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Subject: [icdsm-italia] "Une mort naturelle provoquée" : Gallois et
Verges sur le soi-disant "TPI"
Date: April 22, 2006 5:37:01 PM GMT+02:00
To: icdsm-italia @yahoogroups.com, aa-info @yahoogroups.com


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08:49&log=invites

Ce que cache le TPI pour l'ex-Yougoslavie

Général Gallois

Le soi-disant Tribunal Pénal pour l’ex-Yougoslavie – ou TPI – s’il ne
dit pas le Droit, s’est attribué tous les droits. Non seulement il
désigne lui-même les futurs accusés, non seulement il intrigue pour qu’
ils lui soient livrés, non seulement il les torture moralement, et même
physiquement, durant de nombreuses années – près de cinq ans pour
Slobodan Milosevic – mais s’il ne réussit pas à instruire l’affaire en
cours conformément aux souhaits de ses commanditaires, il provoque l’
exécution de la sentence qu’il cherchait à justifier. Dans les geôles
de La Haye on en est au quatrième décès.

Certes, on n’en est pas encore, à La Haye, au traitement des
prisonniers comme c’est le cas à Abou Graïb ou à Guantanamo, mais le
TPI ne s’embarrasse pas des exigences du Droit tel que le passage des
siècles a fini par le définir dans les démocraties occidentales. On s’y
réfère à un droit particulier et on adopte des procédures spéciales qui
“arrangent“ l’accusation (par exemple l’audition de témoins à charge
masqués afin que l’accusé ne puisse savoir qui dépose contre lui).
Le TPI se dit tribunal international, ce qu’il n’est pas. Il n’est
international que par la nationalité des juges. Il ne peut s’exprimer
au nom des peuples, mais seulement dans l’intérêt des pays de l’OTAN,
agresseurs armés de la Serbie. Il est l’instrument de la justice des
plus forts, militairement. En effet, il a été créé en mai 1993, par une
décision du Conseil de Sécurité de l’ONU, à l’initiative des Etats-Unis
et bien avant que se fussent déroulés la plupart des évènements à
propos desquels il entend faire œuvre de justice. C’était une arme de
guerre destinée, avec les apparences de la justice, à affaiblir la
future victime de l’agression. A l’origine, le TPI fut financé par des
fonds privés, puis par les pays de l’OTAN, les Etats-Unis à leur tête.
Le TPI fait donc partie du dispositif général mis sur pied pour
balkaniser les Balkans.
Bien avant la disparition du maréchal Tito, Bonn préparait la
dislocation de la Yougoslavie – et souhaitait celle de la
Tchécoslovaquie – témoins gênants des défaites de l’Allemagne. Et ne
fallait-il pas punir les Serbes pour avoir à deux reprises résisté aux
armées allemandes ? Quant aux Etats-Unis, à partir de 1994, ils ont vu,
dans une intervention militaire, l’occasion de mettre en évidence les
carences des alliés européens, la nécessité, pour ces derniers, de
recourir à l’OTAN et aussi la faiblesse de Moscou, à l’époque, empêtré
dans son passage de l’économie planifiée à l’économie de marché. De
surcroît, en créant une fédération croato-musulmane et un nouvel Etat à
dominante islamique en Europe, en se rangeant aux côtés des Albanais et
des Kosovars musulmans, Washington se concilierait les bonnes grâce des
pétroliers arabes et compenserait le soutien fourni sans relâche à l’
Etat d’Israël.
Aussi, à peine l’encre du traité de Maastricht était-elle séchée, qu’
en décembre 1991 le ministre des Affaires étrangères allemand, M. H. D.
Genscher, contraignait-il ses partenaires à reconnaître l’indépendance
de la Slovénie et de la Croatie, réunissant les conditions de la guerre
civile, l’Allemagne armant les républiques sécessionnistes.
Ces dispositions prises, restait à monter une vaste campagne de
désinformation afin de rallier l’opinion à l’opération projetée. L’
Occident y excelle. Il a démontré sa compétence en la matière aussi en
Irak : armes de destruction massive, liens avec Al Qaeda, uranium du
Niger... autant de mensonges, légitimant le saccage du pays. En ce qui
concerne les Balkans ce furent successivement, les camps de détention,
les viols massifs, le nettoyage ethnique, les attentats au mortier etc.
en faisant silence sur le fait que c’étaient les Serbes qui étaient
chassés des terres de Slovénie, de Croatie, de Bosnie et du Kosovo sur
lesquelles ils avaient vécu durant des siècles. Ils n’ont pas été les
auteurs de la “purification ethnique” mais les victimes (il a fallu que
ce soit un ministre français qui donne le coup de pied de l’âne – au
propre et au figuré – le Quai d’Orsay déclarant que cette épuration
“Milosevic l’avait voulue, planifiée avec détermination”). Le
politiquement conforme n’a pas à s’embarrasser de la vérité.
Les militaires alliés commandant en Yougoslavie avaient honnêtement
dit la vérité. Ils furent priés de se taire ou déplacés. Le général
Michael Rose avait démontré, son radar Cimberline à l’appui, que les
tirs meurtriers ne pouvaient provenir du camp serbe, à Sarajevo – comme
on le proclamait – mais des positions occupées par les musulmans,
lesquels réclamaient, et obtenaient, que l’on sanctionnât les Serbes.
Petite lueur de vérité dans un océan de ténèbres mensongères.
La mort de Milosevic fournit aux médias l’occasion de se montrer
“politiquement conformes” en écrivant l’Histoire telle qu’elle convient
au pouvoir. Ce n’est pas un excès de nationalisme que l’on peut
reprocher à l’ex-président défunt mais d’avoir cru qu’il pouvait s’
accommoder des exigences de la politique germano- américaine dans les
Balkans. C’est cette politique qui dicte ses devoirs à ce soi-disant
tribunal international. Et c’est cette politique qui aurait dû être
jugée.

Pierre- Marie GALLOIS.

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08:46&log=attentionm

Jacques Vergès : "Un jour l'opinion se réveillera"

Silvia Cattori

Entretien réalisé par Silvia Cattori avec Maître Jacques Vergès.

"Le TPI est une institution illégale"
Paris, 14 mars 2006.

A l’heure où tant de gens peinent à comprendre le silence de leurs
autorités face aux victimes qui, en Irak, en Afghanistan, en Palestine,
mais aussi chez nous, sont laissées sans protection, nous croyons que
des voix comme celle de Maître Vergès sont importantes.

Silvia Cattori - Vous connaissiez M. Milosevic. Qu’avez-vous ressenti
à l’annonce de son décès ?

Jacques Vergès : Je suis son avocat, un parmi d’autres. Qu’ai-je
ressenti ? J’ai ressenti de l’indignation parce que, manifestement, c’
est une mort que l’on a voulue. De ce point de vue, c’est un
assassinat. M. Milosevic était très malade. On lui a imposé des séances
harassantes qui se terminaient après l’heure de la promenade
journalière, qui consistait à faire les cent pas, dans la cour de la
prison. Au début de cette année il a été très malade ; il a demandé à
se faire soigner en Russie. Nous ne sommes plus au temps de la guerre
froide. Les Russes avaient promis de le garder entre les mains de la
justice, de ne pas lui permettre de s’évader. Le Tribunal Pénal
International a refusé qu’il se fasse soigner en Russie. A cet homme
qui avait besoin de soins urgents, on les lui a refusés, avec au bout
sa mort. Aujourd’hui, l’autopsie dit qu’il est mort d’un infarctus, que
c’est une mort naturelle. Ce n’est pas vrai. Des morts naturelles
peuvent être provoquées. Pendant la guerre d’Algérie, j’ai été désigné
par les nièces d’un Monsieur qui venait d’être arrêté. Je leur ai dit
que j’allais intervenir auprès des autorités pour qu’il ne soit pas
torturé et elles ont dit « mais il ne s’agit pas de tortures, il s’agit
de sa vie, il est diabétique et a besoin d’une piqûre d’insuline tous
les jours, sans quoi il meurt ». Il serait mort de mort naturelle. Dans
le cas de M. Milosevic, même si l’on ne trouve pas de trace de poison,
il est mort d’une mort naturelle, mais d’une mort naturelle provoquée.
On me dit : mais pourquoi ceci ? Parce que, premièrement, c’était un
homme qui était courageux, qui se défendait seul devant le tribunal, et
on voulait le briser, au risque de le tuer. Eh bien, on l’a tué. C’est
pourquoi je dis que ce tribunal est un tribunal d’assassins.

S.C.- En n’accordant pas au prévenu le respect auquel tout prisonnier
a droit, fut-il un criminel, Mme Carla del Ponte a-t-elle donc failli
?

Jacques Vergès : Oui, on a refusé à M. Milosevic le respect que l’on
doit à tout prisonnier. En France, nous avons un ancien ministre, M.
Papon, qui a été condamné pour crimes contre l’humanité. Il s’est senti
malade. Des médecins ont fait leur constat, et on l’a mis en liberté.
Il a été traité humainement.

S.C.- N’avez-vous aucune considération pour le TPI ?

Jacques Vergès : Le Tribunal Pénal International est une institution
illégale qui a été décidée par le Conseil de Sécurité qui n’a aucun
pouvoir judiciaire. On ne peut pas déléguer un pouvoir que l’on n’a
pas. Seule l’Assemblée pouvait décider cela. Deuxièmement, ce tribunal
n’a pas de loi. En France ou en Suisse, quand vous allez devant un
tribunal, il y a un code de procédure que l’on applique. Pour le TPI,
il n’y a pas de code de procédure. Le TPI change la procédure selon les
besoins qu’il éprouve. La procédure, en ce qui concerne M. Milosevic, a
été changée vingt-deux fois. Troisièmement, ce tribunal s’occupe de
faits antérieurs à sa création, ce qui est illégal. Cela s’appelle « la
rétroactivité de la loi pénale », procédé qui est parfaitement
contraire à toutes les règles démocratiques. Ce tribunal admet que des
témoins puissent témoigner masqués. Quel débat contradictoire est-il
encore possible ? ! Ce tribunal dit que, dans certains cas, la rumeur
publique suffira comme preuve. Or, nous savons à quel point la rumeur
publique est lourde d’erreurs et de manipulations. Enfin, pour
couronner le tout, le tribunal accepte des dons : 14 % du budget du TPI
provient de dons. Par exemple, M. Soros, qui est un adversaire de la
Serbie, contribue aux payements du salaire des juges. Que diriez-vous
si vous deviez comparaitre devant un tribunal payé par une chaîne
hôtelière ou par une chaîne d’épicerie ?

S.C.- N’y a-t-il plus de légalité internationale ? Quelle confiance,
par conséquent, les faibles peuvent-ils encore avoir en la justice ?

Jacques Vergès : Ecoutez, la légalité internationale ? Vous avez
entendu parler de Guantanamo. Quelle légalité ! ? Vous avez encore
appris quelque chose qui est pire que Guantanamo : que des services
secrets américains auraient, en Europe, des prisons où on envoie des
gens pour y être torturés sans que cela se sache. On a avancé les noms
de pays comme la Pologne et la Roumanie.

S.C.- Comment cela se fait-il que la France ou l’Europe ne tapent pas
du poing sur la table face à la gravité des violations auxquelles le
monde assiste ?

Jacques Vergès : Là-dessus, le souhait que j’aurais est que des pays
comme la France s’y opposent mais, malheureusement, ce n’est pas le
cas. Déjà, de sa part, s’être opposé à la guerre contre l’Irak, je
considère que c’est une grande chose, c’est inespéré. Les Etats- Unis
détiennent des gens à Guantanamo en-dehors de toute légalité. Ces
détenus ne dépendent même pas de la loi américaine. On a vu également,
à la prison d’Abou Graib, comment la torture n’était plus un instrument
d’interrogatoire mais un instrument d’abaissement de la dignité
humaine. En Algérie, quand les Français torturaient, ce qui était
ignoble, c’était, disaient-ils, pour avoir des renseignements. Mais
quand, comme cela s’est vu, une jeune Américaine rit en traînant par
une laisse un homme nu agonisant, ce n’est pas pour chercher des
documents, c’est pour l’assimiler à une bête. Là, nous assistons à une
époque d’ensauvagement de l’humanité.

S.C.- En ne condamnant pas les Etats-Unis et la Grande Bretagne,
durant les années où ces pays ont bombardé en Irak, en violation du
droit, la zone appelée « No fly zone », l’ONU ne s’est-elle pas rendue
complice des préparatifs de cette guerre ?

Jacques Vergès : Bien sûr. Aucune instance n’a vraiment condamné les
mauvais traitements de ces prisonniers. Toutefois, la guerre contre l’
Irak, l’ONU ne l’a pas votée. Les Américains ont engagé cette guerre
sur un mensonge. Tout le monde savait très bien que Saddam Hussein n’
avait pas d’armes de destruction massive. Et la guerre a quand même été
menée sous ce faux prétexte. Et personne ne condamne les agresseurs. D’
autre part, il y a eu l’embargo, entre les deux guerres ; embargo qui a
causé la mort de cinq cent mille enfants. C’est l’OMS qui le dit. Quand
on demande à Mme Albright ce qu’elle en pense, elle dit « C’est le prix
de la démocratie ». Est-ce qu’un régime, quel qu’il soit, mérite le
sacrifice de cinq cent mille enfants ? Les criminels contre l’humanité,
c’est parmi les grandes puissances occidentales qu’on les trouve.

S.C- Les gens se souviennent de la période où les médias vous ont
qualifié de « nazi », de « terroriste », pour avoir défendu Barbie et
Carlos. Cela ne vous dérange-t-il pas quand on vous traîne dans la boue
?

Jacques Vergès : Non.

S.C.- Et quand on vous traite « d’antisémite » cela vous laisse-t-il
indifférent ?

Jacques Vergès : Ecoutez, du moment que cela n’est pas vrai, cela me
laisse indifférent.

S.C.- Mais la rumeur peut détruire des carrières !

Jacques Vergès : Je vis dans un pays qui s’appelle la France. Il
existe une tradition en France : le Français a une tendance à se sentir
seul contre l’establishment. Il est pour d’Artagnan, pour Mandrin. Un
jour, je sortais de la cour d’Assise d’Aix. Je traversais le petit
marché qui se tient aux abords du Palais de justice. Un confrère m’a
dit : « Tu vois, quand les gens te reconnaissent cela ne m’étonne pas ;
ce qui m’étonne c’est la manière dont ils te saluent ; ce n’est pas un
notable qu’ils saluent, c’est un complice. Alors, Maître, on continue
»

S.C.- A part vous, il y a des nombreuses personnes qui sont accusées «
d’antisémitisme », d’être « anti-juives », qui est un délit qui pèse
plus lourd que si l’on est accusés de « racisme », d’être « anti-arabes
» !

Jacques Vergès : Actuellement, on ne me traite plus d’antisémite. Ma
plaidoirie a été publiée et diffusée à la télévision ; on a bien vu que
je n’avais pas tenu de discours « antisémite ». Le problème des médias,
vous le connaissez : les médias hurlent avec les loups. Ils considèrent
que c’est leur fonction. Je disais, au moment du procès Barbie, à un
journaliste de télévision : le service que vous pourriez me rendre c’
est de publier ma photo tous les jours dans votre journal en disant «
cet homme est un salaud ». Les Français ne sont pas assez bêtes et ils
décrypteront votre message et se diront : si on l’insulte tant c’est
que c’est un type bien.

S.C.- Vous croyez vraiment que les gens soumis au matraquage
médiatique savent faire la part des choses ?

Jacques Vergès : A la longue, oui.

S.C.- Vous avez connu des personnalités comme Tarek Aziz que beaucoup
respectaient. Elles sont aujourd’hui traitées comme des chiens, livrées
à la torture. Comment vivez-vous, en votre for intérieur, cette
violence des Etats faite au nom « des droits humains et de la
démocratie » qui a déjà fait tant de victimes, causé tant de
souffrances ?

Jacques Vergès : Comme la grande imposture. Nous vivons une période de
sauvagerie et d’imposture. Saddam Hussein était l’allié de l’Occident
puis, un jour, on a pensé qu’il était trop fort et on a décidé de l’
abattre. Et ensuite on l’a abattu sur des mensonges. On le reconnaît
aujourd’hui. Et puis on nous dit que l’on se bat pour les droits de l’
homme mais on n’a jamais autant humilié et bafoué les hommes que dans
les prisons américaines, en Irak et à Guantanamo. On est allé en
Afghanistan pour vaincre les Talibans et le résultat est que la
production d’opium a été multipliée par dix. On menace l’Iran, en
disant que l’Iran ne doit pas avoir la bombe atomique. Il ne doit même
pas être soupçonné d’avoir les moyens de faire la bombe nucléaire.
Alors que l’Iran a deux voisins qui l’ont déjà : le Pakistan d’un côté
et Israël de l’autre. Pourquoi ces deux pays ont-ils droit à la bombe
et l’Iran non ? Ne cherchez pas de réponses. Ce sont des décisions des
puissants du moment.

S.C.- Imaginez-vous que l’on puisse modifier le cours des choses ?

Jacques Vergès : En 1941, en Europe, on pouvait prévoir que les choses
changeraient si Hitler faisait une folie. La folie, il l’a commise : il
a attaqué l’Union soviétique et il a été vaincu. Je pense que tout cela
va se terminer par une folie et, malheureusement, un grand massacre. A
ce moment là, il sera mis fin à cet état d’hypnose dans lequel vit le
monde. On sait très bien, par exemple, que, si les Etats-Unis attaquent
l’Iran, nous assisterons à une confrontation extrêmement grave dans
tout le Moyen-Orient. Avec même des conséquences dans les pays
occidentaux, avec le cours du pétrole. C’est pour cela du reste qu’ils
hésitent tellement !

S.C.- Donc ces guerres « dites préventives », voulues même par des
personnalités qui se disent humanitaires, comme Pascal Bruckner et
Bernard Kouchner, par exemple, ne mènent pas vers le meilleur des
mondes !

Jacques Vergès : Non. Vous n’avez qu’à voir, actuellement, cette
prétendue « guerre contre le terrorisme ». Qu’est-ce que c’est que le «
terrorisme » ? Ce n’est pas une entité. J’ai fait la guerre dans l’
armée française libre ; j’étais artilleur. L’artillerie n’était pas une
entité. Il n’y avait pas une artillerie contre une infanterie. Il y
avait une artillerie allemande et une artillerie française. Les «
terroristes » sont différents entre eux. Les gens de l’IRA et les gens
d’Al Quaida ne sont pas les mêmes. Les gens de l’ETA et les Corses ne
sont pas les mêmes. Mais, au nom du « terrorisme », on justifie tout.

S.C.- Pour les peuples sous occupation ou agressés, n’y a-t-il pas un
droit international à se défendre ?

Jacques Vergès : Cela s’appelle la résistance. Le mot terrorisme a été
utilisé pour la première fois, en France, par les Allemands, pendant l’
occupation.

S.C.- Comment expliquer, dès lors, que le Parlement européen ait
inscrit - avec l’accord de tous les partis, de l’extrême gauche à la
droite - le mouvement du Hamas sur la liste des « organisations
terroristes » à la demande d’Israël et des Etats-Unis ?

Jacques Vergès : Parce que, à mon avis, on vit sur une équivoque.
Quand on examine les crimes de l’Allemagne nazie, je disais, au cours
du procès Barbie : « avant de le juger, essayez de balayez devant votre
porte ». La Gestapo a commis moins de crimes en France que la France n’
en a commis en Algérie. Ou bien que les Russes n’en ont commis en
Afghanistan, ou que les Américains n’en ont commis au Vietnam. Et on me
répond « non, nous sommes une démocratie ». Mais une démocratie est
capable de crimes. Il y a cette équivoque : la démocratie ne serait pas
capable de crimes ! Au contraire. Près de la Nouvelle Zélande, vous
avez une île qui est plus grande que la Suisse, la Tasmanie ; il n’y a
plus de Tasmanie. La dernière tasmanienne est morte en 1977, détruite
par les colons anglais. Prenez les Peaux Rouges, les Incas, les
Aztèques, tous ont été détruits ; c’étaient des civilisations
florissantes. Donc, les démocraties sont capables de crimes aussi bien
que les dictatures. Avec des circonstances aggravantes dans le cas des
démocraties : c’est que l’opinion est avertie. On me dit « mais il y a
la liberté de la presse ». Mais alors, cela aggrave la responsabilité
de l’opinion.

S.C.- Je crois que l’opinion n’est pas avertie !

Jacques Vergès : Pendant la guerre d’Algérie, la torture, nous la
dénoncions. A Abou Graib, tout le monde est censé savoir ce qui s’est
passé, les photos sont passées sur les télévisions.

S.C.- L’opinion a été pré-conditionnée : ne lui a-t-on pas présenté la
guerre comme « un moindre mal » ?

Jacques Vergès : Mais l’histoire « du moindre » mal n’excuse pas cette
inhumanité gratuite, et l’opinion le sait, et l’opinion démocratique n’
a pas réagi.

S.C.- Auriez-vous pu imaginer, il y a quinze ans, que les choses se
passeraient de la sorte ?

Jacques Vergès : Oui, à partir de la chute du mur et de la chute de l’
URSS, où les Etats-Unis se retrouvaient être les seul maîtres, avec, à
leur tête, des dirigeants incultes. Ce n’est pas étonnant que les
dirigeants allemands et français aient été contre la guerre en Irak. La
France et l’Allemagne ne sont pas des îles. Chirac a une expérience du
monde arabe. Il était officier en Algérie, il sait ce que c’est qu’une
guerre de libération. Les Américains ne savent pas. L’Amérique est une
île. La couche éclairée de la côte Ouest et Est, peut-être, le savent.
Mais l’Amérique profonde, du Nebraska à l’Arkansas, l’ignore. Je disais
à des Serbes, à Belgrade : comment voulez-vous expliquer à un type de l’
Arkansas que le Kossovo est le berceau de votre nation ? Eux, ils n’ont
pas de nations. Ils n’ont pas d’histoire.

S.C.- Voulez-vous dire que les barbares sont de retour ?

Jacques Vergès : Oui, bien sûr. Je pense que jamais l’humanité n’a
vécu une époque aussi sauvage qu’aujourd’hui. En Europe, il y avait
certaines règles ; aujourd’hui on ne les respecte plus.

S.C.- Qui peut faire contrepoids à l’unique superpuissance américaine
?

Jacques Vergès : Au point de vue militaire, personne. Mais au point de
vue économique, beaucoup de pays le peuvent. La guerre n’est plus
seulement militaire aujourd’hui, elle est hors normes. Il suffit que
deux tours s’effondrent à New York, sous les coups d’une organisation
qui n’a pas de territoire, pour que les compagnies d’aviation
américaines déposent leur bilan. Il suffit qu’il y ait des manœuvres
chinoises sur le détroit de Formose pour que la bourse de Taipei s’
effondre. A la fin, mêmes soumis, la télévision, les journaux, devront
dire certaines choses. L’opinion est très lente à changer de point de
vue, mais elle se réveillera. Un jour, elle changera de point de vue.

Silvia Cattori : Qui sont les propriétaires des démocraties
occidentales aujourd’hui ? Qui commande réellement ? Vers qui les
peuples opprimés peuvent-ils encore se tourner ?

Jacques Vergès : Dans nos démocraties, ce sont les dirigeants des
grandes sociétés. L’exemple est typique : quand les biscuiteries « LU »
licencient leur personnel, les grévistes s’adressent à M. Jospin, qui
était alors le premier ministre, et celui-ci leur répond « Que puis-je
faire » ? Effectivement, il ne pouvait rien faire dans le système
actuel.

S.C.- Donc les gens ne peuvent plus rien y changer ?

Jacques Vergès : Si, mais pour changer il faudra vraiment de grands
bouleversements.

S.C.- Actuellement, le rapporteur spécial du Conseil de l’Europe, le
procureur suisse Dick Marti, chargé de faire la lumière sur l’existence
des « prisons volantes » de la CIA, se débat avec les gouvernements qui
sont réticents à lui fournir les informations. Pensez-vous qu’il va
pouvoir arriver au bout de son enquête ?

Jacques Vergès : S’il le veut, il peut y arriver. Quand on s’acharne,
la vérité finit toujours par éclater : il y a toujours des témoins. Il
réussira à condition qu’il accepte d’être isolé et d’être insulté. Je
lui souhaite beaucoup de chance.


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IN DIFESA DELLA JUGOSLAVIA
Il j'accuse di Slobodan Milosevic
di fronte al "Tribunale ad hoc" dell'Aia"
(Ed. Zambon 2005, 10 euro)

Tutte le informazioni sul libro, appena uscito, alle pagine:
http://www.pasti.org/autodif.html
http://it.groups.yahoo.com/group/icdsm-italia/message/204

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Adolfo Amoroso, ROMA, causale: DIFESA MILOSEVIC ***
LE TRASCRIZIONI "UFFICIALI" DEL "PROCESSO" SI TROVANO AI SITI:
http://www.un.org/icty/transe54/transe54.htm (IN ENGLISH)
http://www.un.org/icty/transf54/transf54.htm (EN FRANCAIS)






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