Parti communiste de Grèce (KKE) – Comité central

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Athènes, le 21 septembre 2005.

Chers camarades,

Par la présente, nous aimerions vous donner un peu plus de détails sur
notre position vis-à-vis du « Parti de la Gauche européenne » (PGE)
qui, comme vous en avez sans doute été informés, va tenir son premier
congrès à Athènes, ces 29 et 30 octobre 2005.

Les raisons pour lesquelles notre parti ne participe pas à ce projet
sont très bien connues : elles ont trait au contexte même de
l'existence de ce parti, aux relations qu'il entretient ou préconise
avec les institutions de l'Union européenne et, naturellement, à sa
plate-forme politique et idéologique.


Chers camarades,

La coopération et l'action commune entre les partis communistes et
ouvriers ainsi que les forces, mouvements et partis anti-impérialistes
en général est une condition essentielle au développement des luttes
et au basculement de l'équilibre négatif des forces en Europe et dans
le reste du monde. Cette coopération doit absolument s'améliorer et
reposer sur le respect de la souveraineté et de l'égalité dans les
relations entre partis.

Autant cela est essentiel et vital, à notre avis, autant il est
dangereux et néfaste pour l'état futur et actuel du mouvement de
constituer un rassemblement de forces différentes au sein d'un seul
parti, avec sa hiérarchie et ses partis « prépondérants », sous
l'égide et les lignes de conduite du centre impérialiste qui se nomme
Union européenne.

La création du PGE exprime, selon nous, la tendance à la capitulation
absolue face à l'équilibre négatif actuel des forces, tendance qui va
déboucher sur une nouvelle voie sans issue pour le mouvement ouvrier
et de gauche en Europe. Elle prône objectivement, sans tenir compte
des intentions et déclarations subjectives, l'acceptation fataliste
des limites posées par la « légitimité » impérialiste. Le PGE,
apparaît-il à la lecture de son manifeste et de ses statuts, rejette
les traditions communistes et l'expérience des révolutions socialistes
du 20e siècle, de même que la théorie du socialisme scientifique.

Dès sa fondation et jusqu'à présent, divers développements et
évidences, qui étayent cette position, se sont fait jour :

# Le programme du PGE ne fait en aucun cas référence au socialisme
comme étant son objectif.

# D'après ses documents, il est clair que sa fondation a été la
résultante d'un processus on ne peut plus opaque. Ces documents
établissent clairement sa relation avec la déviation en faillite
totale de l'« eurocommunisme » et son hostilité au mouvement
communiste et de libération.

# Il déclare ouvertement son hostilité au socialisme tel que nous
l'avons connu en Europe et en URSS au 20e siècle. Il rabaisse et
calomnie la contribution et le rôle de ce même socialisme. Il minimise
fortement les responsabilités de l'impérialisme dans le fascisme et la
guerre tout en dépréciant tout aussi fortement le rôle d'avant-garde
des partis communistes dans la résistance des peuples.

# Il reprend la position anticommuniste éculée affirmant que les
partis communistes étaient patronnés par des forces extérieures à
leurs pays respectifs et, plus particulièrement, par Moscou. Il
développe toute la discussion concernant la « condamnation du
stalinisme » et, simultanément, il reprend l'offensive anticommuniste
des classes dirigeantes à propos du 60e anniversaire de la victoire
sur le fascisme. Cela montre bien à quel point la composition de son
orientation idéologique est impliquée dans le courant anticommuniste
contemporain.

# Son absente choquante dans toute initiative visant à résister aux
machinations anticommunistes et antidémocratiques et son absence de
soutien à la lutte anti-impérialiste ne sont aucunement dues au
hasard. Il n'y a donc aucune réaction de sa part au fait que plusieurs
partis communistes en Europe sont illégaux. Aucune réaction à la
motion anticommuniste proposée à l'assemblée parlementaire du Conseil
de l'Europe en vue de l'exclusion des communistes aux élections. Pas
le moindre soutien non plus à l'un des événements anti-impérialistes
mondiaux parmi les plus importants, à savoir le 16e Festival mondial
de la Jeunesse et des Etudiants.

# Le PGE réfute le principe de base de l'égalité, du respect de la
souveraineté et de la non-intervention dans les affaires internes des
partis. Il prévoit l'« affiliation individuelle », discute « de la
façon dont les partis-membres nationaux garantissent la démocratie et
l'indépendance dans la formation des opinions en leur sein même ». Nul
ne sera étonné, dès lors, si l'on connaît déjà trois cas, jusqu'à
présent, où le PGE est intervenu dans les affaires internes de
certains partis-membres.

# À une époque où le traité constitutionnel est mort et qu'une
nouvelle dynamique positive émerge au sein de l'Europe en réfutant les
arguments prétendant que les peuples devraient « accepter l'Europe en
tant que réalité », le PGE est le premier à relancer cet argument et
parle de la nécessité de « propositions d'alternatives concrètes en
vue d'une autre constitution européenne ». Voilà qui remet la question
sur la table avant même que les dirigeants de l'UE osent la relancer.


Nous sommes d'avis que les éléments repris ci-dessus consolident notre
point de vue disant que le PGE emprunte la voie – l'impasse –
dangereuse menant à l'extinction de l'identité communiste et à
l'incorporation au sein des structures de l'UE. De la sorte, il
torpille les efforts de coordination et de coopération sur base
égalitaire des partis communistes, ouvriers et autres de gauche dans
leur opposition au centre impérialiste européen et, plus généralement,
au système capitaliste.


Chers camarades,

Durant cette période, dans notre pays ainsi qu'en Europe, des luttes
de classes acharnées se développent contre les lignes politiques
réactionnaires prônées par la stratégie de Lisbonne et la direction
générale de l'UE. La mise sur pied de ce congrès et la poursuite du
renforcement de cette formation pro-UE n'ont rien de positif à offrir
aux luttes qui se développent. Au contraire, cette formation va entrer
en conflit avec les espoirs et attentes placés par les travailleurs et
les jeunes dans les partis et forces communistes et anticapitalistes.


Avec nos salutations tout empreintes de camaraderie,

Dimitris Koutsoumpas,

membre du BP du CC du KKE

(traduit par Jean-Marie Flémal)