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STEPINAC, SYMBOLE DE LA POLITIQUE À L’EST DU VATICAN

Annie Lacroix-Riz, professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris VII
Publié dans Golias, n° 63, novembre-décembre 1998, p. 52-59


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I. PRÉAMBULE: JEAN-PAUL II ET L’HÉRITAGE ROMAIN, DES JUIFS À LA YOUGOSLAVIE

La presse a fait grand cas des récentes célébrations historiques du Vatican de Jean-Paul II (octobre 1998), de la béatification de Mgr Stepinac à la canonisation d’Édith Stein, peut-être conçue à titre de compensation au caractère provocateur de la première initiative. La seconde ne vaut pourtant pas moins approbation d’une vieille politique que le présent pape incarne aussi nettement que ses prédécesseurs considérés comme les plus « intégristes », de Pie X à Pie XII. Malgré des apparences trompeuses ou par lesquelles des moyens d’information complaisants se sont laissé duper, une série de démarches ont valu ces dernières années consécration d’une politique antisémite romaine dont l’entre-deux-guerres puis la Deuxième Guerre mondiale avaient donné toute la mesure . Plusieurs initiatives de Jean-Paul II attestent qu’il ne renie rien de son auguste prédécesseur et inspirateur Pacelli-Pie XII - sans parler de Pie XI, qui, malgré les légendes tenaces n’assura ni la défense ni la protection des juifs, italiens inclus. Je ne retiendrai que trois éléments de cette continuité dans la récente action du pape en exercice:

1° le brûlot qu’il a entretenu depuis des années sur Auschwitz, avec la tentative de « catholiciser » le lieu le plus symbolique de La destruction des juifs d'Europe : l’affaire, parsemée de provocations diverses, de la création d’un carmel à la plantation de croix avec la bénédiction des évêques - donc du pape -, montre à quel point la Pologne catholique institutionnelle continue à servir une stratégie orientale du Vatican décrite plus loin à propos du cas yougoslave;

2° la « repentance » pontificale alléguée intitulée « Réflexion sur la Shoah » du 16 mars 1998, qui met au compte du « nazisme païen » les abominations du régime hitlérien dont le Saint-Siège reconnut solennellement le caractère catholique en lui octroyant entre autres le « concordat du Reich » de juillet 1933. L’immense cadeau fut apprécié à sa juste valeur par Mussolini, qui déclara le 4 juillet à l’ambassadeur d’Allemagne que Pie XI offrait ainsi à celle-ci « dans la position isolée où [elle] se trouvait actuellement (...) une immense victoire morale » qui permettrait enfin au fascisme de « se rallier l'opinion catholique à travers le monde ». Hitler jugea de même, estimant sobrement, dans son communiqué à la presse du 9 juillet, que cet accord lui donnait « la garantie suffisante que les citoyens allemands de la foi catholique et romaine se mettr[aie]nt désormais sans réserve au service du nouvel État national-socialiste » .

3° le dossier Stein, qui relève de la logique des pontificats de l’ère des persécutions, dont nous bornerons l’examen aux traits fixés dès l’installation au pouvoir des nazis. Le sort vatican des juifs fut en effet scellé alors, qu’ils demeurassent juifs ou qu’il s'agît de juifs qui avaient souhaité ne plus l’être en se convertissant. Le Saint-Siège n’avait rien trouvé à redire à la persécution nazie officialisée par le boycott des magasins juifs du 1er avril 1933 et les violences des SA et SS. Il fit davantage, puisque, selon François Charles-Roux, ambassadeur de France au Vatican de 1932 à 1940, le secrétaire d’État Pacelli veilla en personne aux « ménagements » romains envers Berlin: « les persécutions contre les juifs » ayant provoqué « l'indignation du monde » et avec lui celle de Mgr Verdier, archevêque de Paris, celui-ci adressa une lettre de solidarité au grand rabbin de France. « La publication [en] fut annoncée [en avril?] : elle ne fut pas publiée » . Reste la question du sort des « catholiques non aryens », lot auquel appartenait Édith Stein. Le Vatican ne parla que d’eux, mais fort peu et fort bas. Ce souci exclusif exprimé du bout des lèvres visait à figurer pour l'avenir dans le lot des notes communicables. L’atteste un épisode du feuilleton très long, mais vide de contenu réel, des pseudo-« négociations » et « notes de Pacelli » sur le concordat du Reich de 1933, exemples-types des courriers-paravents sans aucun lien avec la pratique réelle dont la correspondance officielle du Saint-Siège regorge. On y perçoit que le sort des « catholiques non aryens » rejoignit au plus tôt celui des autres « non-aryens ». Le 12 septembre 1933, Pacelli remit à Klee, chargé d'affaires d’Allemagne au Vatican, un « mémorandum en trois points », dont le troisième faisait allusion aux « catholiques d’origine juive », simple élément d’une rubrique intitulée « le renvoi des fonctionnaires catholiques et les catholiques d'origine juive ». Klee lui répliqua sèchement que le point 3 n'avait « rien à voir avec le concordat », « objection qu'il reconnut justifiée », puis ajouta que ce problème était « non pas religieux mais de race »: l’argument suscita la penaude réponse de Pacelli que ce texte « était remis à la demande du pape, qui n'était guidé que par des points de vue religieux et humains ». Poursuivant sa tactique « à la prussienne » , Klee « insista » sur l'engagement que le Vatican avait pris « depuis le début » des négociations-éclair sur le concordat de ne « pas se mêler des affaires politiques intérieures de l’Allemagne », sur la nécessité de rayer la partie juive du point 3 et de « baisser le ton sur le reste »: Pacelli « décid[a alors] de ne pas remettre le mémorandum ». Il adressa à Klee, le soir même, une note conforme à ses exigences et antidatée du 9 septembre (date antérieure d’un jour à la ratification du concordat du Reich, pour laisser croire qu’on continuait à « négocier » sur ce texte en réalité bouclé): elle comptait dix-huit lignes de pleurnicheries et requêtes sur « les fonctionnaires catholiques » dont les déclarations de mars du chancelier « et plus encore (...) la conclusion du Concordat » avaient « rendu possible la coopération pratique au sein du nouvel État »; 5 lignes et demi « pour ajouter un mot pour les catholiques allemands d'origine juive » récente ou lointaine, « et qui pour des raisons connues du gouvernement allemand souffrent également de difficultés économiques et sociales » .

Il reste donc de la canonisation d’une juive qui croyait ne plus l’être à déduire soit que les seuls juifs intéressants sont ceux qui ont cessé de l’être soit qu’un bon juif est un juif mort. Conclusion excessive? On ne risque en tout cas pas cette appréciation quand on aborde l’autre événement de ces dernières semaines, le premier par la chronologie, par son retentissement et par ses liens avec des tensions qui nous ramènent à l’avant 14 et à l’avant 39. Car la béatification de Stepinac consacre la continuité de la politique yougoslave c'est à dire anti-serbe de la Curie, en pleins déchirements balkaniques aux conséquences dramatiques sur le sort, non seulement de la Yougoslavie, mais de l’ensemble de l’Europe - France incluse.
J’ai naguère pour Golias étudié un aspect majeur de la politique à l’Est du Vatican, celui de la Pologne. Que la Pologne fût catholique ne la protégea jamais, en dépit de ses illusions à cet égard, des conséquences dramatiques d’une stratégie austro-vaticane puis germano-vaticane fondée sur l’espoir de domination de l’ensemble de l’Est européen . La politique de la Curie varia peu - jamais sur le fond -, que l’Est européen fût demeuré catholique, comme la Pologne officiellement appréciée mais en réalité détestée, ou qu’il eût échappé à l’influence germano-catholique et fût officiellement voué aux gémonies comme « schismatique ». Pendant des siècles, c’est aux côtés de l’empire apostolique et romain des Habsbourg que le Vatican mena le combat: l’influence autrichienne progressa en Europe, et notamment contre l’empire ottoman, en symbiose avec le catholicisme romain (latin ou uniate). Entre la fin du 19è siècle et celle de la Première Guerre mondiale, le puissant Reich tendit à supplanter pour la même mission l’empire des Habsbourg voué d’abord à l’agonie, puis à la mort. En 1919, dans les cénacles catholiques chapeautés par le grand pourvoyeur allemand des fonds vaticans de guerre (au nom de Berlin même), Erzberger, le chef du parti catholique (le Zentrum), le Vatican accepta définitivement de seconder le Reich dans l’ensemble de l’Europe: non seulement en lui apportant sa précieuse aide catholique pour la récupération de l’Altreich (celui des frontières de 1918) c'est à dire de tous les « territoires allemands provisoirement occupés par les Alliés », Alsace-Lorraine et Pologne incluse; mais aussi pour l’ensemble des « buts de guerre », allant de la saisie de l’héritage de la totalité du vieil empire austro-hongrois mort, à commencer par l’Anschluss, à la pénétration dans la profonde Russie, si riche de ressources .


II. STEPINAC, LE SYMBOLE D’UNE ANTIQUE POLITIQUE ANTI-SERBE 
LA POLITIQUE VATICANE JUSQU'AUX ANNÉES TRENTE


De cette politique à l’Est, la dimension anti-serbe - les Serbes apparaissant comme les principaux ennemis de l’expansion autrichienne - s’imposa avec une continuité totale, sans négliger un seul pontificat, à commencer par celui de Léon XIII, ouvert l’année même de la naissance définitive de la Serbie au congrès de Berlin de 1878. Le « serbisme » haï fut combattu à l’aide de l’élément croate: leur longue catholicisation par les Habsbourg et un analphabétisme général maintenu par l’Église au sein de ces « masses incultes » avaient fait oublier à ces « Slaves catholiques » qu’« un Croate n’est qu’un Serbe catholicisé, rien de plus ». À la veille de la Grande Guerre, cet ensemble compact dans l’empire austro-hongrois - en 1909, 18,9 millions contre 1,9 million de « Slaves orthodoxes », Bosnie-Herzégovine comprise - demeurait, dans sa masse, féal aux Habsbourg . Vienne s’appuya ouvertement dans sa mission anti-serbe sur la Curie et sur ses prélats, en tête desquels figurait Stadler, évêque croate de Sarajevo depuis les années 1890, chef de fait des jésuites voués à la catholicisation des masses, et décrit en ces termes par le consul de France à Sarajevo: « il est devenu en peu de temps un des gros capitalistes de Bosnie-Herzégovine comme il en est aussi un des politiciens les plus actifs. Ses seules préoccupations semblent être de thésauriser et d'autrichianiser » . « Très allemand d'origine et de sentiments », d’une extrême violence , cette brute était un spécialiste de la conversion forcée, dont les épisodes répétés étaient rapportés avec indignation par les diplomates français: les musulmans, population de même souche que tous les Slaves de cet ensemble balkanique, mais constituée des héritiers des propriétaires fonciers qui avaient emprunté à l’ère de la conquête ottomane la religion du vainqueur, et que Vienne s’efforçait de séduire contre les Serbes, se plaignaient à cet égard du prélat presque autant que les Serbes orthodoxes . La ligne Stadler, fixée par Vienne et le Vatican, incarnait la ligne d’expansion du germanisme et du catholicisme contre le slavisme et l’orthodoxie adoptée dans la perspective du règlement de comptes imminent. Le régime impérial, après avoir transformé en arsenal, croatisé et catholicisé en masse, de gré ou de force, la Bosnie-Herzégovine qu’elle dirigeait de fait depuis le congrès de Berlin de 1878, l’annexa enfin en octobre 1908. L’empire réalisait ainsi « ce but [qui] est depuis 30 ans la pensée directrice de [s]a diplomatie [,...] l'annexion de la Serbie », et qui « fera naître forcément, un jour ou l'autre, un conflit armé ». De Fontenay, attaché d’ambassade à Budapest de 1906 à 1914 (après un poste à Belgrade), comprit que derrière « la haine du Serbe (...) chauffée à blanc » par l’empire rival en décomposition et son obsessionnel « projet de réunion », avec « l’appui du Saint-Siège [,...] de la Bosnie-Herzégovine, de la Dalmatie et de la Croatie afin de former un royaume autonome sous la dépendance des Habsbourg» avançait le Reich: « l’Autriche-Hongrie en suivant pareille politique travaille donc, avant tout, pour l’Allemagne, dont l’unité s’étendra et se fortifiera, dont l’influence progressera vers les bords de la Méditerranée tant convoitée ». La poussée autrichienne vers le Sud s’inscrivait dans « le redoutable “Drang nach Osten” (poussée vers l’Est) » qui remettrait à Berlin, à la mort de l’État des Habsbourg, l’héritage balkanique convoité .
Nous avons montré ailleurs à quel point Vienne se réjouit avant l’hallali - le 29 juillet 1914 - de l’humeur « belliqueuse » de Pie X et de son secrétaire d’État Merry del Val, excités par la liquidation imminente de ce « mal qui ronge et pénètre la monarchie jusqu’à la moelle et qui finira par la désagréger » . La haine de la Serbie n’était pas moins recuite chez son successeur (depuis août 1914) Benoît XV, qui, de la guerre à ses lendemains, conduisit contre la Serbie des assauts contre lesquels la seule parade (provisoire) fut la victoire française. Au lendemain de la défaite des deux empires chéris, le mort et le bien vivant, la croisade fut menée avec la Serbie renforcée et devenue « État serbo-croato-slovène » les mêmes armes cléricales, et au bénéfice de deux alliés: l’un, l’italien, ne rêvant que de tailler en pièces la Dalmatie yougoslave, l’autre, moins connu, qui avait repris l’héritage du mort, le Reich. Les Serbes se heurtèrent si directement aux Italiens soutenus en permanence par la Curie qu’ils sous-estimèrent longtemps l’ennemi plus discret, l’allemand, dont on ne perçut concrètement la poussée qu’à partir des années trente. La première phase de la lutte acharnée contre la Yougoslavie fut menée au bénéfice apparent de l’Italie, servie par le solide tandem du Vatican et de l’épiscopat demeuré autrichien en territoire « yougoslave », devenu italien dans toutes les zones arrachées au royaume.
En Yougoslavie même, il ne s'agissait point d’« autonomie » croate ou slovène, mais de sécession, préparée en la compagnie militaire des Italiens, des Hongrois et des Allemands dès le début des années vingt. L’Église catholique assuma avec efficacité pour sa part, dans les régions catholiques héritées par l’alliée serbe de la France, le harcèlement visant la destruction intérieure du nouvel État. Tâche, il est vrai, facilitée par la politique de la dynastie régnante, qui ne régla aucun des problèmes économiques et sociaux des masses paysannes: de celles-ci l’élément catholique demeura donc aisément le jouet, comme naguère, de prélats qui en assuraient le contrôle de la naissance à la mort, en passant par l’école et presque tous les moments de la vie. Pendant plusieurs années la guérilla cléricale fut dirigée par l’ancien « protégé » puis successeur - depuis 1920 - de Stadler, Johannes Saric: ce chef politique des ultras anti-serbes avait été avant 1914 et pendant la guerre comme son maître « l’instrument en Bosnie [de...] la Cour de Vienne [qui] dressait les catholiques et les musulmans contre les orthodoxes » en vue d'aggraver « la désunion » propice à ses intérêts. « Député au Sabor de Bosnie avant la guerre », il avait mené, pendant, une violente action anti-serbe, et à son terme troqua brutalement le loyalisme autrichien contre « l'influence du Quirinal ». Aussitôt nommé, il s'autoproclama chef des Croates et des Slovènes contre les Serbes, et pratiqua dès les années vingt la provocation permanente, en un style éclairé par « son journal Istina » au « ton extrêmement violent » .
La politique italienne de conquête ou de grignotage de territoires dalmates yougoslaves - symbolisée notamment par le cas de Rieka-Fiume puis par les cessions du traité de Rapallo de novembre 1920 - fut servie dès lors autant par les prélats particulièrement brutaux contre tous les Slaves que par la police (de l’État fasciste depuis octobre 1922, après avoir été fasciste de fait en ces lieux avant cette date): le « Vénitien » Mgr Santin, originaire de Rovigno, sur la côte sud de l'Istrie, nommé en décembre 1922 dans le diocèse de Rieka (devenu Fiume), et Mgr Radossi (Radoslavic italianisé) dans celui de Pola et Porec (devenu Porenzo) « se distinguèrent dès leur arrivée par leur acharnement contre les Slaves, interdisant l’usage du croate dans les sermons, au catéchisme, dans les prières et même au confessionnal, supprimant l’enseignement des langues slaves au petit séminaire, faisant punir les élèves s’entretenant dans leur langue maternelle, envoyant le plus possible d’entre eux se former en Italie et, semble-t-il, dénonçant même à la police des religieux, des prêtres et des fidèles qui s'opposaient à la dénationalisation des Slaves » . Cette politique de force suscita des haines aussi fortes du côté slovène et croate que du côté serbe, ce qui risquait de souder contre les intérêts conjugués de la Curie et de l’État italien l’ensemble des populations yougoslaves. Jugeant ce « nationalisme » du bas clergé mortel pour les intérêts italiens, le Saint-Siège se débarrassa dès l'été 1920 des « curés croato-slovènes les plus militants, pour les remplacer par des religieux choisis dans un ordre international » : celui des franciscains en particulier, qui s’était partagé avec les jésuites la catholicisation des zones croates ou croatisées avant 1914. Cet ordre pivot d’une Église « fanatique » d’Inquisition, naguère au service, comme les jésuites rivaux, de l’expansion anti-serbe autrichienne, allait ainsi régner presque sans partage sur les régions catholiques, la Slovénie, la Croatie (dalmate ou non) et la Bosnie, y compris chez les curés de paroisse: au début des années 40, les franciscains représentaient en Croatie un tiers des prêtres eux-mêmes, et « les quatre cinquièmes des religieux du pays ». Cette tutelle aurait, compte tenu des « traditions spécialement violentes de leur résistance séculaire contre les Turcs et les orthodoxes, surtout en Bosnie » , des conséquences mortelles à partir d’avril 1941 pour les Serbes et les juifs de Yougoslavie.

STEPINAC, L’INCARNATION D’UNE POLITIQUE ALLEMANDE

Comme en tout point européen, au début des années trente, Berlin obtint de la Curie un soutien plus résolu, qui lui imposa d’opter parfois clairement entre les intérêts italiens et allemands. Ce soutien fut affiché par l’article 29 du fameux concordat du Reich, dont von Papen dit à Hitler les 2 et 14 juillet 1933 qu’il lui semblait un des plus importants de ce pacte: il « garantissait la protection des minorités allemandes » en reconnaissant leur droit à l’usage de la langue allemande dans le culte et autres activités, et améliorait encore cette « concession » par « le protocole additionnel final » qui garantissait le respect de ce droit dans les futurs concordats que le Vatican signerait avec les autres États étrangers: « c’est la première fois », s’enflamma-t-il, « que le Saint-Siège a affirmé son soutien (...) sous cette forme » . Bien qu’il y eût peu de « minorités allemandes » en Yougoslavie, le Vatican y agit comme dans les Sudètes. Le harcèlement « italien » ne disparut pas à l’ère hitlérienne, mais en Yougoslavie, le Reich fut plus qu’avant maître du jeu dès les premiers mois de 1933.
La Curie n’avait jamais négligé, dans la Yougoslavie maintenue, la carte germanique, représentée notamment par des prélats autrichiens ou allemands, parmi lesquels l’archevêque de Zagreb, l’Allemand Bauer. Il était, comme Saric, l’animateur de la guérilla conduite contre la dynastie, bien que le roi Alexandre crût sottement que sa dictature (depuis 1929) caractérisée par un solide antibolchevisme lui assurerait le soutien d’un épiscopat soucieux de stabilité politique et de conservation sociale. Les diplomates français avaient accordé en 1933 - année ouvrant la voie à un cortège d’avanies pour les « États successeurs » - grande importance à ce chef des pèlerinages croates: le 24 mai, Bauer dirigea un pèlerinage de 500 Croates et cinq évêques qui donna à Pie XI l’occasion de bafouer la Yougoslavie et d’honorer ses « bons fils de la Croatie », « notre chère Croatie » qui comptait parmi « les régions les plus éprouvées et qui souffrent le plus » : un des scandales de 1933 qui en compta une série et où le vieil archevêque allemand joua un rôle éminent. Mais l’attention du Quai d'Orsay fut vite attirée par un personnage devenu son adjoint depuis 1931, un certain Stepinac, tard venu à l’état ecclésiastique. Et qui ne vint pas au monde politique, comme semblent le croire tous les journalistes et publicistes français qui se sont récemment exprimés, en avril 1941 .
Ce Croate, fils d'un gros propriétaire foncier né en 1898 à Krasic près de Zagreb, fut, au contraire de ce que suggérait son autobiographie avantageuse et lacunaire largement diffusée à l’époque de sa nomination de coadjuteur de 1934, lié au séparatisme croate dès son arrivée, précoce, à la vie politique. Prisonnier de guerre austro-hongrois sur le front italien, il se fit passer pour un Croate rallié au « comité yougoslave (...) pour se faire engager dans le camp des officiers serbes » en Italie puis sur le front de Salonique, moyen de fournir des renseignements sur l’ennemi. Sa biographie officielle, qui présenta cette affaire en termes très « yougoslaves », est quasi muette sur ses activités entre la fin de la guerre et 1924 (retour à Krasic pour gérer une des importantes propriétés de son père, à Kamenarevo, études agronomiques inachevées ou au grand séminaire de Zagreb). Mais la diplomatie française savait que ce dirigeant des Jeunesses catholiques participa au Congrès international de Brno en 1922, où il « porta le grand drapeau croate à la tête d'[une] délégation croate » de 1 500 personnes. En 1924, ce protégé des jésuites entra pour sept ans au Germanicum - institut allemand de Rome qui, avec l’ordre et son chef, l’austro-« polonais » Ledochowski, servit au premier plan la réalisation de l’Anschluss de 1918 à 1938, et plus largement de reconquête « catholique » de l’Est européen que nous avons mentionnée plus haut . Devenu prêtre en octobre 1930, puis docteur en théologie à la Grégorienne, en juillet 1931, Stepinac fut nommé aussitôt après, à son retour de Rome, maître de cérémonies de Bauer, puis en mai 1934 son coadjuteur . À peine nommé, cet ennemi de la Yougoslavie, dont « la forte personnalité tend[ait...] à prendre le pas sur celle du vieux prélat », orchestra l’agitation sécessionniste croate avec une vigueur qui frappa tous les observateurs. Il fut notamment l’un des deux organisateurs d’une émeute, durement réprimée assurément, des « paysans catholiques » littéralement jetés contre la police serbe pour préparer les élections fixées au 5 mai 1935 . Lié au sécessionnisme de Macek et des oustachis d’Ante Pavelic, il anima, outre la guérilla préélectorale, l’agitation tous azimuts sur le « concordat » (avorté). Cette furie quotidienne acheva la désintégration de la Yougoslavie dans les trois années qui suivirent l’assassinat à Marseille du roi Alexandre, en octobre 1934, aux côtés de Barthou, ministre français des Affaires étrangères, par un complice de Pavelic. Assassinat perpétré avec la complicité de l’Italie fasciste et de l’Allemagne nazie; liquidation aussi des tentatives de Barthou d’une « politique de revers » française contre la poussée du Reich, qui réjouit tous les ennemis de la Yougoslavie, Curie en tête, représentée sur place par un nonce sur lequel la correspondance du Quai d'Orsay est féroce, Pellegrinetti. L’épiscopat ne parvint pas même à faire semblant de déplorer la mort du roi serbe haï: « le clergé croate », Bauer et Stepinac en tête, manifesta « un certain défaut de chaleur dans l'expression des sentiments », selon l’euphémisme de Charles-Roux .
À la mort de Bauer le 7 décembre 1937, le secrétaire d’État Pacelli, futur Pie XII, promut une fois de plus cet agent des Allemands, le préférant à l’autre « ennemi acharné des Serbes », l’oustachi Saric. Ayant cru enfin arrivée son heure quand on avait parlé au début de 1934 d’un successeur pour le vieux Bauer, l’instrument « anti-serbe (...) de Rome [sous] l'influence du Quirinal aussi bien que (...) du Vatican » était jugé trop « italien » bien qu’il eût rendu au Germanicum, notamment à l’automne 1932, les visites d’un prélat germanophile . C’est donc le germanisé Stepinac qui fut choisi et qui, aussitôt nommé président de la conférence épiscopale, dirigea officiellement la sécession de la « gens croatica » (« nation croate »). Pacelli devenu Pie XII depuis mars 1939 lui apporta sa caution officielle en bénissant, sans prononcer le mot de Yougoslavie, un pèlerinage mené par Stepinac le 14 novembre: il y célébra « notre peuple croate » et dit « tout ce que [devait] faire ce peuple » auquel étaient « ouvertes les voies lui assurant la liberté de sa voie nationale », sous la houlette de Macek, qualifié de « dux populi Croatici » (chef du peuple croate). La Yougoslavie agonisait de l’intérieur, comme l’attesta le silence de la presse serbe, muselée par les dirigeants d’un État déliquescent et gagné à la capitulation . Comme l’avait montré aussi l’octroi à la Croatie d’une « autonomie » qui fit de Stepinac le « Gouverneur de Zagreb »: il passait à ce poste en janvier 1939 pour le symbole d’une « influence hitlérienne » qui avait triomphé en Croatie dès l’installation du gouvernement hitlérien (la littérature croate aussi antisémite qu’anti-serbe provenait en large masse de Berlin, comme l’évidence s’en imposa dès les premiers mois de 1933) . Au tournant de 1939, Stepinac exulta devant Gueyraud, consul de France à Zagreb, sur l’imminence de la destruction de la Yougoslavie: il se déclara partisan de « la constitution d'un État croate autonome ou indépendant », mais dit « accepter, en cas de nécessité, une autre formule d'association avec la Hongrie ou l'Italie. “Tout, a-t-il dit, plutôt que de vivre avec les Serbes!” » . Il omit alors (devant un Français) le morceau essentiel - allemand - de cette « association » qui lui apporta l’invasion de l’Axe et la fondation de « l’État indépendant de Croatie » de Pavelic en avril 1941.
La thèse, très en vogue sous nos cieux, des douceurs de ce membre du Parlement oustachi pour les martyrs juifs, serbes, tsiganes, slovènes, croates dissidents et de ses condamnations de l’État croate repose sur: 1° les travaux hagiographiques de Stella Alexander, qui ne dispose que d’une source originale, Katolicki List, journal de l'archevêché: toutes les citations qu’elle en fournit ne révèlent que des signes d’adhésion au régime: tous les documents de défense qu’elle présente sont de seconde main ; 2° des hagiographies romaines et « révélations » de Guerre froide de l’Osservatore Romano qui suscitèrent en janvier 1951 l’ironie de l’ambassadeur de France Wladimir d’Ormesson à l’ère où Stepinac était érigé en martyr des bourreaux communistes de Tito: « on peut s'étonner » que le quotidien du Vatican « n’ait pas donné plus tôt une large publicité » à ces informations sur la thèse d’un Stepinac résistant de la première heure à Pavelic .
Les sources originales décrivent à l’inverse ce que l’écrivain catholique italien Falconi appelait en 1965, fonds de l’État croate à l’appui, « hideux mélange de boucheries et de fêtes» . Les franciscains, dont Stepinac était le chef sur place, y participèrent à la masse, à la hache et au poignard avec un allant inédit en notre siècle: destruction des bâtiments des cultes « ennemis », tortures, assassinats en masse de Serbes, juifs et tsiganes, dans les villages (dont celui de Glina en mai 1941: 2 000 morts dans la nuit, hommes, femmes et enfants, pillés ensuite) et les camps de concentration (tel l’abominable camp de Jasenovac, ouvert dès mai 1941), lutte contre la résistance, etc. L’Américain Biddle, ministre auprès du gouvernement yougoslave en exil, évalua en septembre 1942 les seuls « atroces massacres de Serbes », poursuivis alors « avec frénésie », à « 600 000 hommes, femmes et enfants » . Les archives oustachies furent à l’époque de la déroute, regroupées, symbole d’une exceptionnelle fusion de l'Église et de l'État, dans le palais de Stepinac. Le régime yougoslave nouveau n’y découvrit en 1945 « aucun document protestant contre les crimes commis en Croatie par les Oustachis et les Allemands »; mais quantité de photos de l’archevêque, faisant à travers la contrée le salut oustachi (bras levé) auprès des hauts fonctionnaires; et des textes, telle sa circulaire du 28 avril 1941 aux évêques glorifiant « l’État croate ressuscité » et « le chef de l’État croate », et ordonnant un « Te Deum solennel dans toutes les églises paroissiales ». Comme Saric et bien d’autres en Yougoslavie, Stepinac pilla aussi biens juifs (fait clérical retrouvé dans l’ensemble de l’Europe orientale catholique, Slovaquie en tête) - et serbes, avec l’aval écrit (en latin) du Saint-Siège, via son légat Marcone les 9 décembre 1941 et 23 décembre 1943 (et fut convaincu par ses héritiers d’avoir détourné les biens de Bauer, de « plusieurs dizaines de millions de dinars »).
Stepinac fut aussi l’exécutant du décret « oustachi » du 3 mai 1941 de « conversion forcée » des orthodoxes, intelligentsia exclue car considérée comme irrécupérable: ce retour à « l'Inquisition espagnole » donnait aux Serbes non massacrés d'emblée le « choix » (qu’Henri Tincq déclarait « musclé » dans son article du Monde du 1er octobre 1998) entre adhésion immédiate au catholicisme et mort. Ce texte non étatique mais vatican fut contresigné, en tant que secrétaire de la Congrégation de l’Orientale, par le cardinal français Tisserant. « Contre son gré », insista Belgrade tout en le révélant en 1952, au cours d’une année particulièrement riche en provocations vaticanes, dans un Livre Blanc sur les relations Vatican-« État indépendant de Croatie » puisé au « journal » de l’archevêque et aux archives oustachies. Tisserant, juge impitoyable en privé du régime de Pavelic (comme le précise le Livre blanc), confirma l’information à l’attaché français à Rome de Margerie .
Les monastères-arsenaux des franciscains, dont certains furent arrêtés armes à la main en 1945, s’étaient depuis la certitude de la défaite mués en receleurs de trésors et de criminels de guerre en instance de départ pour l’Ouest. Dans leur couvent du Kaptol, à Zagreb, on trouva au début 1946 le trésor oustachi, contenant bijoux, or, dents en or scellées à des mâchoires, bagues sur des doigts coupés, etc., arrachés aux orthodoxes et juifs assassinés; un PV d'emballage rédigé pour chaque caisse attestait la présence de fonctionnaires à chaque opération. La masse de la correspondance est telle sur les horreurs accumulées par « l'occupant et (...) les Oustachis [, avec lesquels] beaucoup de (...) chefs [musulmans] ont collaboré » que je renvoie le lecteur, pour les sources, à mon ouvrage sur le Vatican. L’Église catholique yougoslave s’était « compromise à tel point qu'il serait possible de dresser contre elle un réquisitoire en n'invoquant que des témoignages religieux », résuma en août 1947 Guy Radenac, consul de France à Zagreb, qui en entendait encore de nouveaux, racontés par des clercs français en poste pendant l’occupation allemande .
Resté à Zagreb, Stepinac organisa la fuite des bourreaux, clercs (tel Saric) ou non (tel Pavelic), sur mandat du Vatican, avec les fonds alloués par les États-Unis à un recyclage jugé nécessaire à leurs intérêts dans la zone adriatique et ne relevant pas, comme on le croit volontiers, de la seule lutte idéologique dite de « Guerre froide ». Zagreb fut un pivot des Rat Lines décrits par le renseignement américain: 30 000 criminels croates s’échappèrent par la filière du père Draganovic, secrétaire de Saric et familier de guerre de Maglione (secrétaire d’État mort en 1944), Montini (futur Paul VI) et Pie XII. Ils étaient regroupés par l’archevêché de Zagreb, les couvents et autres institutions croates (dont la Croix-Rouge) de « croisés » sous la tutelle de Stepinac; ils gagnaient ensuite l’Autriche, accueillis par le haut-clergé autrichien et la « mission pontificale » de Salzbourg; puis rejoignaient Rome, étape souvent avant le départ depuis Gênes, aidés par la Curie, l'archevêque de Gênes, « la police italienne » et des chefs de la Démocratie chrétienne (tel de Gasperi). Selon Radenac, « les milieux oustachis de Zagreb » diffusaient encore en 1947 les adresses connues des couvents accueillant les fugitifs, pris en charge par des bourses de l’association catholique « Pax romana »; lui-même en connaissait « de source directe » maint cas. En Yougoslavie même, l’association catholique Caritas subventionnait les secours aux familles d'émigrés et d'oustachis terroristes restés fort actifs sur place .
Ce qui précède rend étonnante l’indulgence infinie de Tito pour le prélat, dont il ne voulait pas faire un martyr. Car Stepinac conduisit contre le régime - ou plutôt, comme naguère, contre l’existence même de la Yougoslavie ressurgie de l’incendie - une guérilla sans répit. Elle est bien reflétée par la lettre pastorale issue de la conférence épiscopale de Zagreb, le 20 septembre 1945, qui exigeait pour l'Eglise une totale liberté en tout domaine, école incluse, pestait contre la laïcité infâme et stigmatisait l'expropriation et l'exécution de 243 prêtres convaincus de collaboration. Elle fut menée non plus en compagnie des Allemands mais des Américains - notamment du « régent de la nonciature » Hurley, arrivé en février 1946 à Belgrade, et porte-parole de ce qu’on appelait aux États-Unis mêmes pendant la Guerre froide « le lobby Stepinac de Spellman ». Elle atteignit une telle intensité que Tito ne cessa de demander au Vatican son départ pour n’avoir pas à sévir. Il ne put obtenir d’Hurley, qui participait en personne à la mise en ébullition des masses catholiques, l’éloignement de « cet évêque encombrant », qui couvrait « les attentats ou coups de force » surgis « ici et là » et « des manifestations [à...] allure politico-religieuse » . Ce veto motiva sa décision du fameux procès pour collaboration, ouvert le 10 août 1946, contre 16 accusés dont 9 franciscains, auxquels fut à la mi-septembre joint Stepinac. Ses subordonnés profitèrent de l’occasion pour conter tout ou presque de ses oeuvres depuis l’avant-guerre. La presse occidentale, américaine en tête - la France ne fut pas la dernière - , ne cessa dès lors de s’indigner du « martyre » de cet « innocent », condamné le 11 octobre à 16 ans de travaux forcés. La sentence fut comprise partout, Vatican inclus, comme visant à ménager un compromis (chacun ayant attendu la mort); elle ne fut d'ailleurs « jamais appliquée » jusqu'à la libération de Stepinac début décembre 1951 - « geste (...) dicté sous la pression de l'opinion américaine » .
J’ai expliqué ailleurs avec plus de précision pourquoi le problème était insoluble, la Curie menant après 1945 la même guerre contre la Yougoslavie, désormais « communiste », qu’elle avait conduite du temps de la dynastie serbe des Karageorgevic, et avec les mêmes prélats catholiques qui, à travers le territoire yougoslave, contestaient ouvertement le tracé de ses frontières. Les diplomates français fulminèrent parfois, en pleine guerre froide, de les voir agiter le pays avec la même arrogance que vingt ans auparavant, tels Mgrs Santin et Radossi: « On est étonné de la responsabilité prise par le Vatican en laissant des agents italiens à la tête du diocèse d'Istrie et on est non moins surpris de voir l'armée yougoslave les supportant patiemment au lieu de les chasser à coups de botte comme les carabiniers leurs prédécesseurs », commenta Radenac, consul à Zagreb en octobre 1947 . Les archives que j’ai consultées mettent, comme dans la première décennie du premier après-guerre, l’accent sur la dimension italienne de cette politique de harcèlement de l’État yougoslave. Belgrade ne pratiqua à aucun moment de politique de persécution contre l’Église catholique, et, comme le régime précédent, fit parfois preuve d’un sens du compromis aiguisé (depuis la rupture avec Staline de 1948) par les nécessités de son alliance avec les États-Unis et ses besoins de crédits américains.
Malgré des apparences pesantes, le problème ne relevait pas de la Guerre froide, pas plus que le caractère ultra-réactionnaire du régime serbe des années trente n’avait arrêté la main des sicaires. Trieste, acquise à l’Italie (origine de débordements d’enthousiasme de Pie XII) le 8 octobre 1953 et le souci d’élargir les frontières italiennes expliquaient comme naguère la frénésie de la politique romaine anti-yougoslave. Elle culmina au tournant de 1952 par la promotion de Stepinac à la pourpre cardinalice, injure insigne à la « Serbie, où le souvenir du comportement des Croates a laissé de profondes et durables blessures » . L’ambassadeur de France à Belgrade Philippe Baudet, comme tous ses collègues confrontés à la question, avait admis en juillet 1951 que le veto du Vatican contre le compromis sans trêve sollicité par Belgrade - la demande de libération de Stepinac en échange d’un exil romain - donnait « un fond de vérité » à l’argumentaire yougoslave d’une coalition Stepinac-Pie XII-la Curie « dans la main des Germano-Italiens » et de Pavelic: Stepinac « leur est plus utile en prison », sa libération « affaiblirait le bloc chauviniste italien anti-yougoslave, puisqu’elle le priverait d’une de ses sources de propagande » . Libéré, on l’a dit, dès 1951, Stepinac fut laissé sur place pour transformer son village de Krasic en « lieu de pèlerinage » et entretenir à loisir la flamme .
La fin des années cinquante commença cependant à laisser percevoir la deuxième phase, comme après l’autre guerre, d’une politique vaticane dont Stepinac, aussi coopératif fût-il, n’avait été qu’un pion en Yougoslavie: celle du service au Reich. La nomination, dès 1955, d’Allemands comme délégués apostoliques sous le prétexte « que la majorité des membres du clergé et des fidèles catholiques yougoslaves parlent allemand » rappela l’entre-deux-guerres. La suite des événements confirme que cette alliance allemande l’emporta de façon décisive dans les décennies suivantes: elle aboutit à l’éclatement de la Yougoslavie dès le début des années 1990, salué officiellement par le tandem germano-vatican, soutien et avocat de la sécession croate. « L’élévation à la dignité de Cardinal de Mgr Stepinac » qui choquait l’ambassadeur Baudet en décembre 1952 préparait les grandes festivités sur l’acquisition de Trieste à l’Italie - cadeau américain qui ulcéra également ce diplomate sans que Paris trouvât le courage politique de le proclamer . Au terme des deux décennies qui ont achevé d’ériger en allié privilégié de l’Allemagne un pape « polonais » au sens où l’entendait Pie XII, artisan initial de son ascension cracovienne, que prépare la canonisation d’un des plus grands criminels de guerre cléricaux de la Deuxième Guerre mondiale? La question soulève une interrogation plus générale. Si on la compare aux sources originales, l’« information » dont dispose aujourd'hui la population française est le fruit d’une véritable entreprise d’intoxication, centrée en octobre 1998 sur le « martyr » Stepinac. La mise en cause du droit réel à l’information s’est accompagnée d’une effarante désinformation sur les problèmes balkaniques, chape de plomb dont on aimerait connaître les raisons profondes. Jusqu’à quand sera-t-il de fait interdit d’éclairer à titre autrement que confidentiel les liens entre les misères balkaniques du temps et la puissance grandissante de l’Allemagne réunifiée ?


(francais / italiano)

Ungheria, Ucraina: 20 anni dopo

1) L'UE et la Hongrie: colonisation, désindustrialisation et déstructuration
(Judit Morva, transform-network.net )

2) Ucraina 20 anni dopo
(Denis Neceporuk, komunist.com.ua )


=== 1 ===

(the original text in english:
The EU and Hungary: Colonisation, De-industrialisation, De-structuring

Avec l'adhésion des pays d'Europe de l'Est, les dirigeants européens, sans avertissement, ni déclaration formelle, ont modifié le projet d'intégration européenne. Au lieu de mettre en place un programme de développement et d'intégration économique avec un plan de finance à long terme, l'élargissement de l'UE a créé une division territoriale durable entre deux catégories de pays. Les pays d'Europe de l'Est - qui totalisent pourtant 100 millions de personnes - sont pris au piège en tenant le rôle de pays sous-développés. 


Sans le dire ouvertement, la Commission a imposé une zone de libre-échange, et ces pays n'ont plus aucun contrôle sur leur propre évolution. Au nom de la concurrence et de l'efficacité, l'Union a exigé une privatisation rapide, l'ouverture des frontières et une politique libérale, bien au-delà de ce qui s'est produit pour les membres historiques de l'UE. Afin de décrire la situation des derniers arrivés, les mots « colonisation », « désindustrialisation » et  « déstructuration » ne sont pas trop forts.  
 
En Hongrie, l'agriculture et l'industrie ont été entièrement privatisées. Les nouveaux propriétaires - souvent des multinationales - étaient d'abord intéressés par les opportunités, non pas par la production, ce qui a conduit à la fermeture de nombreuses usines. Prenons l’exemple de la fabrication du sucre : alors que le pays comptait six usines, il n’y en a plus une seule depuis que le secteur a été privatisé. Et tout le sucre doit être désormais importé.

La situation sociale est tout aussi désastreuse. La Hongrie est un pays de dix millions d'habitants, et depuis 1990, 1,4 million d’emplois ont été supprimés, ce qui représente plus d'un quart des emplois réguliers. En retour, le travail non-réglementé représente entre un quart et un tiers de l'activité économique du pays. Des centaines de milliers de travailleurs travaillent au noir, sans aucune protection. Leurs conditions de travail et le nombre d'heures ne sont pas réglementés. Ils ne cotisent  pas pour leur retraite, ni pour la sécurité sociale.  

La conséquence directe est une baisse des recettes provenant de ces revenus. Le pays est dans une spirale sociale négative. Au nom des budgets équilibrés, l'UE fait pression sur la Hongrie pour réduire drastiquement les avantages acquis sous le régime socialiste et privatiser sans fin tandis que la pauvreté augmente chaque année.  

La sous-traitance industrielle, qui crée une concurrence entre les travailleurs d'Europe centrale et orientale avec ceux des pays les plus anciens de l'Union, est basée sur cette combinaison de faibles salaires et de travail illégal. Les multinationales embauchent aux conditions locales, régulières, mais  sur un marché du travail non-réglementé. La désindustrialisation, qui a suivi la privatisation et le démantèlement des services sociaux, a créé un environnement économique qui  fait de la Hongrie un pays fournisseur de main-d'œuvre bon marché. Cela ne peut pas créer une structure industrielle viable et cohérente. Cela n'offre aucune perspective pour le peuple magyar. C'est une impasse pour le développement.  
 
En Hongrie, l'État providence a disparu ou est en voie de disparition. La structure socio-économique est une source de tension permanente, mais aussi d'instabilité durable car cette dynamique de développement ne peut pas aider le pays sortir de cette impasse. L'écart de niveau de vie entre les deux parties de l'Europe crée des tensions et déstabilise la construction de l'Union. La crise financière aggrave encore la situation budgétaire de chaque pays sans aucune solution en vue, pas même dans le long terme. Cette crise systémique est un appel ouvert à la réflexion sur le projet même de l'Union comme région de stabilité et de bien-être. 

Traduit par Cédric Rutter pour Investig'Action

Image: base militaire soviétique désaffectée, Debrecen, Hongrie, 2006. Par Cédric Rutter  

Source: Transform Network 


=== 2 ===

http://www.lernesto.it/index.aspx?m=77&f=2&IDArticolo=18593
 
Ucraina 20 anni dopo
 
di Denis Neceporuk
 
L’articolo, apparso nel giornale del Partito Comunista di Ucraina, Kommunist, delinea il disastroso bilancio dei quasi 20 anni trascorsi dalla restaurazione del capitalismo.
 
Subito dopo la criminale disintegrazione dell’URSS, l’Ucraina era tra i paesi più sviluppati del mondo. Ciò è riconosciuto dagli stessi nazionalisti borghesi. Avevamo prestazioni sociali straordinarie, del cui valore allora la gente non sembrava rendersi conto. Istruzione gratuita e un sistema sanitario di qualità e soprattutto gratuito. Secondo quanto aveva previsto il partito, entro l’anno 2000 tutti avrebbero dovuto disporre di un alloggio gratuitamente. I prezzi dei principali prodotti alimentari, le spese per l’alloggio, le tariffe del trasporto pubblico erano gli stessi da 50 anni. Le spese comunali, le tariffe del gas e dell’energia elettrica, ammontavano a pochi centesimi. La gente consumava prodotti naturali. Disoccupazione, inflazione, vita senza un tetto, licenziamenti, indebitamenti, crediti al 30% di interesse, ecc., erano cose che conoscevano solo quelli che non vivevano nell’URSS.

Per la generazione attuale tutto ciò sembra fantascienza. Nel 2009 è impossibile immaginare che ciò sia possibile.

Eravamo 52 milioni. Non solo avevamo armi nucleari (il terzo arsenale nel mondo, dopo Russia e USA), ma un esercito di un milione di effettivi, capace di difendere la popolazione da qualsiasi nemico. Il paese esisteva e si sviluppava. Ne eravamo orgogliosi. Ma in modo incredibile, in solo 20 anni, il che equivale a quattro piani quinquennali sovietici, ci hanno trasformato in uno dei paesi più arretrati, non solo d’Europa, ma del mondo. Il più arretrato e indifeso ad ogni livello. Per quanto sembri incredibile, il tradimento e il capitalismo hanno assolto fino in fondo al loro ruolo.

Tutto è iniziato con l’avvio delle riforme di mercato e la sostituzione del sistema sociale socialista con quello capitalista. Tutto è iniziato con Gorbaciov. Dopo la caduta dell’URSS, i vecchi ideologi del comunismo hanno iniziato a costruire il capitalismo in ognuno dei loro paesi, sostituendo il dollaro alla falce e martello. A noi è toccato Kravchuk, ai russi Eltsin, ai georgiani Shevarnadze, ecc.

Occorre riconoscere che allora, all’inizio degli anni 90, la gente credeva ancora nei propri governanti. Ogni cittadino sapeva che i dirigenti del paese, i deputati, il partito e i funzionari, per definizione avevano l’obbligo di lavorare per il bene del popolo e dello stato. Ma disgraziatamente la gente non ha tenuto conto di un dettaglio importante: i cosiddetti democratici e patrioti di osservanza europeista, avevano come unico obiettivo il lucro, accumulare immense fortune a spese dei comuni mortali. 

Tutte le riforme di mercato perseguivano il medesimo scopo: appropriarsi della proprietà statale, distruggere le aziende collettive e successivamente instaurare un regime liberale a vantaggio dei grandi proprietari. Disgraziatamente tutto ciò che favoriva il successo di pochi e conduceva all’impoverimento della maggioranza, fu messo in pratica.

Tutte le disgrazie del nostro paese sono opera di Kravchuk, Kuchma, Yuschenko e di tutti coloro che hanno occupato il potere negli ultimi 20 anni. E’ bene sapere che nessuno ha mai chiesto al popolo se sceglieva la via capitalista. Tutto è stato fatto di nascosto, sotto l’apparenza di un presunto amore per l’Ucraina e la nazione, con la scusa della democrazia e dell’umanismo europeo.

Come risultato della controrivoluzione capitalista, il popolo ucraino ha perso il potere e il controllo su tutto ciò che riguarda il paese. Oggi una minoranza governa sulla maggioranza. 50 persone possiedono la terza parte del PIL del paese. I ricchi sono sempre più ricchi e i poveri sempre più poveri.

Dopo averci procurato la crisi economico-finanziaria, i capitalisti pretendono di uscirne a spese della gente di buon senso. Il governo della Timoshenko ha indebitato tutto il popolo. Gli “arancioni” continuano imperterriti a vendere imprese e a chiedere crediti. E osano pure farsene un vanto.

Il “garante” Yuschenko nei suoi interventi insiste continuamente sulla sua intenzione di indirizzarsi unicamente ad una delle nazionalità dell’Ucraina. In questo gli fa eco l’altra “politicante”, armandosi di ideologia filo-fascista per attrarre l’elettorato.

Ma il caso vuole che, giorno dopo giorno, siano sempre meno quelli che danno ascolto a tali “pseudo-patrioti”. Per non parlare di coloro che vengono qualificati come “nazionalità aliene” (russi e altre minoranze, ndt). In Ucraina, a soffrire siamo tutti, senza distinzione.

Purtroppo, dobbiamo constatare che la nazione che hanno “forgiato” si può riassumere nelle seguenti cifre:

Siamo circa 46 milioni, di cui

Circa 10 milioni vivono sotto il livello della povertà.

Più di 3 milioni sono disoccupati.

Circa un milione e mezzo soffre la fame.

Circa 190.000 muoiono ogni anno di cancro. Su 1.500 ammalati, 900 muoiono.

700.000 sono malati di tubercolosi, secondo cifre del Ministero della Sanità.

440.000 persone sono colpite dal virus VIH.

150.000 sono i reclusi nelle carceri.

Circa 900.000 sono alcolisti cronici.

Ufficialmente sono 500.000 i tossicodipendenti, secondo le statistiche del Ministero degli Interni.

In Ucraina, quasi 200.000 bambini vivono nelle strade.

In Ucraina, ci sono circa 1 milione di vagabondi.

In Ucraina ci sono 19 milioni di fumatori. Il 66% degli uomini e il 20% delle donne.

Se sommiamo queste cifre al crescente analfabetismo, al degrado morale della gioventù, il quadro che ne risulta è molto triste.

Devono essere richiamati alle loro responsabilità questi politici di destra, liberali, che hanno applicato e continuano ad applicare le riforme capitaliste di mercato. Sono al governo. Non c’è differenza tra loro. Sono di diverso aspetto, ma tutti allo stesso modo capitalisti.

In considerazione di quanto abbiamo esposto, ogni cittadino oggi è obbligato a trovare una risposta logica al perché in passato ha dato il suo voto ai milionari e al perché dovrebbe continuare a farlo.


fonte: http://www.komunist.com.ua:80/article/27/10381.htm 


(auf deutsch / sullo stesso argomento, in italiano:


The Mafiosi State (II)
 
2009/12/09

PRISTINA/BERLIN
 
(Own report) - A new mafia scandal involving Berlin's Kosovo partner is creating unrest in Pristina. A former agent of the Kosovo intelligence service explained that a close associate of Kosovo's incumbent Prime Minister, Hashim Thaci, had commissioned the assassinations of political opponents. According to his report, spies from Thaci's entourage were also responsible for threats and assaults on witnesses, who were to testify against former UCK commanders before the ICTY war crimes tribunal. The European Union, who's "Rule of Law Mission" (EULEX) has known of the accusations for months, is still dragging its feet. Hashim Thaci, who, from the beginning has been rumored to have been involved in organized crime, has been collaborating closely with Berlin and Brussels. In the German capital, he is considered to be the guarantee for preventing unrest in Kosovo, whose secession is being examined for its compatibility with international law by the International Court of Justice since last week. Whereas German jurists, with eccentric argumentation, are seeking to lend the illegal secession from Serbia an appearance of legality, Spanish jurists are confirming that the act was illegal.

Commissioned Assassinations

The newest mafia scandal involving Pristina's secessionist regime was set in motion by the former secret agent Nazim Bllaca. Bllaca alleges that he had been in the employ of the secret service, SHIK, since the end of the war waged against Yugoslavia in 1999 by NATO and the troops of Kosovo's terrorist UCK militia. This secret service had been created by the UCK during the war and placed under the command of former UCK commander, Hashim Thachi's Partia Demokratike e Kosoves (PDK, Democratic Party of Kosovo) founded in 1999. Agents of the SHIK were active in organized crime. (Thaci is also rumored to have been heavily involved in organized crime.)[1] The agents extorted protection money and were mainly dealing in real estate.[2] One of their victims was a Pristina architect, who had wanted to take steps against the extremely widespread illegal construction activities. Bllaca explained that he had personally committed 17 crimes in the course of his SHIK activities, including extortion, assassination assaults, torture and serving as a contract killer. He reported that the SHIK crimes were also aimed at Thaci's political rival, Ibrahim Rugova and his party assistants in the Lidhja Demokratike e Kosoves (LKD, Democratic League of Kosovo). As a matter of fact, since 1999 several people from Rugova's close entourage had been killed.
Sexual Slave Trade
Bllaca is making grave accusations, directly implicating the entourage of Kosovo's Prime Minister, Hashim Thaci. For years Berlin and the EU have been cooperating with Thaci and are using his clan's influence to maintain control over Kosovo. No one has illusions about his activities. Already three years ago, a study commissioned by the German military, noted that on "the international level," Thaci is in control of wide ranging "criminal networks."[3] The German Foreign Intelligence Service, BND, concluded even earlier, that Thaci has commissioned "professional killers." Whether this was referring to the professional killer, Nazim Bllaca, is not yet known. Bllaca says that he received his orders for contract killings from Azem Syla. Syla, who in the 90s had been the UCK general chief of staff, is one of Thaci's close collaborators. Today he is honored as a businessman in Pristina. According to Bllaca, another high-ranking politician in Thaci's entourage had given SHIK agents criminal contracts - Xhavit Haliti. Haliti is currently a member of the Kosovo Parliament's Presidium and its foreign policy committee. Years ago, the BND has accused him of being involved in organized criminal activities, particularly the sexual slave trade.[4]

Intimidation of Witnesses

It is not yet clear what role the EU's "Rule of Law Mission," EULEX is playing in this current scandal. Bllaca claims to have confessed to EULEX months ago, to permit them to solve the crimes. It is unknown that EULEX has undertaken necessary measures. A few days ago, Bllaca found himself forced to go public with his confession and divulge additional information. Since then he has been jailed and placed under EU guard.[5] The evidence he has exposed could prove helpful for the UN's ICTY war crimes tribunal, for example that SHIK agents had threatened and assaulted witnesses, who were supposed to testify against the UCK before the tribunal. Several suspected war criminals had been acquitted because witnesses repudiated their previous testimonies or had even been murdered. Bllaca, who will now stand trial for his alleged murders, has not been able to find a defense lawyer willing to take the risk of defending him in a Pristina courtroom.

Entity

While the new accusations against Hashim Thaci and his entourage are stirring unrest in Pristina, the International Court of Justice in The Hague opened its hearing, December 1, into the case surrounding the secession of Kosovo. Following the secession of its southern province, Serbia had filed suit to receive confirmation of the secession's illegality. Last week three German international jurists testified, seeking to create the impression that the secession was legal with very eccentric argumentation. For example, the German government's legal advisor, Susanne Wasum-Rainer, claimed that in the aftermath of the invasion by NATO troops and the installation of a UN administration, Kosovo became an "entity," to which the principle of territorial integrity could not apply.[6] A "declaration of independence" had not been prohibited by international law and was therefore acceptable. The international jurist from Heidelberg, Jochen Frowein, who on various occasions has been commissioned by the Berlin government, admitted that secession could be in violation of international law, if it is achieved through the intervention of external powers, but this was not the case in Kosovo.[7]

Non-Binding

The representative of the Spanish government at the hearing in The Hague proved not quite as imaginative. Spain, along with four other EU nations [8] and more than two-thirds of the other nations around the world, does not recognize the secession of Kosovo. In The Hague, Madrid's international legal advisor pleaded her case on the basis that Serbia is a nation and therefore enjoys its claim to territorial integrity. The Western nations under German-US American leadership had deceived the United Nations in their recognizing this secession. "In light of their policy of faits accomplis," she said, "we are appealing to the power of rights."[9] In case The Hague, rather than succumb to Berlin's legal fantasies, upholds prevailing law, declaring the secession illegal, media organs in Germany are already spreading the rumor that the decision of the International Court of Justice is non-binding. In such a case, Germany will recognize the Kosovo secessionist Mafiosi regime that has illegally declared the province independent - even against the verdict of the UN's International Court of Justice.

Further information on German cooperation with criminal structures in Kosovo can be found here: Political Friendships"Thank You Germany!"Arbitrariness in PowerIn Accordance With NATO Standards and The Sorcerer's Apprentice.
[1] see also Organhandel and Die Mafia als Staat
[2] Angeblicher Killer erschüttert Kosovo; Basler Zeitung 02.12.2009
[3] see also "Thank You Germany!"
[4] see also Unter deutscher Aufsicht
[5] Angeblicher Killer erschüttert Kosovo; Basler Zeitung 02.12.2009
[6], [7] Berlin: Kosovo ist kein Präzedenzfall; Frankfurter Allgemeine Zeitung 03.12.2009
[8] Neben Spanien erkennen auch die EU-Mitglieder Slowakei, Rumänien, Griechenland und Zypern die Sezession des Kosovo nicht an.
[9] España apela al derecho internacional para declarar ilegal la independencia de Kosovo; El País 08.12.2009


(srpskohrvatski / italiano)

Una operazione Tempesta anche in Bosnia? / Pripremana i "Oluja 2" ?


=== srpskohrvatski ===


Pripremana i "Oluja 2" ?

Francuski obaveštajac Jugoslav Petrušić Dominik tvrdi da je tokom prethodnog rata bila planirana akcija "Oluja 2" u kojoj bi Srbi bili proterani iz BiH u što većem broju. 

Petrušić navodi da je kao francuski obaveštajac bio svedok akcije oslobađanja francuskih pilota u BiH 1995. godine, zbog čije je navodne likvidacije bila predviđena "Oluja 2".

"To su pojedinci u Francuskoj smislili isključivo zbog svojih privatnih interesa", rekao je Petrušić i dodao da je plan bio da strada mnogo ljudi.

On naglašava da je Francuzima nosio žive dokaze da su piloti živi i da je tada znao da su spremali pakleni plan za BiH.

"Učestvovao sam u vrlo važnoj akciji oslobađanja francuskih pilota. Kada su pripadnici Vojske Republike Srpske oborili dva francuska aviona 1995. godine u BiH, tadašnji francuski ministar odbrane i ministar unutrašnjih poslova hteli su francuskoj javnosti da prikažu da su nekontrolisane srpske bande otele pilote i da su ih likvidirale", ističe Petrušić za sarajevski nedeljnik "Slobodna Bosna".

Prema njegovim riječima, u to vreme pilote su čuvali ljudi iz 10. diverzantskog odreda, ali je tadašnji francuski predsednik Žak Širak sve vreme tu činjenicu krio od roditelja pilota, ali i od javnosti.

"To je radio smišljeno, jer je imao plan da na pilotima profitira. Za to vreme, navodno Ratko Mladić u zamenu za pilote traži oružje i to sisteme S-300. Rusi šalju te sisteme Francuzima i oni kreću prema Srbiji. Oružje je stiglo do Mađarske, a potom je preusmereno prema Angoli da bi na kraju završilo u Iranu. Ti sistemi su prodati za 600 miliona dolara", rekao je Petrušić.

On je naveo da je zbog te afere i krađe 600 miliona dolara nedavno suđeno Širaku, tadašnjim francuskim ministrima odbrane i unutrašnjih poslova i još 50 osoba iz Francuske obaveštajne službe.

Petrušić tvrdi da su mudžahedine u BiH poslale britanske, američke i francuske tajne službe da bi se, kako je rekao, imao uvid kako funkcionišu sve strane.

"Cele grupe takvih ljudi koje su došle u BiH, a koji su pušteni da pobegnu iz zatvora, bile su instruisane da naprave zločin kako bi se rukovodstvo BiH u određenom momentu stavilo uza zid. Mnogi, pre svega, bosanski muslimani, ne vide te stvari", naglasio je Petrušić.

On je rekao da je 1997. godine u Bočinji kod Maglaja nastao rat oko mudžahedina između dve službe, američke i francuske, jer su i jedna i druga želele kontrolu nad njima.

"Pri tome, ni jednoj službi nije u interesu da prave informacije o njima dostavi nadležnim institucijama u BiH kako bi imali argumente da ih proteraju . Niko ne želi i nikome nije u interesu da ih zaustavi. Oni su ostavljeni tu, prevashodno, kako bi formirali svoje ćelije", naglasio je Petrušić.

Petrušić, koji je kao francuski obaveštajac bio zadužen da prati kretanje sarajevskog kriminalca i vođe muslimanske paravojne formacije Jusufa Juke Prazine u Francuskoj i Belgiji, kaže da je dok je bio na zadatku postao živi svedok njegovog ubistva.

On je rekao da je Prazina izveden iz Sarajeva preko Hercegovine i Hrvatske kada je počeo da predstavlja problem muslimanskoj tajnoj službi, odnosno pukovniku bezbednosti Sarajeva.

Petrušić kaže da su uz Prazinu uvek bila dva muslimana i jedan Hrvat, a postojao je i četvrti koji je išao do BiH i donosio mu informacije.

"Oni su 4. decembra 1994. godine inscenirali tuču u jednoj kafani u Belgiji u blizini holandske granice kod sela Vambroš u kojem sam se ja nalazio. Bilo je potezanja i oružja. Prazina je tukao neke ljude. Međutim, oni su rekli Prazini `mi ćemo da te spasimo, idemo odavde`", kaže Petrušić.

Prema njegovim rečima, oni su od Prazine tražili informacije o velikim parama, tukli su ga i držali sve dok im nije rekao sve što su od njega tražili, nakon čega su ga ubili.

On je dodao da je Prazina nađen tek 29. decembra, a iako se znalo gde se on nalazi ozbiljna potraga za njim nije izvedena. Ubice su uhapšene dva meseca kasnije i osuđeni su na kaznu od četiri do osam godina.

"Četvrti čovek se vratio u Sarajevo, a on je bivši vozač Alije Delimustafića, sa Naserom Orićem je bio u 72. izviđačko-diverzantskoj jedinici i danas se nalazi na vrlo odgovornoj funkciji. Ja koji sam sa određen udaljenosti gledao šta se dešava, javio sam kome je trebalo. Prazinu su po instrukcijama ubili njegovi ljudi", ističe Petrušić, koji je dugo godina bio pratilac francuskog predsednika Fransoa Miterana.

Izvor: Srna / Slobodna Bosna: http://www.slobodna-bosna.ba/Secured/?ID=17327


=== italiano ===

Era prevista anche l'operazione "Oluja 2" (Tempesta 2)?

Jugoslav Petrusic Dominique, ufficiale dell'intelligence francese, sostiene che durante la guerra era stata pianificata l'operazione "Oluja 2", allo scopo di espellere il maggior numero possibile di Serbi dalla Bosnia ed Erzegovina.

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Petrusic ha detto che, in qualità di ufficiale francese di intelligence, aveva assistito all'azione del rilascio dei piloti francesi in B-E nell'anno 1995, la cui presunta liquidazione avrebbe dovuto fungere da movente per la operazione "Oluja 2".

"Alcuni personaggi in Francia l'avevano pianificata esclusivamente per i loro interessi privati", ha detto Petrusic, aggiungendo che il piano era di creare il maggior numero possibile di vittime.

Egli sottolinea che ai francesi portò delle prove viventi che i piloti erano salvi, ed era al corrente che i francesi preparavano questo piano infernale per la Bosnia-Erzegovina.

"Ho partecipato all'intervento molto importante del salvataggio dei piloti francesi. Quando i militari dell'Esercito della Repubblica Serba avevano abbattuto due aerei francesi nel 1995 in Bosnia-Erzegovina, l'allora ministro francese della Difesa e il ministro degli Interni volevano mostrare al pubblico francese che bande incontrollate serbe avevano rapito i piloti e li avevano uccisi", dice Petrušić a "Slobodna Bosna", settimanale di Sarajevo.

Secondo lui, in quel momento i piloti sono stati sotto sorveglianza del 10-mo distaccamento serbo guastatori, ma l'allora presidente francese Jacques Chirac teneva nascosto questo fatto ai genitori e al pubblico.

"Lo faceva apposta, avendo il piano di sfruttare la situazione creatasi con il sequestro dei piloti. Durante questo periodo, Ratko Mladic ha presumibilmente chiesto delle armi, più precisamente i sistemi S-300, in cambio dei piloti. I russi hanno spedito questi sistemi ai francesi e sono in seguito stati inviati verso la Serbia. Le armi sono arrivate in Ungheria, reindirizzate in Angola per poi finire in Iran. Questi sistemi sono stati venduti per 600 milioni di dollari", ha detto Petrusic.

Petrusic ha detto che a causa di questi scandali e del furto di 600 milioni di dollari, Chirac di recente è stato messo sotto accusa, assieme con gli allora ministri francesi della Difesa e degli Interni e ad altre 50 persone del servizio di intelligence francese.

Petrusic afferma che i mujaheddin in Bosnia-Erzegovina sono stati inviati dai servizi segreti britannici, americani e francesi, allo scopo di conoscere l'operato di tutte le controparti.

"Erano giunti in B-E interi gruppi di queste persone, precedentemente lasciate fuggire dalle carceri ed istruite per commettere dei reati per far sì che la leadership della Bosnia-Erzegovina ad un certo momento venisse messa spalle al muro. Sono in tanti oggi, soprattutto i musulmani bosniaci, a non recepire queste cose", ha detto Petrusic.

Egli ha detto che nel 1997 a Bocinj nei pressi di Maglaj era scoppiato uno scontro riguardo ai mujaheddin tra due servizi, cioè tra gli Stati Uniti e la Francia, perché entrambe volevano il controllo su di essi.

"Perciò, non è nell'interesse di alcun servizio di intelligence rendere note le informazioni su di loro, presentandole alle istituzioni competenti in B-E affinché queste abbiano degli argomenti per la loro espulsione. Nessuno vuole e non è nell'interesse di nessuno di fermarli. In primo luogo, furono  lasciati sul territorio per formare le cellule", ha detto Petrusic. [...]