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Ukraine : Iouchtchenko érige un monument au chef nazi Choukhevitch

Jean-Marie Chauvier


Le président ukrainien Viktor Iouchtchenko a publié ce 12 octobre un
Décret (Ukaz) sur la célébration des 65 ans de l’Armée d’Insurrection
Ukrainienne (UPA) issue de l’Organisation des Nationalistes
Ukrainiens. Il oblige toutes les administrations locales et
régionales à accorder leur soutien social et médical aux “anciens
combattants du mouvement de libération nationale”. Il invite à
prendre ou accélérer les mesures pour ériger à Lviv (Lvov) un
monument à l’ancien chef nazi puis commandant de l’UPA Roman
Choukhevitch* et pour aménager à Kiev un parc en l’honneur de l’UPA.


LE PRESIDENT IOUCHTCHENKO OFFICIALISE LA REHABILITATION DE L’UPA
GLOIRE AU “MOUVEMENT DE LIBERATION NATIONALE” des années 40

(qui avaient combattu contre l’URSS et les “ennemis” juifs, polonais,
russes, et ukrainiens de l’OUN-UPA )

C’est un tournant officiel décisif dans la voie de la reconnaissance
de l’UPA, qui reste à être entérinée par le Parlement (Rada) ce qui
est loin d’être acquis, vu l’opposition du Parti des Régions, des
communistes, des socialistes, des organisations d’anciens combattants
et des mouvements juifs. Mais le président Iouchtchenko bénéficie,
dans ces initiatives très controversées, de la bienveillance des
Etats-Unis et de l’Union Européenne, l’OUN et l’UPA faisant figure,
malgré leurs liens avec les nazis, de précurseurs de la lutte
anticommuniste (et indépendantiste actuelle contre la Russie.)

La Marche pour cette reconnaissance est prévue ce dimanche 14
octobre, à l’initiative du mouvement “Svoboda” (néonazi, ex Parti
social-national) rallié par d’autres organisations nationalistes.
Le PC et des groupes de gauche annoncent une contre-manifestation
“antifasciste”.
De nombreuses régions, surtout à l’Est et au Sud du pays, s’opposent
à la “réhabilitation des nazis”. Par contre, l’UPA bénéficie du
soutien des régions de l’Extrême-Ouest (Galicie, Volhynie, et dans
une moindre mesure Transcarpatie) où étaient implantées, dans les
années trente, l’Organisation des Nationalistes Ukrainiens (OUN,
fasciste) ainsi que l’UPA qui en est issue.

C’est dans ces régions également que les troupes allemandes avaient
été accueillies en “libératrices” en juin 1941 et que débutèrent les
grands massacres de Juifs, de communistes, de prisonniers de guerre,
de Tziganes, de malades mentaux, perpétrés par les Einzastgruppen SS
avec le concours des auxiliaires nationalistes ukrainiens.

D’importantes forces policières sont mobilisées pour protéger les
célébrations à Kiev. Des organes de presse favorables à la politique
du président accusent les communistes de vouloir “semer le désordre”.


* Egalement ancien commandant du bataillon ukrainien de la Wehrmacht
“Nachtigall” participant à ll‘invasion de l’URSS et aux pogromes de
l’été 1941, de la police auxiliaire nazie chargée de lutter contre
les Partisans... Des titres qui ne sont plus rappelés.