http://balkans.courriers.info/article7210.html

B 92

Slovénie : pogrom anti-tzigane dans la banlieue de Ljubljana

TRADUIT PAR PERSA ALIGRUDIC
Publié dans la presse : 28 octobre 2006
Mise en ligne : dimanche 29 octobre 2006

Tout a commencé par une rixe. Puis les habitants d’une petite commune
de la périphérie de Ljubljana ont chassé 35 Rroms dans les bois, dont
20 enfants, et leur ont interdit de revenir dans leurs propres
maisons. Les habitants exigent l’expulsion des Rroms pour des raisons
« sanitaires et sécuritaires », et menacent de boycotter les
élections municipales. Le gouvernement et les services publics
réagissent mollement.



Les Rroms du quartier de Decje Selo ont déjà passé deux nuits dans la
forêt où ils ont été expulsés par les habitants d’un village voisin,
Ambrus. Parmi les 35 Rroms, qui n’osent pas revenir dans leurs
habitations, il y a des femmes enceintes et 20 enfants âgés de 3 mois
à 15 ans.

Les représentants de l’association rrom de Novo Mesto se sont engagés
à fournir des tentes de la Croix Rouge et mentionnent que les Rroms
aimeraient regagner leurs maisons ou déménager si un nouvel
emplacement d’habitation leur était offert.

L’expulsion des Rroms met un point culminant aux protestations qui
durent depuis une semaine. Les habitants d’Ambrus exigent que les
Rroms quittent la zone pour des raisons sécuritaires et écologiques,
en menaçant de boycotter le deuxième tour des élections municipales
qui se tiennent ce dimanche en Slovénie. La révolte a été provoquée
par une rixe entre Jozeto Sinkovec d’Ambrus et un individu que l’on a
d’abord pris pour un Rrom. Par la suite, on a constaté qu’il ne
s’agissait pas d’un Rrom mais d’un Slovène, Roman Cmak, qui
séjournait provisoirement dans le quartier rrom. Sinkovec a été
transporté à l’hôpital après la rixe, tandis que Cmak a été arrêté
puis relâché. Cela n’a fait qu’ajouter à la colère des habitants qui
ont incendié le véhicule de Cmak. Les pompiers ont refusé d’éteindre
le feu.

Les protestations ont pris encore plus d’ampleur et les représentants
des autorités locales ont dit qu’ils allaient prendre les choses en
mains, ce que le ministre de l’Intérieur a jugé inacceptable et
illégal, en ajoutant que la police ne le permettrait pas. Malgré
cela, une baraque du quartier rrom a été mise à feu et, selon les
propos d’une Rrom, des actions visant à terroriser les Rroms se sont
poursuivies au cours de la nuit. Des voitures ont ainsi foncé à vive
allure vers le quartier rrom, en braquant leurs pleins phares sur les
baraques.

Effrayés, les Rroms se sont enfuis dans les bois qui se trouvent sur
le territoire de la commune voisine de Grosuplje dont les habitants,
après avoir été informés par les médias, ont exigé que les Rroms
quittent immédiatement leur territoire.

En cherchant un moyen de régler le problème, la proposition a été
faite d’installer les Rroms dans les bois de Kocevski, connus pour
leurs hivers rudes et leurs neiges abondantes, mais qui sont aussi
habités par les ours.

Le maire d’Ambruz a accusé toute la société pour ce problème, mais le
ministre de l’Environnement et de l’Aménagement du territoire a
rappelé que si la commune qui proteste n’a jamais obtenu des fonds de
l’Etat pour régler le problème des Rroms, c’est qu’elle ne les a
jamais demandé, bien que ces fonds existent et qu’ils soient
uniquement prévus à cette fin. ? ?Le ministre de l’Education pense
que les exigences de déplacement inconditionnel des Rroms sont
inadmissibles et qu’au XXIème siècle, on ne peut pas permettre des
expulsions sous la contrainte, en rappelant que parmi les Rroms, se
trouvent des enfants soumis à l’obligation de scolarité.

Le médiateur de la République a accusé l’Etat slovène, qui diffère
depuis des années son obligation de préparer et de mettre en
application un projet d’intégration des Rroms. L’État laisse aux
communautés locales le soin de s’occuper de cette intégration ce qui,
comme on le voit actuellement, cause des conflits.

Environ 10 000 Rroms vivent en Slovénie, dans 90 quartiers et villages.