[ In italiano, sul pestaggio subito da Collon nel 1999 per essersi
opposto ai bombardamenti della NATO, vedi:
http://it.groups.yahoo.com/group/crj-mailinglist/message/3577 ]


Michel Collon: Lettre ouverte à l'ex-bourgmestre de Bruxelles


1. Lettre ouverte à l'ex-bourgmestre de Bruxelles
2. Qui a protégé les flics brutaux de Bruxelles-Ville ?

M. Collon - Les minutes les plus longues de ma vie:
http://it.groups.yahoo.com/group/crj-mailinglist/message/3544


Source: Anti-imperialiste mailing list
Anti-imperialiste @ chiffonrouge.org
http://chiffonrouge.org/cgi-bin/mailman/listinfo/anti-imperialiste


=== 1 ===

Lettre ouverte à l'ex-bourgmestre de Bruxelles

Lettre envoyée personnellement à Monsieur de Donnéa, qui était
bourgmestre de Bruxelles en 1999, à l'époque des faits. Comme il n'a
pas répondu, je la lui réenvoie, publiquement. Les faits étant très
graves, peut-il se réfugier dans le silence ?

---

Liège, 21 mai 2004,

Monsieur de Donnea,

Prochainement (lundi 14 juin, 8h45), aura lieu au tribunal
correctionnel de Bruxelles (50ème chambre), le procès de deux policiers
bruxellois qui m'ont très violemment tabassé le 3 avril 1999, au moment
où aurait dû avoir lieu une manifestation pour la paix, contre
l'intervention de l'Otan en Yougoslavie.
Quatre côtes fracturées, de nombreuses contusions, une longue
immobilisation. (N.B. Voir mon courrier précédent "Les minutes les plus
longues de mon existence")
Vous étiez à l'époque bourgmestre de Bruxelles. Ces policiers
intervenaient donc sous vos ordres. Et après les faits, ils ont
continué à exercer leurs talents dans la police de Bruxelles. Je crois
qu'ils le font encore toujours.

Je me permets de vous interroger puisque vous étiez leur chef. Après
ces brutalités scandaleuses, vous êtes-vous informé auprès d'eux et
auprès de leurs supérieurs ? Les faits n'ont pu vous échapper, ils ont
été présentés par toutes les télévisions belges, et j'ai immédiatement
déposé plainte.
En fait, j'aimerais en avoir le coeur net : ces individus ont-ils agi
à l'encontre de vos directives, ont-ils donc été interrogés et
sanctionnés ? S'ils ne l'ont pas été, faut-il en déduire qu'ils
auraient été en quelque sorte, "couverts" ? Par qui ?
Ma question semble d'autant plus pertinente que vous aviez pris un
arrêté interdisant la manifestation. Arrêté qui fut jugé illégal et
annulé par le Conseil d'Etat, mais ce n'est pas l'objet de ma lettre.
Se peut-il que ces policiers se soient crus encouragés par votre arrêté
ou quelque autre phénomène créant une ambiance où on me présentait
comme un délinquant dangereux ?
Vous comprendrez l'importance de cette question. Le procès qui va
avoir lieu, doit établir la vérité, très importante à mes yeux et pour
beaucoup de gens soucieux de défendre nos libertés démocratiques.
Monsieur Bush nous annonce de nombreuses guerres, et la liberté de
manifester sera donc plus essentielle que jamais.

Si vous avez pris des initiatives à l'encontre de ces policiers, ou si
pour certaines raisons, vous n'avez pu le faire, ce sera un facteur
très intéressant pour déterminer la position à prendre. Sinon, que
penser ? Je tiens à être bien informé de votre point de vue.

En vous remerciant d'avance, Monsieur de Donnea, de la réponse que vous
m'apporterez.

Michel Collon

NOTE COMPLEMENTAIRE :
A l'époque, la Ville de Bruxelles était dirigée par une majorité MR -
PS - Ecolo. A ma connaissance, aucun de ces partis n'est intervenu
contre l'intervention illégale et brutale des policiers bruxellois.
Parce que tous approuvaient à tort les bombardements de l'Otan contre
la Yougoslavie, cela justifiait-il de bafouer ainsi la liberté de
manifester pour la paix ?

Audience ce lundi 14 juin, à 8 heures 45 au Palais de Justice de
Bruxelles, 50ème chambre correctionnelle. Ceux qui peuvent se libérer,
sont les bienvenus. Je pense qu'il est important de nous mobiliser
ensemble aujourd'hui pour faire respecter et garantir nos libertés
politiques de demain.

=== 2 ===

Qui a protégé les flics brutaux de Bruxelles-Ville ?

Vous trouverez ci-après la copie d'un article signé Gilbert Dupont dans
La Dernière Heure. Pour la première fois, un média belge lève le voile
sur des brutalités à répétition et d'autres illégalités commises par
des policiers de la Ville de Bruxelles.
L'un d'eux, Frank Van Impe, est justement l'un des deux policiers qui
m'ont arrêté arbitrairement et violemment tabassé (4 côtes fracturées)
en tant qu'organisateur d'une manifestation pour la paix en 99 (voir
mon courrier précédent Les minutes les plus longues de ma vie).
Ce média, classé à droite sur l'échiquier, n'a certes pas la réputation
de "casser du flic". Or, il montre clairement que ces policiers ont
multiplié les brutalités depuis des années. Il apparaît aussi qu'ils
ont bénéficié de protections.
Lundi prochain, devant la 50ème chambre du tribunal correctionnel, au
palais de Justice de Bruxelles (8h45), je demanderai non seulement que
justice soit faite envers ces brutes, mais aussi que soit éclaircie la
responsabilité de leurs chefs. Et j'apporterai d'autres révélations sur
des événements ultérieurs inquiétants.
Pourquoi durant cinq ans, ces flics brutaux et dangereux ont-ils été
maintenus en service et protégés ? On apprend maintenant qu'ils en ont
profité pour faire de nombreuses autres victimes. Monsieur de Donnea
était bourgmestre de Bruxelles lors des faits de 99. En protégeant ces
policiers, n'est-il pas responsable de ce qui est arrivé à leurs
victimes suivantes ? Le silence des responsables de la Ville de
Bruxelles pourra-t-il être maintenu indéfiniment ?

Toujours le même policier (La Dernière Heure, 11/06/2004)

Un policier convoqué comme témoin est depuis hier sous protection!

BRUXELLES Reprise, ce matin, devant la 52e chambre, du procès en
correctionnelle de trois policiers des stups de la police de Bruxelles,
le commissaire Welch et les inspecteurs Van Impe et Patrick D.W. pour
lesquels le parquet a déjà réclamé 12, 18 et 12 mois (sursis).

On attend un témoin exceptionnel - un policier dont le parquet a
demandé qu'il vienne avec une protection rapprochée: ce policier a
visiblement des choses à dire. Et lundi, le policier Van Impe et son
collègue Bernard J. comparaissent devant la 50e chambre pour deux
passages à tabac. L'un, en juin 2002, à la Bourse, pendant la Coupe du
Monde, d'un agent de la Stib.

L'autre, le 3 avril 1999, à Woluwe, lors d'une manif contre la guerre
en Yougoslavie. Manif interdite par le bourgmestre, interdiction
annulée par le Conseil d'Etat. Cinq manifestants dont un bon vieux prof
d'unif, Robert Franck, formaient une sorte de cordon. L'un d'eux,
Michel Collon, 52 ans, a été embarqué dans un combi de police. Collon
explique qu'une technique consiste à vous empoigner le sexe. Tout est
filmé.

Collon peut prouver ainsi qu'il est malmené, mais n'a rien quand il est
poussé dans le combi. Au commissariat, il faut faire venir un médecin,
le Dr De Cock, qui fait transférer Michel Collon aux Cliniques St-Luc.

Rapport du légiste, le Dr Frédéric Bonbled: quatre côtes fracturées.

Et pourtant, pendant des années, le juge ne veut rien entendre. Il
commence par prétendre qu'il n'est pas possible d'identifier les
policiers (qui pourtant ont été filmés...) puisqu'il est impossible de
déterminer le moment où M. Collon a été frappé (alors que ça s'est
passé dans le combi où ils étaient trois policiers dont un qui
conduisait). C'est ce que l'avocate Selma Benkhelifa fait remarquer à
la chambre du conseil: celle-ci ordonne au juge dit d'instruction de
procéder aux devoirs qui valent à présent à Frank Van Impe et à son
acolyte de s'expliquer lundi en correctionnelle pour coups et blessures
et arrestation arbitraire.

Dans le combi? «Ils ont commencé dès qu'on a démarré vers le
commissariat de Woluwe. En gros, le chauffeur prétend n'avoir rien vu
ni rien entendu. J'ai été menotté (liens en plastique) dans le dos et
jeté sur le plancher. Bernard J., assis, me maintenait et me frappait
méthodiquement, de façon répétée, à la tête, les poings serrés et les
phalanges à plat. Van Impe, debout mais courbé, me bourrait de coups de
pied dans le ventre et les côtes...»

Bilan, 4 côtes, une incisive cassée, des contusions multiples, trois
semaines d'immobilisation totale, etc.

Michel Collon a écrit au premier chef de la police d'alors. Et encore
tout récemment. Poliment. Pas de réponse. Collon fait remarquer que ces
policiers sont restés à la police de Bruxelles. Il s'inquiétait
d'apprendre qu'ils pourraient éventuellement recommencer... Et c'est
bien ce que les 50e et 52e chambres correctionnelles reprochent à Van
Impe sans que personne - ni bourgmestre ni direction de PolBru -
n'intervienne entre 99 et 2004. Au contraire, il y a 8 jours, leur
chef, le divisionnaire Lucien Vermeir, parle de «confiance à 100%».

Et Paul Dhaeyer, substitut, dit mercredi au procès que le Contrôle
interne de PolBru a manoeuvré pour disculper le policier et faire
accuser... un ex-gendarme à sa place!


Gilbert Dupont

© La Dernière Heure 2004

Audience lundi 14 juin, 8h45,50ème chambre correctionnelle, palais de
Justice de Bruxelles.