Informazione



La NED, vitrine légale de la CIA 

par Thierry Meyssan*


Depuis 30 ans, la National Endowment for Democracy (NED) sous-traite la partie légale des opérations illégales de la CIA. Sans éveiller de soupçons, elle a mis en place le plus vaste réseau de corruption du monde, achetant syndicats ouvriers et patronaux, partis politiques de gauche et de droite, pour qu’ils défendent les intérêts des Etats-Unis au lieu de ceux de leurs membres. Thierry Meyssan décrit ici l’étendue de ce dispositif.



6 OCTOBRE 2010

En 2006, le Kremlin dénonçait la prolifération d’associations étrangères en Russie, dont certaines auraient participé à un plan secret de déstabilisation du pays orchestré par la Fondation américaine pour la démocratie (National Endowment for Democracy – NED). Pour prévenir une « révolution colorée », Vladislav Surkov élaborait une stricte réglementation de ces « organisations non-gouvernementales (ONG) ». A l’Ouest, cet encadrement administratif était décrit comme une nouvelle attaque du « dictateur » Poutine et de son conseiller contre la liberté d’association.

Cette politique a été suivie par d’autres Etats qui, à leur tour, ont été présentés par la presse internationale comme des « dictatures ».

Le gouvernement des Etats-Unis assure qu’il s’emploie à « la promotion de la démocratie dans le monde ». Il revendique que le Congrès puisse subventionner la NED et que celle-ci puisse, à son tour et en toute indépendance, aider directement ou indirectement des associations, des partis politiques ou des syndicats, oeuvrant en ce sens n’importe où dans le monde. Les ONG étant, comme leur dénomination l’indique, « non-gouvernementales » peuvent prendre des initiatives politiques que les ambassades ne pourraient assumer sans violer la souveraineté des Etats qui les reçoivent. Toute la question réside donc là : la NED et le réseau d’ONG qu’elle finance sont-elles des initiatives de la société civile injustement réprimées par le Kremlin ou des paravents des services secrets US pris en flagrant délit d’ingérence ?

Pour répondre à cette question, nous allons revenir sur l’origine et le fonctionnement de la National Endowment for Democracy. Mais avant toute chose, nous devons analyser ce que signifie le projet officiel des Etats-Unis d’« exportation de la démocratie ».

[FOTO: Les puritains qui fondèrent les Etats-Unis voulaient en faire une « cité radieuse » éclairant le monde. Ils se pensèrent comme les missionnaires d’un modèle politique.]


Quelle démocratie ?


Les Etats-uniens, en tant que peuple, adhèrent à l’idéologie de leurs pères fondateurs. Ils se pensent comme une colonie venue d’Europe pour fonder une cité obéissante à Dieu. Ils conçoivent leur pays comme « une lumière sur la montagne », selon l’expression de Saint Mathieu reprise durant deux siècles par la plupart de leurs présidents dans leurs discours politiques. Les Etats-Unis seraient une nation modèle, brillant en haut d’une colline, éclairant le monde. Et tous les autres peuples de la terre espéreraient copier ce modèle pour atteindre leur salut.

Pour les Etats-uniens, cette croyance naïve implique comme allant de soi que leur pays est une démocratie exemplaire et qu’ils ont un devoir messianique de l’étendre au reste du monde. Alors que Saint Mathieu envisageait la propagation de la foi par le seul exemple d’une vie juste, les pères fondateurs des Etats-Unis pensaient l’allumage de leur feu et sa propagation comme un changement de régime. Les puritains anglais décapitèrent Charles Ier avant de fuir vers les Pays-Bas et les Amériques, puis les patriotes du Nouveau monde rejetèrent l’autorité du roi George III d’Angleterre et proclamèrent l’indépendance des Etats-Unis.

Imprégnés de cette mythologie nationale, les Etats-Uniens ne perçoivent pas la politique extérieure de leur gouvernement comme un impérialisme. A leurs yeux, il est d’autant plus légitime de renverser un gouvernement que celui-ci ambitionne d’incarner un modèle différent du leur, donc maléfique. De même, sont-ils persuadés qu’investis de leur mission messianique, ils sont parvenus à imposer par la force la démocratie dans des pays qu’ils ont occupé. Ils apprennent par exemple dans leurs écoles que les GI’s ont apporté la démocratie en Allemagne. Ils ignorent que l’histoire est exactement inverse : leur gouvernement aida Hitler à renverser la République de Weimar et à instaurer un régime militaire pour combattre les Soviets.

Cette idéologie irrationnelle les empêche de s’interroger sur la nature de leurs institutions et sur l’absurdité du concept de « démocratie forcée ».

Or, selon la formule du président Abraham Lincoln, « la démocratie, c’est le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ».

De ce point de vue, les Etats-Unis ne sont pas une démocratie, mais un système hybride, dans lequel le pouvoir exécutif revient à une oligarchie, tandis que le peuple en limite l’arbitraire grâce aux contre-pouvoirs législatif et judiciaire. En effet, si le peuple élit le Congrès et certains juges, ce sont les Etats fédérés qui élisent le pouvoir exécutif et ce dernier qui désigne les hauts magistrats. Bien que les citoyens soient appelés à se prononcer sur le choix de leur président, leur vote en la matière n’est que consultatif, comme l’a rappelé la Cour suprême en 2000 dans l’affaire Gore contre Bush. La Constitution des Etats-Unis ne reconnaît pas la souveraineté du peuple, car le pouvoir est partagé entre lui et les Etats fédérés, c’est-à-dire les notables locaux.

Au passage, on observera que la Constitution de la Fédération de Russie est au contraire démocratique — sur le papier tout au moins — en ce qu’elle affirme : « Le détenteur de la souveraineté et l’unique source du pouvoir dans la Fédération de Russie est son peuple multinational » (Titre I, Ch. 1, art.3).

Ce contexte intellectuel explique que les Etats-Uniens soutiennent leur gouvernement lorsqu’il annonce vouloir « exporter la démocratie », alors même que leur pays n’en est pas une constitutionnellement. Mais, on ne voit pas comment ils pourraient exporter ce qu’ils n’ont pas et ne veulent pas avoir chez eux.

Au cours des trente dernières années, cette contradiction a été portée par la NED et s’est concrétisée par la déstabilisation de nombreux Etats. Des milliers de militants et d’ONG crédules ont violé la souveraineté des peuples avec le sourire béat de la bonne conscience.


Une Fondation pluraliste et indépendante


Dans son célèbre discours du 8 juin 1982 devant le Parlement britannique, le président Reagan dénonça l’Union soviétique comme « l’Empire du Mal » et proposa de venir en aide aux dissidents là-bas et ailleurs. « Il s’agit de contribuer à créer l’infrastructure nécessaire à la démocratie : la liberté de la presse, des syndicats, des partis politiques, des universités : ainsi les peuples seront-ils libres de choisir telle voie qui leur conviendra pour développer leur culture et régler leurs différents par des moyens pacifiques », déclara t-il.

Sur cette base consensuelle de lutte contre la tyrannie, une commission de réflexion bipartisane préconisa à Washington la création de la Fondation nationale pour la démocratie (NED). Celle-ci fut instituée par le Congrès en novembre 1983 et immédiatement financée.

La Fondation subventionne quatre structures autonomes qui redistribuent à l’étranger l’argent disponible à des associations, des syndicats ouvriers et patronaux, et des partis de droite et de gauche. Il s’agit de : 
 L’Institut des syndicats libres (Free Trade Union Institute – FTUI), aujourd’hui renommé Centre américain pour la solidarité des travailleurs (American Center for International Labor Solidarity – ACILS), géré par le syndicat ouvrier AFL-CIO ; 
 Le Centre pour l’entreprise privée internationale (Center for International Private Entreprise – CIPE), géré par la Chambre de commerce des Etats-Unis ; 
 L’Institut républicain international (International Republican Institute – IRI), géré par le Parti républicain ; 
 Et l’Institut national démocratique pour les affaires internationales (National Democratic Institute for International Affairs – NDI), géré par le Parti démocrate.

Présenté de cette manière, la NED et ses quatre pseudopodes paraissent basés sur la société civile dont ils reflètent la diversité sociale et le pluralisme politique. Financés par le peuple états-unien, via le Congrès, ils oeuvreraient à un idéal universel. Ils seraient complètement indépendants de l’administration présidentielle. Et leur action transparente ne pourrait pas masquer des opérations secrètes servant des intérêts nationaux inavoués.

La réalité est complètement différente.

[FOTO: En 1982, Ronald Reagan a créé la NED en partenariat avec le Royaume-Uni et l’Australie, pour renverser « l’Empire du Mal ».]


Une mise en scène de la CIA, du MI6 et de l’ASIS


Le discours de Ronald Reagan à Londres prend place après les scandales entourant la révélation par des commissions d’enquête parlementaires des coups tordus de la CIA. Le Congrès interdit à l’Agence d’organiser de nouveaux coups d’Etat pour conquérir des marchés. A la Maison-Blanche, le Conseil de sécurité nationale cherche donc à mettre en place d’autres outils pour contourner cet interdit.

La Commission de réflexion bipartisane a été constituée avant le discours de Ronald Reagan, même si elle n’a officiellement reçu de mandat de la Maison-Blanche qu’après. Elle ne répond donc pas à la grandiloquente ambition présidentielle, mais la précède. Par conséquent, le discours n’est que l’habillage rhétorique de décisions déjà arrêtées dans leurs grandes lignes et destinées à être mises en scène par la commission bipartisane.

Celle-ci était présidée par le représentant spécial des Etats-Unis pour le Commerce, ce qui indique qu’elle n’envisageait pas la promotion de la démocratie, mais, selon une terminologie consacrée, de la « démocratie de marché ». Ce concept étrange correspond au modèle états-unien : une oligarchie économique et financière impose ses choix politiques via les marchés et l’Etat fédéral, tandis que les parlementaires et juges élus par le peuple protègent les individus de l’arbitraire de l’administration.

Trois des quatre organismes périphériques de la NED ont été formés pour la circonstance. Cependant il n’a pas été nécessaire de créer le quatrième, l’organisme syndical (ACILS). Celui-ci existait depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, bien qu’il ait changé de nom en 1978 lorsqu’on dévoila sa subordination à la CIA. D’où l’on peut déduire que le CIPE, l’IRI et le NDI ne sont pas nés par génération spontanée, mais également sous la houlette de la CIA.

De plus, bien que la NED soit une association de droit états-unien, elle n’est pas un outil de la seule CIA, mais un dispositif commun avec les services britannique (ce pourquoi elle est annoncée par Reagan à Londres) et australien. Ce point central est toujours passé sous silence. Il est pourtant confirmé par les messages de félicitation adressés par les Premiers ministres Tony Blair et John Howard lors du XXe anniversaire de la soi-disante « ONG ». La NED et ses pseudopodes sont des organes du pacte militaire anglo-saxon liant Londres, Washington et Canberra au même titre que le réseau d’interception électronique Echelon. Ce dispositif peut être requis non seulement par la CIA, mais aussi par le MI6 britannique et l’ASIS australien.

Pour dissimuler cette réalité, la NED a suscité chez des alliés la création d’organisations analogues qui travaillent avec elle. En 1988, le Canada s’est doté d’un centre Droits & Démocratie, qui s’est surtout focalisé sur Haïti, puis sur l’Afghanistan. En 1991, le Royaume-Uni a institué la Westminster Foundation for Democracy (WFD). Le fonctionnement de cet organisme public est calqué sur celui de la NED : son administration est confiée aux partis politiques (huit délégués : trois pour le Parti conservateur, trois pour le Parti travailliste, un pour le Parti libéral, et un dernier pour les autres partis représentés au Parlement). La WFD a beaucoup travaillé en Europe orientale. Enfin, en 2001, l’Union européenne s’est dotée du European Instrument for Democracy and Human Rights (EIDHR), qui suscite moins de soupçons que ses homologues. Ce bureau relève d’EuropAid, dirigé par un haut fonctionnaire aussi puissant qu’inconnu, le Néerlandais Jacobus Richelle.

[FOTO: Henry Kissinger, administrateur de la NED. Un « représentant de la société civile » ?]


La directive présidentielle 77


En votant la fondation de la NED, le 22 novembre 1983, les parlementaires US ignoraient qu’elle existait déjà en secret, en vertu d’une directive présidentielle datée du 14 janvier.

Ce document, qui n’a été déclassifié que deux décennies plus tard, organise la « diplomatie publique », expression politiquement correcte pour désigner la propagande. Il institue à la Maison-Blanche des groupes de travail au sein du Conseil de sécurité nationale, dont un chargé de piloter la NED.

Par conséquent, le conseil d’administration de la Fondation n’est qu’une courroie de transmission du Conseil de sécurité nationale. Pour maintenir les apparences, il a été convenu que, d’une manière générale, les agents et anciens agents de la CIA ne pourraient être nommés administrateurs.

Les choses sont néanmoins transparentes. La plupart des hauts fonctionnaires ayant joué un rôle central au Conseil de sécurité nationale ont été administrateurs de la NED. C’est par exemple le cas d’Henry Kissinger, Franck Carlucci, Zbigniew Brzezinski, ou encore Paul Wolfowitz ; des personnalités qui ne resteront pas dans l’Histoire comme des idéalistes de la démocratie, mais comme des stratèges cyniques de la violence.

Le budget de la Fondation ne peut être interprété isolément puisqu’elle reçoit ses instructions du Conseil de sécurité nationale pour mener des actions s’inscrivant dans de vastes opérations inter-agences. Des fonds, notamment lorsqu’ils proviennent de l’Agence d’aide internationale (USAID), transitent par la NED sans apparaître dans son budget, simplement pour les « non-gouvernementaliser ». En outre, la Fondation reçoit indirectement de l’argent de la CIA, après qu’il ait été blanchi par des intermédiaires privés comme la Smith Richardson Foundation, la John M. Olin Foundation ou encore la Lynde and Harry Bradley Foundation.

Pour évaluer l’ampleur de ce programme, il faudrait cumuler le budget de la NED avec les sous-budgets correspondants du département d’Etat, de l’USAID, de la CIA, et du département de la Défense. Une telle estimation est aujourd’hui impossible.

Certains éléments connus permettent néanmoins de disposer d’un ordre de grandeur. Les Etats-Unis ont dépensé au cours des cinq dernières années plus d’1 milliard de dollars pour des associations et partis au Liban, un petit Etat de 4 millions d’habitants. Globalement, la moitié de cette manne a été distribuée publiquement par le département d’Etat, l’USAID et la NED, l’autre moitié a été versée secrètement par la CIA et le département de la Défense. Cet exemple permet d’extrapoler que le budget général de corruption institutionnelle par les Etats-Unis se compte en dizaines de milliard de dollars annuels. Au demeurant, le programme équivalent de l’Union européenne, qui est entièrement public et fournit un appoint aux actions états-uniennes, est de 7 milliards d’euros annuels.

En définitive, la structure juridique de la NED et le volume de son budget officiel ne sont que des leurres. Par essence, elle n’est pas un organisme indépendant chargé d’actions légales autrefois dévolues à la CIA, mais elle est une vitrine que le Conseil de sécurité nationale charge de réaliser les éléments légaux d’opérations illégales.


La stratégie trotskiste


Au cours de sa phase de mise en place (1984), la NED a été présidée par Allen Weinstein, puis durant quatre ans par John Richardson (1984-88), enfin par Carl Gershman (depuis 1998).

Ces trois hommes ont trois points communs. Ils sont juifs, ont milité au sein du parti trotskiste Social Democrats USA, et ont travaillé à la Freedom House. Il y a une logique à cela : par haine du stalinisme, certains trotskistes ont rejoint la CIA pour lutter contre les Soviétiques. Ils ont apporté avec eux la théorie de la prise de pouvoir mondiale, en la transposant aux « révolutions colorées » et à la « démocratisation ». Ils ont simplement déplacé la vulgate trotskiste en l’appliquant au combat culturel analysé par Antonio Gramsci : le pouvoir s’exerce dans les esprits plus que par la force. Pour gouverner les masses, une élite doit d’abord leur inculquer une idéologie qui programme leur acceptation du pouvoir qui les domine.


Le Centre américain pour la solidarité des travailleurs (ACILS)


Connu sous le nom de Solidarity Center, l’ACILS, branche syndicale de la NED, est de très loin son principal canal. Il distribue plus de la moitié des dons de la Fondation. Il a pris la succession des organismes antérieurs qui ont servi tout au long de la Guerre froide à structurer les syndicats non-communistes dans le monde, du Vietnam à l’Angola, en passant par la France et le Chili.

Le fait de choisir des syndicalistes pour couvrir ce programme de la CIA est d’une rare perversité. Loin du slogan marxiste « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous », l’ACILS associe les syndicats ouvriers états-uniens à l’impérialisme qui écrase les travailleurs des autres pays.

Cette filière était dirigée par un personnage haut en couleurs, Irving Brown, de 1948 jusqu’à sa mort en 1989.

[FOTO: En 1981, Irving Brown place Jean-Claude Mailly comme assistant du secrétaire général de Force Ouvrière, André Bergeron. Ce dernier reconnaîtra financer son activité grâce à la CIA. Mailly devient secrétaire général de FO, en 2004.]




Certains auteurs assurent que Brown était le fils d’un Russe blanc, compagnon d’Alexandre Kerensky. Ce qui est certain, c’est qu’il fut agent de l’OSS, le service de renseignement US durant la Seconde Guerre mondiale et participa à la création de la CIA et du réseau Gladio de l’OTAN. Il refusa d’en prendre la direction, préférant se concentrer sur sa spécialité, les syndicats. Il fut basé à Rome, puis à Paris, et non pas à Washington, de sorte qu’il eut une influence particulière sur la vie publique italienne et française. A la fin de sa vie, il se vantait ainsi de n’avoir cessé de diriger en sous-main le syndicat français Force Ouvrière, d’avoir tiré les ficelles du syndicat étudiant UNI (où militèrent Nicolas Sarkozy et ses ministres François Fillon, Xavier Darcos, Hervé Morin et Michèle Alliot-Marie, ainsi que le président de l’Assemblée nationale Bernard Accoyer et le président du groupe parlementaire majoritaire Jean-François Copé), et d’avoir personnellement formé à gauche des membres d’un groupuscule trotskiste dont Jean-Christophe Cambadelis et le futur Premier ministre Lionel Jospin.

A la fin des années 90, les adhérents de la confédération AFL-CIO ont exigé des comptes sur les activités réelles de l’ACILS, alors que leur caractère criminel dans de nombreux pays avait été abondamment documenté. On aurait pu croire que les choses auraient changé après ce grand déballage. Il n’en est rien. En 2002 et 2004, l’ACILS a participé activement au coup d’Etat manqué au Venezuela contre le président Hugo Chavez et à celui, réussi, en Haïti, renversant le président Jean-Bertrand Aristide.

Aujourd’hui l’ACILS est dirigé par John Sweeney, ancien président de la confédération AFL-CIO, qui est lui aussi issu du parti trotskiste Social Democrats USA.


Le Centre pour l’entreprise privée internationale (CIPE)


Le Centre pour l’entreprise privée internationale (CIPE) se focalise sur la diffusion de l’idéologie capitaliste libérale et la lutte contre la corruption.

La première réussite du CIPE, c’est la transformation, en 1987, du European Management Forum —un club de grands patrons européens— en World Economic Forum —le club de la classe dirigeante transnationale—. Le grand rendez-vous annuel du gotha économique et politique global dans la station de ski suisse de Davos a contribué à forger une appartenance de classe au-delà des identités nationales.

Le CIPE veille à n’avoir aucun lien structurel avec le Forum de Davos, et il n’est pas possible —pour le moment— de prouver que le World Economic Forum est instrumenté par la CIA. A contrario, les responsables de Davos seraient bien en peine d’expliquer pourquoi certains leaders politiques ont choisi leur Forum économique pour y jouer des événements de la plus haute importance s’il ne s’agissait d’opérations planifiées par le Conseil de sécurité nationale des Etats-Unis. Par exemple, en 1988, c’est à Davos —et pas à l’ONU— que la Grèce et la Turquie font la paix. En 1989, c’est à Davos que les deux Corée d’une part et les deux Allemagne d’autre part, tiennent leur premier sommet à niveau ministériel pour les uns et leur premier sommet sur la réunification pour les autres. En 1992, c’est encore à Davos que Frederik de Klerk et Nelson Mandela libre viennent ensemble présenter pour la première fois à l’étranger leur projet commun pour l’Afrique du Sud. Toujours plus invraisemblable, c’est à Davos qu’en 1994, après l’Accord d’Oslo, que Shimon Peres et Yasser Arafat viennent négocier et signer son application à Gaza et Jéricho.

Le contact entre le Forum et Washington passe notoirement par Susan K. Reardon, l’ancienne directrice de l’association professionnelle des employés du département d’Etat devenue directrice de la Fondation de la Chambre de Commerce des Etats-Unis, qui gère le CIPE.

L’autre réussite du Centre pour l’entreprise privée internationale, c’est Transparency International. Cette « ONG » a officiellement été créée par un officier de renseignement militaire US, Michael J. Hershman, qui est par ailleurs administrateur du CIPE et aujourd’hui un des responsables du recrutement des informateurs du FBI aussi bien que le Pdg de l’agence de renseignement privée Fairfax Group.

Transparency International est avant tout une couverture pour les activités d’intelligence économique de la CIA. C’est aussi un outil de communication pour contraindre des Etats à modifier leurs législations dans le sens de l’ouverture de leurs marchés.

Pour masquer l’origine de Transparency International, le CIPE a fait appel au savoir-faire de l’ancien directeur de presse de la Banque mondiale, le néo-conservateur Frank Vogl. Ce dernier a mis en place un Comité de personnalités qui a contribué à donner l’impression d’une association issue de la société civile. Ce comité de façade est animé par Peter Eigen, ancien directeur de la Banque mondiale en Afrique de l’Est, dont l’épouse était en 2004 et 2009 la candidate du SPD à la présidence de la République fédérale allemande.

Le travail de Transparency International sert les intérêts US et n’est aucunement fiable. Ainsi, en 2008, la pseudo ONG dénonçait la corruption de PDVSA, la société publique des pétroles du Venezuela, et, sur la base d’informations falsifiées, la plaçait en dernière position dans son classement mondial des entreprises publiques. Le but était évidemment de saboter la réputation d’une entreprise qui constitue le socle économique de la politique anti-impérialiste du président Hugo Chavez. Prise en flagrant délit d’intoxication, Transparency International refusa de répondre aux questions de la presse latino-américaine et de corriger son rapport. Rien d’étonnant au demeurant lorsqu’on se souvient que le correspondant du CIPE au Venezuela, Pedro Carmona, avait brièvement été installé au pouvoir par les USA, lors du coup d’Etat manqué de 2002 contre Hugo Chavez.

D’une certaine manière, en focalisant l’attention des médias sur la corruption économique, Transparency International masque l’activité de la NED : la corruption politique des élites dirigeantes au profit des Anglo-Saxons.


L’Institut républicain international (IRI) et l’Institut national démocratique pour les affaires internationales (NDI)


L’Institut républicain international (IRI) a pour vocation de corrompre les partis de droite, tandis que l’Institut national démocratique pour les affaires internationales (NDI) traite les partis de gauche. Le premier est présidé par John McCain, le second par Madeleine Albright. Ces deux personnalités ne doivent donc pas être perçues comme des politiciens ordinaires, un leader d’opposition et une sage retraitée, mais comme des responsables actifs de programmes du Conseil de sécurité nationale.

Pour encadrer les principaux partis politiques dans le monde, l’IRI et le NDI ont renoncé à contrôler l’Internationale libérale et l’Internationale socialiste. Ils ont donc créé des organisations rivales, l’Union démocratique internationale (IDU) et l’Alliance des démocrates (AD). La première est présidée par l’Australien John Howard. Le Russe Leonid Gozman de Juste cause (Правое дело) en est vice-président. La seconde est dirigée par l’Italien Gianni Vernetti et co-présidée par le Français François Bayrou.

L’IRI et le NDI s’appuient aussi sur les fondations politiques liées aux grands partis européens (six en Allemagne, deux en France, une aux Pays-Bas et une autre encore en Suède). En outre, certaines opérations ont été sous-traitées à de mystérieuses sociétés privées, comme Democracy International Inc. qui a organisé les dernières élections truquées en Afghanistan.

[FOTO: Ancien adjoint de Rahm Emanuel et actuel responsable du NDI, Tom McMahon est venu en France organiser les primaires du Parti socialiste.]



Tout cela laisse un goût amer. Les Etats-Unis ont corrompu la plupart des grands partis politiques et syndicats dans le monde. En définitive, la « démocratie » qu’ils promeuvent consiste à discuter de questions locales dans chaque pays –voire de questions sociétales comme les droits des femmes ou des gays– et à s’aligner sur Washington pour toutes les questions internationales. Les campagnes électorales sont devenues des spectacles dont la NED choisit le casting en fournissant à certains et pas à d’autres les moyens financiers dont ils ont besoin. Même la notion d’alternance a perdu son sens, puisque la NED promeut alternativement un camp ou un autre pourvu qu’il poursuive la même politique étrangère et de défense.

On se lamente aujourd’hui dans l’Union européenne et ailleurs sur la crise de la démocratie. Celle-ci a pour responsables évidents la NED et les Etats-Unis. Et comment qualifier un régime, comme celui des Etats-Unis, où le principal leader de l’opposition, John McCain, est en réalité un employé du Conseil de sécurité nationale ? Certainement pas comme une démocratie.


Le bilan d’un système


L’USAID, la NED, leurs instituts satellites et leurs fondations intermédiaires ont donné naissance au fil du temps à une vaste et gourmande bureaucratie. Chaque année le vote du budget de la NED par le Congrès donne lieu à de vifs débats sur l’inefficacité de ce système tentaculaire et les rumeurs de détournements de fonds au profit de personnalités politiques états-uniennes chargées de l’administrer.

Dans un souci de bonne gestion, de nombreuses études ont été commandées pour mesurer l’impact de ces flux financiers. Des experts ont comparé les sommes allouées dans chaque Etat et la notation démocratique de ces Etats par la Freedom House. Puis, ils ont calculé combien il fallait dépenser de dollars par habitant pour améliorer d’un point la note démocratique d’un Etat.

[FOTO: Tomicah Tillemann, conseiller d’Hillary Clinton pour la société civile et les démocraties émergentes, supervise le dispositif de la NED au départment d’Etat.]



Bien sûr tout ceci n’est qu’une tentative d’auto-justification. L’idée d’établir une notation démocratique n’a rien de scientifique. De manière totalitaire, elle suppose qu’il n’existe qu’une forme d’institutions démocratiques. Et de manière infantile, elle établit une liste de critères disparates qu’elle pondère de coefficients imaginaires pour transformer la complexité sociale en un chiffre unique.

Au demeurant, la grande majorité de ces études concluent à l’échec : bien que le nombre de démocraties s’accroisse dans le monde, il n’y aurait aucun lien entre les progrès ou les régressions démocratiques d’une part, et les sommes dépensées par le Conseil de sécurité nationale. A contrario, cela confirme que les objectifs réels n’ont aucun rapport avec ceux qui sont affichés. Les responsables de l’USAID citent cependant une étude de l’université Vanderbilt selon laquelle, seules les opérations de la NED co-financées par l’USAID ont été efficaces, parce que l’USAID a une gestion rigoureuse de son budget. Sans surprise, cette étude singulière a été financée par… l’USAID.

Quoi qu’il en soit, en 2003, à l’occasion de son vingtième anniversaire, la NED dressa un bilan politique de son action d’où il ressort qu’elle finançait alors plus de 6 000 organisations politiques et sociales dans le monde, un chiffre qui n’a cessé de croître depuis. Elle revendiquait avoir entièrement créé le syndicat Solidarnoc en Pologne, la Charte des 77 en Tchécoslovaquie et Otpor en Serbie. Elle se félicitait d’avoir créé de toutes pièces la radio B92 ou le quotidien Oslobodjenje en ex-Yougoslavie et une kyrielle de nouveaux médias indépendants en Irak « libéré ».


Changer de couverture


Après avoir connu un succès mondial, la rhétorique de la démocratisation ne convainc plus. En l’utilisant en toutes circonstances, le président George W. Bush l’a usée. Personne ne peut sérieusement soutenir que les subventions versées par la NED feront disparaître le terrorisme international. Pas plus qu’on ne peut prétendre a posteriori que les troupes US auraient renversé Saddam Hussein pour offrir la démocratie aux Irakiens.

De plus, les citoyens qui partout dans le monde militent pour la démocratie sont devenus méfiants. Ils ont compris que l’aide offerte par la NED et ses pseudopodes visait en réalité à les manipuler et à piéger leur pays. Ils refusent donc de plus en plus souvent les dons « désintéressés » qui leur sont proposés. Aussi les responsables états-uniens des différents canaux de corruption ont envisagé de faire muer le système une nouvelle fois. Après les coups fourrés de la CIA et la transparence de la NED, ils envisagent de créer une nouvelle structure qui prendrait le relais d’un ensemble discrédité. Elle ne serait plus gérée par les syndicats, le patronat et les deux grands partis, mais par des multinationales sur le modelée de l’Asia Foundation.

Dans les années 80, la presse révéla que cette organisation était une couverture de la CIA pour lutter contre le communisme en Asie. Elle fut alors réformée et sa gestion fut confiée à des multinationales (Boeing, Chevron, Coca-Cola, Levis Strauss etc…). Ce relookage fut suffisant pour donner une apparence non-gouvernementale et respectable à une structure qui n’a jamais cessé de servir la CIA. Après la dissolution de l’URSS, elle fut doublée d’une autre, l’Eurasia Foundation, chargée d’étendre l’action secrète dans les nouveaux Etats asiatiques.

Une autre question discutée est de savoir si les dons pour la « promotion de la démocratie » doivent prendre uniquement la forme de contrats pour réaliser des projets donnés ou celle de subventions sans obligation de résultat. La première formule offre une meilleure couverture juridique, mais la seconde est bien plus efficace pour corrompre.

Au vu de ce panorama, l’exigence de Vladimir Poutine et de Vladislav Surkov de réglementer le financement des ONG en Russie est légitime, même si la bureaucratie qu’ils ont élaborée pour cela est outrancière et tatillonne. Le dispositif de la NED, mis en place sous l’autorité du Conseil de sécurité nationale des Etats-Unis, non seulement ne favorise pas les efforts démocratiques dans le monde, mais les empoisonnent.



Thierry Meyssan

Analyste politique français, président-fondateur du Réseau Voltaire et de la conférence Axis for Peace. Il publie chaque semaine des chroniques de politique étrangère dans la presse arabe et russe. Dernier ouvrage publié : L’Effroyable imposture 2, éd. JP Bertand (2007).


Cet article est initialement paru dans le numéro 35 (daté du 27 septembre 2010) de l’hebdomadaire russe Odnako.



(sul decimo anniversario del golpe in Jugoslavia, passo decisivo per la cancellazione del paese dalle carte geografiche, si veda anche:

Da: Johnstone Diana 
Data: 05 ottobre 2010 14.13.29 GMT+02.00
Oggetto: Tr : Diana Johnstone // Nice Guys Finish Last

This was my address to a conference in Belgrade on October 5 which I was unable to attend.
Diana

http://www.nspm.rs/nspm-in-english/nice-guys-finish-last.html


Nice Guys Finish Last


Diana Johnstone 
  
понедељак, 04. октобар 2010.


On October 5, 2000, the regular presidential election process in Yugoslavia was boisterously interrupted by what Western media described as a “democratic revolution” against the “dictator”, president Slobodan Milosevic. In reality, the “dictator” was about to enter the run-off round of the Yugoslav presidential election which he appeared likely to lose to the main opposition candidate, Vojislav Kostunica. Rather than support the democratic electoral process, the United States trained and incited activists to take to the streets and replace it by a televised spectacle of popular uprising. Probably, the scenarists modeled this show on the equally stage-managed overthrow of the Ceaucescu couple in Rumania at Christmas 1989, which ended in their murder following one of the shortest kangaroo court trials in history. For the generally ignorant world at large, being overthrown in an uprising was meant to prove that Milosevic was really a “dictator” like Ceaucescu. Being defeated in an election would have tended to prove the opposite.
In contrast to Ceaucescu, the murder of Milosevic was accomplished slowly, indirectly, over many years. But October 5 marked the day on which effective political power in Yugoslavia was seized by foreign Great Powers, mainly by the United States. Proclaimed president in confused circumstances, Kostunica was weakened from the start. The Western favorite, Zoran Djindjic, was installed as Serbian prime minister and a few months later violated the Serbian constitution by turning Milosevic over to the International Criminal Tribunal for Former Yugoslavia (ICTY) in The Hague – for one of the longest kangaroo court trials in history.
The self-styled “Democratic” politicians in Belgrade labored under the illusion that throwing Milosevic to the ICTY wolves would be enough to ensure the good graces of the “International Community”. But that was not enough, and the demands for more have continued to this day. Sending Milosevic, Generals Nebojsa Pavkovic, Sreten Lukic, Vladimir Lazarevic and Dragoljub Ojdanic, Admiral Miodrag Jokic, Radovan Karadzic and Vojislav Seselj, among others, has done nothing to remove the stigma from Serbia. On the contrary, cooperation with The Hague tribunal has above all served to confirm Serbia’s collective guilt. After all, if even Serbs consider their own leader responsible for all the wars in Yugoslavia, who else will object? The trumped up theory of a “joint criminal enterprise” to create “Greater Serbia” was used to blame every aspect of the breakup of Yugoslavia on an imaginary Serbian conspiracy. The scapegoat turned out to be not just Milosevic, but Serbia itself. Serbia’s guilt for everything that went wrong in the Balkans was the essential propaganda line used to justify the 1999 NATO aggression, and by implicitly endorsing this guilt, the “democratic” leaders effectively undermined Serbia’s moral claim to Kosovo.
In June 1999, as bombs were destroying bridges and factories, Milosevic gave in and allowed NATO to occupy Kosovo under threat of carpet bombing that would destroy Serbia entirely. But he set conditions – which the United States proceeded to ignore.
His successors surrendered unconditionally, and fled from a less perilous battle – the battle to inform world public opinion of the complex truth of the Balkans. 
Not only the “Democratic” leaders, but many Serbs who could not understand why NATO bombed their country preferred to echo the NATO line, in order to escape from isolation. They would say, what happened in Yugoslavia was all the fault of one man, Slobodan Milosevic. But we are not like him, we are nice. Get rid of him, and all will be well.
That did not work because the diagnosis of the problem was wrong.
By a complex convergence of events, Yugoslavia served as an experimental field for the American project to remake the world. Yugoslavia was an experimental field for hard power, in the bombing of Yugoslavia, but also and even more so for soft power: propaganda and manipulation. Techniques tried out in Yugoslavia were later used in one country after another – notably the “color revolutions” which began in Belgrade on that October 5.
Serbia has been and continues to be the victim of an historic injustice and the object of ongoing slander. It is understandable, probably inevitable that Serbs try to escape from this intolerable present by projecting themselves into a mythical heroic past or a mythical idyllic future within the European Union. To some extent this may reflect a generational split, with an older generation recalling the mythical past and the younger generation anticipating the mythical future. 
Meanwhile, I have the impression that Serbia’s pro-Western leaders are very confused about the present. It strikes me that these leaders, who identify so closely with the West, totally fail to understand it. Sometimes I have the impression that the Serbian bourgeoisie identifies with a kinder, gentler America that may have existed in the past, but does not exist today. They appear to believe, quite sincerely, that being nice to the West, the West will be nice to them. They don’t know with whom they are dealing. They don’t seem to have heard of a familiar American saying, “Nice guys finish last”. In this ruthless world, being nice simply means that you are a loser, and that it costs nothing to keep cheating and beating you.
The United States and its NATO satellites are engaged in a world conquest of a new kind. It is active everywhere and yet almost invisible. The grotesquely enormous U.S. military machine continues to seek “full-spectrum” military superiority to control everything that goes on from underground to outer space, with close to one thousand overseas military bases around the globe, and vigorous programs to transform the erstwhile defense forces of other countries into specialized “tool boxes” for use in whatever war the U.S. may see fit to start anywhere in the world. Every day the United States engages in joint military exercises with client States at some point or another on the globe. Being an ally of the United States entails being unable to defend oneself, but being able to help the United States attack some other country.
And nice guys finish last.
Serbia’s stigmatization continues. Western newspapers ignore Serbia unless there is something negative to say. In France, the weather maps that show temperatures in world capitals skip over Serbia – a non-country. The only ones who manage to break through this barrier are tennis stars – apparently the sports world has its own autonomy. But not everyone in Serbia can be a tennis star. Outside the tennis courts, Serbia continues to bear the stigma of “extreme nationalism”, “ethnic cleansing”, “the worst massacre in Europe since World War II”, even “genocide”.
The persistence of this stigmatization calls for explanation. It was only a few years after the end of World War II that the Federal Republic of Germany was accepted into NATO and recognized as an ally of the West. The rapidity of Germany’s rehabilitation had two reasons which do not apply to Serbia. First of all, Germany was an industrial power-house, an economic power whose recovery was essential to the economy of the victorious United States itself. Second, there was the common enemy: the Soviet Union.
Some Serbs have obviously hoped that the “common enemy” factor could help rehabilitate Serbia. The common enemy being, in this case, Islam. Some admirable friends of Serbia entertain this hope, quite sincerely, but with all due respect I wish to voice objections to this approach.
One must keep in mind the role assigned to Serbs in the war game: that of racist enemies of Muslims. This stereotype is only reinforced when Serbs say anything against Muslims. The U.S. game has been to use support for Muslims in Bosnia and Kosovo to please leaders in the Muslim world. In 2007, the late congressman Tom Lantos, who at the time was chairman of the House foreign affairs committee, referred to independence for Kosovo as "just a reminder to the predominantly Muslim-led governments in this world that … the United States leads the way for creation of a predominantly Muslim country in the very heart of Europe." 
The myth of Serb “genocide” against Muslims serves to make US and Israeli wars against Muslims look almost humanitarian in comparison. To see things in terms of a conflict between the Christian West and the Muslim world plays into the hands of those who used Yugoslavia as their experimental laboratory for conquest. It fails to grasp the big picture. It points to the wrong enemy. It was not the Muslim world which destroyed Yugoslavia, it was NATO. It was not the Muslim world that detached Kosovo from Serbia, or could have done so – it was NATO. 
As a personal note, I must tell you that when I have visited Algeria and Libya, I have encountered intellectuals whose sympathy is with the old Yugoslavia and with Serbia. This is true also of Turkey, which may be more surprising.
In the context of the NATO project of world conquest, the choices made by Serbia have broader significance than may be perceived. When Serbia turns its back on the rest of the world in its single-minded desire to win approval from the NATO powers that stole Kosovo, it is proving that aggression pays. 
Serbia will not be treated as an equal until it fights back on the propaganda front. So long as the nation is stigmatized as “genocidal”, it cannot make any claim to Kosovo, or to anything else. A pariah nation can only beg on its knees.
Shakespeare wrote these lines,
“Who steals my purse steals trash… but he that filches from me my good name robs me of that which not enriches him, and makes me poor indeed.”   Let me say that the loss of Kosovo, however brutal and unjust, is minor compared to the loss of Serbia’s good name. Serbian leaders have set the wrong priorities, putting futile gestures to recover Kosovo ahead of serious efforts to restore Serbia’s reputation. 
Serbia does not have the military force to recapture Kosovo from NATO. It cannot fight successfully on the hard power battlefield. But it could at least try to fight on the battleground of words, images, ideas.
The totally biased trials in The Hague were designed to justify NATO aggression by establishing Serbia’s guilt. And yet, the long trial of Milosevic, and the current endless trial of Vojislav Seselj, have failed to do so. However, this is hidden from world public opinion. The real faults of those defeated politicians are insignificant compared to the implications of their demonization. Serb patriots should make use of the testimony in those trials to establish the truth and restore Serbia’s honor. They should do research, write books, make films, talk to the world. Not only the world, but even more the younger generations of Serbs, should be made to understand the tragedy – not to weep, nor to seek revenge, but to know the truth and live in freedom, independence and dignity. Only the truth can make you free.



Iniziative a Trieste

1) 8 OTTOBRE: “LA RIVOLTA OPERAIA DEL 1920 A SAN GIACOMO”

2) 17 OTTOBRE: apposizione di una targa all'ex sede dell'Ispettorato Speciale di PS / APPELLO PER LA REALIZZAZIONE DI UN MUSEO


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La rivolta degli operai italiani e sloveni del rione di San Giacomo nel settembre 1920, a Trieste, costituisce un alto e significativo momento della lotta dei movimenti operai del Paese. Non si era ancora spenta la lunga occupazione delle fabbriche che fu per la borghesia e lo stato la “grande paura”. Qui da noi la rivolta fu diretta contro il potere oppressivo espresso allora da una gerarchia militare, e poi civile, sorda ad ogni istanza dei lavoratori.  Quella coraggiosa  insurrezione  ancora oggi stranamente ignorata e dimenticata,  va inserita nella volontà di resistere alla violenza delle squadre fasciste particolarmente efficienti e brutalmente violente nella città di Trieste, da poco passata sotto il controllo del regio esercito italiano, ma non ancora annessa all’Italia.  Erano passate poche settimane dall’incendio del Narodni Dom, la sede delle organizzazioni slovene, provocato da una squadra fascista agguerrita e protetta dall’esercito. E va ad unirsi idealmente alle lotte in nome del socialismo e dell’anarchismo, in Emilia-Romagna e in val padana e in buona parte dell’Italia, per la difesa delle Case del Popolo. Idealmente si collega agli scioperi antifascisti delle città industriali del nord nel 1943 e 1945 nel contesto della lotta partigiana per la liberazione.

VENERDÌ 8 OTTOBRE ORE 17:00

PRESSO L’EDIFICIO DEL NARODNI DOM,
ORA SCUOLA INTERPRETI DELL’UNIVERSITÀ, A TRIESTE,  VIA FILZI N° 14

 

INCONTRO DIBATTITO

“LA RIVOLTA OPERAIA DEL 1920

A SAN GIACOMO”

 

Interverranno:

Marina ROSSI, storica

Paolo NICCOLINI, operaio dirigente CGIL;

Miro IVANCIC, figlio di un insorto di San Giacomo;

Claudio Venza, storico,

Claudio COSSU, cittadino

 

 

 Cittadini Liberi ed Eguali   

Coordinamento Antifascista di Trieste

info: antifa-ts@...  


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COMUNICATO - APPELLO.
 

Il 17 ottobre, alle ore 11, l'Anpi di Trieste poserà una targa commemorativa sull'ex caserma dei Carabinieri di via Cologna 6 a Trieste, dove ebbe sede, dal dicembre 1944 alla fine della guerra, il tristemente noto Ispettorato Speciale di PS, struttura creata per la repressione antipartigiane e che si macchiò di nefandezze e crimini.
La Provincia di Trieste, proprietaria dell'edificio, ha deciso di metterlo all'asta ed al suo posto dovrebbe sorgere un complesso residenziale.
Per evitare che la speculazione edilizia dia una mano all'ennesima manovra di cancellazione della memoria storica, chiediamo che la caserma rimanga di proprietà pubblica e vi si realizzi un museo, come quello esistente in via Tasso a Roma.
Vi chiediamo di far conoscere questo problema e far girare l'appello.
Ora e sempre Resistenza!
 
Claudia Cernigoi
Trieste
 
All'indirizzo sotto segnalato un articolo sull'attività dell'Ispettorato speciale nei mesi in cui ebbe sede in via Cologna, oggi inserito nel sito della Nuova Alabarda
 
http://www.nuovaalabarda.org/leggi-articolo-l%27ispettorato_speciale_di_ps_di_trieste_nella_sede_di_via_cologna..php
 
Sempre dal sito della Nuova Alabarda, gli altri articoli sull'Ispettorato speciale:
 
http://www.nuovaalabarda.org/leggi-articolo-note_sull%27ispettorato_speciale_di_ps_%28banda_collotti%29.php
http://www.nuovaalabarda.org/leggi-articolo-giornata_della_memoria_2009%3A_il_rastrellamento_di_bor%9At..php
http://www.nuovaalabarda.org/leggi-articolo-giornata_della_memoria_2009%3A_la_storia_di_lojze_bratu%9E_e_ljubka_%8Aorli..php
http://www.nuovaalabarda.org/leggi-articolo-giornata_della_memoria_2009%3A_metodi_repressivi_dell%27ispettorato_speciale_di_ps..php

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L’ISPETTORATO SPECIALE DI PS DI TRIESTE NELLA SEDE DI VIA COLOGNA.

La Provincia di Trieste ha deciso di mettere all’asta l’ex caserma dei Carabinieri di via Cologna 6 e 8, e la stampa ha riferito che al suo posto dovrebbe sorgere un complesso residenziale.
Dato che in questo Paese la memoria storica, soprattutto quella che dovrebbe ricordare le cose “scomode”, tende a perdersi, non molti ormai sanno che dall’autunno del 1944 all’aprile del 1945 la caserma (che era stata sede di una tenenza dei Carabinieri fino al 25 luglio 1944, data di scioglimento dell’Arma su ordine del comando germanico) era divenuta la sede dell’Ispettorato Speciale di Pubblica Sicurezza, il corpo di repressione appositamente creato dal fascismo per “infrenare l’azione terroristica delle bande slave e difendere l’italianità di queste terre” (questa la definizione data dall’ispettore generale Giuseppe Gueli, dirigente la struttura, in una missiva che indirizzò nel 1947 alla Corte speciale di Trieste quando non si presentò al processo che lo doveva giudicare per i crimini di cui si macchiò l’Ispettorato).
Dell’attività repressiva di questo corpo (noto anche come “banda Collotti”, dal nome del commissario Gaetano Collotti, comandante la “squadra volante” che si occupava specificatamente delle operazioni, rastrellamenti, arresti ed interrogatori, e di conseguenza anche delle violenze sui prigionieri) e dei crimini commessi dai suoi componenti abbiamo parlato svariate volte (si vedano gli articoli pubblicati nel nostro sito di cui indichiamo i link in calce); in questa sede ci limiteremo a parlare del trasferimento della struttura dalla prima sede in via Bellosguardo (una villa requisita alla famiglia israelita Arnstein) a quella di via Cologna.
Il 17 ottobre, a cura dell’Anpi provinciale sarà posta una targa a ricordo di coloro che furono imprigionati e torturati nella sede di via Cologna, alcuni dei quali poi trovarono la morte fucilati dai nazifascisti o nei campi di sterminio. Un ricordo particolare lo vorremmo dedicare a Maria Merlach, la trentatreenne partigiana Maja di Servola che, secondo il racconto di una sua compagna di prigionia, “era stata torturata con la macchina elettrica e disse che preferiva darsi la morte anziché avere a che fare con quella gente. Il giorno in cui vennero gli agenti per prenderla di nuovo e condurla all’Ispettorato, la Merlach in preda ad una convulsione nervosa, si mise a piangere fortemente e diceva povera me, pregate perché io muoio” (testimonianza di Ada Benvenuti, in archivio IRSMLT n. 914).
Probabilmente l’Ispettorato operò il trasloco in via Cologna perché la villa di via Bellosguardo era stata danneggiata nel corso di un bombardamento, e lo spostamento avvenne tra la fine di novembre ed i primi di dicembre del 1944. 
Una testimonianza resa nel 1947 in sede istruttoria del processo a “Gueli e soci” dice che “gli abitanti delle case vicine alla Villa Trieste dove aveva sede l’Ispettorato (…) dal 15 giugno 1942 al dicembre del ‘44, sentivano di notte e di giorno grida di detenuti, uomini e donne seviziati” (archivio IRSMLT n. 914)
In un appunto dattiloscritto, redatto da un anonimo informatore del movimento di liberazione e datato 30/10/44 leggiamo che “l’Ispettorato è stato traslocato in via Cologna: è tuttora in corso di sistemazione” (in archivio dell’ANPI di Trieste busta 10); mentre l’agente Giuseppe Giacomini dichiarò, in sede processuale, che l’Ispettorato si trasferì in via Cologna “ai primi di dicembre” (archivio IRSMLT n. 914).
In molte testimonianze inserite nei fascicoli delle inchieste a carico di membri dell’Ispettorato condotte dal Tribunale militare di Ajdovščina (in Arhiv Slovenje, SI AS 1827 fascicolo 34) si legge che gli arrestati furono condotti in via Bellosguardo fino a tutto novembre 1944. In una di queste note leggiamo che il 27/11/44 gli agenti di Collotti Luciani e Cerlenco arrestarono Wilma Varich e la imprigionarono in via Bellosguardo, dove fu torturata, poi condotta al carcere dei Gesuiti e successivamente per 80 giorni nuovamente detenuta all’Ispettorato, però in via Cologna, prima di essere inviata al Coroneo e poi in Germania. Possiamo quindi presumere che il trasloco effettivo si svolse in dicembre e che per un certo periodo l’Ispettorato usò ambedue le sedi.
Possiamo qui inserire anche alcune annotazioni relativamente ad azioni della lotta partigiana. La prima è una testimonianza di Giorgio Marzi (raccolta nel luglio 2003), che ha narrato di un attentato fallito contro Gaetano Collotti. Nel 1944 il commissario abitava in via Piccardi ed ogni mattina un’automobile veniva a prenderlo per portarlo in via Bellosguardo. Un giorno dell’inizio di settembre un gruppo di gappisti aveva atteso che la macchina partisse con Collotti a bordo e la bloccò con un furgone prelevato alla ditta di pompe funebri Zimolo. Ma l’arma che doveva sparare si inceppò e l’attentato fallì. Secondo Marzi sarebbe stato proprio dopo questo attentato che l’Ispettorato decise il trasferimento da via Bellosguardo in via Cologna. Nella circostanza inoltre Collotti lasciò l’abitazione di via Piccardi e si stabilì, assieme alla propria convivente Pierina Martorelli, in un appartamento ricavato all’interno della caserma di via Cologna. Il commissario si recava ogni mattina a messa nella chiesa dei Gesuiti di via del Ronco, vicina a via Cologna, e ad un certo punto i GAP avevano pensato di organizzare un attentato proprio in chiesa, idea però subito accantonata per le ripercussioni che avrebbe potuto avere dal punto di vista politico.
Di un altro attentato che era stato progettato nella primavera del ‘45, ha parlato invece Nerino Gobbo (testimonianza raccolta nel dicembre 1998): l’idea era di passare attraverso le condotte fognarie partendo dalla zona della Rotonda del Boschetto, a due chilometri circa da via Cologna, e di piazzare dell’esplosivo sotto la sede dell’Ispettorato. Anche questa idea fu accantonata, sia perché le piogge primaverili avevano ingrossato i torrenti e di conseguenza reso impraticabili le condotte, ma soprattutto perché erano troppi i partigiani imprigionati nella caserma e l’esplosione avrebbe ucciso anche loro.
Con molta probabilità tutti gli arrestati nel corso dei rastrellamenti effettuati dall’Ispettorato da gennaio 1945 fino alla fine della guerra passarono per la caserma di via Cologna. Ricordiamo qui le operazioni di maggiore entità, riportando alcuni dei nomi che abbiamo rintracciato.
Tra il 27/12/44 ed il 2/1/45, in seguito ad un’operazione nella zona di Sottolongera furono arrestate le seguenti persone:
Carlo Grgič, nome di battaglia “Filtro”, operaio alla fabbrica di birra Dreher ed attivista dell’OF fu arrestato la sera del 27 dicembre 1944 alla trattoria Bellavista di Strada per Longera. Fu rilasciato quasi subito.
Bruno Kavčič classe 1922, arrestato il 31/12/44 in Strada per Longera, fu portato in via Cologna, interrogato e torturato fino al 15 aprile. Condotto al Coroneo, fu fucilato il 28/4/45 ad Opicina. 
Kavčič Giuseppe, padre di Bruno, fu arrestato lo stesso giorno e portato in via Cologna, interrogato, torturato, dopo tre giorni fu trasferito ai Gesuiti e poi al Coroneo; il 24/2/45 fu inviato a Dachau dove morì il 18/4/45.
La madre di Bruno, Antonia Kavčič, fu arrestata l’1/1/45 nella casa della sorella dove era riparata dopo l’arresto del marito. Fu portata in via Cologna, poi imprigionata Gesuiti e al Coroneo. Il 24/2/45 fu inviata in Germania; liberata dagli inglesi rientrò a Trieste il 15/8/45.
A questi arresti avrebbero collaborato, secondo le accuse raccolte nel dopoguerra dal Tribunale militare di Ajdovščina, gli agenti Cerlenco, Luciani, Nussak e Soranzio.
Tra l’8 ed il 10 gennaio 1945 si svolse una grossa operazione di rastrellamento a Boršt (S. Antonio in Bosco). Furono uccisi tre attivisti del Fronte di liberazione. Ivan Grzetic (Žitomir), classe 1922, che era stato incaricato dalla VDV di organizzare i collegamenti radio; Stanko Gruden (Carlo), classe 1926 e Dušan Munih (Vojko, ma si trova anche come Darko), classe 1924, comandante dei servizi di sicurezza a Trieste. A questi bisogna aggiungere Danilo Petaros (Lisjak), nato a Boršt nel 1924, catturato dopo essere stato gravemente ferito, che risulta ucciso in Risiera il 5/4/45. 
Uno degli arrestati era il sedicenne Jordan Zahar, che fu arrestato il 10 gennaio, condotto in via Cologna e torturato: “nel lungo corridoio della caserma di Collotti”, ricorda, “ci contarono e ci divisero; in mezzo giaceva Romano Rapotec, delirante di febbre, sulla sedia accanto a lui stava Danilo Pettirosso piegato in due per la ferita al ventre, attorno a loro sedici tra ragazze, donne e vecchi che fissavano in silenzio il vuoto accanto a sé”.
Zahar ha narrato anche un altro fatto: “nel dicembre del 1945 dovevo richiedere la carta d’identità, e l’ufficio che le rilasciava era situato in via Cologna, nell’ex sede dell’Ispettorato. Quando arrivai lì dentro e vidi che l’ufficio per le carte d’identità era stato sistemato proprio in una delle stanze in cui si torturava e che l’appendiabiti a cui era stato legato un mio compagno per essere torturato era nello stesso posto in cui si trovava otto mesi prima, mi sentii male, ero quasi deciso ad andarmene e rinunciare a richiedere i documenti. Vidi anche che due degli agenti di Collotti erano rimasti a lavorare lì, li avevano adibiti al servizio carte d’identità. Anche loro mi riconobbero, ma non ci dicemmo nulla” (testimonianza giugno 2002).
Il 13/3/45 un rastrellamento si svolse a Ricmanje (S. Giuseppe della Chiusa): furono arrestate una ventina di persone tra le quali il quattordicenne Bogdan Berdon. In quanto minorenne fu rinchiuso al Coroneo, e venne rilasciato il 20 aprile assieme alla diciottenne Maria Coretti, perché in occasione del “genetliaco” di Hitler, era uso delle autorità germaniche fare dimostrazione di “magnanimità”, liberando detenuti giovanissimi o donne. 
Il 14/3/45 un’operazione svoltasi nella zona di Guardiella San Cilino portò all’arresto di Ruggero Haas e sua moglie Albina Brana, detenuti in via Cologna, poi al Coroneo e fucilati il 28/4/45 ad Opicina; anche la sorella di Ruggero, Emilia Haas fu arrestata, ma non fu deportata perché già gravemente malata, e morì qualche tempo dopo.
Il 21/3/45 un rastrellamento nella località di Longera causò la morte di quattro partigiani: Andrej Pertot (Hans), 44 anni, Pavel Petvar (Komandir Pavle), 22 anni, Angel Masten (Radivoj), 21 anni, Evald Antončič (Stojan), 21 anni. Quasi tutti gli abitanti del villaggio furono arrestati, molti di loro (non ne conosciamo il numero esatto) furono condotti in via Cologna e torturati. Tra essi le giovanissime Milka Čok e Meri Merlak, alla quale furono mostrate una serie di bare e fu detto che in una di esse era servita per una donna con il suo stesso nome (evidente il riferimento alla Maria Merlach che si uccise per le torture cui era stata sottoposta).
Anche alcuni esponenti del CLN italiano furono arrestati dall’Ispettorato e passarono per via Cologna. Tra essi ricordiamo: Paolo Blasi, redattore della stampa clandestina democristiana, arrestato il 9/2/45; Carlo Dell’Antonio, esponente del CLN, vicecomandante della divisione “Domenico Rossetti” ed a capo dell’ufficio informazioni militari della DC, arrestato verso metà febbraio ’45: sia Blasi, sia Dell’Antonio sarebbero evasi da via Cologna in circostanze non ben chiarite.
Inoltre furono detenuti in via Cologna: l’avvocato Ferruccio Lauri, arrestato il 15/1/45; i familiari (la moglie ed i due figli Alice e Sigfrido) di Mario Maovaz (il corriere del Partito d’Azione, arrestato il 16/1/45 e fucilato il 28/4/45). Alice Maovaz e sua madre dissero alla loro vicina di casa ed amica Maria Ursis, anch’essa imprigionata e poi torturata in via Cologna “che le avevano seviziate ed entrarono in particolari che mi facevano venire la pelle d’oca e che non avrei voluto sentire” (dal “Diario di prigione” di Maria Ursis, in archivio IRSMLT 908).
Infine in via Cologna avvenne l’incontro tra l’emissario della “missione Nemo” del Regno del Sud Luigi Podestà (collegato con il CLN triestino di don Marzari) ed il commissario Collotti, in seguito al quale i due svilupparono l’accordo che Podestà avrebbe informato Collotti sui movimenti della Resistenza jugoslava, mentre Collotti avrebbe aiutato Podestà nello “svolgimento del suo compito” fornendogli anche mezzi dell’Ispettorato, in modo tale da “far valere i suoi meriti all’arrivo degli Alleati” (dalla relazione redatta da Podestà in archivio IRSMLT 867).
In conclusione vorremmo ricordare che già la prima sede dell’Ispettorato, quella di via Bellosguardo, è stata demolita per lasciare spazio ad un complesso residenziale. Permettere che venga distrutta, assieme alla caserma di via Cologna, anche l’ultima memoria dei crimini dell’Ispettorato speciale sarebbe gravissimo, anche se coerente con le operazioni di cancellazione della memoria del nazifascismo e della Resistenza, in atto da anni nel nostro Paese.
Ci rivolgiamo pertanto ad amministratori, storici, a tutta la cittadinanza che è ancora sensibile a questi problemi, per chiedere che via Cologna rimanga di proprietà pubblica e diventi un punto di informazione, di memoria, come il museo di via Tasso a Roma, per fare sì che certi fatti non vengano dimenticati, per fare sì che non si ripetano mai più.

Ottobre 2010


(srpskohrvatski / italiano)

La Serbia a 10 anni dal golpe di destra e anti-jugoslavo

1) L'80% dei serbi rimpiange Tito
2) La profezia si è avverata / Ne napadaju oni Srbiju zbog Miloševića nego napadaju Miloševića zbog Srbije

Dal Forum di Belgrado, sul decennale del golpe in Serbia, segnaliamo anche gli atti della Tavola Rotonda tenuta il 27/5 u.s.:
Округли сто 27 мај 2010. & Зборник излагања учесника округлог стола
Слободан Рељић, др Борислав Јовић, др Станислав Стојановић, проф. Зоран Аврамовић, Раде Брајовић
http://www.beoforum.rs/index.php?option=com_content&view=article&id=150:okrugli-sto-27-maj-2010-zbornik-izlaganja-ucesnika-okruglog-stola&catid=42:okruglistolovi&Itemid=71


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L'80% dei serbi rimpiange Tito

(fonte: Il Piccolo, 2 ottobre 2010)

A 10 anni dalla caduta di Slobodan Milosevic, in Serbia l'80% della popolazione rimpiange Tito e il regime socialista dell’ex Jugoslavia, mentre al contempo quasi il 25% dei cittadini ritiene che a governare ora la Serbia siano i criminali.
In un sondaggio dell'Istituto della socialdemocrazia Friedrich Ebert e del Centro demoscopico Cesid, serbo, e apparso ieri sul quotidiano ”Danas”, 80 serbi su 100 hanno detto di ritenere che il periodo migliore per il Paese sia stato il socialismo di Tito, per il 6% l'era migliore è stata quella di Milosevic (1987-2000), mentre il 10% degli intervistati ha detto di ritenere che l'epoca attuale sia la migliore per il Paese. Nello stesso sondaggio è stato chiesto ai serbi di dire chi governi attualmente nel loro Paese: la maggioranza, il 23%, ha indicato la criminalità, il 18% presidente, governo, parlamento e premier, un altro 18% gli imprenditori, il 14% i partiti politici, il 12% la comunità internazionale, mentre un 15% ha detto di non sapere chi governi la Serbia. Il regime di Milosevic cadde il 5 ottobre 2000 sotto la pressione della protesta popolare [sic].


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La profezia si è avverata

Già un anno fa (25 settembre 2009), la rivista belgradese "Pecat" pubblicava un articolo intitolato "La profezia avverata" (Obistinjeno prorocanstvo) nel quale si ricordava il discorso di Slobodan Milosevic del 2 ottobre 2000. L' articolista, il redattore capo Milorad Vucelic, terminava l'articolo così: "Come un'eco risuonano tuttora nel nostro Paese le parole che il 2 ottobre del 2000, nella Serbia allora ancora libera, pronunciò il Presidente Slobodan Milosevic. La profezia si è avverata".
Di nuovo oggi la rivista pone il tema all'ordine del giorno e ripubblica quel discorso televisivo di Milosevic, titolando con la frase più significativa: "Non colpiscono la Serbia a causa di Milosevic, ma colpiscono Milosevic a causa della Serbia".


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Ne napadaju oni Srbiju zbog Miloševića nego napadaju Miloševića zbog Srbije

Broj 134 | Piše: Uglješa Mrdić • 30. septembar 2010

Govor Slobodana Miloševića pred drugi krug predsedničkih izbora 2. oktobra 2000. godine, u kojem je tadašnji predsednik SRJ predočio građanima kakve će biti političke, nacionalne, ekonomske, socijalne, naučne i kulturne posledice, ukoliko vlast u državi preuzme DOS. Deset godina posle Petog oktobra svedoci smo da su se Miloševićeve mračne slutnje, nažalost, u potpunosti ostvarile.


Pštovani građani, pred drugi krug izbora želim da vas na ovaj način upoznam sa svojim viđenjem izbornih i političkih prilika u našoj zemlji, posebno u Srbiji. Kao što i sami znate, punu deceniju traju napori da se Balkansko poluostrvo stavi pod kontrolu nekih zapadnih sila. Veliki deo tog posla je obavljen uspostavljanjem marionetskih vlada u nekim zemljama, pretvaranjem tih zemalja u zemlje ograničenog suvereniteta, ili zemlje lišene svakog suvereniteta. Zbog našeg otpora takvoj sudbini za našu zemlju, mi smo bili izloženi svim pritiscima kojima u savremenom svetu ljudi mogu biti izloženi. Broj i intenzitet tih pritisaka umnožavao se kako je vreme prolazilo.

Svoje iskustvo u drugoj polovini dvadesetog veka koje velike sile imaju u rušenju vlada, izazivanju nemira, podsticanju građanskih ratova, kompromitovanju i likvidiranju boraca za nacionalnu slobodu, dovođenja država i naroda na rub siromaštva – sve je to primenjeno na našu zemlju i narod. Događaji koji su organizovani za naše izbore su, takođe, deo organizovane hajke na zemlju i narod, zato što su naša zemlja i narod barijera uspostavljanju potpune zapadne dominacije na Balkanskom poluostrvu.

OKUPACIJA I RASPARČAVANJE SRBIJE U našoj javnosti je već dugo prisutna grupacija koja, pod imenom opozicione političke partije demokratske orijentacije, zastupa interese vlada koje su nosioci pritiska na Jugoslaviju, a posebno na Srbiju. Ta grupacija se na ovim izborima pojavila kao Demokratska opozicija Srbije. Njen stvarni šef nije njihov kandidat za predsednika države. Njihov dugogodišnji šef je predsednik Demokratske stranke i saradnik vojne alijanse koja je ratovala protiv naše zemlje. On svoju saradnju sa tom alijansom nije mogao ni da sakrije. Uostalom, čitavoj našoj javnosti je poznat njegov apel NATO-u, da se Srbija bombarduje onoliko nedelja koliko je neophodno da bi se njen otpor slomio. Na čelu tako organizovane grupacije na ovim izborima nalazi se, dakle, zastupnik vojske i vlada koje su nedavno ratovale protiv Jugoslavije. Zastupajući te interese, iz ove grupacije su našoj javnosti poslate poruke – da će sa njima na čelu Jugoslavija biti izvan svake opasnosti od rata i nasilja, da će doći do ekonomskog prosperiteta, vidno i brzo ostvarenog višeg standarda, takozvanog povratka Jugoslavije u međunarodne institucije, i tako dalje.

Poštovani građani, moja je dužnost da vas javno i na vreme upozorim da su ta obećanja lažna. I da stvari stoje obrnuto, jer upravo naša politika garantuje mir – a njihova samo trajne sukobe i nasilje. A evo zašto. Uspostavljanjem vlasti koju podržava, odnosno koju instalira zajednica zemalja okupljenih u NATO alijansi, Jugoslavija bi neizbežno postala zemlja čija bi se teritorija brzo rasparčala. To nisu samo namere NATO-a, to su i predizborna obećanja Demokratske opozicije Srbije. Od njihovih predstavnika smo čuli da će Sandžak dobiti autonomiju za koju se član njihove koalicije Sulejman Ugljanin, vođa separatističke muslimanske organizacije, zalaže već deset godina i koja faktički definitivno izdvaja Sandžak iz Srbije. Njihova su obećanja takođe vezana za davanje autonomije Vojvodini koja je takva da je ne samo izdvaja iz Srbije i Jugoslavije, već je, po svemu, čini sastavnim delom Mađarske. Na sličan način bi se odvojila od Srbije i druga područja, naročito neka njena rubna područja. Njihovo pripajanje susednim državama odavno je vruća tema tih država, koje stalno podstiču pripadnike manjina tih država u Jugoslaviji da daju doprinos prisjedinjenju delova naše zemlje susednim državama.

Više u 134. broju magazina “Pečat”