La lutte pour la reconnaissance de la nationalité yougoslave

1) Serbie : la grogne des « non reconnus » yougoslaves

2) Croatie : un nouveau mouvement réclame la reconnaissance de la nationalité yougoslave

Sullo stesso argomento - "Fondata a Zagabria la Lega degli Jugoslavi" - si vedano gli aggiornamenti recenti alla pagina:


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B92

Serbie : la grogne des « non reconnus » yougoslaves

Traduit par Persa Aligrudic

samedi 27 mars 2010

Le Centre pour le développement de la société civile (CRCD) a vivement réagi à la déclaration du ministre des Droits de la personne et des Minorités, Svetozar Čiplić, sur l’impossibilité de reconnaître la minorité yougoslave car celle-ci ne dispose « ni de langue, ni d’alphabet ni de littérature ». En 2002, 80.721 personnes se sont pourtant déclarées yougoslaves en Serbie, ce qui en fait la 3e minorité du pays. Conformément au principe de non discrimination, le CRCD demande la condamnation du ministre.

Le ministre Čiplić efface une minorité nationale de la composition des citoyens de ce pays d’une manière complètement arbitraire et le Centre pour le développement de la société civile (CRCD) tient à en avertir l’opinion publique.

Lors d’une conférence de presse qui a eu lieu le 12 mars, Svetozar Čiplić a déclaré que les Yougoslaves ne pouvaient avoir le statut de minorité nationale ni disposer d’un conseil « car il leur manque une langue, un alphabet et une littérature ».

« Aujourd’hui, on ne reconnaît pas les droits des minorités qui se sont déclarées de nation yougoslave. Demain, qui sera le suivant sur la « liste des non reconnus » dressée par les représentants arrogants du pouvoir exécutif contre la volonté librement et massivement exprimée des citoyens de ce pays ? », s’interroge le CRCD dans le communiqué adressé aux médias.

« Avec cette position sur les Yougoslaves le ministre Čiplić viole grossièrement les droits minoritaires des 80.721 Yougoslaves qui se sont déclarés comme tels lors du dernier recensement en 2002, ce en fait la troisième communauté minoritaire de Serbie (sans compter la province autonome de Kosovo et Metohija). »

Voilà ce qu’on peut lire dans le communiqué qui ajoute : « C’est avec inquiétude et stupeur que le CRCD a accueilli ce jugement clairement énoncé par le ministre Čiplić sur la langue, l’alphabet et la littérature, c’est-à-dire sur des sujets qui concernent la profession et la science et qui dépassent les compétences du ministère dirigé par Svetozar Čiplić ».

Le CRCD mentionne en outre que : « le sujet complexe de la langue, de l’alphabet et de la littérature des Yougoslaves ne peut faire l’objet d’une demi-phrase ou d’une question politique sur la (non) volonté d’assurer les droits qui sont conférés par la loi à l’identité d’une minorité ».

« Les Yougoslaves désignent leur langue comme le serbo-croate ou le croato-serbe, ils ont deux alphabets, le latin et le cyrillique, et une littérature du plus haut niveau créée précisément dans cette langue. Les auteurs qui se sont exprimés comme étant de nation yougoslave ont obtenu les plus hautes distinctions pour leur contribution à la culture universelle, y compris le prix Nobel ».

Le CRCD rappelle à l’opinion publique que, quelques jours avant cette déclaration discriminatoire, Svetozar Čiplić s’est personnellement engagé à maintenir le ministère pour les Droits de la personne et des Minorités.

« Malheureusement cette position remet sérieusement en question les compétences et les intentions du responsable de ce ministère. Non seulement parce qu’il viole les clauses de nombreux articles de la loi sur la protection des droits et des libertés des nations minoritaires, des articles de la loi sur l’interdiction de discrimination, de l’article 26 de la loi sur les ministères, des clauses de la Déclaration des Nations unies sur les droits des membres des minorités nationales, ethniques et de diverses confession et de langue, et de la Convention cadre du Conseil de l’Europe pour la protection des minorités, mais parce que le ministre Čiplić en même temps expose les Yougoslaves ethniques à la dérision et à la mésestimation auxquelles aucune autre communauté minoritaire en Serbie n’est exposée », mentionne le communiqué.

Le CRCD constate avec satisfaction que 814 Égyptiens, 584 Ashkalis et 572 Grecs en Serbie jouissent de la reconnaissance de l’État et sont respectés en tant que minorités. Le CRCD ne peut passer sous silence la discrimination des Yougoslaves que vient d’annoncer le ministre Čiplić, une déclaration inadmissible venant de la part d’un homme à la tête du ministère des Droits de la personne et des Minorités.

Conformément au principe de non discrimination et des règlements de droit, le CRCD lance un appel à l’opinion publique pour réagir à cette attaque scandaleuse, illégitime et qui mérite la condamnation du ministre des Droits de la personne et de des Minorités, conclut le communiqué.

Publié dans la presse : 19 mars 2010
Mise en ligne : samedi 27 mars 2010
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This article in english:
Group Pushes Recognition of Yugoslav Nationality (23 March 2010)
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Croatie : un nouveau mouvement réclame la reconnaissance de la nationalité yougoslave

Traduit par Stéphane Surprenant

vendredi 26 mars 2010

L’association Nasa Jugoslavija a lancé le 21 mars un nouveau mouvement Savez Jugoslovena. Dans le communiqué de presse annonçant cette création, on pouvait lire qu’il fallait protéger l’identité yougoslave, ainsi que son héritage. Les animateurs de ce mouvement estiment que l’identité yougoslave est la seule alternative aux nationalismes balkaniques.

Une « alliance yougoslave » a été créée à Zagreb, dans le but de faire reconnaître la nationalité yougoslave comme une nationalité à part entière dans tous les États qui sont issus de l’ancienne Yougoslavie.

L’association Nasa Jugoslavija (Notre alliance Yougoslavie) a ainsi fondé officiellement le mouvement Savez Jugoslovena, le 21 mars 2010.

Dans un communiqué de presse, les membres l’association ont affirmé que les personnes se réclamant de nationalité yougoslave avaient le droit de protéger leur identité, en même temps que leur héritage culturel, artistique et littéraire. Le groupe veut également ouvrir un débat public sur les droits des citoyens yougoslaves et sur leur « rôle actif dans la démocratisation ».

Le communiqué de presse ajoute que les « Yougoslaves existent toujours et sont fiers de leur identité, qui représente la seule alternative aux nationalismes ».

L’alliance souhaite rassembler tous les Yougoslaves, « peu importe [leur orientation] politique, religieuse, sexuelle ou autre », et ce quelque soit l’endroit où ils vivent.

« L’Alliance est déterminée et affirme qu’il est nécessaire de travailler activement et directement à l’effacement de toutes les divisions nationales, ainsi qu’à rassembler toutes les personnes séparées par les guerres qui ont eu lieu dans l’ancienne République socialiste fédérale de Yougoslavie, alors que le pays s’effondrait. »

On peut également lire que les discours haineux devront être désormais relégués aux oubliettes, et qu’un nouveau langage « d’amour et de réconciliation » devra être instauré.

« Une attention spéciale devrait de plus être accordée à l’ouverture d’une profonde réflexion sur les causes de ces guerres fratricides, avec pour objectif d’analyser les sources de ces événements malheureux, afin de permettre à la fois d’aplanir les différends passés et de rétablir la confiance. »

L’ancienne République socialiste fédérale de Yougoslavie a été fondée le 29 novembre 1943 à Jajce. Cet État se définissait comme l’union de cinq peuples et de six républiques : la Slovénie, la Croatie, la Bosnie-Herzégovine, le Monténégro, la Serbie et la Macédoine. La Slovénie et la Croatie ont proclamé leur indépendance en 1991, puis, graduellement, toutes les républiques ont fait sécession – dans le fracas de la guerre et du nettoyage ethnique.

Publié dans la presse : 23 mars 2010
Mise en ligne : vendredi 26 mars 2010
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