(The original text, in english: "Blair's other illegal war", at
http://commentisfree.guardian.co.uk/neil_clark/2007/01/
blairs_earlier_illegal_war.html
or http://it.groups.yahoo.com/group/crj-mailinglist/message/5254 )


http://www.michelcollon.info/articles.php?dateaccess=2007-01-20%
2006:38:07&log=invites

L'autre guerre illégale de Blair : la Yougoslavie

Neil Clark


«Sortez le champagne et les cigares! Finalement Tony Blair sera jugé
pour crimes de guerre ... mais pas au tribunal. Il le sera en tout
cas à la chaîne de télévision Channel 4 .
Mais s'il est agréable de voir sur le banc des accusés Blair, ou son
portrait tel que brossé par Robert Lindsay, pourquoi le premier
ministre britannique est-il accusé uniquement d'avoir commencé une
guerre illégale?

18 janvier 2007, The Guardian

Quatre année avant le déclenchement de l'opération «Chock and
Awe» («Choc et effroi») [N. du T. : campagne de bombardements US
contre l’Irak - Bagdad - 2003], Blair avait joué un rôle crucial dans
un autre acte d'agression internationale, qui, comme la guerre en
Irak, était également basée sur de faux prétextes.
L'agression de 1999 contre la Yougoslavie violait de façon flagrante
le droit international. Seul le Conseil de sécurité de l'ONU a, en
effet, le droit d'autoriser une action militaire contre un pays
souverain, et, dans ce cas, le Conseil de sécurité de l'ONU n'avait
pas été consulté. L'attaque violait également la Charte de l'OTAN
(Organisation du traité de l'Atlantique Nord), qui ne permettait
l'utilisation de la force que si un État membre était attaqué.
Le «casus belli» en question, était, selon les allégations de Blair,
que la Yougoslavie avait "perpétré un génocide de type hitlérien
équivalent à l'extermination des juifs au cours de la Seconde guerre
mondiale'' contre la population d'origine albanaise dans la province
de Kosovo.
Il n'y avait pas de preuve à ce moment-là pour appuyer ces
allégations, et il n'y en a certainement pas aujourd'hui. Plus de 100
témoins de l'accusation ont comparu au procès de Milosevic à La Haie,
et pas un seul n'a prouvé que l'ancien président de la Yougoslavie
ait donné l'ordre de perpétrer un génocide ou de commettre quelque
crime ou acte de violence que ce soit contre la population civile du
Kosovo. Au contraire, un capitaine musulman de l'armée yougoslave a
déclaré en cour qu'aucun membre de son unité n'avait commis d'actes
de harcèlement systématique contre des civils albanais au Kosovo, et
qu'il n'avait jamais entendu dire que de tels actes ait été commis
dans d'autres unités, alors que l'ancien chef de la sécurité de
l'armée yougoslave, le général Geza Farkas (yougoslave d'origine
hongroise), a affirmé que tous les soldats yougoslaves au Kosovo
avaient reçu un document expliquant les dispositions du droit
humanitaire international et l'ordre de désobéir à toute consigne
violant ces dispositions.
En fait, la soi-disant "crise du Kosovo" avait été inventée de toutes
pièces, tout comme la "crise des armes de destruction massive" contre
l'Irak quatre années plus tard. L'Occident avait encouragé un groupe
terroriste, l'UCK (Armée de libération du Kossovo - Ushtria
Clirimtare e Kosovës, UCK) à se livrer à des actes de provocation
contre les autorités yougoslaves, et quand Belgrade avait riposté par
des actions anti-terroristes, les États-Unis et la Grande-Bretagne
étaient prêts à soumettre un document à la prétendue "conférence de
paix" de Rambouillet, qui, comme l'avait admis le ministre de la
Défense, Lord Gilbert, avait été conçu de façon à être rejeté par les
Yougoslaves.
Pourquoi a-t-on fait tout cela? Le parlement croupion de Yougoslavie
n'a pas été ciblé pour des raisons "humanitaires" - comme le
croyaient beaucoup de libéraux de gauche en se trompant - mais
simplement parce qu'il s'y opposait. Ne me croyez pas, si vous le
voulez, mais écoutez ce que George Kenney, du Département d'État des
États-Unis a déclaré : «Dans l'Europe d'après-guerre, il n'y avait
plus de place pour un État socialiste de grande taille, ayant des
points de vue indépendants et résistant à la mondialisation.»
La guerre illégale contre la Yougoslavie peut n'avoir pas conduit à
autant de bains de sang et de carnages que le conflit en Irak, mais
son importance ne doit pas être sous-estimée. Pour la première fois
depuis l'invasion de la Tchécoslovaquie en 1968 par les chars
d'assaut du Pacte de Varsovie, un État européen, qui n'en menaçait
aucun autre, a été attaqué.
Un précédent dangereux, celui d'avoir foulé aux pieds le droit
international, a ainsi été établi. À quel point dangereux? C'est ce
que nous allions voir quatre années plus tard en Irak.


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blairs_earlier_illegal_war.html.printer.friendly
(Traduction par le «Collectif de traduction de Montréal»)