Di passaggio a Parigi diretto al meeting UE di Salonicco, il presidente
croato Stipe Mesic - che fu a suo tempo co-fondatore del partito
neonazista di Franjo Tudjman HDZ - ha rilasciato la seguente intervista
a "Le Figaro". In essa, oltre ad addossare, come di prammatica, tutte
le colpe a Milosevic - persino per il recente attacco da parte di
hooligans contro l'ambasciata croata a Belgrado - Mesic relativizza la
gravita' dell'omicidio Djindjic: "Una perdita si, ma ha giovato agli
europeisti". Come dargli torto? Con lo "stato d'emergenza", instaurato
dopo l'omicidio, anche la Serbia e' diventata, come gia' la Croazia,
uno staterello affidabile per la UE: senza opposizione politica, e con
sparuti gruppi di dissidenti sotto chiave o comunque sotto stretta
sorveglianza. (A cura di Olga ed Andrea)
===
http://www.lefigaro.fr/international/
De passage à Paris hier avant de se rendre en Grèce, le président
croate juge «insuffisants» les échanges économiques avec la France
Stipe Mesic : «Un pas de plus vers l'adhésion»
Le président croate Stipe Mesic effectue une visite de deux jours à
Paris pour participer à un forum économique entre la France et la
Croatie avant de participer au sommet de Salonique.
Propos recueillis par Isabelle Lasserre
[20 juin 2003]
LE FIGARO. – C'est votre second voyage à Paris en moins de six mois. Y
a-t-il des liens privilégiés entre la France et la Croatie ?
Stipe MESIC. – Je le crois, même si nous partageons aussi des intérêts
communs. La Croatie est préoccupée par l'élargissement de l'Union et la
France, en tant que grande puissance européenne, y occupe une place de
premier rang. L'intérêt de la France est d'élargir ses marchés.
J'espère que cette visite permettra de réaliser ces deux objectifs, des
progrès dans l'élargissement et la création de nouvelles possibilités
de coopération économique.
Les relations économiques de la France et de la Croatie sont-elles
satisfaisantes ?
Ce n'est pas le mot. Par rapport à nos relations politiques, qui sont
excellentes, nos liens économiques restent insuffisants. L'économie
croate n'est pas assez connue dans les milieux d'affaires français.
Qu'attendez-vous du sommet de Salonique ?
Salonique représente pour nous un pas de plus vers l'adhésion à
l'Union. Ce sera aussi l'occasion de faire le bilan des progrès que
nous avons réalisés pour nous aligner sur les standards européens. Nous
sommes l'une des économies les plus avancées des pays en transition.
L'Union européenne saura le reconnaître.
Le Tribunal pénal international reproche à la Croatie de ne pas assez
coopérer avec La Haye. Pourquoi cette collaboration est-elle si
difficile ?
On ne peut pas dire que la Croatie ne coopère pas avec le TPI. Elle le
fait dans la mesure de ses moyens. Nous visons une individualisation
des responsabilités. Il faut mettre fin à la responsabilité collective
et à la culpabilisation des peuples. Mais les responsabilités
concernant la guerre sont délicates à évaluer. Des individus peuvent
avoir eu du mérite pour certaines choses et ne pas avoir empêché que
des crimes soient commis. Il est difficile d'expliquer cela à l'opinion
croate. Mais je reste persuadé que la coopération avec le TPI permettra
d'éclairer ces événements.
Pourquoi le retour des réfugiés serbes en Croatie n'est-il toujours pas
achevé ?
Le retour des citoyens serbes de Croatie est dans notre intérêt. La
communauté internationale y verrait ainsi la preuve que nous sommes un
État de droit et que notre démocratie a une certaine maturité. Nous
sommes en train d'accélérer le retour des réfugiés serbes et la
restitution de leurs biens. Mais beaucoup d'entre eux ne peuvent pas
encore revenir car leurs maisons sont occupées par des réfugiés croates
qui eux même ne peuvent pas retourner dans leurs maisons en Republika
Srpska (l'entité serbe de Bosnie). Nous avons donc entamé des
négociations avec les autorités bosniaques.
Les relations entre la Croatie et la Serbie ont-elles changé depuis
l'assassinat du premier ministre serbe Zoran Djindjic ?
Nos relations ont changé après le départ de Milosevic à La Haye. C'est
à ce moment-là que la Serbie s'est engagée sur la voie européenne. La
mort de Djindjic est une perte. Mais paradoxalement, elle a permis au
courant proeuropéen de se renforcer.
Comment interprétez-vous les récents affrontements entre supporters
serbes et croates à la fin d'un match de water-polo en Slovénie ?
Nous condamnons les actes perpétrés par des extrémistes croates
minoritaires. Nous condamnons aussi le fait qu'un petit groupe serbe
ait utilisé ce prétexte pour exprimer sa volonté politique de mettre
fin à la coopération entre Belgrade et Zagreb. Ce sont les vestiges du
régime de Milosevic. Ces gens ne veulent pas que la Serbie se rapproche
de l'Union européenne. Heureusement, en Serbie également, ce groupe est
minoritaire.
La Croatie vient de s'opposer à Washington en refusant de signer un
accord bilatéral exemptant les soldats américains de poursuites devant
la Cour pénale internationale. Cette décision, qui risque de faire
perdre à la Croatie l'assistance militaire américaine, a-t-elle été
difficile ?
Non, car nous respectons un certain nombre de principes dans notre
politique. Nous estimions ainsi qu'une action militaire contre l'Irak
ne devait être engagée qu'avec le feu vert des Nations unies.
S'agissant de la CPI, il serait difficile d'expliquer à notre opinion
publique pour quelles raisons des Croates pourraient se retrouver
devant cette cour alors que des étrangers y échapperaient.
Votre gouvernement a signé la lettre proaméricaine du «Groupe de
Vilnius» tout en réaffirmant la nécessité de réintroduire l'ONU en
Irak. Où se situe la Croatie dans le débat qui oppose la France et
l'Allemagne à la Grande-Bretagne et l'Espagne ?
Nous pensons que les Nations unies doivent être impliquées dans les
mécanismes de décision lorsque ceux-ci portent sur une intervention
militaire. En général, nous pensons que de longues négociations valent
mieux qu'une guerre, si brève soit-elle.
Craignez-vous un retour du HDZ et des forces de l'ancien régime de
Tudjman aux prochaines élections ?
Les sentiments d'oubli et d'amnésie collective ne sont pas réservés à
la Croatie. Les gens s'attendaient à des changements rapides. Certains
oublient que le pays a longtemps vécu dans l'isolement, avec un taux de
croissance égal à zéro. La tâche est considérable et nous nous y
attelons sérieusement. Mais en dernière instance il faudra entendre les
arguments politiques de nos opposants. Or, le HDZ n'est pas un
mouvement articulé sur le modèle des partis européens. Il s'est
prononcé contre le rapprochement avec l'Union. Le HDZ n'a toujours pas
compris que la Croatie a sa place en Europe. Je crois donc que le
moment n'est pas venu pour qu'il revienne au pouvoir. Il faudrait
d'abord qu'il devienne un parti européen et qu'il élimine de ses rangs
les responsables de la catastrophe croate. La Croatie est bel et bien
engagée sur la voie d'un rapprochement avec l'Union Européenne. Et on
ne peut pas arrêter cette marche.
croato Stipe Mesic - che fu a suo tempo co-fondatore del partito
neonazista di Franjo Tudjman HDZ - ha rilasciato la seguente intervista
a "Le Figaro". In essa, oltre ad addossare, come di prammatica, tutte
le colpe a Milosevic - persino per il recente attacco da parte di
hooligans contro l'ambasciata croata a Belgrado - Mesic relativizza la
gravita' dell'omicidio Djindjic: "Una perdita si, ma ha giovato agli
europeisti". Come dargli torto? Con lo "stato d'emergenza", instaurato
dopo l'omicidio, anche la Serbia e' diventata, come gia' la Croazia,
uno staterello affidabile per la UE: senza opposizione politica, e con
sparuti gruppi di dissidenti sotto chiave o comunque sotto stretta
sorveglianza. (A cura di Olga ed Andrea)
===
http://www.lefigaro.fr/international/
De passage à Paris hier avant de se rendre en Grèce, le président
croate juge «insuffisants» les échanges économiques avec la France
Stipe Mesic : «Un pas de plus vers l'adhésion»
Le président croate Stipe Mesic effectue une visite de deux jours à
Paris pour participer à un forum économique entre la France et la
Croatie avant de participer au sommet de Salonique.
Propos recueillis par Isabelle Lasserre
[20 juin 2003]
LE FIGARO. – C'est votre second voyage à Paris en moins de six mois. Y
a-t-il des liens privilégiés entre la France et la Croatie ?
Stipe MESIC. – Je le crois, même si nous partageons aussi des intérêts
communs. La Croatie est préoccupée par l'élargissement de l'Union et la
France, en tant que grande puissance européenne, y occupe une place de
premier rang. L'intérêt de la France est d'élargir ses marchés.
J'espère que cette visite permettra de réaliser ces deux objectifs, des
progrès dans l'élargissement et la création de nouvelles possibilités
de coopération économique.
Les relations économiques de la France et de la Croatie sont-elles
satisfaisantes ?
Ce n'est pas le mot. Par rapport à nos relations politiques, qui sont
excellentes, nos liens économiques restent insuffisants. L'économie
croate n'est pas assez connue dans les milieux d'affaires français.
Qu'attendez-vous du sommet de Salonique ?
Salonique représente pour nous un pas de plus vers l'adhésion à
l'Union. Ce sera aussi l'occasion de faire le bilan des progrès que
nous avons réalisés pour nous aligner sur les standards européens. Nous
sommes l'une des économies les plus avancées des pays en transition.
L'Union européenne saura le reconnaître.
Le Tribunal pénal international reproche à la Croatie de ne pas assez
coopérer avec La Haye. Pourquoi cette collaboration est-elle si
difficile ?
On ne peut pas dire que la Croatie ne coopère pas avec le TPI. Elle le
fait dans la mesure de ses moyens. Nous visons une individualisation
des responsabilités. Il faut mettre fin à la responsabilité collective
et à la culpabilisation des peuples. Mais les responsabilités
concernant la guerre sont délicates à évaluer. Des individus peuvent
avoir eu du mérite pour certaines choses et ne pas avoir empêché que
des crimes soient commis. Il est difficile d'expliquer cela à l'opinion
croate. Mais je reste persuadé que la coopération avec le TPI permettra
d'éclairer ces événements.
Pourquoi le retour des réfugiés serbes en Croatie n'est-il toujours pas
achevé ?
Le retour des citoyens serbes de Croatie est dans notre intérêt. La
communauté internationale y verrait ainsi la preuve que nous sommes un
État de droit et que notre démocratie a une certaine maturité. Nous
sommes en train d'accélérer le retour des réfugiés serbes et la
restitution de leurs biens. Mais beaucoup d'entre eux ne peuvent pas
encore revenir car leurs maisons sont occupées par des réfugiés croates
qui eux même ne peuvent pas retourner dans leurs maisons en Republika
Srpska (l'entité serbe de Bosnie). Nous avons donc entamé des
négociations avec les autorités bosniaques.
Les relations entre la Croatie et la Serbie ont-elles changé depuis
l'assassinat du premier ministre serbe Zoran Djindjic ?
Nos relations ont changé après le départ de Milosevic à La Haye. C'est
à ce moment-là que la Serbie s'est engagée sur la voie européenne. La
mort de Djindjic est une perte. Mais paradoxalement, elle a permis au
courant proeuropéen de se renforcer.
Comment interprétez-vous les récents affrontements entre supporters
serbes et croates à la fin d'un match de water-polo en Slovénie ?
Nous condamnons les actes perpétrés par des extrémistes croates
minoritaires. Nous condamnons aussi le fait qu'un petit groupe serbe
ait utilisé ce prétexte pour exprimer sa volonté politique de mettre
fin à la coopération entre Belgrade et Zagreb. Ce sont les vestiges du
régime de Milosevic. Ces gens ne veulent pas que la Serbie se rapproche
de l'Union européenne. Heureusement, en Serbie également, ce groupe est
minoritaire.
La Croatie vient de s'opposer à Washington en refusant de signer un
accord bilatéral exemptant les soldats américains de poursuites devant
la Cour pénale internationale. Cette décision, qui risque de faire
perdre à la Croatie l'assistance militaire américaine, a-t-elle été
difficile ?
Non, car nous respectons un certain nombre de principes dans notre
politique. Nous estimions ainsi qu'une action militaire contre l'Irak
ne devait être engagée qu'avec le feu vert des Nations unies.
S'agissant de la CPI, il serait difficile d'expliquer à notre opinion
publique pour quelles raisons des Croates pourraient se retrouver
devant cette cour alors que des étrangers y échapperaient.
Votre gouvernement a signé la lettre proaméricaine du «Groupe de
Vilnius» tout en réaffirmant la nécessité de réintroduire l'ONU en
Irak. Où se situe la Croatie dans le débat qui oppose la France et
l'Allemagne à la Grande-Bretagne et l'Espagne ?
Nous pensons que les Nations unies doivent être impliquées dans les
mécanismes de décision lorsque ceux-ci portent sur une intervention
militaire. En général, nous pensons que de longues négociations valent
mieux qu'une guerre, si brève soit-elle.
Craignez-vous un retour du HDZ et des forces de l'ancien régime de
Tudjman aux prochaines élections ?
Les sentiments d'oubli et d'amnésie collective ne sont pas réservés à
la Croatie. Les gens s'attendaient à des changements rapides. Certains
oublient que le pays a longtemps vécu dans l'isolement, avec un taux de
croissance égal à zéro. La tâche est considérable et nous nous y
attelons sérieusement. Mais en dernière instance il faudra entendre les
arguments politiques de nos opposants. Or, le HDZ n'est pas un
mouvement articulé sur le modèle des partis européens. Il s'est
prononcé contre le rapprochement avec l'Union. Le HDZ n'a toujours pas
compris que la Croatie a sa place en Europe. Je crois donc que le
moment n'est pas venu pour qu'il revienne au pouvoir. Il faudrait
d'abord qu'il devienne un parti européen et qu'il élimine de ses rangs
les responsables de la catastrophe croate. La Croatie est bel et bien
engagée sur la voie d'un rapprochement avec l'Union Européenne. Et on
ne peut pas arrêter cette marche.