George Soros : Magicien impérial et agent double


Covert Action Quarterly
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par Heather Cottin
9 déc. 2003


 « OUI, J’AI UNE POLITIQUE ETRANGERE : MON OBJECTIF EST DE DEVENIR LA
CONSCIENCE DU MONDE. »(1)

Il ne s’agit nullement d’un cas de trouble narcissique de la
personnalité; voici, en fait, comment George Soros applique
aujourd’hui le pouvoir de l’hégémonie des Etats-Unis dans le monde. Les
institutions de Soros et ses machinations financières sont en partie
responsables de la destruction du socialisme en Europe de l’Est et dans
l’ancienne URSS. Il a également jeté son dévolu sur la Chine. Il a
également fait partie de toute cette entreprise d’opérations en tous
genres qui ont abouti au démantèlement de la Yougoslavie. Alors qu’il
se donne du philanthrope, le rôle du milliardaire George Soros
consiste à resserrer la mainmise idéologique de la globalisation et du
nouvel ordre mondial tout en assurant la promotion de son propre
profit financier. Les opérations commerciales et « philanthropiques »
de Soros sont clandestines, contradictoires et coactives. Et, pour ce
qui est de ses activités économiques, lui-même admet qu’il n’a pas de
conscience, en capitaliste fonctionnant avec une amoralité absolue. 

En maître d’œuvre du nouveau secteur de la corruption qui trompe
systématiquement le monde, il se fraie un chemin jusqu’aux hommes
d’Etat planétaires et ils lui répondent. Il a été proche de Henry
Kissinger, de Vaclav Havel et du général polonais Wojciech
Jaruzelski.(2) Il soutient le dalaï-lama, dont l’institut est installé
au Presidio, à San Francisco, lequel Presidio héberge également, entre
autres, la fondation dirigée par l’ami de Soros, l’ancien dirigeant
soviétique Mikhaïl Gorbatchev.(3) Soros est une figure de pointe du
Conseil des Relations extérieures, du Forum économique mondial et de
Human Rights Watch (HRW). En 1994, après une rencontre avec son gourou
philosophique, Sir Karl Popper, Soros ordonnait à ses sociétés de se
mettre à investir dans les communications en Europe centrale et de
l’Est.

L’administration fédérale de la radio et télévision de la République
tchèque a accepté son offre de reprendre et de financer les archives
de Radio Free Europe. Soros a transféré ces archives à Prague et a
dépensé plus de 15 millions de dollars pour leur entretien.(4)
Conjointement avec les Etats-Unis, une fondation Soros dirige
aujourd’hui Radio Free Europe/Radio Liberty, laquelle a étendu ses
ramifications au Caucase et en Asie.(5)  Soros est le fondateur et le
financier de l’Open Society Institute. Il a créé et entretient le.
Groupe international de Crise (GIC) qui, entre autres choses, est
actif dans les Balkans depuis le démantèlement de la Yougoslavie. Soros
travaille ouvertement avec l’Institut américain pour la Paix – un
organe officiellement reconnu de la CIA.

Lorsque les forces hostiles à la globalisation battaient de la semelle
dans les rues entourant le Waldorf-Astoria, à New York, en février
2002, George Soros était à l’intérieur et tenait un discours devant le
Forum économique mondial. Quand la police entassa les manifestants
dans des cages métalliques à Park Avenue, Soros vantait les vertus
d’une « société ouverte » et rejoignait ainsi Zbigniew Brzezinski,
Samuel Huntington, Francis Fukuyama et d’autres.

QUI EST CE TYPE ?

George Soros est né en Hongrie en 1930 de parents juifs si éloignés de
leurs racines qu’ils passèrent même une fois leurs vacances en
Allemagne nazie.(6) Soros vécut sous le régime nazi mais, au moment du
triomphe des communistes, il alla s’installer en Angleterre en 1947.
Là, à la London School of Economics, il subit l’influence du
philosophe Karl Popper, un idéologue anticommuniste adulé dont
l’enseignement constitua la base des tendances politiques de Soros. Il
est malaisé de trouver un discours, un ouvrage ou un article de la
plume de Soros qui n’obéisse à l’influence de Popper.

Anobli en 1965, Popper inventa le slogan de « Société ouverte », qu’on
allait retrouver plus tard dans l’Open Society Fund and Institute de
Soros. Les disciples de Popper répètent ses mots comme de véritables
fidèles. La philosophie de Popper incarne parfaitement
l’individualisme occidental. Soros quitta l’Angleterre en 1956 et
trouva du travail à Wall Street où, dans les années 60, il inventa le
« fonds de couverture » : « (…) les fonds de couverture satisfaisaient
les individus très riches (…) Les fonds en grande partie secrets,
servant habituellement à faire des affaires en des lieux lointains (…)
produisaient des retours astronomiquement supérieurs. Le montant des
‘enjeux’ se muaient souvent en prophéties qui se réalisaient
d’elles-mêmes : ‘les rumeurs circulant à propos d’une situation acquise
grâce aux énormes fonds de couverture incitaient d’autres
investisseurs à se hâter de faire pareil’, ce qui, à son tour,
augmentait les mises de départ des opérateurs en couverture. »(7)

Soros met sur pied le Quantum Fund en 1969 et se met à boursicoter
dans la manipulation des devises. Dans les années 70, ses activités
financières glissent vers « l’alternance entre les situations à long
et à court terme (…) Soros se mit à gagner gros à la fois sur la
montée des trusts d’investissement dans l’immobilier et sur leur
effondrement ultérieur. Durant ses vingt années de gestion, Quantum
offrit des returns étonnants de 34,5% en moyenne par an. Soros est
particulièrement connu (et craint) pour sa spéculation sur les devises.
(…) En 1997, il se vit décerner une distinction rare en se faisant
traiter de scélérat par un chef d’Etat, Mahathir Mohamad, de Malaisie,
pour avoir participé à un raid particulièrement rentable sur la
monnaie de ce pays. »(8) 

C’est via de telles martingales financières clandestines que Soros va
devenir multimilliardaire. Ses sociétés contrôlent l’immobilier en
Argentine, au Brésil et au Mexique, la banque au Venezuela et elles
figurent au nombre des commerces de devises les plus rentables au
monde, donnant naissance à la croyance générale que ses amis très haut
placés l’ont aidé dans ses aventures financières, et ce pour des
raisons tant politiques que liées à l’appât du gain.(9)

George Soros a été blâmé pour avoir fait sombrer l’économie
thaïlandaise en 1997.(10) Un activiste thaï a même déclaré : « Nous
considérons George Soros comme une sorte de Dracula. Il suce le sang
du peuple. »(11) Les Chinois l’appellent « le crocodile » du fait que
ses efforts économiques et idéologiques en Chine n’étaient jamais
satisfaits et parce que ses spéculations financières ont engendré des
millions de dollars de profit lorsqu’il a mis le grappin sur
l’économie thaï et sur celle de la Malaisie.(12)

Un jour, Soros s’est fait un milliard de dollars en un jour en
spéculant (un mot qu’il déteste) sur la livre britannique. Accusé de
prendre « de l’argent à chaque contribuable britannique lorsqu’il
spéculait contre le sterling », il avait répondu : « Lorsque vous
spéculez sur les marchés financiers, vous ne vous embarrassez pas de
la plupart des préoccupations morales auxquelles est confronté un
homme d’affaires ordinaire. (…) Je n’avais pas non plus à
m’embarrasser de questions de morale sur les marchés financiers. »(13)

Soros est schizophréniquement insatiable quand il s’agit de s’enrichir
personnellement de façon illimitée et il éprouve un perpétuel désir
d’être bien considéré par autrui : « Les commerçants en devises assis
à leurs bureaux achètent et vendent des devises de pays de tiers monde
en grande quantités. L’effet des fluctuations des cours sur les
personnes qui vivent dans ces pays n’effleure même pas leurs esprits.
Il ne devrait pas le faire non plus : ils ont un travail à faire. Si
nous nous arrêtons pour réfléchir, nous devons nous poser la question
de savoir si les commerçants en devises (…) devraient contrôler la vie
de millions de personnes. »(14)

C’est George Soros qui a sauvé la peau de George W. Bush lorsque la
gestion par celui-ci d’une société de prospection pétrolière était sur
le point de se solder par un échec. Soros était le propriétaire de la
Harken Energy Corporation et c’est lui qui avait racheté le stock des
actions en baisse rapide juste avant que la société ne s’effondre. Le
futur président liquida a presque un million de dollars. Soros déclara
qu’il avait agi de la sorte pour acheter de « l’influence
politique ».(15) Soros est également un partenaire du tristement
célèbre Carlyle Group. Officiellement fondée en 1987, la « plus
importante société privée par actions du monde », qui gère plus de 12
milliards de dollars, est dirigée par « un véritable bottin mondain
d’anciens dirigeants républicains », depuis l’ancien membre de la CIA,
Frank Carlucci, jusqu’à l’ancien chef de la CIA et ancien président
George Bush père. Le Carlyle Group tire la majeure partie de ses
rentrées des exportations d’armes.

L’ESPION PHILANTHROPE

En 1980, Soros commence à utiliser ses millions pour s’en prendre au
socialisme en Europe de l’Est. Il finance des individus susceptibles
de coopérer avec lui. Son premier succès, c’est en Hongrie qu’il
l’obtient. Il reprend le système éducatif et culturel hongrois,
mettant hors d’état de fonctionnement les institutions socialistes
partout dans le pays. Il se fraie directement un chemin à l’intérieur
du gouvernement hongrois. Ensuite, Soros se tourne vers la Pologne,
contribuant à l’opération Solidarité, financée par la CIA, et, la même
année, il étend également ses activités à la Chine. L’URSS vient
ensuite.

Ce n’est nullement une coïncidence si la CIA a mené des opérations
dans tous ces pays. Son objectif était également le même que celui de
l’Open Society Fund : démanteler le socialisme. En Afrique du Sud, la
CIA dénichait des dissidents anticommunistes. En Hongrie, en Pologne
et en URSS, via une intervention non dissimulée menée à partir de la
Fondation nationale pour la Démocratie, l’AFL-CIO, l’USAID et d’autres
institutions, la CIA soutenait et organisait les anticommunistes, le
type même d’individus recrutés par l’Open Society Fund de Soros. La
CIA allait les appeler ses « atouts ». Comme le dit  Soros : « Dans
chaque pays, j’ai identifié un groupe de personnes – certaines sont des
personnalités de premier plan, d’autres sont moins connues – qui
partageaient ma foi… »(16)

L’Open Society de Soros organisait des conférences avec des
anticommunistes tchèques, serbes, roumains, hongrois, croates,
bosniaques, kosovares.(17) Son influence sans cesse croissante le fit
soupçonner d’opérer en tant que partie du complexe des renseignements
américains. En 1989, le Washington Post se faisait l’écho
d’accusations d’abord émises en 1987 par des officiels du gouvernement
chinois et prétendant que le Fonds de Soros pour la Réforme et
l’Ouverture de la Chine avait des connexions avec la CIA.(18)

AU TOUR DE LA RUSSIE

Après 1990, les fonds de Soros visent le système éducatif russe et
fournissent des manuels à toute la nation.(19) En effet, Soros se sert
de la propagande de l’OSI pour endoctriner toute une génération de la
jeunesse russe. Les fondations de Soros ont été accusées d’avoir
orchestré une stratégie visant à s’assurer le contrôle du système
financier russe, des plans de privatisation et du processus des
investissements étrangers dans ce pays. Les Russes réagissent avec
colère aux ingérences de Soros dans les législations. Les critiques de
Soros et d’autres fondations américaines ont affirmé que l’objectif de
ces manœuvres était de « faire échouer la Russie en tant qu’Etat ayant
le potentiel de rivaliser avec la seule superpuissance mondiale ».(20)
Les Russes se mettent à soupçonner que Soros et la CIA sont
interconnectés. Le magnat des affaires, Boris Berezovsky, allait même
déclarer : « J’ai presque tourné de l’œil en apprenant, il y a
quelques années, que George Soros était un agent de la CIA. »(21)
L’opinion de Berezovsky était que Soros, de même que l’Occident,
« craignaient que le capitalisme russe ne devînt trop puissant ».

Si l’establishment économique et politique des Etats-Unis craint la
concurrence économique de la Russie, quelle meilleure façon y a-t-il
de la contrôler que de dominer les médias, l’éducation, les centres de
recherche et le secteur scientifique de la Russie ? Après avoir
dépensé 250 millions de dollars pour « la transformation de
l’éducation des sciences humaines et de l’économie au niveau des
écoles supérieures et des universités », Soros injecte 100 millions de
dollars de plus dans la création de la Fondation scientifique
internationale.(22) Les Services fédéraux russes de contre-espionnage
(FSK) accusent les fondations de Soros en Russie d’« espionnage ». Ils
font remarquer que Soros n’opère pas seul ; il fait partie de tout un
rouleau compresseur recourant, entre autres, à des financements de la
part de Ford et des Heritage Foundations, des universités de Harvard,
Duke et Columbia, et à l’assistance du Pentagone et ses services de
renseignements américains.(23) Le FSK s’indigne de ce que Soros a
graissé la patte à quelque 50.000 scientifiques russes et prétend que
Soros a cultivé avant tout ses propres intérêts en s’assurant le
contrôle de milliers de découvertes scientifiques et nouvelles
technologies russes et en s’appropriant ainsi des secrets d’Etats et
des secrets commerciaux.(24)

En 1995, les Russes avaient été très en colère suite aux ingérences de
l’agent du Département d’Etat, Fred Cuny, dans le conflit tchétchène.
Cuny se servait du secours aux sinistrés comme de couverture, mais
l’histoire de ses activités dans les zones de conflit internationales
intéressant les Etats-Unis, auxquelles venaient s’ajouter les
opérations d’investigations du FBI et de la CIA, rendaient manifestes
ses connexions avec le gouvernement américain. A l’époque de sa
disparition, Cuny travaillait sous contrat pour une fondation de
Soros.(25) On se sait pas assez aux Etats-Unis que la violence en
Tchétchénie, une province située au cœur de la Russie, est
généralement perçue comme étant le résultat d’une campagne de
déstabilisation politique que Washington voit d’un très bon œil et, en
fait, orchestre probablement. Cette façon de présenter la situation
est suffisamment claire aux yeux de l’écrivain Tom Clancy, au point
qu’il s’est senti libre d’en faire une affirmation de fait dans son
best-seller, La somme de toutes les peurs. Les Russes ont accusé Cuny
d’être un agent de la CIA et d’être l’un des rouages d’une opération
de renseignements destinée à soutenir l’insurrection tchétchène.(26)
L’Open Society Institute de Soros est toujours actif en Tchétchénie,
comme le sont également d’autres organisations sponsorisées par le
même Soros.

La Russie a été le théâtre d’au moins une tentative commune de faire
grimper le bilan de Soros, tentative orchestrée avec l’aide
diplomatique de l’administration Clinton. En 1999, la secrétaire
d’Etat Madeleine Albright avait bloqué une garantie de prêt de 500
millions de dollars par l’U.S. Export-Import Bank à la société russe,
Tyumen Oil, en prétendant que cela s’opposait aux intérêts nationaux
américains. La Tyumen voulait acheter des équipements pétroliers de
fabrication américaine, ainsi que des services, auprès de la société
Halliburton de Dick Cheney et de l’ABB Lummus Global de Bloomfield, New
Jersey.(27) George Soros était investisseur dans une société que la
Tyumen avait essayé d’acquérir. Tant Soros que BP Amoco avaient exercé
des pressions afin d’empêcher cette transaction, et Albright leur
rendit ce service.(28)

L’ENTRETIEN D’UN ANTISOCIALISME DE GAUCHE

L’Open Society Institute de Soros trempe les doigts dans toutes les
casseroles. Son comité de directeurs est un véritable « Who's Who » de
la guerre froide et des pontifes du nouvel ordre mondial. Paul Goble
est directeur des communications : « Il a été le principal
commentateur politique de Radio Free Europ ». Herbert Okun a servi
dans le département d’Etat de Nixon en tant que conseiller en
renseignements auprès de Henry Kissinger. Kati Marton est l’épouse de
Richard Holbrooke, l’ancien ambassadeur aux Nations unies et envoyé en
Yougoslavie de l’administration Clinton. Marton a exercé des pressions
en faveur de la station de radio B-92, financée par Soror, et elle a
également beaucoup œuvré en faveur d’un projet de la Fondation
nationale pour la démocratie (une autre antenne officielle de la CIA)
qui a collaboré au renversement du gouvernement yougoslave.

Lorsque Soros fonde l’Open Society Fund, il va chercher le grand
pontife libéral Aryeh Neier pour la diriger. A l’époque, Neier dirige
Helsinki Watch, une prétendue organisation des droits de l’homme de
tendance nettement anticommuniste. En 1993, l’Open Society Fund
devient l’Open Society Institute.

Helsinki Watch s’est mué en Human Rights Watch en 1975. A l’époque,
Soros fait partie de sa Commission consultative, à la fois pour le
comité des Amériques et pour ceux de l’Europe de l’Est et de l’Asie
centrale, et sa nébuleuse Open Society Fund/Soros/OSI est renseignée
comme bailleuse de fonds.(29) Soros a des relations étroites avec
Human Rights Watch (HRW) et Neier écrits des articles pour le magazine
The Nation sans mentionné le moins du monde qu’il figure sur les
fiches de paie de Soros.(30)

Soros est donc étroitement lié à HRW, bien qu’il fasse de son mieux
pour le dissimuler.(31) Il déclare qu’il se contente de bailler des
fonds, de mettre les programmes au point et de laisser les choses
aller d’elles-mêmes. Mais les actions de HRW ne s’écartent en aucune
façon de la philosophie de son bailleur de fonds. HRW et OSI sont très
proches l’un de l’autre. Leurs vues ne divergent pas. Naturellement,
d’autres fondations financent également ces deux institutions, mais il
n’empêche que l’influence de Soros domine leur idéologie.

Les activités de George Soros s’inscrivent dans le schéma de
construction développé en 1983 et tel qu’il est énoncé par Allen
Weinstein, fondateur de la Fondation nationale pour la démocratie.
Wainstein déclare ceci : « Une grande partie de ce que nous faisons
aujourd’hui était réalisée en secret par la CIA voici 25 ans. »(32)
Soros opère exactement dans les limites du complexe de renseignements.
Il diffère peu des trafiquants de drogue de la CIA au Laos, dans les
années 60, ou des moudjahidine qui tiraient profit du trafic de l’opium
tout en menant des opérations pour le compte de la CIA contre
l’Afghanistan socialiste des années 80. Il canalise tout simplement
(et ramasse) beaucoup plus d’argent que ces marionnettes et une partie
bien plus importante de ses affaires se font au grand jour. Sa
franchise, dans la mesure où il en fait preuve, réside dans un
contrôle factice des dégâts, lequel sert à légitimer les stratégies de
la politique étrangère américaine.

La majorité des Américains qui, aujourd’hui, se considèrent
politiquement au centre-gauche, sont sans aucun doute pessimistes à
propos des chances d’assister un jour à une transformation socialiste
de la société. Par conséquent, le modèle de « décentralisation » à la
Soros, ou l’approche « fragmentée » de « l’utilitarisme négatif, la
tentative de réduire au minimum la quantité de misère », qui
constituait la philosophie de Popper, tout cela leur plaît, en
gros.(33) Soros a financé une étude de HRW qui a été utilisée pour
soutenir l’assouplissement de la législation en matière de drogue dans
les Etats de Californie et d’Arizona.(34) Soros est favorable à une
législation sur les drogues – une manière de réduire provisoirement la
conscience de sa propre misère. Soros est un corrupteur qui tutoie le
concept de l’égalité des chances. A un échelon plus élevé de l’échelle
socio-économique, on trouve les social-démocrates qui acceptent d’être
financés par Soros et qui croient aux libertés civiques dans le
contexte même du capitalisme.(35) Pour ces personnes, les conséquences
néfastes des activités commerciales de Soros (lesquelles appauvrissent
des gens partout dans le monde) sont édulcorées par ses activités
philanthropiques. De la même manière, les intellectuels libéraux de
gauche, tant à l’étranger qu’aux Etats-Unis, ont été séduits par la
philosophie de l’« Open Society », sans parler de l’attrait que
représentait ses donations.

La Nouvelle Gauche américaine était un mouvement social-démocratique.
Elle était résolument antisoviétique et, lorsque l’Europe de l’Est et
l’Union soviétique se sont effondrées, peu de gens au sein de cette
Nouvelle Gauche se sont opposés à la destruction des systèmes
socialistes. La Nouvelle Gauche n’a ni gémi ni protesté lorsque les
centaines de millions d’habitants de l’Europe de l’Est et de l’Europe
centrale ont perdu leur droit au travail, au logement à loyer décent
et protégé par la loi, à l’éducation gratuite dans des écoles
supérieures, à la gratuité des soins de santé et de l’épanouissement
culturel. La plupart ont minimisé les suggestions prétendant que la
CIA et certaines ONG – telles la Fondation nationale pour la
Démocratie ou l’Open Society Fund – avaient activement participé à la
destruction du socialisme. Ces personnes avaient l’impression que la
détermination occidentale à vouloir détruire l’URSS depuis 1917 avait
vraiment peu de chose à voir avec la chute de l’URSS. Pour ces
personnes, le socialisme a disparu de son plein gré, du fait de ses
défauts et lacunes.

Quant aux révolutions, comme celles d’un Mozambique, de l’Angola, du
Nicaragua ou du Salvador, annihilées par des forces agissant sous
procuration ou retardées par des « élections » très démonstratives,
les pragmatistes de la Nouvelle Gauche n’en ont eu que faire et ont
tourné les talons. Parfois même, la Nouvelle Gauche a semblé ignorer
délibérément les machinations post-soviétiques de la politique
étrangère américaine.

Bogdan Denitch, qui nourrissait des aspirations politiques en Croatie,
a été actif au sein de l’Open Society Institute et a reçu des fonds de
ce même OSI.(36) Denitch était favorable à l’épuration ethnique des
Serbes en Croatie, aux bombardements par l’Otan de la Bosnie et de la
Yougoslavie et même à une invasion terrestre de la Yougoslavie.(37)
Denitch a été l’un des fondateurs et le président des Socialistes
démocratiques des Etats-Unis, un groupe prépondérant de la gauche
libérale aux Etats-Unis. Il a également présidé longtemps la
prestigieuse Conférence des Universitaires socialistes, par le biais
de laquelle il  pouvait aisément manipuler les sympathies de beaucoup
et les faire pencher du côté du soutien à l’expansion de l’Otan.(38)
D’autres cibles du soutien de Soros comprennent Refuse and Resist the
American Civil Liberties Union (refus et résistance à l’Union
américaine de défense des libertés civiques), et toute une panoplie
d’autres causes libérales.(39) Soros allait acquérir un autre trophée
invraisemblable en s’engageant dans la Nouvelle Ecole de Recherches
Sociales de New York, qui avait été longtemps une académie de choix
pour les intellectuels de gauche. Aujourd’hui, il y sponsorise le
Programme pour l’Europe de l’est et l’Europe centrale.(40)

Bien des gens de gauche inspirés par la révolution nicaraguayenne ont
accepté avec tristesse l’élection de Violetta Chamorro et la défaite
des sandinistes en 1990. La quasi-totalité du réseau de soutien au
Nicaragua a cessé ses activités par la suite. Peut-être la Nouvelle
Gauche aurait-elle pu tirer quelque enseignement de l’étoile montante
qu’était Michel Kozak. L’homme était un vétéran des campagnes de
Washington visant à installer des dirigeants sympathiques au Nicaragua,
à Panama et à Haïti, et de saper Cuba – il dirigeait la Section des
Intérêts américains à La Havane.

Après avoir organisé la victoire de Chamorro au Nicaragua, Kozak a
poursuivi son chemin pour devenir ambassadeur des Etats-Unis en
Biélorussie, tout en collaborant à l’Internet Access and Training
Program (IATP – Progr. d’accès et d’initiation au net), sponsorisé par
Soros et qui œuvrait à la « fabrication de futurs dirigeants » en
Biélorussie.(41) Dans le même temps, ce programme était imposé à
l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Géorgie, le Kazakhstan, le Kirghizistan,
le Turkménistan et l’Ouzbékistan. L’IATP opère à visière relevée avec
le soutien du département d’Etat américain. Au crédit de la
Biélorussie, il faut ajouter qu’elle a fini par expulser Kozak et toute
la clique de l’Open Society de Soros et du département d’Etat
américain. Le gouvernement d’Aleksandr Lukachenko a en effet découvert
que, quatre ans avant de s’installer à Minsk, Kozak organisait la
ventilation des dizaines de millions de dollars destinés à alimenter
l’opposition biélorusse. Kozak travaillait à l’unification du
coalition d’opposition, il créait des sites web, des journaux et des
pôles d’opinion, et il supervisait un mouvement de résistance
estudiantine semblable à l’Otpor en Yougoslavie. Kozak fit même venir
des dirigeants de l’Otpor pour former des dissidents en
Biélorussie.(42) Juste à la veille du 11 septembre 2001, les
Etats-Unis relançaient une campagne de diabolisation contre le
président Aleksandr Lukachenko. Cette campagne allait toutefois être
remise sur feu doux pour donner la priorité à la « guerre contre le
terrorisme ».

Par l’entremise de l’OSI et du HRW, Soros était l’un des principaux
sponsors de la station de radio B-92 à Belgrade. Il fonda l’Otpor,
l’organisation qui recevait ces « valises d’argent » afin de soutenir
le coup d’Etat du 5 octobre 2000 qui allait renverser le gouvernement
yougoslave.(43) Un peu plus tard, Human Rights Watch aidait à
légitimer l’enlèvement et la médiatisation du procès de Slobodan
Milosevic à La Haye sans aucunement faire état de ses droits.(44)
Louise Arbour, qui a œuvré comme juge au sein de ce tribunal illégal,
siège actuellement au conseil du Groupe international de crise de
Soros.(45) Le gang de l’Open Society et de Human Rights Watch a
travaillé en Macédoine, disant que cela faisait partie de sa « mission
civilisatrice ».(46)  Il faut donc s’attendre à ce qu’on « sauve » un
jour cette république et que s’achève ainsi la désintégration de
l’ancienne Yougoslavie.

DES MANDATAIRES DU POUVOIR

En fait, Soros a déclaré qu’il considérait sa philanthropie comme
morale et ses affaires de gestion d’argent comme amorales.(47)
Pourtant, les responsables des ONG financées par Soros ont un agenda
clair et permanent. L’une des institutions les plus influentes de
Soros n’est autre que le Groupe international de Crise, fondé en 1986.
Le GIC est dirigé par des individus issus du centre même du pouvoir
politique et du monde des entreprises. Son conseil d’administration
compte entre autres en ses rangs Zbigniew Brzezinski, Morton
Abramowitz, ancien secrétaire d’Etat adjoint aux Etats-Unis; Wesley
Clark, ancien chef suprême des alliés de l’Otan pour l’Europe; Richard
Allen, ancien conseiller national à la sécurité des Etats-Unis. Il
vaut la peine de citer Allen : l’homme a quitté le Conseil national de
la sécurité sous Nixon parce qu’il était dégoûté des tendances
libérales de Henry Kissinger; c’est encore lui qui a recruté Oliver
North pour le Conseil national de la sécurité sous Reagan, et qui a
négocié l’échange missiles-otages dans le scandale des contras
iraniens. Pour ces quelques individus, « contenir des conflits »
équivaut à assurer le contrôle américain sur les peuples et ressources
du monde entier.

Dans les années 1980 et 1990, sous l’égide de la doctrine reaganienne,
les opérations secrètes ou à ciel ouvert des Etats-Unis battaient leur
plein en Afrique, en Amérique latine, dans les Caraïbes et en Asie.
Soros était ouvertement actif dans la plupart de ces endroits,
oeuvrant à corrompre d’éventuels révolutionnaires en devenir, à
sponsoriser des hommes politiques, des intellectuels et toute autre
personne susceptible d’arriver au pouvoir lorsque l’agitation
révolutionnaire serait retombée. Selon James Petras : « A la fin des
années 1980, les secteurs les plus perspicaces des classes
néo-libérales au pouvoir comprirent que leurs menées politiques
polarisaient la société et suscitaient un ample mécontentement social.
Les politiciens néo-libéraux se sont mis à financer et à promouvoir
une stratégie parallèle ‘à partir de la base ‘, la promotion
d’organisations en quelque sorte ‘tirées du sol’, à l’idéologie
‘anti-étatique’ et censées intervenir parmi les classes
potentiellement conflictuelles, afin de créer un ‘tampon social’. Ces
organisations dépendaient financièrement de ressources néo-libérales et
étaient directement engagées dans la concurrence avec des mouvements
socio-politiques pour la fidélité des dirigeants locaux et des
communautés militantes. Dans les années 1990, ces organisations,
décrites comme ‘non gouvernementales’, se comptaient par milliers et
recevaient quelque 4 milliards de dollars pour l’ensemble de la
planète. »(48)

Dans Underwriting Democracy (Garantir la démocratie), Soros se vante
de « l’américanisation de l’Europe de l’Est ». Selon ses propres
dires, grâce à ses programmes d’éducation, il a commencé à mettre en
place tout un encadrement de jeunes dirigeants « sorosiens ». Ces
jeunes hommes et femmes issus du moule éducatif de la Fondation Soros
sont préparés à remplir des fonctions de ce qu’on appelle communément
des « personnes d’influence ». Grâce à leur connaissance pratique des
langues et à leur insertion dans les bureaucraties naissantes des pays
ciblés, ces recrues sont censées faciliter, sur le plan philosophique,
l’accès à ces pays des sociétés multinationales occidentales. 

Le diplomate de carrière Herbert Okun, qui siège en compagnie de
George Soros au Comité européen de Human Rights Watch, entretient
d’étroites relations avec toute une série d’institutions liées au
département d’Etat, allant de l’USAID à la Commission trilatérale
financée par Rockefeller. De 1990 à 1997, Okun a été directeur
exécutif d’une organisation appelée le Corps des bénévoles des
Sercvices financiers, qui faisait partie de l’USAID, « afin d’aider à
établir des systèmes financiers de marché libre dans les anciens pays
communistes ».(49) George Soros est en complet accord avec les
capitalistes occupés à prendre le contrôle de l’économie mondiale.

LA RENTABILITE DU NON-MARCHAND

Soros prétend qu’il ne fait pas de philanthropie dans les pays où il
pratique le commerce des devises.(50) Mais Soros a souvent tiré
avantage de ses relations pour réaliser des investissements clés. Armé
d’une étude de l’ICC et bénéficiant du soutien de Bernard Kouchner,
chef de l’UNMIK (Administration intérimaire des Nations unies au
Kosovo) , Soros a tenté de s’approprier le complexe minier le plus
rentable des Balkans.

En septembre 2000, dans sa hâte de s’emparer des mines de Trepca avant
les élections en Yougoslavie, Kouchner déclarait que la pollution
dégagée par le complexe minier faisait grimper les taux de plomb dans
l’environnement.(51) C’est incroyable, d’entendre une chose pareille,
quand on sait que l’homme a applaudi lorsque les bombardements de
l’Otan, en 1999, ont déversé de l’uranium appauvri sur le pays et ont
libéré plus de 100.000 tonnes de produits cancérigènes dans l’air,
l’eau et le sol.(52) Mais Kouchner a fini par obtenir gain de cause et
les mines ont été fermées pour des « raisons de santé ». Soros a
investi 150 millions de dollars dans un effort pour obtenir le
contrôle de l’or, l’argent, le plomb, le zinc et le cadmium de Trepca,
lesquels confèrent à cette propriété une valeur de 5 milliards de
dollars.(53)

Au moment où la Bulgarie implosait dans le chaos du « libre marché »,
Soros s’acharnait à récupérer ce qu’il pouvait dans les décombres,
comme Reuters l’a rapporté au début 2001 :

« La Banque européenne de Reconstruction et de Développement (BERD) a
investi 3 millions de dollars chez RILA [une société bulgare
spécialisée dans les technologies de pointe], la première société à
bénéficier d’un nouveau crédit de 30 millions de dollars fixé par la
BERD pour soutenir les firmes de high-tech en Europe centrale et de
l’Est. (…) Trois autres millions de dollars venaient du fonds
américain d’investissements privés Argus Capital Partners, sponsorisé
par la Prudential Insurance Company of America et opérant en Europe
centrale et de l’Est. (…)  Soros, qui avait investi quelque 3 millions
de dollars chez RILA et un autre million de 2001 (…) demeurait le
détenteur majoritaire. »(54)

CERNER LES PROBLEMES

Ses prétentions à la philanthropie confèrent à Soros le pouvoir de
modeler l’opinion publique internationale lorsqu’un conflit social
soulève la question de savoir qui sont les victimes et qui sont les
coupables. A l’instar d’autres ONG, Human Rights Watch, le porte-voix
de Soros sur le plan des droits de l’homme, évite ou ignore la plupart
des luttes de classes ouvrières organisées et indépendantes.

En Colombia, des dirigeants ouvriers sont très fréquemment assassinés
par des paramilitaires opérant de concert avec le gouvernement
sponsorisé par les Etats-Unis. Du fait que ces syndicats s’opposent à
l’économie néo-libérale, HRW garde à propos de ces assassinats un
relatif silence. En avril dernier, José Vivanco, de HRW, a témoigné en
faveur du Plan Colombia devant le Sénat américain (55) : « Les
Colombiens restent dévoués aux droits de l’homme et à la démocratie.
Ils ont besoin d’aide. Human Rights Watch ne voit pas d’inconvénient
fondamental à ce que ce soient les Etats-Unis qui fournissent cette
aide. »(56)

HRW met les actions des combattants de la guérilla colombienne, qui
luttent pour se libérer de l’oppression de la terreur d’Etat, de la
pauvreté et de l’exploitation, sur le même pied que la répression des
forces armées financées par les Etats-Unis et celle des escadrons
paramilitaires de la mort, les AUC (Forces colombiennes unies
d’autodéfense). HRW a reconnu le gouvernement de Pastrana et de ses
militaires, dont le rôle était de protéger les droits à la propriété
et de maintenir le statu quo économique et politique. Selon HRW, 50%
des morts de civils sont l’œuvre des escadrons de la mort tolérés par
le gouvernement.(57). Le pourcentage exact, en fait, est de 80%.(58)

HRW a validé les élections dans leur ensemble et l’accession au
pouvoir du gouvernement Uribe, en 2002.  Uribe est un parfait
héritier des dictateurs latino-américains que les Etats-Unis ont
soutenu dans le passé, bien qu’il ait été « élu ». HRW n’a pas eu de
commentaire à propos du fait que la majorité des habitants ont boycotté
les élections.(59)

Dans le bassin caraïbe, Cuba est un autre opposant au néo-libéralisme
à avoir été diabolisé par Human Rights Watch. Dans l’Etat voisin de
Haïti, les activités financées par Soros ont opéré de façon à venir à
bout des aspirations populaires qui ont suivi la fin de la dictature
des Duvalier, et ce, en torpillant le premier dirigeant haïtien,
démocratiquement élu,  Jean-Bertrand Aristide. Ken Roth, de HRW, a
abondé utilement dans le sens des accusations américaines reprochant à
Aristide d’être « antidémocratique ». Pour étayer son idée de la
« démocratie », les fondations de Soros ont entamé à Haïti des
opérations complémentaires de celles si inconvenantes des Etats-Unis,
telles la promotion par USAID de personnes associées aux FRAPH, les
fameux escadrons de la mort sponsorisés par la CIA et qui ont
terrorisé le pays depuis la chute de « Baby Doc » Duvalier.(60)

Sur le site de HRW, le directeur Roth a critiqué les Etats-Unis de ne
pas s’être opposés à la Chine avec plus de véhémence. Les activités de
Roth comprennent la création du Tibetan Freedom Concert (Concert pour
la liberté du Tibet), un projet itinérant de propagande qui a effectué
une tournée aux Etats-Unis avec d’importants musiciens de rock
pressant les jeunes à soutenir le Tibet contre la Chine.(61) Le Tibet
est un projet de prédilection de la CIA depuis de nombreuses
années.(62)

Récemment, Roth a réclamé avec insistance que l’on s’oppose au
contrôle de la Chine sur sa province riche en pétrole du Xinjiang.
Avec l’approche colonialiste du « diviser pour conquérir », Roth a
essayé de convaincre certaines membres de la minorité religieuse des
Ouïgours au Xinjiang que l’intervention des Américains et de l’Otan au
Kosovo contenait une promesse en tant que modèle pour eux-mêmes. Déjà
en août 2002, le gouvernement américain avait soutenu quelque peu
cette tentative également.

Les intentions américaines à propos de cette région sont apparues
clairement lorsqu’un article du New York Times sur la province de
Xinjiang, en Chine occidentale, décrivait les Ouïgours comme une
« majorité musulmane vivant nerveusement sous domination chinoise .
Ils « sont bien au courant des bombardements de la Yougoslavie par
l’Otan, l’an dernier, et certains les encensent pour avoir libéré les
musulmans du Kosovo; ils s’imaginent pouvoir être libérés de la même
manière ici ».(63) Le New York Times Magazine, de son côté, notait que
« de récentes découvertes de pétrole ont rendu le Xinjiang
particulièrement attrayant au yeux du commerce international » et, en
même temps, comparaît les conditions de la population indigène à
celles du Tibet.(64)

DES DEFICIENCES EN CALCUL

Lorsque les organisations sorosiennes comptent, elles semblent perdre
toute notion de vérité. Human Rights Watch affirmait que 500
personnes, et non pas plus de 2.000, avaient été tuées par les
bombardiers de l’Otan au cours de la guerre de Yougoslavie, en
1999.(65) Elles prétendent que 350 personnes seulement, et non pas
plus de 4.000, étaient mortes suite aux attaques américaines en
Afghanistan.(66) Lorsque les Américains ont bombardé Panama en 1989, 
HRW a préfacé son rapport en disant que « l’éviction de Manuel Noriega
(…) et l’installation du gouvernement démocratiquement élu du
président Guillermo Endara amenait de grands espoirs au Panama (…) ».
Le rapport omettait de mentionner le nombre de victimes.

Human Rights Watch a préparé le travail de terrain pour l’attaque de
l’Otan contre la Bosnie, en 1993, avec de fausses allégations de
« génocide » et de viols par milliers.(67) Cette tactique consistant à
susciter une hystérie politique était nécessaire pour que les
Etats)Unis puissent mener à bien leur politique dans les Balkans. Elle
a été réutilisée en 1999 lorsque HRW a fonctionné en qualité de
troupes de choc de l’endoctrinement pour l’attaque de la Yougoslavie
par l’Otan. Tout le bla-bla de Soros à propos du règne de la loi a été
oublié d’un seul coup. Les Etats-Unis et l’Otan ont imposé leurs
propres lois et les institutions de Soros étaient derrière pour les
soutenir.

Le fait de trafiquer des chiffres afin d’engendrer une réaction a été
une composante importante de la campagne du Conseil des relations
étrangères après le 11 septembre 2001. Cette fois, il s’agissait des
2.801 personnes tuées au World Trade Center. Le Conseil des relations
étrangères (CRE) se réunit le 6 novembre 2001 afin de planifier une
« grande campagne diplomatique publique ». Le CRE créa une « Cellule
de crise indépendante sur la réponse de l’Amérique au terrorisme ».
Soros rejoignit Richard C. Holbrooke, Newton L. Gingrich, John M.
Shalikashvili (ancien président des chefs d’état-major réunis) et
d’autres individus influents dans une campagne visant à faire des mots
du WTC des outils de la politique étrangère américaine. Le rapport du
CRE mit tout en œuvre pour faciliter une guerre contre le terrorisme.
On peut retrouver les empreintes de George Soros un peu partout, dans
cette campagne : « Il faut que les hauts fonctionnaires américains
pressent amicalement les Arabes amis et autres gouvernements musulmans
non seulement de condamner publiquement les attentats du 11 septembre,
mais également de soutenir les raisons et les objectifs de la campagne
antiterroriste américaine. Nous n’allons jamais convaincre les peuples
du Moyen-Orient et de l’Asie du Sud de la légitimité de notre cause si
leurs gouvernements restent silencieux. Il nous faut les aider à
éviter tout retour de flamme pouvant émaner de telles déclarations,
mais il faut que nous les convainquions de s’exprimer de vive voix.
(…) Encouragez les musulmans bosniaques, albanais et turcs à apprendre
à des auditoires étrangers à considérer le rôle des Américains dans le
sauvetage des musulmans de Bosnie et du Kosovo en 1995-1999 ainsi que
nos liens étroits et de longue durée avec les musulmans dans le monde
entier. Engagez les intellectuels et les journalistes du pays à
prendre la parole également, quels que soient leurs points de vue.
Informez régulièrement la presse régionale en temps réel pour
encourager des réponses rapides. (…) Insistez sur la nécessité de
faire référence aux victimes (et citez ces dernières nommément afin de
mieux les personnaliser) chaque fois que nous discutons de nos motifs
et de nos objectifs. »(68)

Bref, les déficiences sorosiennes en calcul servent à vanter et à
défendre la politique étrangère américaine.

Soros est très ennuyé par le déclin du système capitaliste mondial et
il veut faire quelque chose à ce propos, et maintenant, encore.
Récemment, il déclarait : « Je puis déjà discerner les préparatifs de
la crise finale. (…) Des mouvements politiques indigènes sont
susceptibles d’apparaître qui chercheront à exproprier les sociétés
multinationales et à reprendre possession des richesses
‘nationales’. »(69)

Soros suggère le plus sérieusement du monde un plan pour contourner
les Nations unies. Il propose que les « démocraties du monde devraient
prendre les rênes et constituer un réseau mondial d’alliances qui
pourraient travailler avec ou sans les Nations unies ». Si l’homme
était psychotique, on pourrait penser qu’il était en crise, à ce
moment précis. Mais le fait est que l’affirmation de Soros : « les
Nations unies sont constitutionnellement incapables de remplir les
promesses contenues dans le préambule de leur Charte » reflète la
pensée des institutions réactionnaires du genre de l’American
Enterprise Institute.(70) Bien que maints conservateurs font référence
au réseau de Soros comme étant de gauche, si l’on aborde la question
de l’affiliation des Etats-Unis aux Nations unies, Soros est
exactement sur la même longueur d’onde que les semblables de John R.
Bolton, sous-secrétaire d’Etat pour le Contrôle des Armes et les
Affaires de Sécurité internationale qui, en même temps que « de
nombreux républicains du Congrès, croient qu’il ne faut pas accorder
davantage de crédit au système des Nations unies ».(71) La droite a
mené une campagne de plusieurs décennies contre l’ONU. Aujourd’hui,
c’est Soros qui l’orchestre. Sur divers sites web de Soros, on peut
lire des critiques des Nations unies disant qu’elles sont trop riches,
qu’elles ne sont guère désireuses de partager leurs informations, ou
qu’elles se sont affaiblies dans des proportions qui  les rendent
impropres à la manière dont le monde devrait tourner, selon George
Soros, du moins.

Même les auteurs écrivant dans The Nation, des auteurs censés en
savoir beaucoup plus, ont été influencés par les idées de Soros.
William Greider, par exemple, a récemment découvert quelque pertinence
dans la critique de Soros disant que les Nations unies ne devrait pas
« accueillir les dictateurs de pacotille et les totalitaristes ni les
traiter en partenaires égaux ».(72)  Ce genre de racisme
eurocentrique constitue le noyau de l’orgueil démesuré de Soros. Quand
il affirme que les Etats-Unis peuvent et devraient diriger le
monde, c’est un plaidoyer pour le fascisme à l’échelle mondiale.
Pendant bien trop longtemps, les « progressistes » occidentaux ont
donné un blanc-seing à Soros. Il est probable que Greider et les
autres trouvent que l’allusion au fascisme est excessive, injustifiée
et même insultante.

Mais écoutez plutôt, et d’une oreille attentive, ce que Soros lui-même
a à dire : « Dans la Rome ancienne, seuls les Romains votaient. Sous
le capitalisme mondial moderne, seuls les Américains votent. Les
Brésiliens, eux, ne votent pas. »(73)


NOTES

1.      Dan Seligman, « Life and Times of a Messianic Billionaire »,
commentaires, avril 2002.

2.      Lee Penn, « 1999, A Year of Growth for the United Religions
Initiative. »
http://ad.doubleclick.net/adi/N1684.TMP3/
B103O723.3;sz=720x300;ord=6249?.

3.      Seligman.

4.      « Sir Karl Popper in Prague, Summary of Relevant Facts
Without Comment »,
http://www.lf3.cuni.cz/aff/p1_e.html.

5.      Radio Free Europe/Radio Liberty, Transcaucasia/Central Asia,
http://www.rferl.org

6.      George Soros, Soros on Soros, Staying Ahead of the Curve (New
York: John Wiley, 1995), p.26.

7.      « Hedge Funds Get Trimmed », Wall Street Journal, 1er mai
2000.

8.      Theodore Spencer, « Investors of the Century », Fortune,
décembre 1999.

9.      Jim Freer, « Most International Trader George Soros », Latin
Tradecom, octobre 1998,
http://www.latintrade.com/newsite/content/archives.cfm?StoryID=473.

10.  Busaba Sivasomboon, « Soros Speech in Thailand Canceled »,
information AP, 28 janvier 2001.

11.  Sivasomboon.

12.  George Soros, The Asia Society Hong Kong Center Speech,
http://www.asiasociety.org/speeches/soros.

13.  Soros on Soros, op.cit..

14.  George Soros, Open Society: Reforming Global Capitalism (New
York: Public Affairs, 2000).

15.  David Corn, « Bush and the Billionaire, How Insider Capitalism
Benefited W », The Nation, 17 juillet 2002.

16.  Soros on Soros, pp.122-25.

17.  Agence France-Presse, 8 octobre 1993.

18.  Marianne Yen, « Fund's Representatives Arrested in China »,
Washington Post, 8 août 1989, p.A4.

19.  Los Angeles Times, 24 novembre 1994, p.ASS.

20.  Chrystia Freeland, « Moscow Suspicion Grows: Kremlin Factions Are
at Odds Over Policy », Financial Times (Londres), 10 janvier 1995.

21.  Interfax Russian News, 6 novembre 1999.

22.  Irma Dezhina, « U.S. Non-profit Foundations in Russia, Impact on
Research and Education » :
http://www.jhu.edu/~istr/conferences/dublin/workingpapers/dezhina.pdf.

23.  « FSK Suspects Financing of Espionage on Russia's Territory »,
information AP, 18 janvier 1995.

24.  David Hoffman, « Proliferation of Parties Gives Russia a
Fractured Democratic System », Washington Post, 1er octobre 1995,
p.A27; Margaret Shapiro, « Russian Agency Said to Accuse Americans of
Spying », Washington Post, 14 janvier 1995, p.A17.

25.  Allan Turner, « Looking For Trouble », Houston Chronicle, 28 mai
1995, p.E1; Kim Masters, « Where Is Fred Cuny », Washington Post, 19
juin 1995, p.D1; Patrick Anderson, « The Disaster Expert Who Met His
Match », Washington Post, 6 septembre 1999, p.C9; Scott Anderson,
« What Happened to Fred Cuny? » New York Times Magazine, 25 février
1996, p.44.

26.  Scott Anderson, « The Man Who Tried to Save the World: the
Dangerous Life and Disappearance of Fred Cuny », Philanthropy
Roundtable, mars/avril 2002,
http://www.philanthropyroundtable.org/magazines/2000-01/hedges.

27.  « U.S.Blocks $500M Aid Deal for Russians », Wall Street Journal,
22 décembre 1999.

28.  Bob Djurdjevic, « Letters to the Editor », Wall Street Journal,
22 décembre 1999.

29.  « Open Society Institute », http://www.soros.org/osi/newyork.

30.  Connie Bruck, « The World According to Soros », New Yorker, 23
janvier 1995.

31.  Olga M. Lazin, « The Rise of the U.S. Decentralized Model for
Philanthropy, George Soros' Open Society and National Foundations in
Europe »,
http://www.isop.ucla.edu/profmex/volume6/1winter01/01lazin1.htm.

32.  David Ignatius, « Innocence Abroad: The New World of Spyless
Coups », Washington Post, 22 septembre 1991, p.C1.

33.  Patrick McCartney, « Study Suggests Drug Laws Resemble Notorious
Passbook Laws »,http://www.mapinc.org/drugnews/v00/n861/a06.

34.  McCartney.

35.  Voir Sean Gervasi, « Western Intervention in the USSR »,
CovertAction Information Bulletin, n° 39, hiver 1991-92.

36.  « The Cenasia Discussion List »,
http://www.eurasianet.org/resource/cenasia/hypermail/200102/0052.html.

37.  Bogdan Denitch, « The Case Against Inaction », The Nation, 26
avril 1999.

38.  « Biographies, 2002 Socialist Scholars Conference »,
http://www.socialistscholar.org/biographies.

39.  « Grants », http://www.soros.org/repro/grants.

40.  « East and Central Europe Program »,
http://www.newschool.edu/centers/ecep.

41.  Oxana Popovitch, « IREX Belarus Opens a New IATP Site in
Molodechno ».
http://www.iatp.net/archive/belarus.

42.  lan Traynor, « Belarussian Foils Dictator-buster... For Now »,
Guardian, 14 septembre 2001,
http://www.guardian.co.uk/international/story/0,3604,551533,00.html

43.  Steven Erlanger, « Kostunica Says Some Backers 'Unconsciously
Work for American Imperial Goals’ », New York Times, 20 septembre
2000; et « Bringing Down a Dictator, Serbia Calling », PBS,
http://www.pbs.org/weta/dictator/rock/serbiacalling.html

44.  Milosevic in the Hague, Focus on Human Rights, « In-Depth Report
Documents Milosevic Crimes », avril 2001,
http://www.hrw.org/press/2001/10/milocroat1029.htm.

45.  « About ICG », mai 2002,
http://www.intl-crisis-group.org/annual/2002/ICG2002.pdf.

46.  Macedonia Crimes Against Civilians: Abuses by Macedonian Forces
in Lluboten, 10-12 août 2001.

47.  Andrew Leonard. « The Man Who Bought the World », 28 février
2002, Salon.com.
http://archive.salon.com/tech/books/2002/02/28/soros/

48.  James Petras, « Imperialism and NGOs in Latin America », Monthly
Review, vol. 49, n° 7, décembre 1997.

49.  International Security Studies, « Herbert Okun »,
http://www.yale.edu/iss/peopleadvisoryboard1.

50.  Leonard.

51.  Edward W. Miller, « Brigandage », Coastal Post Monthly, Mann
County, CA, septembre 2000.

52.  Mirjan Nadrljanski, « Eco-Disaster in Pancevo: Consequences on
the Health of the Population », 19 juillet 1999,
http://www.gci.ch/GreenCrossPrograms/legacy/yugoslavia/Nadrljanski.html

53.  « Soros Fund Launches $150 MIn U.S.Backed Balkans Investment »,
Bloomberg Business News, 26 juillet 2000; Chris Hedges, « Below It All
in Kosovo », New York Times, 8 juillet 1998, p.A4.

54.  Galina Sabeva, « Soros' Sofia IT Firm Gets $9 Million Equity
Investment », Reuters, 23 janvier 2001.

55.  On Plan Colombia see: Manuel Salgado Tamayo, « The Geostrategy of
Plan Colombia », Covert Action Quarterly, n° 71, hiver 2001.

56.  « Colombia: Human Rights Watch Testifies Before the Senate »,
Human Rights Watch Backgrounder, 24 avril 2002,
http://www.hrw.org/backgrounder/americas/colombia-testimony0424.htm.

57.  « Colombia: Bush/Pastrana Meeting, HRW World Report 2001, Human
Rights News » (New York, 6 novembre 2001).

58.  Fairness and Accuracy in Reporting, Action Alert, « New York
limes Covering for Colombian Death Squads », 9 février 2001.

59.  Doug Stokes, « Colombia Primer Q&A on the Conflict and U.S.
Role », 16 avril 2002. Znet,
http://www.zmag.org/content/Colombia/stokes_col-primer.cfm.

60.  Interpress Service, 18 janvier 1995. Pour plus de références,
voir Jane Regan, « AIDing
U.S. Interests In Haiti », CovertAction Quarterly, n° 51, hiver
1994-95; et Noam Chomsky, « Haiti, The Uncivil Society », CovertAction
Quarterly, n° 57, été 1996.

61.  Sam Tucker, Human Rights Watch,
http://www.webactive.com/webactive/sotw/hrw.

62.  John Kenneth Knaus, Orphans of the Cold War (New York, BBS Public
Affairs 1999), p.236.

63.  Elisabeth Rosenthal, « Defiant Chinese Muslims Keep Their Own
Time », New York Times, 19 novembre 2000, p.3.

64.  Jonathan Reynolds (pseudonym), « The Clandestine Chef », New York
Times Magazine, 3 décembre 2000.

65.  « Lessons of War », Le Monde Diplomatique, mars 2000; Peter
Phillips, « Untold Stories of U.S./NATO's War and Media Complacency »,
http://www.converge.org.nz/pma/suntold.htm

66.  Marc W. Herold, « A Dossier on Civilian Victims of United States'
Aerial Bombing of  Afghanistan: A Comprehensive Accounting »,
http://www.ratical.org/ratville/CAH/civiDeaths.html

67.  « Rape as a crime against humanity, »
http://www.haverford.edu/relg/sells/rape.html

68.  « Improving the Public Diplomacy Campaign in the War Against
Terrorism », Independent Task Force on America's Response to
Terrorism, Council on Foreign Relations, 6 novembre 2001.

69.  William Greider, « Curious George Talks the Market », The Nation,
15 février 1999.

70.  « Oppose John Bolton's Nomination as State Department's Arms
Control Leader », Council for a Livable World , 11 avril 2001,
http://www.clw.org/bush/opposebolton.html

71.  Ibid.

72.  Greider.

73.  « The Dictatorship of Financial Capital », Federation of Social
and Educational Assistance (FASE), Brazil, 2002, http://www.fase.org.br


A PROPOS DE L’AUTEUR

Heather Cottin est écrivain, elle a été militante politique toute sa
vie et a pris récemment sa retraite en tant que professeur d’histoire
dans une école supérieure. Elle vit à Freeport, NY et, durant de
nombreuses années, a été mariée avec l’érudit et le militant Sean
Gervasi, aujourd’hui décédé.


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Traduit de l' anglais
par notre ami Jean-Marie FLEMAL,
avec tous mes remerciements !
Roger ROMAIN