol, Californie), Kelebek
(Italie)
Si vous êtes intéressé(e) par ce projet, si vous souhaitez plus
d'informations sur sa préparation, si vous voulez être tenu au courant
de ses suites, contactez-nous :
CSO, 31 rue de Dublin, 1050 Bruxelles, Belgique
info@...
0(032) 474 46 97 08
Comité de Surveillance OTAN, www.csotan.org
=== 6 ===
http://www.b92.net/english/news/
index.php?&nav_category=&nav_id=28396&order=priority&style=headlines
Une possibilité que le Kosovo rejoigne l'OTAN
B92, 16 mai 2004
Le commandant de l'OTAN George Johnson a déclaré lors d'une rencontre
avec le premier ministre du Kosovo Bajram Rexhepi, qu'il est concevable
que le Kosovo rejoigne l'OTAN dans un avenir 'pas tellement éloigné'.
"Le processus qui nous attend est difficile; nous avons plein de choses
à faire, et je promets que je ferai tout ce que je peux. Mais nous
devons rassurer chacun que les revendication de vivre ensemble en paix
fonctionnent également au niveau local.[?] De cette manière, nous
prouverons à tous que nous travaillons à former une communauté stable,
multiethnique au Kosovo", a dit Johnson.
Un membre du conseil exécutif, Oliver Ivanovic, a déclaré à B92 qu'il
n'y avait absolument aucun moyen pour que le Kosovo rejoigne l'OTAN,
car ce n'est pas un pays indépendant. "Il ne peut être membre de
l'alliance que de façon indirecte, via la Serbie-Monténegro", a-t-il
dit.
A possibility of Kosovo joining NATO
PRISTINA -- Sunday - NATO commander George Johnson said, at a meeting
with Kosovo Prime Minister Bajram Rexhepi, that Kosovo could
conceivable join the NATO alliance in the "not so distant future."
"The process that awaits us is difficult; there is a lot for us to do,
and I promise that I will do everything I can. But, we have to assure
everyone else that claims of living together in peace are working on
the local level as well. In this manner, we will prove to all that we
are working on forming a stable, multiethnic community in Kosovo."
Johnson said.
Executive council member, Oliver Ivanovic told B92 that there is
absolutely no way that Kosovo can join NATO, because it is not an
independent country.
It can only be part of the NATO alliance indirectly, through the
country of Serbia-Montenegro." he said.
=== 7 ===
Kosovo – 5 ans après
Markus Sanz
Le mercredi 24 mars 1999 marque une date sinistre de notre histoire:
pour la première fois depuis 1945, un Etat souverain de l’Europe, qui
n’avait attaqué personne et ne représentait une menace pour aucun pays
voisin, se voyait bombardé par une alliance militaire placée sous
commandement américain, au mépris total des règles du droit
international et en violation flagrante de la charte de l’ONU.
Le 24 mars 1999, début du bombardement de la République fédérale de
Yougoslavie par l’OTAN, fut, on le voit aujourd’hui, une date
charnière. Depuis ce jour, la même armée a inauguré une série continue
de guerres d’agression mobilisant des moyens colossaux, déstabilisant
des continents entiers et reposant sur des alibis fabriqués de toutes
pièces, comme cela avait été le cas pour la Yougoslavie.
Depuis 5 ans, cette date est commémorée par les adversaires de la loi
de la jungle planétaire. Cette année, elle prend un relief particulier
à la suite du nettoyage ethnique et religieux du Kosovo perpétré par
les extrémistes albanais, blanchis et couverts par l’occupant
occidental.
Faut-il le rappeler? Ces événements ne sont pas une surprise pour les
observateurs avertis. L’administration du Kosovo par les forces
américaines et leurs alliés a, depuis toujours, misé exclusivement et
totalement sur les extrémistes indépendantistes, partisans d’un Kosovo
albanais ethniquement pur et disposant de ressources inépuisables,
celles du trafic de drogue et de la prostitution. De nombreuses voix
s’étaient élevées depuis des mois, pour annoncer que des massacres
auraient lieu si l’on ne fait rien. On n’a rien fait.
Il est fort à parier qu’une photo passera à l’Histoire comme symbole de
la plus grande erreur commise par l’Europe de la fin du XXe siècle:
celle montrant Bernard Kouchner, alors premier représentant spécial du
Secrétaire général des Nations Unies au Kosovo, Wesley Clark, chef des
forces américaines et Hashim Thaçi, le chef de l’UÇK terroriste,
faisant serment d’indéfectible amitié.
Endoctrinement des populations par le contrôle absolu de l’information
Sous prétexte de combattre une purification ethnique serbe inventée de
toutes pièces pour justifier la guerre, on aura réussi à en réaliser
une vraie, dans l’autre sens. Et cela sans que personne ne dise quoi
que ce soit! Ce parfait endoctrinement des populations européennes par
le contrôle absolu de l’information, et ce, au moment précis où l’on
parle de l’avènement de l’Ere de l’information, est le seul véritable
succès de l’OTAN. Car pour le reste, c’est le cauchemar: des milliers
de personnes ont été expulsées de leurs foyers ces derniers jours, dans
le nettoyage des dernières petites enclaves où des Serbes vivaient
encore. 25 églises et monastères ont été incendiés, sept villages
rasés. Ces crimes s’ajoutent à l’exil de plus de 200.000 habitants du
Kosovo et à la destruction d’environ 120 monuments chrétiens, sous
l’œil et la responsabilité de M. Kouchner et d’autres apparatchiks
«humanitaires», et d’une force internationale venue soi-disant rétablir
la paix civile. Depuis 5 ans, les médias occidentaux couvrent de leur
silence ce qui est
• un désastre humanitaire: 800.000 personnes déplacées pendant le
conflit, puis 230.000 habitants chassés de leur foyer après l’entrée
des forces de l’OTAN; une épuration ethnique ouverte: 6000 attaques
contre des Serbes provoquant la mort de plus de 1000 d’entre eux depuis
que les forces d’occupations contrôlent le Kosovo;
• un désastre économique: 29 milliards de dégâts dans les
infrastructures industrielles de la Serbie et du Monténégro (routes,
ponts, hôpitaux, systèmes de télécommunications);
• un désastre écologique: augmentation fulgurante des cancers sur les
territoires bombardés, disparition de certaines espèces animales et
végétales de l’écosystème;
• un désastre pour les relations intercommunautaires: la mise en place
d’un régime d’apartheid et d’injustice, supervisé par l’UNMIK, n’a fait
que radicaliser et enflammer encore davantage les antagonismes;
• un désastre institutionnel: la création d’une zone
constitutionnellement indéterminée ayant pour seule légitimité la
résolution 1244 du Conseil de sécurité bloque, de fait, toute
possibilité de stabilisation de la région;
• un désastre militaire: l’Alliance militaire la plus puissante du
monde n’est pas parvenue à détruire plus de 13 chars, quelques
batteries antiaériennes et quelques véhicules de l’armée Yougoslave en
78 jours de bombardements, ce qui démontre que l’objectif n’était pas
militaire, mais géostratégique, donc sans lien avec des préoccupations
humanitaires;
• un désastre pour le Droit international: cette intervention illégale
des pays membres de l’OTAN a ouvert la porte aux interventions qui ont
suivi en Afghanistan puis en Irak;
• un désastre diplomatique: la farce des négociations de Rambouillet a
ridiculisé l’idée de médiation internationale ayant pour but de trouver
des solutions dans le respect des intérêts des populations concernées.
Que font les armées européennes dans ce cauchemar? Que sont allés y
chercher les Suisses? Qui répondra de ce désastre, imposé au prix du
bombardement féroce de tout un pays?
Qui répondra à ce désastre?
Les éléments de réponses ne manquent pas. Pour l’essentiel, les
mécanismes économiques jouent et la nouvelle donne est l’occasion pour
les entreprises les plus agressives de faire main basse sur de
nouvelles ressources à exploiter (sous-sol, main d’œuvre) dans un
contexte mafieux où les lois et le Droit ne jouent plus, où règne la
loi du plus fort.
On est à des années-lumière de la construction d’une Europe de la Paix
et du Droit. A tel point que l’on peut se demander même si les dégâts
faits dans les Balkans sont rattrapables. Les USA, dont le but premier
de l’intervention au Kosovo est la déstabilisation de l’Europe, font en
tout cas le maximum pour parachever leur œuvre de sape. Du Kosovo, ils
contrôlent aussi bien la voie fluviale du Danube que le passage vers la
Grèce et la Turquie. Ils contrôlent surtout un point stratégique de la
route du pétrole qu’ils veulent soustraire aux Européens. Enfin, ils
contrôlent les sociétés qui désirent s’implanter au Kosovo.
Curieusement, dans ce jeu de Monopoly, pour reprendre l’expression du
journaliste et écrivain Michel Collon (voir «Monopoly, l’Otan à la
conquête du monde»), l’Europe, qui a tout perdu dans l’aventure, n’a
qu’un espoir: que les Albanais, une fois le Kosovo entièrement sous
leur contrôle, se retournent contre leurs bienfaiteurs et complices et
les chassent eux aussi. Scénario possible, mais où l’Europe fait figure
de spectateur bien plus qu’acteur de sa construction.
Quant à la Suisse, la guerre du Kosovo aura été un événement
particulièrement sinistre et triste, que l’Histoire retiendra
probablement aussi, comme un jalon sur la voie de sa désintégration.
C’est, en effet, lors de la guerre du Kosovo que la Suisse, sous la
poussée des médias et du conditionnement généralisé des esprits de ce
moment, a accepté de renier sa propre identité en votant pour que son
armée intervienne dans d’autres pays pour y faire régner l’ordre des
puissants du moments, trahissant par là l’esprit même de son identité,
sa légendaire neutralité et son armée exclusivement vouée à des tâches
de défense.
Un bilan accablant, mais un espoir intact
Ce constat de faillite ne doit pas faire oublier que le présent ne
préfigure pas obligatoirement l’avenir et que l’espoir existe. En
effet, durant ces 5 ans, rien n’a été fait pour la paix et une solution
durable. Absolument rien, quoi qu’on en dise. Des milliers de
personnes, de sociétés, d’organisations, d’ONG, de coopérants se sont
précipités dans les Balkans, mais tous centrés sur leurs idées, leurs
visions, leurs intérêts. Des milliers d’actions de développement ont
été entreprises, mais pour générer des profits, pas pour générer la
paix. De sorte que l’espoir est toujours intact!
Il nous faut absolument le redire ici, le rétablissement de la paix
dans les Balkans et dans le monde passe prioritairement par un refus
clair opposé aux stratégies impériales de division des peuples et par
l’ouverture de vraies négociations politiques et diplomatiques visant à
concilier les parties autour de projets de paix durables, c’est-à-dire
respectueux du droit de tous les peuples à disposer d’eux-mêmes.
Le Comité pour la paix en Yougoslavie, créé le jour où l’horreur des
bombardements a déferlé sur la Serbie, avait, il y a cinq ans rédigé un
manifeste qui reste toujours d’actualité (cf. L’appel de Genève sur
www.gael.ch/collectif). Nous en reprendrons ici la conclusion:
Le Comité pour la paix en Yougoslavie demande aux autorités suisses de
• prendre l’initiative des démarches pour faire juger l’OTAN et les USA
par les tribunaux internationaux pour leur agression du 24 mars 1999
contre la République fédérale de Yougoslavie, au même titre que les
auteurs d’exactions perpétrées sur le terrain;
• mettre en place, en Suisse, le cadre adéquat pour la reprise du
dialogue entre les parties au conflit au Kosovo;
• proposer une approche du problème basée sur la prise en compte des
aspirations des populations et non des extrémistes qui prétendent les
représenter, et ce dans une perspective de respect mutuel aussi bien
des peuples que des individus;
• favoriser la création, en Suisse, d’un Institut de la Paix, institut
de formation chargé d’élaborer des stratégies de médiation et de
résolution pacifique des conflits basées sur les approches utilisées
avec succès dans le contexte de petits groupes.
Source: "Horizons et debats", numero 25, avril 2004 - Comité pour la
paix en Yougoslavie, Cp 915, 1264 St-Cergue, Suisse, courriel:
www.gael.ch/collectif
http://www.apisgroup.org/article.html?id=1860
7. maj 2004. godine