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(The original text of this article, in english:
The Technique of a Coup d’État - by John Laughland*
The technique of a coup d’état, more recently also referred to as "coloured revolution", finds its origins in abundant literature dating back to the beginning of the 20th century. It was successfully applied by the U.S. neo-conservatives to set the stage for "regime change" in a number of former Soviet republics. However, the technique backfired when it was tried in a different cultural environment (Venezuela, Lebanon, Iran). John Laughland, who reported on some of these operations for the Guardian, sheds new light on this phenomenon.



La technique du coup d’État coloré 

par John Laughland*


La technique des coups d’État colorés trouve son origine dans une abondante littérature du début du XXe siècle. Elle a été mise en application avec succès par les néo-conservateurs états-uniens pour « changer les régimes » de plusieurs États post-soviétiques. Elle a par contre échoué dans des univers culturels différents (Venezuela, Liban, Iran). John Laughland, qui couvrit certaines de ces opérations pour le Guardian, revient sur ce phénomène.

4 JANVIER 2010


Au cours de ces dernières années, une série de « révolutions » ont éclaté en différents endroits du monde.

Georgie

En novembre 2003, le président Edouard Chevardnadze a été renversé à la suite de manifestations et d’allégations d’élections truquées.

Ukraine

En novembre 2004, des manifestations – la « Révolution orange » – commencèrent au moment où des accusations similaires d’élections truquées étaient formulées. Il en résulta que le pays perdit son ancien rôle géopolitique de pont entre l’Est et l’Ouest et fut poussé vers une adhésion à l’OTAN et à l’UE. Étant donné que la Rus de Kiev fut le premier État russe et que l’Ukraine s’est maintenant tournée contre la Russie, il s’agit là d’un événement historique. Mais, comme le disait George Bush, « vous êtes soit avec nous soit contre nous ». Bien que l’Ukraine ait envoyé des troupes en Irak, elle était manifestement considérée comme trop amie de Moscou.

Liban

Peu après que les États-Unis et l’ONU aient déclaré que les troupes syriennes devaient se retirer du Liban et suite à l’assassinat de Rafik Hariri, les manifestations de Beyrouth ont été présentées comme la « Révolution du Cèdre ». Une énorme contre-manifestation du Hezbollah, le plus important parti pro-syrien, fut passée sous silence alors que la télévision montrait sans fin la foule anti-syrienne. Exemple particulièrement énorme de mauvaise foi orwellienne, la BBC expliqua aux téléspectateurs que « le Hezbollah, le plus grand parti politique du Liban, est jusqu’ici la seule voix dissidente qui souhaite que les Syriens restent au Liban ». Comment la majorité populaire peut-elle être une « voix dissidente » ? [1]

Kirghizistan

Après les « révolutions géorgienne et ukrainienne, nombreux sont ceux qui prédisaient que la vague de « révolutions » allait s’étendre aux anciens États soviétiques d’Asie centrale. Et c’est ce qui arriva. Les commentateurs semblaient divisés sur la question de savoir quelle couleur attribuer au soulèvement de Bichkek : révolution « citron » ou « tulipe » ? Ils n’ont pas pu se décider. Mais ils étaient tous d’accord sur un point : ces révolutions sont cool, même quand elles sont violentes. Le président du pays, Askar Akaïev, fut renversé le 24 mars 2005 et les contestataires prirent d’assaut le palais présidentiel et le mirent à sac.

Ouzbékistan

Lorsque des rebelles armés s’emparèrent des bâtiments gouvernementaux, libérèrent des prisonniers et prirent des otages dans la nuit du 12 au 13 mai dans la ville ouzbek d’Andijan (située dans la vallée de Ferghana où les troubles avaient également commencé au Kirghizistan voisin), la police et l’armée encerclèrent les rebelles et il en résulta une impasse de longue durée. On entreprit des négociations avec les rebelles qui ne cessèrent d’augmenter leurs revendications. Quand les forces gouvernementales les attaquèrent, les combats firent quelque 160 morts dont 30 parmi les forces de la police et de l’armée. Pourtant les médias occidentaux présentèrent immédiatement ces affrontements violents de manière déformée, prétendant que les forces gouvernementales avaient ouvert le feu sur des contestataires non armés, sur « le peuple ».

Ce mythe sans cesse répété de la révolte populaire contre un gouvernement dictatorial est populaire à gauche comme à droite de l’éventail politique. Autrefois, le mythe de la révolution était manifestement réservé à la gauche, mais lorsque le putsch violent eut lieu au Kirghizistan, le Times s’enthousiasma à propos des scènes de Bichkek qui lui rappelaient les films d’Eisenstein sur la révolution bolchévique ; le Daily Telegraph exalta le « pouvoir pris par le peuple » et le Financial Times eut recours à une métaphore maoïste bien connue lorsqu’il vanta la « longue marche du Kirghizistan vers la liberté ».

Une des idées clés à la base de ce mythe est manifestement que le « peuple » est derrière les événements et que ces derniers sont spontanés. En réalité, bien sûr, ce sont des opérations très organisées, souvent mises en scène pour les médias et habituellement créés et contrôlés par les réseaux transnationaux d’« ONG » qui sont des instruments du pouvoir occidental.

La littérature sur les coups d’État

Le mythe de la révolution populaire spontanée perd de sa prégnance en raison de l’ample littérature sur les coups d’État et les principales tactiques utilisées pour les provoquer. C’est bien entendu Lénine qui a développé la structure organisationnelle vouée au renversement d’un régime que nous connaissons maintenant sous le nom de parti politique. Il différait de Marx en ce qu’il ne pensait pas que le changement historique était le résultat de forces anonymes inéluctables. Il pensait qu’il fallait le provoquer.

Mais ce fut probablement Curzio Malaparte qui le premier, dansTechnique du coup d’État, donna une forme célèbre à ces idées [2]. Publié en 1931, ce livre présente le changement de régime comme une technique. Malaparte était en désaccord avec ceux qui pensaient que les changements de régime étaient spontanés. Il commence son livre en rapportant une discussion entre des diplomates à Varsovie au printemps 1920 : La Pologne a été envahie par l’armée rouge de Trotski (la Pologne avait elle-même envahi l’Union soviétique, prenant Kiev en avril 1920) et les bolcheviques étaient aux portes de Varsovie. La discussion avait lieu entre le ministre de Grande-Bretagne, Sir Horace Rumbold, le Nonce papal, Monseigneur Ambrogio Damiano Achille Ratti (lequel fut élu pape deux ans plus tard sous le nom de Pie XI). L’Anglais disait que la situation politique intérieure de la Pologne était si chaotique qu’une révolution était inévitable et que le corps diplomatique devait fuir la capitale et se rendre à Poznan. Le Nonce n’était pas d’accord, insistant sur le fait qu’une révolution était tout aussi possible dans un pays civilisé comme l’Angleterre, la Hollande ou la Suisse que dans un pays en état d’anarchie. Naturellement, l’Anglais était choqué à l’idée qu’une révolution pût éclater en Angleterre. « Jamais ! » s’exclama-t-il. Les faits lui ont donné tort car il n’y eut aucune révolution en Pologne et cela, selon Malaparte parce que les forces révolutionnaires n’étaient pas suffisamment bien organisées.

Cette anecdote permet à Malaparte d’aborder les différences entre Lénine et Trotski, deux praticiens du coup d’État. Il montre que le futur pape avait raison et qu’il était faux de dire que certaines conditions sont nécessaires pour qu’il y ait révolution. Pour Malaparte, comme pour Trotski, on peut provoquer un changement de régime dans n’importe quel pays, y compris dans les démocraties stables d’Europe occidentale à condition qu’il y ait un groupe d’hommes suffisamment déterminés à l’effectuer.

Fabriquer le consentement

Cela nous amène à d’autres textes relatifs à la manipulation médiatique. Malaparte luimême n’aborde pas cet aspect mais celui-ci est a) très important et b) constitue un élément de la technique utilisée pour les changements de régime aujourd’hui. À vrai dire, le contrôle des médias durant un changement de régime est si important qu’une des caractéristiques de ces révolutions est la création d’une réalité virtuelle. Le contrôle de cette réalité est lui-même un instrument du pouvoir, si bien que lors des coups d’États classiques des républiques bananières, la première chose dont s’emparent les révolutionnaires est la radio.

Les gens éprouvent une forte répugnance à accepter l’idée que les événements politiques, aujourd’hui, sont délibérément manipulés. Cette répugnance est elle-même un produit de l’idéologie de l’ère de l’information qui flatte la vanité des gens et les incite à croire qu’ils ont accès à une somme considérable d’informations. En fait, l’apparente diversité de l’information médiatique moderne cache une extrême pauvreté de sources originales, de même qu’une rue entière de restaurants sur un rivage grec peut cacher la réalité d’une seule cuisine à l’arrière. Les informations sur les événements importants proviennent souvent d’une source unique, souvent une agence de presse et même des diffuseurs d’informations comme la BBC se contentent de recycler les informations reçues de ces agences tout en les présentant comme étant les leurs. Les correspondants de la BBC sont souvent dans leurs chambres d’hôtel lorsqu’ils envoient leurs dépêches, lisant souvent pour le studio de Londres l’information que leur ont transmise leur collègues en Angleterre, qui les ont à leur tour reçues des agences de presse. Un second facteur expliquant la répugnance à croire à la manipulation des médias est lié au sentiment d’omniscience que notre époque de mass média aime flatter : critiquer les informations de la presse, c’est dire aux gens qu’ils sont crédules et ce message n’est pas agréable à recevoir.

La manipulation médiatique a plusieurs aspects. L’un des plus importants est l’iconographie politique. C’est un instrument très important utilisé pour défendre la légitimité des régimes qui ont pris le pouvoir par la révolution. Il suffit de penser à des événements emblématiques comme la prise de la Bastille le 14 juillet 1789, l’assaut du Palais d’Hiver pendant la révolution d’octobre 1917 ou la marche de Mussolini sur Rome en 1922 pour se rendre compte que certains événements peuvent être élevés au rang de sources presque éternelles de légitimité.

Cependant, l’importance de l’imagerie politique va bien au-delà de l’invention d’un emblème pour chaque révolution. Elle implique un contrôle beaucoup plus rigoureux des médias et généralement ce contrôle doit être exercé sur une longue période, pas seulement au moment du changement de régime. Il est vraiment essentiel que la ligne du parti soit répétée ad nauseam. Un aspect de la culture médiatique d’aujourd’hui que de nombreux dissidents dénoncent à la légère est que les opinions dissidentes peuvent être exprimées et publiées, mais c’est précisément parce que, n’étant que des gouttes d’eau dans l’océan, elles ne représentent jamais une menace pour la marée propagandiste.

Willy Münzenberg

Un des maîtres modernes du contrôle des médias fut le communiste allemand avec qui Goebbels apprit son métier, Willy Münzenberg. Il n’est pas seulement l’inventeur de la manipulation mais aussi le premier à avoir mis au point l’art de créer un réseau de journalistes formateurs de l’opinion qui propagèrent des idées correspondant aux besoins du Parti communiste allemand et à l’Union soviétique. Il fit fortune en édifiant un vaste empire médiatique.

Il était très impliqué dans le projet communiste dès le début. Il appartenait aux proches de Lénine à Zurich et en 1917, il accompagna le futur chef de la révolution bolchévique de la gare centrale de Zurich à la gare de Finlande à Saint-Pétersbourg dans un train plombé, avec l’aide des autorités impériales allemandes. Lénine demanda à Münzenberg de combattre la publicité épouvantable suscitée par le fait qu’en 1921, 25 millions de paysans de la région de la Volga commencèrent à souffrir de la famine qui frappait l’État soviétique nouvellement créé. Münzenberg, qui était alors rentré à Berlin où il fut plus tard élu député communiste au Reichstag, fut chargé de créer une œuvre de bienfaisance ouvrière factice, le Foreign Committee for the Organisation of Worker Relief for the Hungry in Soviet Russia dont le but était de faire croire que les secours humanitaires provenaient d’autres sources que de la Herbert Hoover’s American Relief Administration. Lénine craignait non seulement que Hoover utilise son projet humanitaire pour envoyer des espions en URSS (ce qu’il fit) mais également – chose peut-être plus importante – que le premier État communiste au monde ne souffre fatalement de la publicité négative due au fait que l’Amérique capitaliste lui venait en aide à quelques années de la Révolution.

Après s’être fait la main en « vendant » la mort de millions de personnes causée par les bolcheviques, Münzenberg se tourna vers des activités de propagande plus générales. Il édifia un vaste empire médiatique connu sous le nom de Trust Münzenberg qui possédait deux quotidiens de masse en Allemagne, un hebdomadaire de masse et avait des intérêts dans d’autres publications dans le monde. Il s’illustra particulièrement en mobilisant l’opinion mondiale contre l’Amérique lors du procès de Sacco et Vanzetti (deux immigrés italiens anarchistes condamnés à mort pour meurtre dans le Massachusetts en 1921) et pour contrebalancer l’idée propagée par les nazis selon laquelle l’incendie du Reichstag en 1933, était l’œuvre d’un complot communiste. Rappelons que les nazis prirent prétexte de cet incendie pour procéder à des arrestations et à des exécutions en masse de communistes. (On pense maintenant que le feu a en réalité été mis à titre individuel par l’homme qui fut arrêté dans le bâtiment à l’époque, le pyromane Martinus van der Lubbe). Münzenberg réussit à convaincre une partie importante de l’opinion d’un mensonge opposé à celui des nazis, c’est-à-dire que ceux-ci avaient mis le feu eux-mêmes afin d’avoir un prétexte pour se débarrasser de leurs principaux adversaires.

Le fait le plus significatif pour notre époque est que Münzenberg comprit combien il est important d’influencer les faiseurs d’opinion. Il avait essentiellement pour cible les intellectuels, partant de l’idée qu’ils étaient faciles à influencer en raison de leur grande vanité. Il avait notamment des contacts avec un grand nombre de personnalités littéraires des années 1930. Il en encouragea beaucoup à soutenir les Républicains lors de la guerre civile espagnole et d’en faire une cause célèbre de l’anti-fascisme communiste. La tactique de Münzenberg revêt une grande importance dans la manipulation de l’opinion en faveur du Nouvel ordre mondial aujourd’hui. Plus que jamais, des « experts » apparaissent sur nos petits écrans pour nous expliquer les événements et ils sont toujours des véhicules de la ligne officielle du parti. On les contrôle de différentes manières, généralement avec de l’argent ou par la flatterie.

Psychologie de la manipulation de l’opinion

Il existe une série d’ouvrages qui mettent le doigt sur un aspect un peu différent de la technique spécifique mise au point par Münzenberg. Il concerne la manière d’amener les gens à agir collectivement en recourant à des stimuli psychologiques. Peut-être que le premier théoricien important en fut le neveu de Freud, Edward Bernays, qui écrivait dans son ouvrage Propaganda, paru en 1928, qu’il était tout à fait naturel et justifié que les gouvernements façonnent l’opinion publique à des fins politiques [3]. Le premier chapitre porte le titre révélateur suivant : « Organiser le chaos ». Pour Bernays, la manipulation consciente et intelligente des opinions et des habitudes des masses est un élément important des sociétés démocratiques. Ceux qui manipulent les mécanismes cachés de la société constituent un gouvernement invisible qui représente le vrai pouvoir. Nous sommes dirigés, nos esprits sont façonnés, nos goûts formés, nos idées suggérées essentiellement par des hommes dont nous n’avons jamais entendu parler. C’est la conséquence logique de la manière dont notre société démocratique est organisée. Un grand nombre d’êtres humains doivent coopérer afin de vivre ensemble dans une société qui fonctionne bien. Dans presque tous les actes de notre vie quotidienne, qu’il s’agisse de la sphère politique, des affaires, de nos comportements sociaux ou de nos conceptions éthiques, nous sommes dominés par un nombre relativement réduit de personnes qui connaissent les processus mentaux et les caractéristiques sociales des masses. Ce sont elles qui contrôlent l’opinion.

Pour Bernays, très souvent les membres du gouvernement invisible ne savent même pas qui en sont les autres membres. La propagande est le seul moyen d’empêcher l’opinion publique de sombrer dans le chaos. Bernays continua de travailler sur le sujet après la guerre et a publié, en 1947, The Engineering of Consent [4], titre auquel Edward Herman et Noam Chomsky faisaient allusion lorsqu’ils publièrent leur ouvrage majeur La fabrique du consentement en 1988 [5]. Le rapport avec Freud est important parce que, comme nous allons le voir, la psychologie est un outil capital pour influencer l’opinion publique. Selon deux des auteurs ayant collaboré à La fabrique du consentement, Doris E. Fleischmann et Howard Walden Cutler écrivent que chaque chef politique doit faire appel à des émotions humaines de base afin de manipuler l’opinion. L’instinct de conservation, l’ambition, l’orgueil, la faim, l’amour de la famille et des enfants, le patriotisme, l’esprit d’imitation, le désir de commander, le goût du jeu ainsi que d’autres besoins sont les matières brutes psychologiques que chaque leader doit prendre en compte dans ses efforts pour gagner l’opinion publique à ses idées. Pour préserver leur confiance en eux, la plupart des gens ont besoin d’être certains que tout ce qu’ils croient est vrai.

C’est ce que Münzenberg avait bien compris : le besoin fondamental des hommes de croire ce qu’ils veulent croire. Thomas Mann faisait allusion à ce phénomène quand il attribua l’ascension d’Hitler au désir collectif du peuple allemand de croire à un « conte de fées » dissimulant la laide réalité.

À ce sujet, d’autres ouvrages méritant d’être mentionnés concernent moins la propagande électronique moderne que la psychologie des foules. Les classiques, ici, sont Psychologie des foules de Gustave Le Bon (1895) [6], Masse et puissance d’Elias Canetti (1960) [7] et Le viol des foules par la propagande politiquede Serge Tchakhotine (1939) [8]. Tous ces livres font abondamment appel à la psychologie et à l’anthropologie. Il y a également le magnifique ouvrage de l’anthropologue René Girard dont les écrits sur la logique de l’imitation (mimesis) et sur les actions violentes collectives sont d’excellents outils pour comprendre pourquoi l’opinion publique peut si facilement être amenée à soutenir la guerre et d’autres formes de violence politique.

Technique de formation de l’opinion

Après la guerre, un grand nombre des techniques mises au point par le communiste Münzenberg furent adoptées par les États-uniens, comme le montre magnifiquement l’excellent ouvrage de Frances Stonor Saunders Qui mène la danse ? La CIA et la Guerre froide culturelle [9]. Saunders explique de manière extrêmement détaillée comment, au début de la Guerre froide, les États-uniens et les Britanniques commencèrent une importante opération clandestine destinée à financer des intellectuels anti-communistes [10]. L’élément fondamental est qu’ils concentrèrent leur attention sur des personnalités de gauche, surtout des trotskistes qui n’avaient cessé de soutenir l’Union soviétique qu’en 1939 lorsque Staline signa le Pacte de non-agression avec Hitler et qui avaient souvent travaillé auparavant pour Münzenberg. Un grand nombre de ces personnes qui se situaient au point de jonction entre le communisme et la CIA au début de la Guerre froide sont devenus des néo-conservateurs de premier plan, en particulier Irving Kristol, James Burnham, Sidney Hook et Lionel Trilling [11].

Les origines gauchistes, voire trotskistes, du néo-conservatisme sont connues, bien que je continue d’être surpris par de nouveaux détails que je découvre, par exemple que Lionel et Diana Trilling ont été mariés par un rabbin qui considérait Felix Dzerjinski, fondateur de la police secrète bolchévique (ancêtre du KGB) et pendant communiste de Himmler, comme un modèle d’héroïsme. Ces origines gauchistes entretiennent un rapport particulier avec les opérations clandestines évoquées par Saunders car l’objectif de la CIA était précisément d’influencer les opposants de gauche au communisme, c’est-à-dire les trotskistes. L’idée de la CIA était simplement que les anti-communistes de droite n’avaient pas besoin d’être influencés et encore moins d’être payés. Saunders cite Michael Warner lorsqu’elle écrit que pour la CIA, la stratégie consistant à soutenir la gauche anticommuniste allait devenir le fondement théorique des opérations politiques de la CIA contre le communisme pendant les deux décennies suivantes.

La stratégie était décrite dans The Vital Center : The Politics of Freedom d’Arthur Schlesinger (1949) [12], ouvrage qui constitue une des pierres angulaires de ce qui devint plus tard le mouvement néoconservateur. Saunders écrit que l’objectif consistant à soutenir des groupes gauchistes n’était ni de détruire ni de dominer ces groupes mais plutôt de maintenir une discrète proximité et de diriger leur pensée, de leur procurer un moyen de se défouler et, à la limite, de s’opposer à leurs actions au cas où ils deviendraient trop « radicaux ». Les manières dont cette influence de gauche fut ressentie furent nombreuses et variées. Les États-Unis étaient décidés à donner d’eux-mêmes une image progressiste, en contraste avec l’Union soviétique « réactionnaire ». Autrement dit, ils voulaient faire exactement ce que faisaient les Soviétiques. En musique, par exemple, Nicolas Nabokov (le cousin de l’auteur de Lolita) était l’un des principaux agents du Congrès pour la liberté de la Culture. En 1954, la CIA finança un festival de musique à Rome au cours duquel l’amour « autoritaire » de Staline pour des compositeurs comme Rimski-Korsakov et Tchaïkovski fut « contré » par de la musique moderne non orthodoxe inspirée du dodécaphonisme de Schoenberg. Pour Nabokov, promouvoir une musique qui abolissait manifestement les hiérarchies naturelles, c’était délivrer un message politique clair. Un autre progressiste, le peintre Jackson Pollock, ancien communiste, fut également soutenu par la CIA. Ses barbouillages étaient censés représenter l’idéologie américaine de la « liberté » opposée à l’autoritarisme de la peinture du réalisme socialiste. (Cette alliance avec les communistes a précédé la Guerre froide : le fresquiste communiste mexicain Diego Rivera fut parrainé par Abby Aldrich Rockefeller mais leur collaboration prit fin subitement lorsque Rivera refusa de retirer un portrait de Lénine d’une scène de foule peinte sur les murs du Rockefeller Center en 1933.)

Ce mélange entre la culture et la politique fut encouragé explicitement par un organisme de la CIA qui avait un nom très orwellien, le Bureau de stratégie psychologique. En 1956, il parraina une tournée européenne du Metropolitan Opera dont l’objectif politique était d’encourager le multiculturalisme. Son organisateur, Junkie Fleischmann, déclara : « Nous, aux États-Unis, nous sommes un melting-pot et par là nous prouvons que les peuples peuvent s’entendre indépendamment des races, des couleurs de peau ou des confessions. En utilisant le terme de « melting-pot » ou toute autre expression accrocheuse, nous pourrions présenter le Met comme un exemple de la manière dont les Européens immigrés peuvent s’entendre aaux États-Unis et suggérer que, par conséquent, une espèce de fédération européenne est tout à fait possible. »

Soit dit en passant, c’est exactement l’argument utilisé notamment par Ben Wattenberg qui, dans son ouvrage The First Universal Nation, soutient que les États-Unis possèdent un droit particulier à l’hégémonie mondiale parce qu’elle réunit toutes les nations et races de la planète. La même idée a été exprimée par Newt Gingrich et d’autres néoconservateurs.

Parmi les autres sujets mis en avant, certains sont au centre de la pensée néoconservatrice d’aujourd’hui. Le premier d’entre eux est la croyance authentiquement libérale à l’universalisme moral et politique. Elle a été au centre de la philosophie de la politique étrangère de George W. Bush. À de nombreuses occasions, il a déclaré que les valeurs politiques sont les mêmes dans le monde entier et il a utilisé cette affirmation pour justifier l’intervention militaire en faveur de la « démocratie ». Au début des années 1950, Raymond Allen, directeur du PSB (le Bureau de stratégie psychologique fut rapidement désigné uniquement par ses initiales, sans doute afin de cacher son vrai nom) était déjà parvenu à la conclusion suivante :

« Les principes et idéaux contenus dans la Déclaration d’indépendance et la Constitution sont destinés à être exportés et constituent le patrimoine des hommes partout dans le monde. Nous devrions nous adresser aux besoins fondamentaux de l’humanité qui, je crois, sont les mêmes pour l’agriculteur du Texas que pour celui du Pendjab. »

Certes, il serait faux d’attribuer la propagation des idées uniquement à la manipulation clandestine. Elles s’inscrivent dans de vastes courants culturels dont les causes sont multiples. Mais il ne fait pas de doute que la domination de ces idées peut être considérablement facilitée par des opérations clandestines, en particulier parce que les gens des sociétés d’information de masse sont étonnamment influençables. Non seulement, ils croient ce qu’ils lisent dans les journaux mais ils s’imaginent qu’ils sont arrivés aux conclusions par eux-mêmes. Par conséquent, l’astuce pour manipuler l’opinion publique consiste à appliquer ce qui a été théorisé par Bernays, mis en place par Münzenberg et élevé au rang d’un grand art par la CIA. Selon l’agent de la CIA Donald Jameson, en ce qui concerne les attitudes que l’Agence désirait susciter par ses activités, il est évident qu’elle voulait produire des gens qui étaient intimement persuadés que tout ce que faisait le gouvernement était juste.

Autrement dit, ce que la CIA et d’autres agences ont fait pendant cette période fut d’adopter la stratégie que nous associons au marxiste italien Antonio Gramsci qui affirmait que l’« hégémonie culturelle » était essentielle pour la révolution socialiste.

Désinformation

Enfin, il existe une quantité énorme de textes sur la technique de désinformation. J’ai déjà mentionné le fait important, formulé à l’origine par Tchakhotine, que le rôle des journalistes et des médias est fondamental pour s’assurer que la propagande est constante. Il écrit que la propagande ne saurait s’interrompre, formulant ainsi une des règles fondamentales de la désinformation moderne qui est que le message doit être répété très souvent pour passer. Avant tout, Tchakhotine dit que les campagnes de propagande doivent être dirigées de manière centralisée et très organisée, ce qui est devenu la norme à l’ère de la « communication » politique moderne. Les membres travaillistes du Parlement britannique, par exemple, ne peuvent pas parler aux médias sans l’autorisation du Director for Communications du 10, Downing Street.

Sefton Delmer était à la fois un praticien et un théoricien de lablack propaganda (désinformation). Il créa une fausse station de radio qui, pendant la Seconde Guerre mondiale, diffusait de la Grande-Bretagne vers l’Allemagne et répandit le mythe qu’il y avait de bons Allemands patriotes qui s’opposaient à Hitler. On maintint le mythe qu’il s’agissait en réalité d’une station allemande clandestine et on la fit émettre sur des fréquences proches de celles des stations officielles. Ce genre de « black propaganda » fait maintenant partie de l’arsenal de la « communication » gouvernementale états-unienne. Le New York Times a révélé que le gouvernement faisait des bulletins d’informations favorables à sa politique qui étaient ensuite diffusés sur les chaînes ordinaires et présentés comme s’ils émanaient de ces chaînes.

Il y a de nombreux autres auteurs qui ont écrit sur le sujet et j’ai parlé de certains d’entre eux dans ma chronique All News Is Liesmais peut-être que l’ouvrage qui correspond le mieux au débat actuel est celui de Roger Mucchielli, La Subversion, publié en français en 1971 et qui montre que la désinformation, autrefois tactique auxiliaire pendant la guerre, est devenue une tactique principale [13]. Selon lui, la stratégie s’est développée au point que l’objectif est maintenant de conquérir un pays sans même l’attaquer physiquement, en particulier en recourant à des agents d’influence à l’intérieur. C’est essentiellement l’idée proposée et discutée par Robert Kaplan dans son essai publié dans The Atlantic Monthly en juillet/août 2003 et intitulé « Supremacy by Stealth » [14]. Un des plus sinistres théoriciens du Nouvel ordre mondial et de l’Empire américain, Robert Kaplan, défend explicitement l’utilisation illégale et immorale de la force pour permettre aux États-Unis de contrôler le monde entier. Son essai concerne le recours aux opérations secrètes, à la force des armes, aux coups tordus, à la désinformation, aux influences clandestines, à la formation de l’opinion, voire aux assassinats politiques, tous moyens relevant d’une « éthique païenne » et destinés à assurer la domination US.

Un autre point à souligner à propos de Mucchielli est qu’il fut un des premiers théoriciens du recours à de fausses ONG ou « organisations de façade » pour provoquer un changement politique interne dans un autre pays. Comme Malaparte et Trotski, Mucchielli avait compris que ce n’étaient pas des circonstances « objectives » qui faisaient le succès ou l’échec d’une révolution mais la perception de ces circonstances créée par la désinformation. Il avait également compris que les révolutions historiques, qui se présentaient invariablement comme le produit de mouvements de masse, étaient en réalité l’œuvre d’un tout petit nombre de conspirateurs très bien organisés. Comme Trotski, Mucchielli insistait sur le fait que la majorité silencieuse devait être absolument exclue du mécanisme de changement politique, précisément parce que les coups d’État sont l’œuvre d’un petit nombre de personnes et non de la masse.

L’opinion est le « forum » où l’on pratique la subversion et Mucchielli montre les différentes manières d’utiliser les mass médias pour créer une psychose collective. Selon lui, les facteurs psychologiques sont extrêmement importants à cet égard, particulièrement dans la poursuite de stratégies importantes comme la démoralisation d’une société. L’adversaire doit être amené à perdre confiance dans le bien-fondé de sa cause et tous les efforts doivent être tentés pour le convaincre que son adversaire est invincible.

Rôle des militaires

Avant d’aborder le présent, évoquons encore une question d’ordre historique : le rôle des militaires dans la conduite d’opérations secrètes et dans l’influence exercée sur le changement politique. C’est une chose dont certains analystes contemporains admettent volontiers l’existence aujourd’hui : Kaplan approuve le fait que l’armée états-unienne soit utilisée pour « promouvoir la démocratie ». Il se plaît à indiquer qu’un coup de téléphone d’un général US est souvent un meilleur moyen d’encourager un changement politique dans un pays du Tiers Monde qu’un appel de l’ambassadeur des États-Unis. Il cite un officier des Army Special Operations : « Quel que soit le président du Kenya, c’est le même groupe de gars qui dirige les forces spéciales et les gardes du corps du président. Nous les avons entraînés. C’est ce qu’on appelle l’influence diplomatique. »

L’aspect historique du sujet a été récemment étudié par un universitaire suisse, Daniele Ganser dans son livre Les Armées secrètes de l’OTAN [15]. Il commence par mentionner le fait que, le 3 août 1990, Giulio Andreotti, alors Premier ministre, a admis qu’il avait existé une armée secrète dans son pays depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale connue sous le nom de Gladio, qu’elle avait été créée par la CIA et le MI6 et qu’elle était coordonnée par une section peu orthodoxe de l’OTAN.

Il confirmait ainsi une des rumeurs les plus persistantes de l’Italie de l’après-guerre. De nombreuses personnes dont des magistrats instructeurs avaient le sentiment que Gladio ne faisait pas seulement partie d’un réseau d’armées secrètes créées par les États-Unis en Europe occidentale pour combattre une éventuelle occupation soviétique, mais également que ces réseaux en étaient venus à influencer le résultat d’élections, allant jusqu’à conclure de sinistres alliances avec des organisations terroristes. L’Italie était une cible particulière parce que le Parti communiste y était très puissant.

À l’origine, cette armée secrète avait été mise sur pied dans le but de se préparer à l’éventualité d’une invasion, mais il semble qu’elle effectua bientôt des opérations secrètes visant à influencer les processus politiques eux-mêmes, en l’absence d’invasion. Il existe de nombreuses preuves que les Étaats-uniens se sont ingérés massivement, en particulier dans les élections italiennes, afin d’empêcher le Parti communiste d’accéder au pouvoir. Des dizaines de milliards de dollars ont été offerts aux chrétiens-démocrates pour cette raison.

Ganser va jusqu’à dire qu’on a la preuve que des cellules Gladio ont organisé des attentats terroristes dans le but de faire accuser les communistes et de pousser la population épouvantée à réclamer des pouvoirs spéciaux pour l’État destinés à les « protéger » du terrorisme. Ganser cite l’homme accusé d’avoir posé une des bombes, Vincenzo Vinciguerra, qui a bien expliqué la nature du réseau dont il était un simple soldat. Cela faisait partie d’une stratégie visant à « déstabiliser afin de stabiliser ».

On s’attaquait à des civils, à des femmes, à des enfants, à des innocents, à des inconnus tout à fait étrangers au jeu politique. La raison en était simple : il s’agissait de contraindre le peuple italien à se tourner vers l’État pour demander une plus grande sécurité. Telle est la logique politique qui présidait à tous les massacres dont les auteurs sont restés impunis parce que l’Etat ne pouvait pas se déclarer coupable de ce qui était arrivé. Il existe un rapport évident avec les théories du complot à propos du 11-Septembre. Ganser présente toute une série de preuves selon lesquelles on a agi là comme Gladio en Italie et ses arguments laissent penser qu’il pourrait y avoir eu une alliance avec des groupes d’extrême gauche comme les Brigades Rouges. Après tout, lorsque Aldo Moro fut enlevé – il fut ensuite assassiné –, il se rendait au Parlement pour y présenter un programme de coalition entre les socialistes et les communistes, ce que les États-Unis étaient précisément déterminés à empêcher.

Les tacticiens de la révolution aujourd’hui

Les ouvrages historiques dont j’ai parlé nous aident à comprendre ce qui se passe aujourd’hui. Mes collègues et moi-même du British Helsinki Human Rights Group avons pu constater que les mêmes techniques sont utilisées aujourd’hui.

Les principales tactiques ont été perfectionnées en Amérique latine dans les années 1970–80. Beaucoup d’agents secrets spécialistes du changement de régime de l’époque Reagan et Bush père ont exercé leur métier sans problèmes dans l’ancien bloc soviétique sous Clinton et Bush fils. Le général Noriega raconte dans ses mémoires que les deux agents de la CIA et du département d’Etat envoyés pour négocier puis pour provoquer sa chute du pouvoir à Panama en 1989 s’appelaient William Walker et Michael Kozak. Or le premier réapparut au Kosovo en janvier 1999 lorsque, en tant que chef de la Mission de vérification, il supervisa la création du mensonge sur les « atrocités » qui servit de prétexte à la guerre. Michael Kozak, quant à lui, devint ambassadeur en Biélorussie où, en 2001, il monta l’opération « Blanche cigogne » destinée à renverser le président Alexandr Loukachenko. Dans un échange de lettres avec The Guardian, en 2001, il eut le front de reconnaître qu’il faisait en Biélorussie exactement ce qu’il avait fait au Nicaragua et au Panama, c’est-à-dire « promouvoir la démocratie » [16]

La technique moderne du coup d’Etat se présente essentiellement sous trois formes : ONG, contrôle des médias et agents secrets. Leurs activités sont interchangeables, si bien que je ne les traiterai pas séparément.

Serbie, 2000

Le renversement de Slobodan Milosevic ne fut manifestement pas la première fois où l’Occident utilisait des influences clandestines pour provoquer un changement de régime. Le renversement de Sali Berisha en Albanie en 1997 et celui de Vladimir Meciar en Slovaquie en 1998 ont été fortement influencés par l’Occident et dans le cas de Berisha, un soulèvement extrêmement violent fut présenté comme un exemple bienvenu de prise du pouvoir spontanée par le peuple. J’ai personnellement observé comment la communauté internationale et en particulier l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), falsifièrent les résultats de leur contrôle des élections afin d’assurer le changement politique. Cependant le renversement de Milosevic à Belgrade, le 5 octobre 2000, est important parce qu’il s’agissait d’une personnalité très connue et que la « révolution » qui l’a destitué impliquait un usage très ostentatoire du « pouvoir populaire ». Le contexte du putsch contre Milosevic a été brillamment décrit par Tim Marshall, journaliste à Sky TV. Ce qu’il montre est valable parce qu’il approuve les événements qu’il évoque et qu’il se vante de ses nombreux contacts avec les services secrets, en particulier ceux de Grande-Bretagne et des États-Unis.

À tout instant, Marshall semble savoir qui sont les principaux agents secrets. Son compte rendu est plein de références à « un agent du MI6 de Pristina », à des « sources des services secrets yougoslaves », à « un homme de la CIA qui a aidé à préparer le coup d’État », à un agent des services secrets de la marine américaine », etc. Il cite des rapports secrets des renseignements serbes, il sait qui est le chef d’état-major du ministre britannique de la Défense qui mit au point la stratégie du renversement de Milosevic. Il sait que les conversations téléphoniques du ministre des Affaires étrangères britannique sont écoutées. Il sait qui sont les agents des services secrets russes qui accompagnent Evgueni Primakov, le Premier ministre russe, à Belgrade pendant les bombardements de l’OTAN. Il sait dans quelles chambres de l’ambassade de Grande-Bretagne il y a des micros et où sont les espions yougoslaves qui écoutent les conversations des diplomates. Il sait qu’un membre de la Commission des relations internationales de la Chambre des représentants états-unienne est en réalité un agent des services secrets de la marine. Il semble savoir que des décisions des services secrets sont souvent prises sans l’accord complet des ministres. Il décrit comment la CIA a escorté la délégation de l’Armée de libération du Kosovo jusqu’à Paris pour les entretiens de Rambouillet avant la guerre où l’OTAN lança à la Yougoslavie un ultimatum dont elle savait qu’il ne pouvait pas ne pas être rejeté. Il fait allusion à un « journaliste britannique » qui a servi d’intermédiaire entre Londres et Belgrade pour des négociations secrètes à un haut niveau extrêmement importantes où les participants cherchèrent à se trahir les uns les autres au moment où le pouvoir de Milosevic s’effondrait. (Je le soupçonne de parler ici de lui-même.)

Un des thèmes qui traversent son livre sans qu’il le veuille est que la frontière entre les journalistes et les barbouzes est ténue. Au début du livre, Marshall parle en passant des « liens inévitables entre les agents, les journalistes et les politiques », disant qu’ils « travaillent tous dans le même domaine ». Il continue sur le ton de la plaisanterie en disant que c’est une « association de barbouzes, de journaleux et de politicards, plus le peuple » qui a causé la chute de Milosevic. Il adhère au mythe de la participation du « peuple » mais le reste de son livre montre qu’en réalité le renversement du président yougoslave n’a pu avoir lieu que grâce à des stratégies politiques conçues à Londres et à Washington.

Avant tout, Marshall fait bien comprendre qu’en 1998, le département d’État et les services de renseignements décidèrent d’utiliser l’Armée de libération du Kosovo (ALK) pour se débarrasser de Milosevic. Il cite une source selon laquelle « le projet des États-Unis était clair : lorsque le moment serait venu, ils utiliseraient l’ALK pour apporter la solution au problème politique », le « problème » étant la survie politique de Milosevic. Cela voulait dire qu’on soutenait le sécessionnisme terroriste de l’ALK pour mener ensuite une guerre contre la Yougoslavie à ses côtés. Marshall cite Karl Kirk, un agent des services secrets de la marine états-unienne : « Finalement, nous avons engagé une vaste opération à la fois ouverte et secrète contre Milosevic ». La partie secrète de l’opération consistait non seulement à étoffer les différentes missions d’observation envoyées au Kosovo d’agents des services secrets britanniques et états-uniens, mais également – et c’était crucial – d’apporter une aide militaire, technique, financière, logistique et politique à l’ALK qui faisait du trafic de drogue et d’êtres humains et assassinait des civils. »

La stratégie commença à la fin de 1998 lorsqu’une « importante mission de la CIA fut mise en œuvre au Kosovo ». Le président Milosevic avait autorisé la mission d’observation diplomatique du Kosovo à entrer dans la province pour y contrôler la situation. Ce groupe fut immédiatement étoffé d’agents secrets et de forces spéciales britanniques et états-uniens, d’hommes de la CIA et des services secrets de la marine US, de membres du Special Air Service britannique et du 14th Intelligence, corps de l’armée britannique qui opère aux côtés du SAS pour effectuer ce qu’on appelle de la « deep surveillance ». Le but immédiat de l’opération était d’effectuer de l’« intelligence preparation of battlefield » [méthode d’analyse du terrain susceptible de devenir un champ de bataille], version moderne de ce que le duc de Wellington avait l’habitude de faire, c’est-à-dire de parcourir le champ de bataille de long en large pour se rendre compte de la configuration du terrain avant d’attaquer l’ennemi. Ainsi, comme l’écrit Marshall, « officiellement la KDOM [Mission diplomatique d’observation au Kosovo] était dirigée par l’OSCE en Europe et officieusement par la CIA. C’était un front de la CIA. » En fait, la plupart de ses membres travaillaient pour un autre front de la CIA, la DynCorp, compagnie basée en Virginie qui emploie, selon Marshall surtout des « membres des unités d’élite de l’armée américaine ou de la CIA ». On utilisa la KDOM, qui devint plus tard la Mission de vérification au Kosovo pour faire de l’espionnage. Au lieu d’effectuer les tâches de contrôle qui leur étaient assignées, les membres de la Mission utilisaient leurs GPS pour localiser et identifier les cibles que l’OTAN bombarderait plus tard. On a du mal à comprendre comment les Yougoslaves ont pu permettre que 2000 agents des services secrets parfaitement entraînés parcourent leur territoire, d’autant que, comme le montre Marshall, ils savaient très bien ce qui se passait.

Le chef de la Mission de vérification au Kosovo était William Walker, l’homme qui avait eu pour mission d’évincer Noriega du pouvoir au Panama et qui avait été ambassadeur des États-Unis au Salvador dont le gouvernement, soutenu par Washington, entretenait des escadrons de la mort. Walker « découvrit » le « massacre » de Racak en janvier 1999, événement utilisé comme prétexte pour engager le processus conduisant aux bombardements qui commencèrent le 24 mars. De nombreux témoignages laissent penser que Racak était une mise en scène et que les corps trouvés là étaient ceux de combattants de l’ALK et non de civils, comme on l’a prétendu. Ce qui est certain, c’est que le rôle de Walker était si important que la route nationale du Kosovo qui mène à Racak a reçu son nom. Marshall écrit que la date de la guerre – printemps 1999 – n’a pas seulement été décidée à la fin de décembre 1998, mais qu’elle a été communiquée à ce moment-là à l’ALK. Cela signifie que lorsque le « massacre » a eu lieu et que Madeleine Albright déclara que le printemps était précoce cette année-là, elle se comportait comme Goebbels qui, apprenant la nouvelle de l’incendie du Reichstag en 1933, aurait dit : « Quoi, déjà ? »

De toute façon, Marshall écrit que lorsque la Mission fut retirée à la veille des bombardements de l’OTAN, les agents de la CIA qui en faisaient partie remirent tous leurs mobiles et leurs GPS à l’ALK. « Les Étaats-uniens entraînèrent l’ALK, l’équipèrent en partie et lui donnèrent virtuellement un territoire », écrit Marshall, même si lui, comme tous les autres reporters, a contribué à propager le mythe des atrocités commises systématiquement par les Serbes contre une population civile albanaise totalement passive.

La guerre commença, bien sûr, et la Yougoslavie fut violemment bombardée. Mais Milosevic restait au pouvoir. Aussi Londres et Washington se mirent à pratiquer ce que Marshall appelle une « guerre politique » pour le faire partir. Cela consistait à donner d’importantes sommes d’argent et d’apporter une aide technique, logistique et stratégique, y compris des armes, à différents groupes de l’« opposition démocratique » et à des ONG de Serbie. À ce moment-là, les États-uniens opéraient principalement par le biais de l’International Republican Institute [17] qui avait ouvert des bureaux en Hongrie dans le but de se débarrasser de Milosevic. Marshall explique qu’à l’une des réunions, « on était tombé d’accord sur le fait que les arguments idéologiques de démocratie, de droits civiques et d’approche humanitaire seraient beaucoup plus convaincants s’ils étaient accompagnés, le cas échéant, de beaucoup d’argent ». Cet argent, et beaucoup d’autres choses, d’ailleurs, entrèrent en Serbie par les valises diplomatiques, dans bien des cas celles de pays apparemment neutres comme la Suède qui, n’étant pas officiellement membre de l’OTAN, purent maintenir des ambassades complètes à Belgrade. Marshall ajoute que l’argent entra pendant des années. Des médias « indépendants », comme la station de radio B92 (éditeur de Marshall) étaient financés en grande partie par les États-Unis. Des organisations contrôlées par George Soros [18] jouèrent également un rôle essentiel, comme plus tard en Géorgie, en 2003–04. Les « démocrates » n’étaient en réalité rien d’autre que des agents étrangers, comme l’affirmait impassiblement le gouvernement yougoslave à l’époque.

Marshall explique aussi une chose qui est maintenant de notoriété publique, c’est-à-dire que ce sont également les États-uniens qui ont conçu la stratégie consistant à mettre en avant un candidat, Vojislav Kostunica, pour unifier l’opposition. Il présentait le principal atout d’être inconnu du grand public. Marshall montre que la stratégie impliquait aussi un coup d’État soigneusement préparé et qui eut lieu comme prévu. Il montre de manière très détaillée comment les principaux acteurs de ce qui fut présenté par les télévisions occidentales comme un soulèvement « populaire » spontané étaient en réalité une bande de voyous extrêmement violents et lourdement armés commandés par le maire de la ville de Cacak, Velimir Illic. C’est le convoi d’Illic long de 22 kilomètres qui transporta « des armes, des paras et une équipe de kickboxeurs » jusqu’au bâtiment du Parlement fédéral de Belgrade. Marshall admet que les événements du 5 octobre 2000 « ressemblaient plus à un coup d’État » qu’à la révolution populaire que présentaient si naïvement les médias du monde entier.

Géorgie, 2003

Bien des tactiques appliquées à Belgrade furent reprises ad nauseam en Géorgie en novembre 2003 pour renverser le président Edouard Chevardnadze [19]. Les mêmes allégations d’élections truquées furent faites et sans cesse répétées. (En Géorgie, il s’agissait d’élections législatives et en Yougoslavie de l’élection présidentielle.) Les médias occidentaux reprirent sans se poser de questions ces allégations qui avaient été formulées longtemps avant le scrutin. Une guerre de propagande fut déclenchée contre les deux présidents, dans le cas de Chevardnadze après une longue période où on l’avait encensé comme un grand démocrate réformateur. Les deux « révolutions » se produisirent après un similaire « assaut contre le Parlement » transmis en direct par les télévisions. Les deux transferts de pouvoirs furent négociés par le ministre russe des Affaires étrangères Igor Ivanov qui prit l’avion pour Belgrade puis pour Tbilissi afin d’organiser la chute des présidents en exercice. Et, last but not least, l’ambassadeur américain fut le même dans les deux cas : Richard Miles.

Cependant, la similitude la plus manifeste consiste dans l’utilisation d’un mouvement étudiant connu sous le nom d’Otpor (Résistance) en Serbie et Kmara (C’est assez !) en Géorgie [20]. Les deux mouvements avaient le même symbole, un poing serré noir sur blanc. Les gens d’Otpor entraînèrent ceux de Kmara et tous les deux furent soutenus par les États-Unis. Et les deux étaient manifestement structurés selon des principes communistes, associant l’apparence d’une structure diffuse de cellules autonomes et la réalité d’une discipline léniniste fortement centralisée.

Comme en Serbie, le rôle joué par les opérations secrètes et l’argent états-uniens fut révélé, mais seulement après les événements. Pendant ceux-ci, les télévisions ne cessèrent de parler du soulèvement du « peuple » contre Chevardnadze. Toutes les images contraires à ce mensonge optimiste furent occultées, comme le fait que la « marche sur Tbilissi » menée par Mikhail Saakachvili était partie de Gori, la ville natale de Staline, au pied de la statue de l’ancien tyran soviétique qui reste un héros pour beaucoup de Géorgiens. Les médias ne s’inquiétèrent pas lorsque le nouveau président, Saakachvili, fut confirmé dans ses fonctions par une élection qui le gratifia d’un score stalinien de 96 %.

Ukraine, 2004

Dans le cas de l’Ukraine, on observe la même combinaison d’activités des ONG financées par l’Occident, des médias et des services secr

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Echange de courriers entre Annie Lacroix-Riz et un de ses correspondants sur la future béatification de Pie XII et la politique vaticane.
 
-----Message d'origine-----
 
Envoyé : mardi 22 décembre 2009 17:59
À : Annie Lacroix-Riz
 
 
Chère Annie
 
au sujet du procès en béatification de Sa Sainteté Pie XII, relancé par
le Saint Père actuel, UAVJ envisage un communiqué. Non pas tant pour le
silence de Pie XII sur les génocides pratiqués par les nazis, mais plus
profondément sur sa sympathie pour le nazisme.
J'ai un souvenir vague de documents historiques qui suggéraient
fortement cette sympathie. Mais pas moyen de me souvenir ou je les avais
vus, ni quand.
Pourrais-tu éventuellement,  donner un coup de main à UAVJ, en nous
suggérant quelques références, ou en nous envoyant des documents?
Merci d'avance
Et bonnes fêtes!
Amitiés
pascal
 
 
Réponse de Annie Lacroix-Riz :
 
Cher Pascal,
Eugenio Pacelli, futur Pie XII, est la vedette de mon ouvrage Le Vatican, l'Europe et le Reich de la Première Guerre mondiale à la Guerre froide (1914-1955), Paris, Armand Colin, 1996, 540 p. (réimprimé en 2007), à tel point que son nom ne figure pas dans l'index. C'est là que tu trouveras le maximum des références archivistiques (et bibliographiques) concernant celui qui fut le représentant par excellence de la politique vaticane résolument allemande après avoir été autrichienne jusqu'au milieu du 19e siècle.
Mais j'ai également à disposition des articles assez nombreux sur cet antisémite frénétique, notoirement pronazi (je dis bien pronazi) dès les années 1920, qui ne manquait pas, en Bavière, les réunions de l’hitlérien Ludendorff et « couvrait » et promouvait  les membres du clergé adhérant à l'Orgesch («“groupes de guerre civile” constitués le 11 août 1920 à Munich par la fusion des mouvements qui avaient écrasé les conseils bavarois »), vivier du NSDAP.
 
Je te joins deux de ces articles (mentionnés ci-dessous) et te fournis, également ci-dessous, une liste de certains de mes articles sur le Vatican disponibles, centrés sur le rôle de celui que les Italiens et les Polonais appelaient après la Deuxième Guerre mondiale «Il Tedesco» (l'Allemand). On relèvera sur ce point, comme sur le reste, la parenté du pape Ratzinger, surnommé « El pastore tedesco » (et qui, lui, est allemand de naissance), avec l’idole qu’il s’apprête à béatifier (ce dont le pape Wojtyla, d'ailleurs conseillé par le présent pape, rêvait mais qu’il n’avait pas osé réaliser).
 
Certains de ces articles ont été, de 1996 à 1998, rédigés pour la revue Golias, qui m’avait sollicitée à plusieurs reprises, mais qui en 1999-2000 a brutalement cessé de le faire, sans explication ni contact, tout éclaircissement ayant été à ma grande surprise refusé par  Christian Terras (ce silence obstiné est intervenu après la lourde condamnation pécuniaire infligée à la revue catholique par la justice à la suite de la rédaction par Christian Terras d’un Trombinoscope des évêques (français), condamnation d'ailleurs, curieusement, non suivie d’effet : l'épiscopat français bénéficiaire de cette décision, qui eût été fatale à la survie de ladite revue, n'en aurait pas réclamé l'application). De sorte que la recension que j'avais pour Golias rédigée en 1997 de la biographie hagiographique de Jean-Paul II ‑ un des favoris de Pie XII dans le combat territorial (et pas seulement antibolchevique) de ce dernier contre l'Europe orientale slave ‑ par Carl Bernstein et Marco Politi (Sa Sainteté. Jean-Paul II et l’histoire cachée de notre époque, 1996), n'a jamais été publiée. Elle figure dans le lot des pièces disponibles dont tu trouveras la liste ci-dessous.
 
Un lecteur attentif de Golias dans la décennie 1990 (ce fut mon cas) est susceptible d’observer la considérable différence d’approche et de ton de la revue envers le pape Pacelli (et son successeur allemand, ancien membre des Jeunesses hitlériennes, et principal collaborateur de Jean-Paul II) entre cette période et l’article de C. Terras (« Pourquoi Benoît XVI béatifiera prochainement Pie XII ? ») mis en ligne le 19 décembre 2009 (http://www.golias-editions.fr/spip.php?article3270), texte d’une prudence extrême sur les deux personnalités concernées, se portant notamment caution de leur rejet du fascisme ou du nazisme. Ce changement, particulièrement frappant dans une publication naguère moins précautionneuse, souligne à quel point le cléricalisme ambiant, que je déplorais dans  la recension de 2000 intitulée « Le pape et Hitler » (ci-jointe), a progressé et liquidé de fait l’étude scientifique de Pacelli qui avait fleuri, même en France, dans les années 1960.
 
Tout est utilisable et diffusable (compte tenu, en cas d’utilisation, du respect de la "propriété intellectuelle", c'est à dire de la mention de l'auteur).
 
Bonnes fêtes et meilleurs vœux,
 
Annie
 
Pièces jointes:

«Le Vatican, de l'antisémitisme des années trente au sauvetage-recyclage des bourreaux», Golias, n° 47, mai 1996, p. 72-89 (dont la bibliographie a été complétée dans « Le Vatican et les juifs de l’entre-deux-guerres au sauvetage-recyclage des criminels de guerre », Marie-Danielle Demélas, éd., Militantisme et histoire, Mélanges en l’honneur de Rolande Trempé, Presses Universitaires du Mirail, Paris, 2000, p. 293-320)

« Le pape et Hitler », La pensée, n° 322, avril-juin 2000, p. 137-152

Liste des pièces disponibles (sous forme électronique):

« Le Vatican et la France entre les deux guerres : entre “catholicisme social” et plans fascistes », publié en deux parties
I. « “Catholicisme social”et modèle fasciste italien dans les années vingt », L’idée libre, revue de la Libre Pensée, n° 273, juin 2006, p. 28-33
II. « “Catholicisme social” et modèle hitlérien dans les années trente », La Raison, mensuel de la Libre Pensée, n° 515, novembre 2006, p. 17-21.
 
« L’Église de France et la reconstitution de la droite après la Libération, 1944-1946 », colloque sur « la reconstitution de la droite de 1944 à 1948 », Rennes, 22-24 mai 2003, Gilles Richard et Jacqueline Sainclivier, dir., La recomposition des droites en France à la Libération 1944-1948,Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2004, p. 111-124.
 
 « Le Vatican et le fascisme : l’exemple allemand », colloque de l’IRELP (Institut de recherches et d’études sur l’histoire de la Libre Pensée), 27-28 mars 2001, Actes, Paris, IRELP, 2002, p. 184-208.
 
«Les rapports entre le Vatican et la Pologne, 1918-1958: la thèse de l'alliance catholique et des "persécutions bolcheviques" revisitée », deux articles (inédits dans leur version intégrale) « Le Vatican et la Pologne depuis la reconstitution de l'État polonais: I. haine nationale et faux ciment antibolchevique, 1918-1939 »; II, « De la guerre à la Guerre Froide, 1939-années cinquante »
La dernière partie (1949-1958) du second a été publiée, sous le titre « Le sens "polonais" du pontificat de Karol Wojtyla», Golias, n° 50, septembre-octobre 1996, p. 61-75, 48 bis).
Une partie importante du second a été publiée, sous le titre : « Le Vatican et la Pologne de 1945 à 1958 : Église persécutée ou vieil instrument contre les frontières? », communication au colloque La Pologne et l’Europe occidentale du Moyen-Age à nos jours, 28-29 octobre 1999, dir. Marie-Louise Pelus-Kaplan et Daniel Tollet, Instytut Historii UAM, Poznan-Paris, 2004, p. 141-171.
 
« De la “repentance” à ce qui fut », présentation critique de huit textes relatifs à l’Église de France, de juin 1940 à juillet 1944, Golias, n° 56, septembre-octobre 1997, p. 6-9.
 
« Stepinac, symbole de la politique à l’Est du Vatican », Golias, n° 63, novembre-décembre 1998, p. 52-59.
http://www.historiographie.info/stepinac.html
Ce texte peut être téléchargé en version PDF en cliquant ICI: http://www.historiographie.info/arch/stepinac.pdf

« Le Vatican et la question “yougoslave” depuis la fin du XIXème siècle : haine contre la Serbie et recours au bras séculier », Les cahiers de l’Orient, n° 59, 3e trimestre 2000, p. 79-101.
http://www.historiographie.info/vatyougo.html
Ce texte peut être téléchargé en version PDF en cliquant ICI: http://www.historiographie.info/arch/vatyougo.pdf

« La découverte tardive de l’Amérique et ses lacunes: autour de l’ouvrage de Carl Bernstein et Marco Politi, Sa Sainteté. Jean-Paul II et l’histoire cachée de notre époque », 1997, rédigé pour Golias, non publié, mis en ligne en décembre 2009 sur le site www.historiographie.info
 
À paraître :
« Les carences de l’histoire cléricale de l’Église romaine : l’exemple de la Deuxième Guerre mondiale », recension de l’ouvrage en deux volumesReligion under Siege (1939-1950), Lieve Gevers et Jan Bank, dir., Peeters, Louvain, 2007, pour la Revue belge de philologie et d’histoire, à paraître 2009 ou 2010 (22 000 signes) (non disponible avant publication), avec des références bibliographiques récentes, naturellement.
 


(francais / english.
Nello stesso giorno in cui la Serbia si è formalmente candidata ad entrare nella Unione Europea, la Corte per i Diritti Umani di Strasburgo ha condannato la Bosnia-Erzegovina per discriminazione razziale nei confronti delle sue minoranze etniche... Pare uno straordinario capovolgimento dello schema buoni-cattivi che ci hanno voluto imporre tanti "intellettuali di servizio" da venti anni a questa parte! E' questo l'oggetto del commento ironico di Daniel S. Schiffer, filosofo, apparso su una delle principali riviste francesi: "Marianne".
La condanna nei confronti della Bosnia-Erzegovina è dovuta al fatto che la sua Costituzione esclude che rappresentanti di etnie minoritarie, quali i Rom e gli Ebrei, possano diventare membri della Presidenza bosniaca o della Camera delle Nazioni.)

BOSNIE-SERBIE : 
LA GUERRE DES INTELLOS ET LES LECONS DE L’HISTOIRE

(ici le texte original de l'article paru samedi 26 décembre 2009 sur le site internet de l'hebdomadaire "Marianne" - "Marianne 2" -, l'un des plus importants de France: http://www.marianne2.fr/Serbie-et-Bosnie-et-si-le-mechant-n-etait-pas-celui-qu-on-croit_a183252.html )

Quel extraordinaire, paradoxal et historique retournement de situation, au regard de l’opinion publique internationale, que celui que vivent actuellement, depuis ce mardi 22 décembre 2009, deux des pays les plus douloureusement touchés, lors de la guerre civile qui les vit s’affronter entre les années 1991 et 1995, de l’ex-Yougoslavie : la Bosnie et la Serbie.
La Bosnie, tout d’abord, celle-là même que ne cessèrent d’encenser au prix de mensonges souvent éhontés, en voulant nous la présenter comme un modèle de société multiculturelle et pluriethnique, quelques-uns de nos intellectuels les plus médiatisés, au premier rang desquels émerge un imposteur de taille : Bernard-Henri Lévy. Je me souviens, en particulier, de la manière, aussi partisane qu’effrontée, dont ce grand mystificateur s’évertua, durant toutes ces années de guerre et contre le sens de la vérité elle-même, à glorifier les soi-disant mérites de son idole politique d’alors : Alija Izetbegovic, premier Président de la Bosnie indépendante, mais, surtout, fondamentaliste musulman dont la tristement célèbre « Déclaration Islamique », publiée à Sarajevo en 1970, affirme textuellement, niant là les valeurs de nos sociétés laïques, qu’ « il n’y a pas de paix ni de coexistence entre la religion islamique et les institutions sociales et politiques non islamiques ». Et encore, ces mots terribles, dignes de l’intégrisme religieux le plus dangereux pour la sauvegarde de nos démocraties mêmes, sinon du sens de la fraternité entre les peuples : « Avant le droit de gouverner lui-même et son monde, l’islam exclut clairement le droit et la possibilité de la mise en œuvre d’une idéologie étrangère sur son territoire. Il n’y a donc pas de principe de gouvernement laïc, et l’Etat doit être l’expression et le soutien de concepts moraux de la religion. ». Edifiante, cette étrange conception de la tolérance chez les amis de BHL et Cie, pour la plupart anciens « maoïstes » ou « trotskystes-léninistes » repentis de surcroît !
Eh bien c’est cette Bosnie prétendument multiculturelle et pluriethnique, mais assurément prise aujourd’hui en flagrant délit d’antisémitisme, celle-là même que Bernard-Henri Lévy et ses acolytes « nouveaux philosophes » (André Glucksmann, Alain Finkielkraut, Pascal Bruckner…) s’échinèrent à angéliser, qui vient à présent (et enfin !) de jeter le masque : elle s’est vue très justement condamnée par la Cour Européenne des Droits de l’Homme, ce 22 décembre 2009 donc, pour discrimination raciale à l’encontre de ses minorités ethniques (*). Et, en particulier, des Juifs et des Roms, interdits, par la Constitution Bosniaque actuelle, de se présenter à certains scrutins nationaux et élections de toute première importance pour la vie politique du pays, dont la présidence de l’Etat. 
Le motif de cette condamnation, de la part des juges européens, de la Bosnie ? Celle-ci, aussi fondée qu’imparable : l’interdiction faite aux minorités de se présenter à certains scrutins « ne repose pas sur une justification objective et raisonnable » et est donc contraire, comme telle, à la Convention Européenne des Droits de l’Homme.
A propos : ces Juifs et ces Roms, n’étaient-ils pas déjà ceux-là mêmes que les divisions SS « Handjar » du grand mufti de Sarajevo, alors alliées inconditionnelles des encore plus terrifiants « Oustachis » d’Ante Pavelic, persécutèrent avec une effroyable cruauté, à faire pâlir d’horreur les nazis eux-mêmes, lors de la Seconde Guerre Mondiale ? 
Le Serbie, ensuite, ce pays que ces mêmes « nouveaux philosophes », et l’impayable BHL en tête toujours, s’acharnèrent, avec un zèle inégalé, à démoniser systématiquement, jusqu’à contribuer, y compris lors de la guerre du Kosovo (1997-1999), à sa longue et éprouvante mise au ban des nations.
Et bien, c’est cette Serbie, guidée aujourd’hui de main de maître par son Président pro-occidental, le très éclairé et très démocrate Boris Tadic, qui a déposé formellement, ce même 22 décembre 2009, sa candidature à l’adhésion, après avoir obtenu quelques jours auparavant la libéralisation des visas pour ses citoyens, à l’Union Européenne.
Reste à espérer que l’Europe accédera rapidement à cette demande, en tout point légitime, de la Serbie. Et que le manichéisme pour le moins étriqué de ces intellectuels en chambre, aveuglément « pro-bosniaques » et unilatéralement « anti-serbes », retrouvent enfin les lumières, qui leur a si longtemps fait défaut, de la raison. 
Quel cinglant démenti, par les voix les plus officielles, à leurs diverses manipulations idéologiques : un véritable boomerang ! Et quelle leçon d’Histoire, magistrale, pour eux !

DANIEL SALVATORE SCHIFFER*

* Philosophe, auteur de « Les Intellos ou la dérive d’une caste - de Dreyfus à Sarajevo » (Ed. L’Âge d’Homme) et « Grandeur et misère des intellectuels - Histoire critique de l’intelligentsia du XXe siècle » (Editions du Rocher).

(*) Bosnia discriminates against Jews, Roma, says court

Strasbourg, 22/12/2009 - The European Court of Human Rights in Strasbourg has condemned Bosnia-Herzegovina over a controversial ban. This country is preventing members of its Roma and Jewish communities from becoming members of the Presidency of Bosnia-Herzegovina and the House of Peoples of the state parliament.

Roma Council of Bosnia-Herzegovina Coordinator Dervo Sejdić and President of the Jewish Community in Bosnia-Herzegovina Jakup Finci filed a lawsuit against the state for discriminatory provisions of its Constitution, and those found in the election legislation which do not allow Romas or Jews to become members of the two institutions.

The court in Strasbourg decided that there was "no reasonable and objective excuse” for such a ban to be in place, and that it was therefore contrary to the European Human Rights Convention which forbids discrimination. The Constitution of Bosnia-Herzegovina mentions two categories of citizens – members of the "constitutional peoples, i.e. Serbs, Bosniaks (Bosnian Muslims), Croats, and "others" – which includes Jews, Roma and members of other ethnic minorities. Only those with ethnic background in the three "constitutional peoples" can become candidates for positions in the Presidency and the House of Peoples. The Strasbourg court has also ordered Bosnia-Herzegovina to pay Sejdić EUR 1,000, while Finci will receive EUR 20,000, to cover their expenses.

(Source: Beta)





Serbia–NATO: towards mere servility?

(Le relazioni tra Serbia e NATO, instaurate e via via consolidate a partire dal golpe antidemocratico ed antiparlamentare compiuto in Serbia il 3 ottobre 2000 con il determinante appoggio di UE e USA, stanno assumendo adesso una dimensione paradossale: il Ministro della Difesa della Serbia si dice favorevole ad "entrare nella NATO senza esserne membro", che tradotto dalla lingua dei bugiardi alla lingua italiana significa: aprire alla NATO per esserne sudditi senza godere delle clausole che equiparerebbero il paese a tutti gli altri membri NATO in caso ad es. di necessità di difesa rispetto alle aggressioni di terzi. Un affarone, insomma...
Ricordiamo che la Serbia ha già aderito alla Partnership for Peace (anticamera della NATO), ha inviato suoi soldati in Afghanistan, ed ha appena chiesto l'adesione alla UE, adesione che difficilmente sarà approvata se non preceduta dall'entrata nella NATO come è già stato per altri paesi, ad es. la confinante Romania. Ricordiamo anche che l'ex primo ministro Kostunica è "caduto in disgrazia" ed è stato rimosso proprio dopo che aveva dichiarato la contrarietà del suo partito alla entrata della Serbia nella NATO.
[a cura di Italo Slavo] )

1) Belgrade prepares to set up NATO mission (Vecernje Novosti - November 4, 2009)
2) Defense minister meets U.S. counterpart (Beta News Agency - December 2, 2009)
3) "U.S. visit brings better cooperation" (Beta News Agency - December 5, 2009)
4) "Serbians should decide on joining NATO" (Blic/Tanjug News Agency - December 14, 2009)
5) U.S.: Belgrade must cooperate with Pristina (Politika - December 27, 2009)
6) Serbian Minister of Defense: Serbia to be in NATO, even if not member (Tanjug News Agency - December 30, 2009)

7) Belgrade Forum’s position on Serbia–NATO relationship (Zivadin Jovanovic)

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Source: Stop NATO
http://groups.yahoo.com/group/stopnato
Blog site:
http://rickrozoff.wordpress.com/
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Useful links:

Serbian military in Afghanistan 
Blic (Serbia) - September 23, 2006

Koštunica says his party is against NATO membership 
Beta News Agency (Serbia) - September 15, 2007
http://www.b92.net/eng/news/politics-article.php?yyyy=2007&mm=09&dd=15&nav_category=90&nav_id=43781

Most Serbians Reject NATO Accession
Angus Reid Global Monitor: Polls & Research (Canada) - November 5, 2007

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http://www.b92.net/eng/news/politics-article.php?yyyy=2009&mm=11&dd=04&nav_id=62806

Vecernje Novosti - November 4, 2009

Belgrade prepares to set up NATO mission 

BELGRADE: The foreign affairs and defense ministries are wrapping up preparations for opening the Serbian mission at NATO HQ, daily Vecernje Novosti writes.
According to the Belgrade newspaper, the government recently named Branislav Milinkovic as Serbia’s ambassador to the western military alliance, and he will most likely submit his credentials by the end of the year.
The question of finding a location for the Serbian mission in Brussels is expected to be taken care of soon, as well as all other personnel related issues, the article says. 
The daily writes that the Serbian ambassador to NATO will not be alone at the mission, as a military representative "will be dispatched as well". 
Defense Ministry State Secretary Dusan Spasojevic said that by the end of this week, once the changes and amendments to the Law on Defense and Army take effect, there will be a procedure started up officially for selecting the military staff to be sent to Brussels. 
“It is certain that our military official will be a general, who will be appointed by President Boris Tadic according to a recommendation by the Defense Ministry. In addition, there will be eight more officers in the mission, six from the military's jurisdiction and two experts in the field of defense policies,” Spasojevic said. 
He explained that the point of the mission will be to improve cooperation and everyday communication with NATO, participate in the work of 100 expert committees, and improve what the daily refers to as cooperation with "50 member-states" of the "political" alliance. 
All missions of countries that are participating in the Partnership for Peace program are also located in the NATO headquarters, in the offices designated for partners. 
The enormous NATO complex is located on the outskirts of Brussels. This is where the Serbian mission is currently looking to find a location for its mission, says the daily.  


=== 2 ===

http://www.b92.net/eng/news/politics-article.php?yyyy=2009&mm=12&dd=02&nav_id=63445

Beta News Agency - December 2, 2009

Defense minister meets U.S. counterpart 

WASHINGTON: Serbian Defense Minister Dragan Sutanovac on Tuesday met with his U.S. counterpart Robert Gates in Washington, Beta reports.
He said afterward that it was one of the most important encounters since he assumed the helm of the ministry and that the visit should improve the overall relations between Serbia and the U.S., and not only in the area of defense.
"It is well-known that in the last decade of the last century we had a lot of problems, but it is also well-known that in the last few years the ministry has been making big steps to stabilize relations between Serbia and the U.S.," Sutanovac told Serbian and American journalists after meeting with Gates at the Pentagon. 
He said a recent visit by U.S. Vice President Joseph Biden had shown that "there is respect" for Serbia overseas, which is very important, and added that he and Gates had agreed that defense relations were among the best aspects of the cooperation between the two countries. 
Sutanovac reminded that the Serbian Army had several dozen officers at prestigious U.S. military academies, and stated that he and Gates had mentioned continuing to exchange experiences in education and training. 
The Serbian minister and American secretary also discussed further Serbian Army participation in NATO's Partnership for Peace program, while Sutanovac acquainted Gates with the participation of a Serbian Army medical team in a peacekeeping mission in Chad and the desire to see Serbian armed forces in other missions with "partners from Europe." 

On the first day of his visit to the U.S., Sutanovac laid a wreath at the monument to the Unknown Soldier at Arlington National Cemetery. While in Washington, he is to have several meetings at the Senate, Congress and White House, and in Ohio with representatives of the Ohio National Guard. 

Sutanovac is in the U.S. at the invitation of Gates, the first such request to a Serbian defense minister in 25 years.  


=== 3 ===

http://www.b92.net/eng/news/politics-article.php?yyyy=2009&mm=12&dd=05&nav_id=63523

Beta News Agency - December 5, 2009

"U.S. visit brings better cooperation" 

BELGRADE: Defense Minister Dragan Sutanovac said that his ongoing visit to the U.S. will contribute to better cooperation between Serbia and America. 
“Taking into consideration the fact that they invited us to the Pentagon, White House, Senate and Congress, we tried to reawaken relations and to act in all possible fields,” Sutanovac told RTS, adding that the best cooperation between Serbia and the U.S. currently is in the defense sector. 
“We want to cooperate in other fields as well, we will try to improve and develop cooperation in the coming period,” Sutanovac said. 
SHe said that Kosovo is the stumbling block in relations between the two countries, and that this issue cannot be solved during this visit, but that a number of other issues can be solved. 
Sutanovac said that during 2010, he is expecting a visit to Serbia from the commander of the American National Guard, adding that Serbia’s military chief-of-staff is expected to visit Washington in February as well.  


=== 4 ===

http://www.b92.net/eng/news/politics-article.php?yyyy=2009&mm=12&dd=14&nav_id=63743

Blic/Tanjug News Agency - December 14, 2009

"Serbians should decide on joining NATO" 

BELGRADE: NATO Secretary General Anders Fogh Rasmussen says he "welcomes the steps Serbia had recently taken in order to promote its cooperation with NATO".
Rasmussen told Belgrade daily Blic that it is "up to the citizens of Serbia to decide whether the country's membership in the Alliance would be useful for Serbia".
According to the newspaper, the NATO chief said that he does not see the Declaration of Neutrality, proclaimed by the Serbian Parliament, as an obstacle to the development of cooperation between NATO and Serbia. 
Many neutral countries, such as Austria and Finland for example, are considerably engaged as NATO's partners, said Rasmussen, adding that Serbia had joined the Partnership for Peace Program in late 2006, but that it had "not fully used the program's potential over the past period". 
"I hope that Serbia will become more active, but it is up to your government to decide whether it wants to do that," said Rasmussen. 
As for the western military alliance's announcements it would scale down its presence in Kosovo by 2,500 soldiers, he stated that this was a "gradual transition of KFOR units toward a conflict-deterring force", which comes as a "natural result of the increased and sustainable normalization of the security situation on the ground in Kosovo".  


=== 5 ===

http://www.b92.net/eng/news/politics-article.php?yyyy=2009&mm=12&dd=27&nav_id=64061

Politika - December 27, 2009

U.S.: Belgrade must cooperate with Pristina 

BELGRADE: Deputy Chief of Mission at the U.S. Embassy in Belgrade, Jennifer Brush, said that Belgrade must cooperate with Pristina.
She said that America does not expect Serbia to recognize Kosovo’s independence.
Brush said that cooperation is necessary so that the problems that affect both sides can be figured out. 
She told daily Politika that she does not believe that new status talks will be able to be scheduled after the opinion of the International Court of Justice (ICJ) on the legality of Kosovo’s declared independence is given. 
As far as the eventual membership of Serbia in NATO is concerned, Brush said that the decision is up to Serbia to make, but that the U.S. and Alliance members believe that NATO membership would be good for Serbia
Brush said that Serbia needs to define what it means by military neutrality. 
“It is still unclear to me, personally. On one side, NATO membership gives a clear concept, it is an extension of multilateral relations,” she said. 
She said that the U.S. supports Serbia’s European integration, adding that the visa liberalization and unfreezing of the interim trade agreement were good things that occurred at the end of this year, and were promised by President Boris Tadić while campaigning in 2008. 
Brush said that relations between America and Serbia have improved and will continue to do so, adding that the government, President Tadic and former ambassador Cameron Munter had a lot to do with the improved relations. 
She also said that the visit of U.S. Vice-President Joe Biden to Serbia in 2009 was a very significant event. 
“I believe that his visit brought a very important turnaround in our relations and offered new hope for stronger bilateral cooperation,” Brush said.  


=== 6 ===

http://bsanna-news.ukrinform.ua/newsitem.php?id=11788&lang=en

Tanjug News Agency - December 30, 2009

Serbian Minister of Defense: Serbia to be in NATO, even if not member

BELGRADE: Serbian Minister of Defense Dragan Sutanovac has said that Serbia will be in the scope of the North Atlantic Treaty Organization (NATO) even if it does not become a member of the alliance, like Austria, and added that the applying for the membership itself is not the issue at this moment.
Serbia will be in NATO, even if it does not become its member, such as, for example, Austria,” Sutanovac said in an interview for the Belgrade magazine Ekonomist when asked if it is possible that Serbia remains neutral given the fact that it is surrounded by countries which have already or are about to join NATO.
“This debate is sure to be opened in 2010, and we will have to organize talks on introducing Serbia into European integration which implies the European system of values comprising a Euro-Atlantic security policy,” the minister of defense assessed.
“We want our system of defense to be organized in accordance with the world's best standards, and the best one at this moment is the NATO standard,” he stressed.
Sutanovac underscored that Serbia should take a number of steps related to the Partnership for Peace, and that there is no plan to apply for NATO membership at this moment.
Speaking of professionalization of the army which should be performed by the end of 2010, he underlined that he hopes that the plan for professionalization will be fulfilled on time.
Sutanovac pointed out that Serbia's system of defense in the whole will have 36,000 employees, 114 of whom will be state officials.
The minister added that the plan is to have 10,600 work places for professional soldiers and 2,000 places for those who will serve the army voluntarily.


=== 7 ===

Zivadin Jovanovic

President of the Belgrade Forum for a World of Equals

Belgrade Forum’s position on Serbia–NATO relationship 
                                                                                  
1. Serbia as a small peace-loving country should remain militarily neutral. Serbia should not be a member of any military alliance. Serbia differs from the rest of the countries in the region, firstly, in that Serbia had never been a member of either the Warsaw Pact or of the North Atlantic Treaty Organization and, secondly, no country in the region has ever been the victim of a NATO attack except Serbia. Serbian neutrality has been defined by the National Assembly Resolution binding the government.

2. As Serbia has already joined the Partnership for Peace program, this also is part of the political reality. Austria, Ireland, Sweden, Finland, Malta and Switzerland are constitutionally neutral countries but members of the PFP. 

3. Since its aggression against Serbia (Yugoslavia) in 1999, NATO has demonstrated that it was meant to be a precedent for launching similar attacks and military interventions in other regions out of its jurisdiction defined by the NATO Founding Act. Its offensive character was later confirmed in Iraq and elsewhere. In addition, NATO has demonstrated its ignorance of basic international principles and laws and the role of United Nations Security Council.

4. Having played a leading role in supporting the unilateral, illegal secession of Kosovo and Metohija from Serbia in 2008, the U.S. government and NATO proved that their prime interest in 1999 was to establish a NATO state on 15 percent of Serbian state territory [Kosovo]. 

The U.S. first established the Camp Bondsteel military base in Kosovo and Metohija in 1999, the biggest American military camp outside of American soil. The U.S. government didn't have Serbia’s or the UN's authorization to establish such a base. It was an impetus to spread military bases further to the East (for example, threein Bulgaria , another four in Romania and so on). The U.S. and other NATO countries have established an “independent Kosovo’s Army” by “transforming” the terrorist KLA/UCK.

5. Surveys of public opinion show that about 75 percent of Serbia’s population is against Serbia’s membership in NATO.

6. As the part of the present government is clearly pro-NATO, they may be tempted to ignore the will of the majority and force a short-cut road towards NATO membership. That’s why many civil society associations, including the Belgrade Forum, as well as many political parties keep publically cautioning that the final decision on NATO membership is exclusively in the hands of the people who will have a say at a referendum. 

7. Formally the government agrees with the inevitability of a referendum. But in practice nobody dares to organize it as the result is quite clear in advance. 

So Serbia is faced with NATO advocates' tactics - step by step getting deeper involved in NATO structures and operations directing the process to the point of no return. 

At the same time NATO and the government spend huge amounts of money propagating NATO as the guardian of paradise. The masters of this operation count the effects of promises of a “better life” to the nation suffering from poverty, unemployment and confusion.

[Also on: Global Research, December 30, 2009



IL PAESE DEI CROCEFISSI

Un arrestato dall’Ispettorato Speciale di PS di Trieste (la famigerata “banda Collotti” al soldo del nazifascismo) nel marzo ‘45 narra di essere stato fatto entrare nella stanza di tortura della sede di via Cologna dove gli dissero: “chi entra in questa stanza deve dire tutto quello che sa e se non parla non esce vivo”. Fu picchiato, torturato con un apparecchio elettrico dal commissario Gaetano Collotti in persona, ed infine appeso per le braccia ad un gancio sul soffitto e tenuto così per mezz’ora.
“Sulla parete – dice – era un crocefisso che mi colpì subito e pensavo che tutti quelli che entravano in quel luogo erano dei poveri Cristi”.
(Testimonianza anonima conservata nell’archivio IRSML Trieste n. 902).
 
Claudia Cernigoi



Stretta autoritaria e solidarietà internazionalista in Europa

1) VOGLIONO METTERE FUORILEGGE I COMUNISTI DELLA REPUBBLICA CECA 
(Associazione Marx XXI / Partito Comunista di Boemia e Moravia)
2) Il Partito comunista della Polonia prende posizione sulla messa al bando dei simboli comunisti
(Partito comunista della Polonia)


=== 1 ===

Associazione politico-culturale Marx XXI

VOGLIONO METTERE FUORILEGGE
I COMUNISTI DELLA REPUBBLICA CECA
MOBILITIAMOCI PER I DIRITTI DEMOCRATICI !

Il Partito Comunista di Boemia e Moravia (KSCM), terza forza politica della Repubblica Ceca con circa il 15% dei voti, presente nel Parlamento nazionale ed europeo, è da sempre oggetto di violenti attacchi da parte degli organismi di Stato, indirizzati a limitarne e addirittura ad interdirne l'attività politica. 
Sull'onda di una vera e propria caccia alle streghe (lanciata in molti paesi dell'Europa centro-orientale ed ex sovietica appartenenti all'Unione Europea) che prende forma anche attraverso l'emanazione di leggi che criminalizzano non solo la militanza, ma gli stessi ideali del comunismo, anche nella Repubblica Ceca, fin dal 1989, le forze della destra hanno cercato di legalizzare l'anticomunismo, rendendo sempre più difficile l'iniziativa del Partito Comunista di Boemia e Moravia, che svolge un ruolo di rilievo nelle lotte contro gli effetti sociali della restaurazione del capitalismo e, a fianco del movimento pacifista, contro le politiche di asservimento agli interessi della NATO e degli USA e contro l'installazione dello “scudo antimissilistico” attuate dai governi di Praga.
Una delle tappe più significative di questa campagna si è avuta con il recente tentativo del Governo Ceco di mettere al bando l'organizzazione giovanile dei comunisti (KSM). Tale tentativo sollevò una vasta campagna internazionale di protesta, che fu particolarmente incisiva in Italia e che fu determinante nel rovesciare i verdetti di condanna e di interdizione del KSM.
La campagna volta a gettare i comunisti nell'illegalità però non è cessata. Essa ha ripreso vigore nei giorni scorsi con una richiesta avanzata al governo, da parte della “Commissione Temporale per la valutazione della costituzionalità” presso il Senato della Repubblica Ceca, di interdizione dell'attività del KSCM, accusato - tra l'altro - di esprimere una “visione marxista”.
Il KSCM, in questi ultimi giorni di dicembre 2009, ha chiesto drammaticamente aiuto alla comunità internazionale. L'Associazione Marx XXI°, esprimendo solidarietà ai comunisti di Boemia e Moravia, lancia alle forze democratiche, agli intellettuali e ai singoli cittadini questo Appello, volto al ripristino delle regole più elementari della democrazia.

A nome dell'Associazione Marx XXI°
Andrea Catone, Oliviero Diliberto, Manlio Dinucci, Wladimiro Giacchè, Mario Geymonat, Fosco Giannini, Domenico Losurdo, Domenico Moro, Guido Oldrini, Paola Pellegrini, Fausto Sorini, Mario Vegetti

Per aderire all’Appello: nofuorilegge@...

---


Repubblica Ceca: il Partito Comunista nuovamente sotto minaccia di interdizione

di

su www.solidnet.org del 24/12/2009

Appello del Partito Comunista di Boemia e Moravia

Traduzione a cura della redazione di http://www.lernesto.it

Praga, 16 dicembre 2009,

Cari compagni,

Nella Repubblica Ceca il Partito Comunista di Boemia e Moravia (PCBM) deve far fronte ad un anticomunismo primitivo. Nella sua sessione del 30 ottobre 2008, il Senato, con la partecipazione di soli 38 senatori su un totale di 81, ha preso in esame il rapporto finale della Commissione Temporale per la valutazione della costituzionalità del PCBM. Tale riunione senza un quorum sufficiente ha approvato, con soli 30 voti, una risoluzione per cui il Senato rileva numerosi indizi della violazione della Costituzione della Repubblica Ceca da parte del Partito Comunista di Boemia e Moravia. Ad esempio, si condanna il PCBM per la sua visione marxista, per la sua posizione nei confronti del conflitto nel Caucaso, e per altre interpretazioni soggettive. La risoluzione del Senato chiede al governo di portare il caso di fronte al Tribunale Supremo Amministrativo.

L’8 dicembre 2009, la commissione sopra menzionata ha chiesto ancora una volta al Governo che presenti al Tribunale una proposta di sospensione dell’attività del PCBM. C’è da rilevare che il caso non è stato sollevato al Tribunale Supremo Amministrativo dal precedente governo del signor Topolanek e, al momento, neppure dall’attuale governo del signor Jan Fischer.

Il PCBM vi chiede, cari compagni, di esprimere la vostra solidarietà, in accordo con le vostre possibilità e condizioni, con il nostro partito contro gli sforzi della Commissione citata, in diversi modi, ad esempio: petizioni, lettere di protesta indirizzate al nostro governo attraverso le nostre ambasciate nei vostri paesi.

Si tratta di una violazione dei principi democratici fondamentali, di un tentativo di deviare l’attenzione dei nostri concittadini, che si trovano sotto la pressione della crisi, verso altro.

Desideriamo ringraziarvi anticipatamente per le vostre espressioni di solidarietà verso di noi. Allo stesso tempo, vi chiediamo di inviarci informazioni in merito alle vostre azioni di solidarietà.

I nostri migliori saluti fraterni.

Jirí Mastálka 
Vice-Presidente del CC del PCBM


=== 2 ===

http://www.lernesto .it/index. aspx?m=77& f=2&IDArticolo= 18640
 
Il Partito comunista della Polonia prende posizione sulla messa al bando dei simboli comunisti
 
su www.solidnet. org 
 
Esprimiamo piena solidarietà alla lotta dei comunisti polacchi per la difesa di elementari diritti democratici. Auspichiamo l’intervento in sede europea di tutte le forze comuniste, progressiste, democratiche del continente, a cominciare da quelle italiane, che per il momento…tacciono. Misure repressive di queste genere sono incompatibili persino con gli statuti formali di un’entità capitalistica e neo-imperialistica come l’Unione europea e dovrebbero comportare l’esclusione della Polonia dalla UE. Che invece ignora le legislazioni anticomuniste e liberticide e si preoccupa maggiormente delle sorti del Dalai Lama
 
L’isteria anticomunista ha da molto tempo superato i limiti della ragionevolezza. Anzi, recentemente ha oltrepassato i limiti dell’assurdo.

Jaroslav Kaczynski, ex primo ministro e leader del partito al potere aveva dichiarato pubblicamente che il comunismo era responsabile della morte di decine di miliardi di persone. Se la menzogna ha un carattere anticomunista, non è neppure necessario assumere misure coercitive. Tutto ciò che può attizzare l’odio va bene. Tali dichiarazioni possono essere rilasciate senza subirne le conseguenze. Nessuno si è permesso di chiedergli la cosa più ovvia: se conosce il numero degli abitanti della terra.

Le persone vengono trattate come se fossero un branco di idioti che non sanno o non vogliono sapere, o che non contano nulla.

Allo stesso tempo, il Presidente Lech Kaczynski, suo fratello gemello, ha firmato una legge ugualmente assurda. Nella sua nuova forma, l’articolo 256 del codice penale prevede che:

Art. 256 

§ 1. Tutti coloro che pubblicamente fanno propaganda per regimi fascisti o per ogni altro regime totalitario o lancino appelli all’odio su basi nazionali, razziali, religiose, sono soggetti a sanzioni, restrizioni e privazioni della libertà, fino a una pena di 2 anni.

§ 2. La medesima pena deve essere comminata a chi, allo scopo di propagandare, produrre, importare, affittare, immagazzinare, presentare, trasportare o inviare oggetti contenenti simboli descritti nel § 1 o recanti simboli comunisti.

§ 3. L’autore di tali atti proibiti non commette crimine, solo nel caso in cui la sua azione sia parte di un’attività artistica, educativa o scientifica.

§ 4. Nel caso di una condanna per un’infrazione descritta nel § 2, la Corte dichiara la confisca degli oggetti in questione, anche se l’autore del delitto non ne era proprietario.

L’emendamento alla legge esistente, con l’aggiunta dei § 2-4, entrerà in vigore sei mesi dopo la pubblicazione nella “Gazzetta Ufficiale”. Non è stato ancora pubblicato. Occorre sottolineare che l’interdizione dei simboli comunisti avviene contemporaneamente all’approvazione di altri emendamenti. Tra essi, un emendamento aggrava le sanzioni penali previste per la pedofilia. Si intende in tal modo dare l’impressione che il comunismo è uno dei mali sociali.

I due fratelli sono idolatri dell’anticomunismo. Un’ideologia criminale, ben peggiore dei totalitarismi immaginari. Un’ideologia che ha causato la morte di un gran numero di persone. Che è all’origine dell’andata al potere di Hitler e dello scatenamento della guerra in Europa. Di un genocidio organizzato e deliberato. Dell’occupazione giapponese della Cina e di altri paesi asiatici. Della barbara guerra in Corea. Dei piani per l’utilizzo di armi nucleari su grande scala nel corso di quella guerra. Della guerra altrettanto barbara in Vietnam, che ha visto l’uso di armi chimiche e la perpetrazione di crimini contro i civili.

Il capitalismo, in quanto formazione sociale, ha lo sfruttamento e l’incarcerazione degli esseri umani scritti nella sua bandiera. Sotto la sua bandiera, i colonialisti inglesi, belgi, francesi hanno saccheggiato le risorse naturali e commesso genocidi. Hanno costretto le popolazioni di paesi interi a lavorare come schiavi per massimizzare i loro profitti. Hanno fatto tutto ciò sia apertamente che segretamente.

E’ mai successo che un partito politico che difende l’ideologia anticomunista e il capitalismo abbia ricevuto tali accuse nei suoi confronti? La risposta è no, poiché è solo il capitalismo che può essere apertamente propagandato. Chiunque lo metta in discussione verrà accusato di crimini immaginari, di intenzioni criminali ed anche perseguito e incarcerato per queste ragioni. E mentre ci si riempie la bocca di democrazia.

Gli agenti del regime capitalista sono diventati talmente insolenti e arroganti da trasformare il palamento in tribunale, in cui giudicare i loro oppositori politici. Poiché è impossibile provare che i comunisti fanno propaganda per il totalitarismo o che hanno intenzione di commettere qualsivoglia crimine, allora, dopo 20 anni di calunnie, di diffamazioni e di continue menzogne, si è scoperto che l’unico modo di attribuire loro tali intenzioni è scriverlo nella legge.

Il Partito Comunista della Polonia è un partito politico registrato presso la Corte Suprema. Non si è mai arrivati a provare che il suo statuto e il suo programma contengano elementi di natura illegale. Il Partito Comunista della Polonia opera nel rispetto della Costituzione polacca e della legge sui partiti politici. Le istituzioni dello Stato sono obbligate a trattare tutti i partiti politici nello stesso modo.

Ma esse non adempiono a questo obbligo. Solo i partiti parlamentari hanno accesso ai dibattiti pubblici, mentre il PC della Polonia è sistematicamente discriminato. La sua ideologia è costantemente messa in discussione. Si sono usate delle parole tese a scatenare l’odio. Esistono istituzioni pubbliche, che sono finanziate da fondi pubblici, ma il cui scopo dichiarato è quello di condurre la lotta politica mediante la revisione e l’estrema politicizzazione della storia, mettendo sullo stesso piano comunismo e fascismo, costruendo una vera e propria mitologia e brandendo anche l’arma della repressione. Tale revisione della storia è il risultato delle tendenze revansciste in seno alle classi sociali che avevano perso i loro privilegi quando le forze socialiste-popolari erano arrivate al potere dopo la Seconda Guerra Mondiale: la borghesia e i proprietari terrieri, le classi che hanno ottenuto una posizione privilegiata dopo i cambiamenti di regime
nel 1989.

L’Istituto per la Memoria Nazionale, ancora prima dell’approvazione dell’emendamento, ha cercato di minacciare amministrazioni locali accusate di indolenza nel cambiamento dei nomi delle vie, in accordo con gli imperativi dell’ideologia ufficiale. Le istituzioni dello Stato non sono state solamente trasformate in portavoce della propaganda dell’odio anticomunista, ma hanno anche in vario modo violato e aggirato la legge.

Anche il Parlamento ha apertamente violato i principi fondamentali della legge e dell’ordine, in modo flagrante. Ha approvato un emendamento al Codice Penale che ha per bersaglio un partito politico in particolare. L’aggettivo che descrive il reato nell’emendamento fa riferimento al nome del PC della Polonia.

Si provi a immaginare cosa sarebbe successo se il Partito Comunista della Polonia avesse proposto nel suo programma simili metodi nei confronti nei propri avversari politici. Non sarebbe stato accusato di un crimine solo per aver annunciato tali intenzioni? Non si sarebbe utilizzato l’articolo 13 della Costituzione polacca, il quale enuncia che: “i partiti politici e le organizzazioni i cui programmi sono basati sui metodi totalitari e sulle pratiche del nazismo, del fascismo e del comunismo, come pure quelli i cui programmi o attività proclamano l’odio razziale o nazionale, la messa in pratica della violenza allo scopo di conquistare il potere o di pesare nella politica dello Stato, o che coltivano il segreto sulla propria struttura o sui loro aderenti, devono essere interdetti” contro il PC della Polonia al fine di metterlo fuori legge semplicemente perché ha accennato a tali pratiche autoritarie?

Questo emendamento è eccezionalmente totalitario. Interviene nella sfera del pensiero e degli strumenti di espressione. Il possesso di certi oggetti che contengano elementi non definiti può essere sottoposto a procedimento penale solamente in virtù di una dichiarazione soggettiva che attesti il suo riferimento a un pensiero politico inappropriato. Dal momento che non è stato definito precisamente che cosa sia o non sia un simbolo comunista.

L’emendamento all’articolo 256 del codice penale contraddice la legge sui partiti politici (27 giugno 1997) che sancisce eguale trattamento e protezione per tutti i simboli di partito; la Costituzione polacca, che garantisce la libertà di coscienza, la libertà d’espressione e d’opinione, come pure la libertà di circolazione dell’informazione (art. 53 p. 1 e art. 54 p.1). Palesemente il Parlamento non rispetta più gli accordi internazionali, compresa la Convenzione Internazionale sui diritti civili e politici (siglata il 16 dicembre 1966 – art. 18 e 19) e la Convenzione Europea sui diritti dell’Uomo (art. 9 e 10).

Il Partito Comunista della Polonia si opporrà fermamente a queste pratiche antidemocratiche con tutti mezzi possibili e si prepara al confronto, smascherando l’assurdità, l’oscurantismo, l’irresponsabilità e le cattive intenzioni dei loro promotori.

Il Partito Comunista della Polonia
4 dicembre 2009



(srpskohrvatski / italiano)

E' recentemente deceduto Oskar Danon, celebre direttore d'orchestra e compositore jugoslavo.
Partigiano, fu direttore dell'Opera di Belgrado, e viaggiò all'estero in molte occasioni per far conoscere la cultura jugoslava, cui apportò un enorme contributo sia tra le due guerre mondiali che dopo la seconda.
Grandissimo come interprete, fu anche l'autore di molti famosi canti partigiani - "Romanijo", "Ide Tito preko Romanije", "Drug Tito", "Uz Marsala Tita" - e di composizioni più impegnative, oltre che "impegnate", quali le "Pjesme borbe i pobjede" ed il ciclo "Neznanka".
"Essere jugoslavo è stata la sua fede sincera, il suo carattere, la sua vita."

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Od pevača izvlačio vrhunske kreacije


Sećanje: Oskar Danon (1913-2009)

Da je sada sa nama, da zna da pišem o njemu, sigurna sam da bismo čuli reči: „Samo nemojte rekvijem, molim!” Nije voleo laskanje, patetiku, praznoslovlje. Poslednjih godina priređivani su u njegovu čast susreti, prijemi, proslave. Uvek se odazivao. Bio je nestor naše muzike, dugo je živeo, uvek nasmejan, vedar, svedok mnogih vremena, zbivanja, ratova, promena. Divili smo se njegovoj briljantnoj pameti.
Bila sam dugo godina „poštarica”, „glasnik” i posrednik u komunikaciji nekadašnjih bliskih prijatelja koji su želeli, ali više nisu mogli da se viđaju često, obojica u dubokoj starosti – posrednik između Hercigonje i Danona. Pisali su poruke, slali ih, pozdravljali jedan drugoga. Bilo je dirljivo učestvovati u tim izmenama prijateljstva, sećanja, dubokog poštovanja. Kada je komunikacija postala česta i uznapredovala, i sam „glasnik” je postao treće lice u drami. Posle smrti Hercigonje, ostali smo profesor Danon i ja da podelimo sećanja na dragog Nikolu.
Danon se veoma obradovao mom pozivu da bude besednik na „Mokranjčevim danima” u Negotinu. „Ali, draga moja, to ne mogu doživeti”, sa osmehom i ne bez tuge, odgovorio je. Obećavali smo mu sve: lepo vreme, udobno putovanje, poziv ćerki Maji da bude uz njega, sopstveno društvo, radost domaćina, prijatne susrete, sve moguće i nemoguće... Nije bilo moguće.
Osnovno osećanje današnjih muzičara prema Danonu bilo je ogromno poštovanje i strahopoštovanje prema jednoj legendi naše muzike i našeg celokupnog kulturnog života tokom dugih decenija pred Drugi svetski rat, posle njega, do naših dana.
Njegova jugoslovenska biografija započinje rođenjem u Sarajevu, 7. februara 1913. godine. Studije je završio među grupom naših mladih ljudi koji su u periodu između dva rata studirali u Pragu. Na Karlovom univerzitetu stekao je zvanje doktora filozofije. Po završenim studijama. vratio se u svoje rodno Sarajevo i počeo da organizuje kulturni život u gradu. Oduvek je bio angažovan i napredno orijentisan.
„Ne odričem se svojih političkih uverenja, niti svoje životne filozofije, a ni svog pogleda na svet... Ne odričem se ni svojih estetskih stavova koji su, mislim, bili vrlo jasno naznačeni u mom umetničkom radu”, napisao je u knjizi sećanja „Ritmovi nemira” (izdavač Beogradska filharmonija, 2005. kazivanja zabeležila Svjetlana Hribar).
Aktivno je učestvovao u partizanskim borbama od 1941. godine kao i u Kazalištu narodnog oslobođenja. Posle rata preuzeo je funkciju direktora Beogradske opere, tokom 15 godina ostvario neverovatni uspon svih ansambala i umetničke vrhunce krunisao brojnim gostovanjima u inostranstvu – Edinburg, Visbaden, Firenca, Pariz, Beč, Atina, Lozana, Hag, Amsterdam... Njegov perfekcionizam u dirigentskom radu iziskivao je veliki broj proba, neposustajanje muzičara ni u najtežim okolnostima, istrajavanje na visokim umetničkim ciljevima. Najvišim. Bio je prepoznat u celom svetu kao vrhunski kreator ruskog operskog repertoara (Borodin „Knez Igor”, Čajkovski „Onjegin”, „Pikova dama”, „Mazepa”, Smetana: „Prodana nevesta”, Musorgski „Boris Godunov”, „Hovanščina”, Prokofjev „Zaljubljen u tri narandže”, „Kockar” i mnoge druge opere i balete). To su bile antologijske predstave koje su dovele Beogradsku operu na mesto jednog od najboljih srednjeevropskih teatara.
Danon je bio zahtevan, strog, znao šta hoće i koliko može da dobije. Tražio je najbolje pevače, od njih umeo da izvuče vrhunske kreacije. Grdio je, ali i nadahnjivao. Vedrinom i humorom prevladavao teškoće.
Njegove najznačajnije umetničke domete vidimo i u afirmaciji dela domaćih autora, prvom izvođenju baleta Baranovića: „Licitarsko srce”, „Kineska priča” opere–oratorijuma Nikole Hercigonje „Gorski vijenac” („Niko mi toliko nije pomogao koliko znalac i umetnik, Oskar”, govorio je Hercigonja), operu Rajičića „Simonida” i mnoge druge. Posebno se bavio savremenim stvaralaštvom i kod nas i u svetu,  radeći paralelno i kao orkestarski dirigent i dirigujući najveća dela Stravinskog, Prokofjeva, Bartoka. Dirigovao je i sarađivao sa najvećim umetnicima svog vremena.
Pored dirigentskog rada koji je trajao dugi niz godina, bavio se i komponovanjem. Stariji pamte njegove masovne pesme, za koje mnogi i danas misle da su spontano nastle kao narodne pesme („Romanijo”, „Ide Tito preko Romanije”, „Drug Tito”, „Uz maršala Tita”) kao i kompozicije „Pjesme borbe i pobjede” za mešoviti hor i ciklus „Neznanka”, za bas i orkestar. Među njegovim delima većeg obima ističemo Skerco za simfonijski orkestar, kao i niz kamernih dela (Gudački kvartet, Duvački trio). Bavio se i publicističkim radom u mnogim listovima i stručnim časopisima.
Od Beograda, preko celog sveta, cela Jugoslavija je bila njegov dom, od 1991. godine živeo je u malom mestu Baški, na ostrvu Krku, uživao u moru, miru, slušanju muzike i praćenju događaja u muzičkom svetu preko satelitske televizije. Živeo je povučeno, a obišao je ceo svet.
Stalne kontakte i višegodišnju saradnju imao je sa Operom i orkestrima u Sarajevu, Zagrebačkim radio orkestrom i Slovenskom filharmonijom. Jugoslovenstvo je bilo njegovo iskreno uverenje, njegova pripadnost, njegov život.
Beogradska filharmonija pamti mnoge njegove interpretacije, a on je poslednjih godina sa zadovoljstvom pratio sve koncerte ovog orkestra i sa oduševljenjem govorio o umetničkim dometima, i kvalitetu njenih mladih, talentovanih i poletnih muzičara i rukovodstva.
Proslavljajući 95. rođendan na sceni Narodnog pozorišta u Beogradu, prošle godine, bio je vedar, nasmejan, nimalo nostalgičan, rekao je: „Šta više čovek može da očekuje od života od ovog okupljanja dragih prijatelja, u zajedničkom druženju, ali znate, ja sam jako, jako star”.
„Ne, profesore, vi ste večiti mladić naše muzike”, skoro u horu smo svi odgovorili.
Imao je srećan život, u kome je ostvario sve što je želeo. Pored ćerke Maje proveo je poslednje godine života. Njena ljubav pružala mu je utehu u bolesti. Oskar Danon je otišao u legendu.

Branka Radović
[objavljeno: 20/12/2009]




Un anno dopo la carneficina sionista a Gaza


Ad un anno esatto dall’aggressione israeliana, una delegazione internazionale sta cercando di entrare a Gaza per porre l’attenzione dell’opinione pubblica sulla condizione che ancora continua a vivere la popolazione civile. Recenti indagini mediche rilevano un aumento di malformazioni nei bambini nati in quest’anno, a causa dell’uso del fosforo bianco durante la mattanza operata sulla popolazione civile l’anno scorso. Non solo: la popolazione della Striscia continua a vivere un ingiustificabile embargo di tutti i generi primari e vive in una vera e propria prigione a cielo aperto. Per queste ragioni è nata la Gaza Freedom March, la marcia mondiale per chiedere diritti, libertà e giustizia per il popolo palestinese. Questo è il sito ufficiale della Marcia: http://www.gazafreedommarch.org/article.php?list=type&type=416 - a cui hanno aderito organizzazioni da tutto il mondo. Dall’Italia sono oltre cento i partecipanti, molti dei quali stanno giungendo il Cairo in queste ore.

Per documentazione e aggiornamenti raccomandiamo: http://www.infopal.it/



# Calendario iniziative a sostegno Gaza Freedom March: 


QUOTIDIANO FASCISMO / FASCISMO QUOTIDIANO
Nella rievocazione degli eventi importanti del trascorso 2009, buona parte dei media omettono la carneficina sionista di Gaza. Tra questi la velina torinese "La Stampa":

Da: Claudio Cossu <claudio.cossu @ yahoo.it>
Oggetto: Grave omissione
A: lettere@...
Data: Venerdì 25 dicembre 2009, 22:27

Negli "Eventi 2009" a cura della redazione di codesto giornale "La Stampa" ed emesso in rete on line e' stata completamente omessa la campagna brutale effettuata dallo Stato di Israele nei confronti del popolo palestinese: evento - mi pare - molto piu' rilevante della morte di Mike Buongiorno. L'operazione, denominata "piombo fuso" venne effettuata, come si ricordera' bene, nel mese di gennaio del 2009 approfittando della"vacatio" della presidenza degli USA e si concretizzo' in un vero genocidio (civili innocenti, anziani, donne e moltissimi bambini sorpresi anche nelle scuole dalle bombe e missili israeliani) nella striscia di Gaza. Ritengo molto grave tale omissione anche se compiuta - voglio sperare - in buona fede, per una dimenticanza di qualche redattore.
claudio cossu, Trieste




Belgrade Forum for a World of Equals

1) IRON CURTAIN OF 21ST CENTURY
2) OBSERVANCE OF LAW, OR GLOBAL KOSOVIZATION


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Source: Stop NATO
http://groups.yahoo.com/group/stopnato
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Zivadin Jovanovic
Belgrade Forum - December 18, 2009

IRON CURTAIN OF 21ST CENTURY


NATO aggression against Serbia (the Federal Republic of Yugoslavia) ten years ago was a turning point in international relations in Europe and in the world. 

That precedent effectively undermined the international legal order established after WWII. 

Europe saw a rapid expansion of NATO and proliferation of foreign military bases, in particular in its eastern and southeastern regions. 

Over the past ten years, the USA established a network of new military bases, stretching from the Baltic to Anatolia, Eastern Mediterranean and the Middle East. 

In Bulgaria and Romania only, there were four new bases in each. Is that not a 21st Century Iron Curtain, unprecedented at any time, that replaced and expanded its namesake predecessor from the times of the Cold War, re-delineating it on the borders of Russia, the Caucasus, the Caspian and the Persian Gulf? In was established extremely rapidly, almost in a historic ‘blink of an eye’.

The aggression of 1999 agisnt Yugoslavia (Serbia) and the American military base of Camp Bondsteel in the Serbian Province of Kosovo and Metohija were, at the same time, a test, a practical checking of a “feasibility study”, and the setting up of the foundations for applying a new doctrine comprising the globalization of NATO and interventionism. 

The new Iron Curtain does not divide the world of democracy from the world of dictatorship; rather, it partitions the Eurasian plate with a transversal that extends from the North Pole to the Horn of Africa. 

As such, it mainly divides the countries of parliamentary democracy and market economies. Countries from both sides of the Curtain are officially treated as partners. Yet, nobody else, save for the authors of this new doctrine, believes that the New Iron Curtain is necessary for defense against terrorism or from the ‘Axis of Evil’.

In present-day democratic Europe, there are more foreign military bases than at the peak of the Cold War. Why is that so? Which is the party that threatens European security, and is Europe safer when webbed by new foreign military camps? 

Is this proliferation of foreign military bases on European soil a matter of interest for the OSCE, and what is the OSCE’s position on this particular phenomenon of 21st century?


=== 2 ===

Zivadin Jovanovic
President of the Belgrade Forum for a World of Equals

OBSERVANCE OF LAW, OR GLOBAL KOSOVIZATION

Interview for the “Objektiv” Magazine 


Q: Is it possible that the International Court of Justice in The Hague delivers such an opinion that each party will be able to interpret in its own way?

A: This option cannot be ruled out, but need not be the only one. In the early 1990s, many international institutions, including the UN system, began ‘resolving’ the problems by means of the method of “constructive ambiguities”. 

Once two sides face insurmountable obstacles, the decision makers formally endorse positions and expectations of both sides. Therefore, at a critical moment, the conflict of the antagonistic positions is overcome, and the actual decision is only made later on, at the stage of interpretation of the endorsed document. The USA inaugurated this approach upon the end of the Cold War because, as the only remaining superpower, it was certain that its interpretation would be final and binding. 

The unipolar world is fading away, but multi-polarity is a process. It remains to be seen to what extent the International Court of Justice will prove to be truly independent and resistant to influences characteristic of the past two decades, when it gives its opinion pursuant to Serbia’s initiative. 

Q: Can we expect that the judges will vote in line with the political positions of their respective countries of origin?

A: This influence exists, but need not be present in each particular case, nor is it singular. In principle, such influence may be in favor of, or contrary to, expectations of a party to the proceedings. 

The governments of the leading NATO countries have a lot at stake to get a final opinion of the Court that will justify the unilateral secession of Kosovo, since this was a project of theirs. 

This would also support the defense of adopted positions (such as deployment of military forces in the Balkans, the control of oil and gas flows, encircling Russia) and validate the aggression against Serbia (the Federal Republic of Yugoslavia) in 1999. 

However, not all governments of NATO member states favor the unilateral secession, fearing the ghost of “Kosovization” of Europe and other continents as well. Russia, China, India, Indonesia, Brazi, the United Arab Emirates, Egypt, and the vast majority of the countries of Africa, Asia, and South America support Serbia’s positions and observance of international law. They are against any secession not only in principle but also due to the dictate of protection of own sovereignty and territorial integrity. The influence of the afore-mentioned countries in the international relations, including in the United Nations, is not insignificant, and it rapidly grows.

Q : Can we expect, after the International Court of Justice delivers its opinion, a reversible process related to the recognition of Kosovo’s independence, i.e., withdrawal of recognitions by the countries which have already recognized Kosovo?

A: For starters, it will suffice that the Court’s opinion eases pressures and blackmail, contributes to the freezing of further recognitions of the illegal situation, thus making possible the consolidation and reinforcing of the positions of Serbia. 

Q: What can be the legal consequences of the opinion in The Hague?

A: It is unrealistic to expect any direct legal consequences, because the Court is not tasked to make a legally binding decision; it renders its advisory opinion only. 

This opinion will nevertheless have its weight and importance, first and foremost on the future relations and position of the UN bodies, and thereafter on the positions of the UN member states, in relation to Kosovo and Metohija, and also with similar issues elsewhere in the world. 

If the Court’s opinion observes the principles of international law enshrined in the United Nations Charter and the OSCE Final Act, namely, if it acknowledges the principles of sovereignty and territorial integrity of Serbia as a founder and a member of these two international organizations, Pristina will have no chances of membership thereto. This will only leave Pristina with an option of conceding to the real negotiations on the status of the province. 

Q: Do you find it acceptable that the President of the International Court of Justice beforehand states his opinion that the findings of that Court in relation with the Kosovo case will not be “single-directional”?

A: The President of the Court is not alone; the Court has fifteen judges. Even if he were the only one to judge, he would be obliged to follow the procedure set by the Court Statute, instead of making public comments about a pending case. 

His public address is but another in a series of symptomatic precedents in usurping the prerogatives of an important institution within the UN system. By prejudging the outcome of a pending case, even if only partially, the President of the Court violated the Statute and inflicted damage to the Court’s standing. 

It remains to be analyzed what made the President of the International Court of Justice make such a gesture, especially with no apparent cause. Recently, there was some other ‘spinning’ of the public. 

Among others, a thesis was launched that a unilateral secession, although in principle not permitted, nevertheless may be justified and recognized where a minority has been exposed to mass-scale violence by the central government apparatus. 

NATO used a strikingly similar ‘justification’ ten years ago to commit aggression against Serbia, whose tragic consequences are still present. 

Now, on the eve of the beginning of the hearing before the International Court of Justice, almost the same ‘argumentation’ is employed. This can be construed in no other way than as the continuity of the power centers’ policy towards Serbia. 

Now is the right time to recall the numerous judgments of German courts of law, which unambiguously confirm that, back in the 1990s, there was no organized or mass violence exerted by Serbia (the FRY) against the Albanian national minority in Kosovo and Metohija. One should also recall the letter which Mr. Dietmar Hartwig, who was Head of EU Mission in Kosovo and Metohija (the ECMM) until 20 March 1999, addressed to German Chancellor Angela Merkel on 26 October 2007 that, inter alia, reads:

“Not a single report submitted in the period from late November 1998 up to the evacuation on the eve of the war mentioned that Serbs had committed any major or systematic crimes against Albanians, nor was there a single case referring to genocide or genocide-like incidents or crimes. 

"Quite the opposite, in my reports I have repeatedly informed that, considering the increasingly more frequent KLA attacks against the Serbian executive, their law enforcement bodies demonstrated remarkable restraint and discipline. 

"The clear and often cited goal of the Serbian administration was to observe the Milosevic-Holbrooke Agreement to the letter so as not to provide any excuse to the international community to intervene. 

"There were huge ‘discrepancies in perception’ between what the missions in Kosovo have been reporting to their respective governments and capitals, and what the latter thereafter released to the media and the public. 

"This discrepancy can only be viewed as INPUT TO LONG-TERM PREPARATION FOR WAR AGAINST YUGOSLAVIA. Until the time I left Kosovo, what the media never happened and with no less intensity what the politicians have been relentlessly claiming. Accordingly, UNTIL 20 MARCH 1999 THERE WAS NO REASON FOR MILITARY INTERVENTION, which renders illegitimate measures undertaken thereafter by the international community. The collective behavior of EU Member States prior to, and after the war broke out, gives rise to serious concerns, because THE TRUTH WAS KILLED, AND THE EU LOST RELIABILITY.” (All emphasis by Z. J.)

Q: If the decision of the International Court of Justice is by its nature only advisory and non-binding, how could Serbia benefit from it?

A: It will depend on the contents of the opinion. If the Court remains committed to the law and the UN Charter as its founding act, which supports the expectations and vital interests of Serbia and of more than two-thirds of humankind, and it will hugely benefit peace, stability, and prosperity. 

It is not an overstatement to say that the Court’s position on the issue of the illegal independence of Kosovo is the turning point for the future of the global legal order and global relations. Will Kosovo become a precedent? The answer is known only to those who are loudest in asserting the opposite. The Court’s opinion will determine what we will have, peace and prosperity, or instability and conflicts. 

(Published in the weekly “Objektiv”, December 2nd, 2009)




LA CIA UTILIZZA L'USAID COME FACCIATA

1) La CIA utilizza l'USAID come facciata (Eva Golinger)
2) Obama con la NED e i congressisti mafiosi (Jean- Guy Allard)
3) Come gli Stati Uniti finanziano gli organi di stampa mondiali per acquisire influenza mediatica (Jeremy Bigwood)


Sull'USAID come agenzia di copertura "umanitaria" per l'assoggettamento coloniale si veda anche:

La nostra pagina sulle strategie eversive del neocolonialismo (ONG e affini):

USAID, Camp Darby, e il PD (19 novembre 2009)
 
Devastating "Free Market" Reforms Imposed on Serbia - by Gregory Elich, Global Research, October 28, 2009

Goicochea e Clinton pianificano la “Rivoluzione Twitter” in Venezuela - di Eva Golinger, 18/10/09

Eva Golinger: "Il y a urgence à contrecarrer l'USAID" - Interview par Jean Guy Allard

BOLIVIA: U.S. Attempt to Balkanize South America / La tentata balcanizzazione del Sud America

USAID en Bolivia y Venezuela: la subversión silenciosa - Eva Golinger

L’USAID et les réseaux terroristes de Bush - Por Edgar González Ruiz | Voltaire, édition internationale | 17 août 2004


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Articolo originale:
La CIA utiliza la USAID como fachada, confirma alto funcionario de la agencia estadounidense
by Eva Golinger

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di Eva Golinger

Un alto funzionario dell’Agenzia Internazionale di Sviluppo degli Stati Uniti (United States Agency for International Development-USAID) questo lunedì ha confermato che la CIA usa il nome dell’USAID per dare fondi e appalti a terzi che promuovono le loro operazioni. Secondo il funzionario, un veterano dell’agenzia che 
detiene la carica di responsabile regionale, la CIA sta dando appalti sotto il nome dell’USAID senza che questa ne sia coinvolta. Tre mesi fa, sono stati scoperti due agenti della CIA che affermavano di esseredipendenti dell’USAID in un paese africano in cui l'agenzia dello sviluppo sostiene investimenti miliardari. Gli agenti sono stati rimossi dal paese.

Giorni fa, secondo un reportage del 
New York Times, un funzionario del Development Alternatives, Inc (DAI), un’azienda contrattista dell’USAID, il Dipartimento di Stato ed il Pentagono, è stato arrestato a Cuba, mentre distribuiva materiale di comunicazioni a settori della controrivoluzione.

La relazione tra l’USAID, un’agenzia del Dipartimento di Stato e la CIA non è nuova. Nel 1974, il Congresso statunitense aveva chiuso una divisione dell’USAID che era stata usata dalla CIA per allenare, finanziare, armare più di un milione di poliziotti in America Latina, Asia e Medio Oriente. L’Ufficio della Sicurezza Pubblica (Office of Public Safety “OPS”) 
è stato istituito nel 1957 dal Presidente Eisenhower con la missione di allenare e formare forze di polizia in altri paesi. Documenti declassificati della CIA confermano che i fondi della OPS sono stati inclusi nei milioni dati annualmente all’USAID, ma le sue operazioni sono state coordinate dall’agenzia clandestina.

Durante la guerra in Vietnam, l’USAID è stata responsabile della distribuzione di “materiale di sostegno” insieme alla CIA nell’operazione Fenice, che è stata responsabile dell’assassinio di milioni di vietnamiti. Ad Haiti, l' USAID è stata accusata di 
finanziare organizzazioni coinvolte nel colpo di Stato contro il Presidente Jean Bertrand Aristide nel 2004. Da giugno 2002, l’USAID mantiene un Ufficio per le Iniziative verso una Transizione (OTI) nel Venezuela, attraverso la quale ha canalizzato milioni di dollari all’opposizione contro il Presidente Hugo Chavez. Più di due mila pagine parzialmente declassificate dell’USAI sulle sue attività in Venezuela dimostrano un modello di finanziamento e supporto strategico volto esclusivamente settori dell'opposizione, con programmi che cercano di “rafforzare” i suoi partiti politici, disegnare le loro campagne politiche e aiutarli a consolidare un movimento contro il governo venezuelano.

In Bolivia, l’USAID è stata espulsa quest’anno dagli abitanti di due comuni,
Chapare e El Alto, con l’accusa di interventismo. A settembre, il presidente Evo Morales, ha annunciato la cessazione di un accordo formale con l’USAID a causa di fondi miliardari deviati verso gruppi separatisti che cercavano di destabilizzare il paese.

Nel 2005, l’ USAID è stata espulsa anche dall’Eritrea e accusata di essere un’agenzia “neocoloniale”. Etiopia, Russa e Bielorussia, ordinarono l’uscita dell’USAID e dei suoi contrattisti 
nel corso degli ultimi cinque anni.

Un documento dell’Ufficio di Contabilità Generale degli USA (
General Accounting Office-GAO) del 2006 ha rilevato che ci sono stati problemi con la gestione delle sovvenzioni” del Programma Cuba dell’USAID. Milioni di dollari destinati per “promuovere la democrazia” a Cuba sono finiti in mano di organizzazioni a Miami, senza contabilità nè controllo.

Per il giornalista Jean-Guy Allard, uno dei casi più espliciti del lavoro sporco dell’USAID è stato in Uruguay, “
Dan Anthony Mitrione, istruttore statunitense in tecniche di tortura, apparso in Uruguay con credenziali dell'USAID alla fine degli anni '70, per addestrare la polizia in un programma segreto di distruzione della sinistra in America Latina.".

L’Agenzia dello Sviluppo degli Stati Uniti è stata creata ufficialmente nel 1961 come un’entità dedita all’aiuto umanitario nel mondo. Nel 2009, l’USAID è stata formalmente incorporata all’Iniziativa Interagenzia di Controinsurrezione degli Stati Uniti, insieme al Dipartimento di Stato e al Pentagono. Nel 2007, è stato pubblicato il documento: “La controinsurrezione per i politici del governo degli USA: un lavoro in progresso”, che mostrava l’USAID come fondamentale per assicurare il successo delle operazioni di
controinsurrezione. “L’USAID può aiutare con gli sforzi di controinsurrezione del governo degli USA…L’ USAID ha uffici in 100 paesi in via di sviluppo, lavora accanto ad organizzazioni private, gruppi indigeni, associazioni professionali, organizzazioni di fede ed altre agenzie governative….L’USAID ha buoni rapporti, attraverso convegni e contratti, con più di 3.500 aziende e 300 organizzazioni private degli USA…”

La Controinsurrezione è un' operazione militare contro gruppi considerati “ribelli” o insorti. Movimenti di sinistra che sono stati considerati dagli USA come “insorti dagli anni 50”. 
Tattiche di controinsurrezione includono l’uso di un conflitto armato per fomentare la sovversione, operazioni psicologiche e sabotaggio economico per riuscire a neutralizzare l’avversario.

Se prima la CIA aveva usato l’USAID come facciata, senza che i lavoratori lo sapessero, oggi c’è il pieno riconoscimento che 
l’USAID si incorpora alle iniziative di controinsurrezione contro movimenti e stati considerati “avversari” per Washington. Questa innovazione la trasforma il suo mandato originale di dare aiuto umanitario al mondo e diventa ufficialmente un organismo di guerra.

Fonte: 
http://www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=16564

Traduzione per Voci Dalla Strada a cura di 
VANESA


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www.resistenze.org - popoli resistenti - stati uniti - 26-06-09 - n. 280

da Granma International (Versione in Italiano) - www.granma.cu/italiano/2009/junio/vier26/obama.html
 
Obama con la NED e i congressisti mafiosi
 
di Jean- Guy Allard
 
26/06/2009
 
Con un gesto che rivela molto della “nuova strategia” di Washington, il presidente nordamericano Barack Obama si è sommato ai congressisti mafiosi, tra i quali diversi sono legatati al terrorismo “made in Miami”, ed ha salutato la consegna di un “premio” ad agenti della Sezione d’Interesse nordamericana all’Avana, da parte della NED, il multimilionario fondo governativo d’ingerenza.
 
Mercoledì 24 giugno, il presidente ha partecipato alla presentazione dei cosiddetti “Democracy Awards” della National Endowment for Democracy (NED), a fianco dei congressisti della destra più reazionaria, Howard Berman, Lincoln Diaz-Balart, Mel Martinez, Gregory Meeks, Ileana Ros-Lehtinen e DebbieWasserman Shultz.
 
Tutti costoro hanno vincoli con la mafia terrorista cubano-americana e vari appoggiano apertamente l’ex agente della CIA e criminale internazionale, Luis Posada Carriles, che Washington non vuole processare o estradare per i suoi delitti contro l’umanità.
 
I premiati sono noti collaboratori della rappresentanza yankee nella capitale cubana.
 
Il colmo della sfacciataggine: la distribuzione dei detti “premi” è stata accompagnata da un “dibattito”, al quale hanno partecipato noti collaboratori della CIA e della USAID, come José Azel, del “Institute for Cuban and Cuban-American Studies”, l’analista della CIA Jaime Suchlicki, Janisset Rivero Gutierrez, milionaria “attivista” anticubana, e José Miguel Vivanco, l’ineffabile direttore “per l’America” di Human Rights Watch.
 
In modo del tutto fuori luogo, si è anche unito un rappresentante di Taipei.
 
Il centro de Suchlicki, e l’organizzazione di Rivero Gutierrez ricevono annualmente vari milioni dallo Stato nordamericano attraverso l’USAID e la NED, per aggredire Cuba a forza di propaganda.
 
Vivanco è un ex funzionario della dittatura di Pinochet, recentemente denunciato in Venezuela come agente della CIA.
 
Gli osservatori segnalano che la nuova amministrazione nordamericana mantiene attivi tutti i piani d’ingerenza con i loro canali di finanziamenti multimilionari alle agenzie di Washington, all’USAID, la NED, l’Istituto Repubblicano Internazionale, l’Istituto Democratico Nazionale, Freedom House e le legioni di sussidiati.
 
La USAID ingrassa costantemente il conto della Nacional Endowment for Democracy , un’organizzazione falsamente indipendente, incaricata di compiti sensibili dalla CIA e che usa allegramente i suoi trituratori di carta invece di informare.
 
Al momento di consegnare i “premi” agli agenti più “meritevoli”, la NED non ha precisato di quante migliaia di dollari erano le ricompense per i traditori.
 
I “premi” delle organizzazioni legate alla CIA e al Dipartimento di Stato sono tecniche comunemente usate dal governo nordamericano per dare un’immagine di legittimità a una delle operazioni d’ingerenza più brutali.
 
(Traduzione Granma Int.)
 
 
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www.resistenze.org - osservatorio - mondo - politica e società - 03-07-08 - n. 235

da www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=5346&lg=it - tradotto da Manuela Vittorelli

 

Come gli Stati Uniti finanziano gli organi di stampa mondiali per acquisire influenza mediatica

 

di Jeremy Bigwood

 

Le campagne propagandistiche come il fiasco dei "Guru del Pentagono" sono state smascherate e condannate. I media a grande diffusione avevano assoldato militari di alto rango perché fornissero le loro "analisi" sulla guerra in Iraq. Poi si è scoperto che avevano legami con imprese militari, le quali a loro volta avevano tutto l'interesse che la guerra continuasse.

 

Sotto il radar si prepara un altro scandalo giornalistico: il governo degli Stati Uniti sta segretamente finanziando mezzi di informazione e giornalisti stranieri. Ci sono organi governativi – compreso il Dipartimento di Stato, il Dipartimento della Difesa, l'Agenzia degli Stati Uniti per lo Sviluppo Internazionale (U.S. Agency for International Development, USAID), il Fondo Nazionale per la Democrazia (National Endowment for Democracy, NED), il Consiglio Superiore per la Radiodiffusione (Broadcasting Board of Governors, BBG) e l'Istituto degli Stati Uniti per la Pace (U.S. Institute for Peace, USIP) – che sostengono lo "sviluppo dei media" in più di 70 paesi. In These Times ha scoperto che questi programmi comprendono il finanziamento di centinaia di organizzazioni non governative (ONG), giornalisti, uomini politici, associazioni di giornalisti, mezzi di informazione, istituti di formazione e facoltà di giornalismo. La consistenza dei finanziamenti varia da poche migliaia a milioni di dollari.

 

"Stiamo essenzialmente insegnando le dinamiche del giornalismo, che sia stampato, televisivo o radiofonico", dice il portavoce di USAID Paul Koscak. "Come imbastire una storia, come scrivere in modo equilibrato... tutte quelle cose che ci si aspetta da un articolo prodotto da un professionista".

 

Ma alcuni, soprattutto fuori dagli Stati Uniti, la vedono diversamente.

 

"Pensiamo che i veri fini che si celano dietro questi programmi di sviluppo siano gli obiettivi della politica estera statunitense", dice un alto diplomatico venezuelano che ha chiesto di non essere citato. "Quando l'obiettivo è il cambio di regime, questi programmi si rivelano strumenti di destabilizzazione di governi democraticamente eletti che non godono del favore degli Stati Uniti".

 

Anche Isabel MacDonald, direttore delle comunicazioni di Fairness and Accuracy in Reporting (FAIR), un osservatorio non profit dei media che ha sede a New York, è molto critica: "Questo è un sistema che, nonostante professi di aderire alle norme di obiettività, ha spesso remato contro la vera democrazia", dice, "soffocando il dissenso e aiutando il governo degli Stati Uniti a diffondere disinformazione utile agli obiettivi della politica estera statunitense".
 
Dimmi di che agenzia sei...

 

Misurare le dimensioni e la portata dello sviluppo dei media "indipendenti" è difficile perché questi programmi esistono sotto diverse forme. Alcune agenzie li chiamano "sviluppo dei media", mentre per altre rientrano nella "diplomazia pubblica" o nelle "operazioni psicologiche". Questo rende complesso capire quanti soldi confluiscano in questi programmi.

 

Nel dicembre del 2007 il Centro per l'Assistenza ai Media Internazionali (Center for International Media Assistance, CIMA) – un ufficio del NED finanziato dal Dipartimento di Stato – riferiva che nel 2006 l'USAID ha distribuito quasi 53 milioni di dollari per le attività di sviluppo dei media stranieri. Secondo lo studio del CIMA, il Dipartimento di Stato avrebbe speso 15 milioni di dollari per questi programmi. Il bilancio del NED per i progetti dei media è di altri 11 milioni di dollari. E il piccolo Istituto per la Pace, con sede a Washington, D.C., potrebbe aver contribuito con altri 1,4 milioni di dollari, sempre secondo questo rapporto che peraltro non esaminava i finanziamenti del Dipartimento della Difesa o della CIA.

 

Il governo degli Stati Uniti è di gran lunga il maggiore finanziatore mondiale dello sviluppo dei media, con più di 82 milioni di dollari nel 2006 – senza contare il soldi del Pentagono, della CIA o delle ambasciate degli Stati Uniti in giro per il mondo. A complicare le cose, molte ONG e molti giornalisti stranieri ricevono finanziamenti per lo sviluppo da più di una fonte governativa statunitense. Alcuni ricevono denaro da ulteriori intermediari e da "organizzazioni indipendenti internazionali non profit", mentre altri lo prendono direttamente dall'ambasciata degli Stati Uniti nel loro paese.

 

Tre giornalisti stranieri che ricevono finanziamenti dagli Stati Uniti hanno detto a In These Times che questi regali non influiscono sul loro comportamento né alterano la loro linea editoriale. E hanno negato di praticare l'auto-censura. Nessuno, però, era disposto ad affermarlo pubblicamente.

 

Gustavo Guzmán, ex-giornalista e ora ambasciatore della Bolivia negli Stati Uniti, dice: "Un giornalista che riceve regali come questi non è più un giornalista, diventa un mercenario".
 
Una storia tortuosa

 

Il finanziamento dei mezzi di informazione stranieri da parte del governo degli Stati Uniti ha una lunga storia. Alla metà degli anni Settanta, all'indomani del Watergate, due inchieste del Congresso – le commissioni Church e Pike del senatore Frank Church (D-Idaho) e del rappresentante Otis Pike (D-N.Y.) – scavarono nelle attività clandestine del governo degli Stati Uniti in altri paesi. Confermarono così che oltre ai giornalisti (sia stranieri che americani) finanziati dalla CIA, gli Stati Uniti pagavano anche organi di informazione stranieri (stampati, radiofonici e televisivi) – cosa che stavano facendo anche i sovietici. Per esempio, Encounter, una rivista letteraria anti-comunista pubblicata in Inghilterrra dal 1953 al 1990, nel 1967 si rivelò un'operazione della CIA. E, come succede oggi, anche organizzazioni dal nome inoffensivo come il Congresso per la Libertà Culturale (Congress for Cultural Freedom) sono state attività di facciata della CIA.

 

Le inchieste del Congresso scoprirono che il finanziamento statunitense dei media stranieri giocava spesso un ruolo decisivo all'estero, ma mai come nel Cile dei primi anni Settanta.

 

"La maggiore operazione di propaganda della CIA, attraverso il giornale d'opposizione El Mercurio, probabilmente contribuì nel modo più diretto al sanguinoso rovesciamento del governo Allende e della democrazia cilena", dice Peter Kornbluh, analista del National Security Archive, un istituto di ricerca indipendente non governativo.

 

In These Times ha chiesto all'agenzia se continua a finanziare giornalisti stranieri. Il portavoce della CIA Paul Gimigliano ha risposto: "La CIA normalmente non conferma né smentisce questo genere di affermazioni".
 
Nemici del Dipartimento di Stato?

 

Il 19 agosto 2002 l'ambasciata statunitense a Caracas, in Venezuela, mandò a Washington una comunicazione. Vi si leggeva:

 

"Ci aspettiamo che la partecipazione del signor Lacayo al 'Grant IV' si rifletta direttamente nei suoi servizi su argomenti politici e internazionali. Con i suoi avanzamenti di carriera, i nostri buoni rapporti con lui ci permetteranno di avere un amico potenzialmente importante in una posizione di influenza editoriale". [Nota del curatore: il nome di Lacayo è stato cambiato per proteggerne l'identità].

 

Il Dipartimento di Stato aveva scelto il giornalista venezuelano per una visita negli Stati Uniti nell'ambito del cosiddetto Grant IV, un programma di scambio culturale avviato nel 1961. Lo scorso anno il dipartimento ha portato negli Stati Uniti qualcosa come 467 giornalisti al costo di circa 10 milioni di dollari, secondo un funzionario del Dipartimento di Stato che ha chiesto di restare anonimo.

 

MacDonald del FAIR dice che "le visite servono a stringere legami tra i giornalisti stranieri in visita e le istituzioni che... sono estremamente acritiche nei confronti della politica estera statunitense e degli interessi corporativi cui ubbidisce".

 

Il Dipartimento di Stato finanzia lo sviluppo dei media attraverso diversi organi, compreso l'Ufficio degli Affari Educativi e Culturali (Bureau of Educational and Cultural Affairs), l'Ufficio di Intelligence e Ricerca (Bureau of Intelligence and Research, INR) e l'Ufficio per la Democrazia, i Diritti Umani e il Lavoro (Bureau of Democracy, Human Rights, and Labor, DRL), oltre che attraverso ambasciate e uffici regionali in tutto il mondo. Finanzia giornalisti stranieri anche tramite un'altra sezione chiamata Ufficio per la Diplomazia e gli Affari Pubblici (Office of Public Diplomacy and Public Affairs). Ma soprattutto il Dipartimento di Stato solitamente decide dove le altre agenzie, come USAID e NED, debbano investire i loro fondi per lo sviluppo dei media.

 

(Il Dipartimento di Stato non ha risposto alla richiesta di informazioni di In These Times circa il suo bilancio per lo sviluppo dei media, ma lo studio del 2007 del CIMA mostra che nel 2006 il DRL ha ricevuto quasi 12 milioni di dollari solo per lo sviluppo dei media).

 

Il caso della Bolivia è un esempio rivelatore di paese in cui gli Stati Uniti hanno finanziato lo sviluppo dei media. Secondo il sito internet del DRL, nel 2006 questo ufficio finanziò in Bolivia 15 seminari sulla libertà di stampa e di espressione. "I giornalisti e gli studenti di giornalismo di questo paese hanno discusso di etica professionale, di buone pratiche di diffusione delle notizie e del ruolo dei media in una democrazia", dice il sito. "Questi programmi sono stati inviati a 200 stazioni radiofoniche nelle regioni più remote del paese".

 

Nel 2006 la Bolivia ha eletto Evo Morales, il suo primo presidente indigeno, la cui ascesa al potere è stata ripetutamente ostacolata dal governo degli Stati Uniti e dalla stampa a grande diffusione. Secondo Morales e i suoi sostenitori il governo degli Stati Uniti sta offrendo sostegno a un movimento separatista nelle province orientali ricche di petrolio; quel sostegno si tradurrebbe in riunioni sullo sviluppo dei media, secondo il giornalista ed ex-portavoce presidenziale Alex Contreras. Koscak dell'USAID respinge queste accuse.
 
Qui BBG

 

Il Consiglio Superiore per la Comunicazione Audiovisiva (Broadcasting Board of Governors, BBG) è meglio conosciuto come il fondatore di Voice of America. Secondo il suo sito internet, il BBG è "responsabile di tutte le trasmissioni internazionali, non militari, finanziate dal governo degli Stati Uniti" che portano "notiziari e informazioni alla gente di tutto il mondo in 60 lingue".

 

Nel 1999 il BBG è diventato un'agenzia federale indipendente. Nel 2006 ha ricevuto un budget di 650 milioni di dollari, secondo stime del CIMA, con circa 1,5 milioni destinati alla formazione di giornalisti in Argentina, Bolivia, Kenya, Mozambico, Nigeria e Pakistan.

 

Oltre a Voice of America, il BBG gestisce anche altre stazioni radiofoniche e televisive. Il canale televisivo Alhurra, con sede a Springfield, Virginia, nel suo sito internet si descrive come "una rete satellitare in lingua araba per il Medio Oriente priva di pubblicità e dedicata soprattutto all'informazione". Alhurra, che in arabo significa "la libera", è stata descritta dal Washington Post come "il maggiore e più costoso impegno degli Stati Uniti per scuotere l'opinione pubblica attraverso le onde radio dalla fondazione di Voice of America nel 1942".

 

Il BBG finanzia anche Radio Sawa (diretta alla gioventù araba, programmazione in Egitto, Golfo, Iraq, Libano, Levante, Marocco e Sudan), Radio Farda (in Iran) e Radio Free Asia (programmazione regionale in Asia). BBG finanzia anche trasmissioni a Cuba attraverso la Radio-TV Martí, con una spesa che quest'anno ammonterà a quasi 39 milioni di dollari secondo il Bilancio del Congresso per le Operazioni all'Estero (Foreign Operations Congressional Budget Justification) per l'anno fiscale 2008.
 
Le pubbliche relazioni del Pentagono

 

Il Dipartimento della Difesa (DOD) si è rifiutato di rispondere a In These Times circa i suoi programmi di sviluppo dei media. Secondo un articolo di Jeff Gerth pubblicato sul New York Times l'11 dicembre 2005, "i militari gestiscono stazioni radio e giornali [in Iraq e Afghanistan] ma senza rivelare i legami con gli Stati Uniti".

 

Il ruolo dello sviluppo dei media in Iraq "è stato affidato al Dipartimento della Difesa degli Stati Uniti, i cui maggiori contractor avevano scarsa o nessuna esperienza", afferma un rapporto dell'ottobre 2007 dell'Istituto per la Pace (USIP).

 

Uno studio del 2007 del Centro per gli Studi sulla Comunicazione Globale dell'Istituto Annenberg per la Comunicazione dell'Università della Pennsylvania (Center for Global Communication Studies at the University of Pennsylvania's Annenberg School for Communication) ha scoperto che la Science Applications International Corp. (SAIC), contractor di lunga data del DOD, aveva ottenuto un contratto iniziale di 80 milioni di dollari per un anno per trasformare un sistema interamente gestito dallo stato in un servizio "indipendente" sullo stile della BBC, parzialmente per contrastare l'effetto di Al Jazeera nella regione.

 

"La SAIC era un ufficio del DOD specializzato in operazioni di guerriglia psicologica, che secondo alcuni contribuì alla percezione tra gli iracheni che l'Iraq Media Network (IMN) fosse semplicemente un'appendice dell'Autorità Provvisoria della Coalizione (Coalition Provisional Authority)", dice il rapporto dell'USIP. "Il lavoro della SAIC in Iraq fu considerato costoso, non professionale e fallimentare ai fini di stabilire l'obiettività e l'indipendenza dell'IMN". La SAIC ha poi perso il contratto, passato a un'altra compagnia: l'Harris Corp.

 

La SAIC non è stato l'unico contractor del Pentagono nel settore dei media ad avere ampiamente fallito. In un articolo di Peter Eisler pubblicato il 30 aprile su USA Today, il sito di informazione iracheno Mawtani.com è stato smascherato come canale televisivo al soldo del Pentagono.
 
USAID: 'da parte del popolo americano'

 

Il Presidente John F. Kennedy creò l'Agenzia degli Stati Uniti per lo Sviluppo Internazionale (U.S. Agency for International Development, USAID) nel novembre del 1961 per gestire l'aiuto umanitario e lo sviluppo economico in tutto il mondo. Ma mentre l'USAID si vanta di promuovere la trasparenza negli affari degli altri paesi, è in sé ben poco trasparente. Questo vale soprattutto per i suoi programmi di sviluppo dei media.

 

"In molti paesi, compresi il Venezuela e la Bolivia, l'USAID sta operando più come un'agenzia impegnata in azioni clandestine, come la CIA, che come un'agenzia di assistenza o sviluppo", commenta Mark Weisbrot, economista presso il Centro di Ricerca Politica ed Economica (Center for Economic and Policy Research), un think tank con sede a Washington, D.C..

 

Infatti, se grazie al Freedom of Information Act gli inquirenti sono riusciti a ottenere i bilanci dei programmi globali dell'USAID, come pure i nomi dei paesi o delle regioni geografiche in cui sono stati spesi i soldi, i nomi delle specifiche organizzazioni straniere che hanno ricevuto quei soldi sono segreto di stato, esattamente come nel caso della CIA. E nei casi in cui si conoscono i nomi delle organizzazioni e si richiedono informazioni su di esse, l'USAID risponde che non può "né confermare né smentire l'esistenza di questi fatti", utilizzando lo stesso linguaggio della CIA. (Rivelazione: Nel 2006, ho perso una causa contro l'USAID nel tentativo di identificare quali organizzazioni straniere finanzia).

 

L'USAID finanzia tre importanti progetti di sviluppo dei media: l'International Research & Exchanges Board (meglio noto come IREX), l'Internews Network e il Search for Common Ground, che in buona parte beneficia di finanziamenti privati. Per complicare le cose, tutti e tre hanno ricevuto finanziamenti anche dal Dipartimento di Stato, dalla Middle East Partnership Initiative (MEPI), dall'Ufficio di Intelligence e Ricerca (Bureau of Intelligence and Research, INR) e dall'Ufficio per la Democrazia, i Diritti Umani e il Lavoro .

 

Secondo i pieghevoli che ne illustrano l'attività, l'IREX è un'organizzazione internazionale non profit che "lavora con partner locali per promuovere la professionalità e la sostenibilità economica a lungo termine dei giornali, delle radio, delle televisioni e dei mezzi di informazione su internet". La dichiarazione dei redditi "990" presentata dall'IREX relativamente all'anno fiscale 2006 afferma che le sue attività comprendono "piccole borse di studio per più di 100 giornalisti e organizzazioni di mezzi di informazione; attività di formazione per centinaia di giornalisti e organi di stampa" e dichiara di avere più di 400 dipendenti che offrono programmi e consulenza a più di 50 paesi.

 

La rete Internews Network, meglio conosciuta come "Internews", riceve solo circa la metà dei fondi dell'IREX ma è la più nota. È stata fondata nel 1982 e la maggior parte dei suoi finanziamenti passa attraverso l'USAID, anche se ne riceve anche dal NED e dal Dipartimento di Stato. Internews è una delle maggiori operazioni nel settore dello sviluppo dei media "indipendenti": finanzia decine di ONG, giornalisti, associazioni di giornalisti, istituti di formazione e facoltà di giornalismo in decine di paesi di tutto il mondo.

 

Le operazioni di Internews sono state bloccate in paesi come la Bielorussia, la Russia e l'Uzbekistan, dove sono state accusate di minare i governi locali e di promuovere gli obiettivi statunitensi. In un discorso tenuto nel maggio del 2003 a Washington, D.C., Andrew Natsios, ex-amministratore dell'USAID, ha definito gli intermediari privati finanziati dall'USAID "un braccio del governo degli Stati Uniti".

 




LE VATICAN ET LA QUESTION « YOUGOSLAVE » DEPUIS LA FIN DU XIXÈME SIÈCLE : HAINE CONTRE LA SERBIE ET RECOURS AU BRAS SÉCULIER

Paru dans Les cahiers de l’Orient, n° 59, 3e trimestre 2000, p. 79-101

Ce texte peut être téléchargé en version PDF en cliquant ICIhttp://www.historiographie.info/arch/vatyougo.pdf

LES HAINES VATICANES, DE LA SERBIE À LA YOUGOSLAVIE, 1878-1941

Deux événements ont, aux bornes de la décennie, signalé le vif intérêt de l’Église de Rome pour la Yougoslavie ou ses constituants: la reconnaissance en décembre 1991 par l’ensemble Allemagne-Vatican ? contre l’avis des autres puissances, États-Unis, pays de l’Union européenne et Russie ? de l'indépendance de la Slovénie et de la Croatie; la béatification en octobre 1998 du cardinal-archevêque de Zagreb Stepinac. Ces actes diplomatiques renvoient à la vieille histoire germanique et, plus récemment, américaine aussi, des rapports entre la Curie et les Serbes. On connaît mal ici, surtout après des années de propagande contre le monstre bolchevique et « grand serbe » Milosevic, comparé à Hitler sur les affiches d’une ONG pendant la guerre en Bosnie-Herzégovine, l'histoire de ce jeune État né en 1918 de la victoire française et de la défaite des « Empires centraux ». Le scrupuleux ouvrage du catholique Carlo Falconi consacré en 1965 aux silences de Pie XII notamment sur les atrocités croates pendant la Deuxième Guerre mondiale ne saisissait « les premières fêlures dans la situation » de la Yougoslavie qu'à « la fin de 1940 ». Or, cet État créé autour de la Serbie par la France en quête d'alliances orientales de revers contre le Reich hanté par la revanche fut disloqué bien avant de succomber à ses agresseurs d’avril 1941.
La Serbie fut depuis son accession, au Congrès de Berlin de 1878, à l'indépendance formelle (du joug ottoman), au terme de guerres balkaniques conduites avec l'aide de la Russie (quelles que fussent en l'espèce les ambitions propres de la « protectrice des Slaves »), l'alliée des puissances anti-allemandes, Russie tsariste et France républicaine, pour des raisons de sécurité. Ce petit pays aux solides traditions militaires était en effet la bête noire des Empires centraux, dont il entravait la « marche vers l'Est » (Drang nach Osten bulgare, roumain, russe) et le Sud (adriatique et ottoman). Cette nation slave orthodoxe gênait Vienne aussi en raison de l'attirance qu'elle exerçait sur les Slaves du Sud (« Yougoslaves ») dominés par l’Empire vermoulu. Domination ancienne sur les Croates de Croatie et de Dalmatie et sur les Slovènes; plus récente sur la Bosnie-Herzégovine, qui, peuplée de Slaves convertis à l'Islam depuis la conquête ottomane (les propriétaires fonciers, collaborateurs de l’occupant) et d’orthodoxes (la masse paysanne serbe), fut occupée depuis 1878 puis annexée en 1908 par l'Autriche comme base militaire contre la Serbie, dans des conditions qui firent croire au déclenchement du conflit général (esquivé alors par le recul russe).

Les Slaves catholiques concernés (Croates, Dalmates, Slovènes), quoique parfois rétifs, étaient un atout précieux dans les mains de l'État et l'Église autrichiens. Cette dernière, par le truchement d’un bas clergé discipliné, maintenait, contre les Slaves orthodoxes l’obéissance et la cohésion politique d’une marqueterie de populations ? donnée objective qui lui facilita la tâche. Le « régime quasi féodal » de François-Joseph, qui, monté sur le trône après la répression de la Révolution de 1848, y demeura jusqu'à sa mort en 1916, « gavait » donc les prélats, autrichiens et hongrois dans des zones ethniques slaves, qu’il avait dotés par le « concordat » de 1855 d’énormes privilèges politiques et financiers (la « propriété ecclésiastique » échappa au bouleversement du régime foncier de 1848). Le Vatican, tuteur de cet « épiscopat d’Ancien Régime », tirait de « l’empire apostolique et romain » des Habsbourg l’essentiel de ses revenus avant 1914. C'est pour ses objectifs propres d'expansion que l'impérialisme allemand sembla s'aligner sur la Monarchie dualiste déchaînée contre la Serbie. Il recueillerait l’héritage du Drang nach Osten de l’empire mourant: « la vache autrichienne s'avance à travers les riches pâturages des Balkans afin que l'Allemagne la mange lorsqu'elle sera grasse », annonça Bismarck en 1886. Le chancelier avait commencé par prussianiser le nouveau Reich en combattant, par le Kulturkampf (1872-1875), non pas le catholicisme mais le péril politique de l'ultramontanisme autrichien hégémonique en Bavière (autrichienne jusqu’en 1815). Puis il fit sa paix avec deux alliés de poids: son catholicisme, dominant au Sud et à l'Ouest du Reich, tout acquis à l’expansion allemande en Europe et outre-mer, et richement doté à cet effet par l'État luthérien; le Vatican, aussi empressé envers ce dernier qu'il haïssait la « fille aînée de l'Église » spoliatrice depuis la Révolution française des biens du haut clergé: ainsi aida-t-il d’emblée le Reich à rallier l'Alsace-Lorraine catholique arrachée par les armes en 1870-71, tradition respectée lors du changement de mains de 1918.

Depuis la rupture du Vatican dans les années 1860 avec l'Italie réunifiée (au détriment des « États pontificaux », de l'Autriche, occupante du Nord, et des Bourbons du Sud, alliés des Habsbourg), ses liens avec la dynastie autrichienne s’étaient encore resserrés. Sa réconciliation avec le Reich acheva le Bloc politique, idéologique et militaire, de la Duplice austro-allemande (1879). L'Italie, alors ennemie, fut aussi impliquée dès l'origine dans la question yougoslave, par son expansion en Dalmatie. Or, les Empires centraux, dont elle était l’alliée formelle depuis la signature de la Triplice en 1882, ne pouvaient, et pour cause, rien lui promettre dans cette sphère privilégiée des rivalités de Vienne et Rome. En 1914, l’affrontement général éclata dans ce condensé des conflits inter impérialistes, où les guerres balkaniques venaient d’assurer à la dynastie serbe des Karageorgevitch des gains territoriaux insupportables aux Empires centraux. C’est d'ailleurs pour préparer la « catholicisation » des zones conquises en 1912-1913, peuplées d’« Allemands, Hongrois et Croates, Serbes de Raguse », puis d’Albanais, à la suite de « la conquête de la Vieille Serbie » (nom occidental du Kosovo), que le Vatican concocta avec Vienne un « concordat » serbe. Il fut signé le 23 juin 1914, à la veille de l’assaut contre la Serbie, la Curie étant sûre que ce « pays [serait] rayé de la carte de demain » (formule de Gasparri, secrétaire d'état du pape suivant, Benoît XV, intronisé en août 1914). Le Vatican s’était engagé corps et biens envers la Duplice. « Le pape et la Curie », câbla le comte Pàllfy, chargé d'affaires autrichien au Vatican, après un entretien le 29 juillet 1914 avec Pie X et son Secrétaire d’État Merry del Val, soutiendraient à fond l'Autriche, « l'État catholique par excellence, le plus puissant rempart de la religion », appuyée par le Reich, contre la Serbie « qu'ils considèrent comme un mal qui ronge et pénètre la monarchie jusqu'à la moelle et qui finira par la désagréger ».

Le but de guerre des deux Empires coalisés ? liquider la Serbie (comme la Russie) ? ne fut abandonné ni pendant ni après le conflit, mais leur défaite le compromit momentanément. C'est d’elle que naquit le « Royaume des Serbes, Croates et Slovènes » inscrit, comme tous les « États successeurs », dans les Traités de 1919-1920. Que pouvait désormais contre ce nouvel État yougoslave l'ancien État tuteur des Slaves du Sud balayé par la tourmente de 1918? La liquidation politique des Habsbourg n’anéantit cependant pas les piliers socio-économiques de l'ancienne Autriche-Hongrie. Les deux moignons qui firent place à l’empire, dirigés par eux, seraient le supplétif de la puissance allemande à la fois vaincue et préservée, malgré les pertes consécutives à sa défaite. Ce Reich intact, du point de vue de ses couches dirigeantes et de son État (malgré les apparences de novembre 1918), devint le légataire universel de l'Empire mort. Le Vatican lui reconnut dès 1918 cette qualité en tous lieux: dans les colonies perdues, dans les territoires de l’« Altreich », « provisoirement occupés par les Alliés », dans les « États successeurs » de l'Empire disparu et dans tous les États voués à l'expansion allemande, des États Baltes à l'Ukraine en passant par la Pologne. Berlin s'était montré généreux le Vatican, irremplaçable pour la conquête des âmes et la valeur de ses renseignements: les seuls « fonds Erzberger », évalués à 18 millions de marks de mars 1915 à juin 1918, continuèrent à être versés même pendant la fausse révolution allemande, avec l'accord du SPD. Ils assuraient désormais l’essentiel des finances du Saint-Siège, avant que la « carte américaine » n’ajoutât, dès la fin du conflit, un gros matelas.

Le Vatican s'était affiché d'emblée comme l'ennemi juré des Traités, Versailles en tête, donc des États issus ou agrandis des dépouilles des Empires centraux. Il refusa jusqu'au seuil du conflit général suivant de reconnaître les frontières de l'Europe de 1919-1920. Il ne s'exécuta que du bout des lèvres, pour des raisons purement tactiques, en accord explicite avec l'Axe en gestation, à l'heure de la mort annoncée des États honnis : en juillet 1935, avec le faux « Concordat » concédé par la Yougoslavie en pleine tourmente après l'assassinat du roi Alexandre et du ministre français des Affaires étrangères Barthou, le 9 octobre 1934, à Marseille. Les chefs des partis catholiques croates et slovènes furent chargés d'en rendre la réalisation impossible, tandis que le Vatican, urbi et orbi, accablait les Serbes de la responsabilité de sa non-ratification. Le cas le plus caricatural est celui de la Tchécoslovaquie, dont les limites des diocèses furent adaptées aux frontières après longue négociation avec le Reich et son épiscopat, en... septembre-octobre 1937, du seul côté hongrois, la question du diocèse « allemand » de Breslau restant réservée. Elles furent remaniées au bénéfice de Berlin, avec publication de la carte moins d'un mois après Munich, en octobre 1938.

Le Vatican, caution « canonique » de l'illégitimité de l'Europe de 1919, avait en outre seul la capacité de remettre à l'Allemagne la clé du levier catholique dans toutes les anciennes provinces d'Autriche-Hongrie, dont celles agrégées à la Serbie. Saint-Siège et Reich unirent donc leurs efforts « catholiques » contre tous les pays « ennemis »: la Yougoslavie faisait partie du lot des « schismatiques » (Tchécoslovaquie hussite, Roumanie orthodoxe, Russie orthodoxe, aussi haïe du Pape, malgré son amour de « l'Ordre » contre les désordres polonais (1831, 1863) du temps des Tsars qu'à l'ère bolchevik); les zones catholiques n’étaient pas moins lorgnées : Pologne, Alsace redevenue française poussée à «l'autonomie», cantons belges d'Eupen-Malmédy.

Ce tandem germano-vatican pouvait compter sur d'autres alliés. Les dirigeants italiens, germanophiles en tête, tel Nitti, très lié aux banques allemandes qui avaient régi le développement capitaliste italien depuis la fin du XIXè siècle, se réconcilièrent dès 1918 avec le Vatican, pour des raisons intérieures (contre le péril « révolutionnaire ») et extérieures : l’Italie ne s’était, tardivement, engagée dans le conflit que sur la promesse formelle, via le traité secret de Londres en avril 1915, de recevoir de l'Entente la Dalmatie après la victoire. La création de la Yougoslavie la lui arracha, la plaçant dans le camp de la « révision » des Traités. Pour mettre la main sur son but de guerre, elle envisagea donc le changement d'alliance, comme l'avaient espéré au tournant de 1918 Mgr Pacelli, nonce dans le Reich, à Munich depuis mai 1917 (futur Pie XII), le comte von Brockdorff-Rantzau, ministre des Affaires étrangères du Reich, et le chef du Zentrum catholique Erzberger. Aveuglée par ses appétits yougoslaves, elle croyait pouvoir supplanter son vieux rival autrichien. Elle fit ainsi l’un des choix qui la mèneraient à l'Axe Rome-Berlin, officialisé en novembre 1936, dans l'espoir dérisoire que le Reich lui cèderait d'autant plus volontiers une zone d'expansion balkanique qu'elle l'aiderait à annihiler ses ennemis jurés (Tchèques au premier rang) ou à phagocyter ses alliés présumés (Autriche en tête) d'Europe centrale. Elle réfléchit longtemps aux conséquences mortelles de l’adhésion à l'Anschluss ? condition sine qua non de l'alliance avec le Reich ? qui pulvériserait sa frontière Nord du Brenner. Mussolini ne capitula qu’en juin 1936, entre sa conquête de l'Éthiopie et l'attaque italo-allemande de l'Espagne du Front Populaire, dans le cadre d’un marché Éthiopie-Adriatique-Méditerranée (contre les impérialismes français et britannique) pour l'Italie, Europe centrale et orientale pour le Reich. Les dés étaient pipés : l'Anschluss n’ouvrait pas seulement à l'Allemagne l'Europe centrale; il lui livrait la méridionale aussi.

La catholique Hongrie, « révisionniste » acharnée du Traité de Trianon, lorgnait la Croatie perdue, comme la Slovaquie devenue tchécoslovaque et la Transylvanie désormais roumaine. Ses comploteurs et sicaires laïcs furent d'emblée couverts et financés par l'amiral Horthy. Ce calviniste avait découvert dans la victoire remportée contre l'insurrection de Bela Kun en 1919 les vertus intérieures et extérieures de trois atouts: le cléricalisme catholique, l’antisémitisme (la persécution et le numerus clausus débutèrent ici avec la contre-révolution) et l’antibolchevisme. Les prélats « gavés », conduits par le cardinal-primat de Hongrie (le Slovaque Czernoch et ses successeurs), ne cessèrent de tonner, avec la bénédiction du Vatican, contre les nouvelles frontières et les « États successeurs » voleurs de diocèses, et d’annoncer la récupération imminente. Les décideurs hongrois attachèrent leur char au Reich avec bien plus d’ardeur qu'ils n’avaient soutenu les Habsbourg, et ce même quand Budapest passait (jusqu'aux années trente) pour le satellite de l'Italie.

L'Autriche, naguère tutrice des Slovènes et des Bosniaques, était vouée depuis le tournant de 1918, et avec l'aval définitif de Benoît XV, à l'Anschluss. Car si l'Italie hésita longtemps, percevant la menace contre ses régions du Nord, les plus prospères, le Saint-Siège ne revint jamais sur la position alors prise, en faveur de laquelle il mobilisa toutes les forces catholiques. Le rôle des Autrichiens, voués sous sa houlette à un cléricalisme ultramontain unique dans l'histoire du XXème siècle, « social-chrétien» avant de basculer dans le nazisme, fut proche de celui des Hongrois. Il se confond cependant si intimement avec celui de Berlin qu’on peut s’en tenir à l'étude du chef d’orchestre.

La Bulgarie, alliée de guerre des Empires centraux dont l'orthodoxie suscitait donc moins de scandales et de réprobations publics du Vatican que ceux visant les autres États schismatiques, ne rêvait que mise en pièces des États successeurs.
La jeune Yougoslavie fut victime de ces auxiliaires du Reich bien avant l'assaut final d’avril 1941 auquel ils participèrent mêlés à la Wehrmacht (moins l'Autriche, devenue « marche de l’Est »). Les années vingt lui avaient arraché des pans de Dalmatie remis à l'Italie, finalement avec l'aval des vainqueurs de 1918, France incluse: ces territoires disputés furent pris en charge par le haut clergé italien, que le Vatican y installa avant qu’ils ne fussent officiellement acquis à l'Italie (cas de Rijeka-Fiume en mai 1920). Dans les années trente, où l'Italie soumit Belgrade à une tension permanente et à des crises aiguës, la complicité du Vatican dans chacun des coups portés fut relevée par tous les diplomates. La chronique de cette guérilla destinée à dresser contre l'État « serbe » les populations catholiques, en veillant à ne pas s'aliéner les Bosniaques musulmans indispensables au démantèlement projeté, remplirait un livre : l’Institut Saint-Jérôme de Rome, au cœur de tous les scandales et tapages anti-serbes depuis le tournant du XIXè siècle, centre vital depuis 1945 du sauvetage des criminels de guerre croates, y occupa une part éminente. Le régime monarchiste serbe, qui établit en janvier 1929 la dictature (sans que Paris trouvât à y redire), répliqua à ces complots répétés par une politique qui précipita sa perte: la centralisation accrue exacerba le mécontentement des populations minoritaires et renforça les conjurés. Les concessions, réelles, par ailleurs consenties aux forces qui visaient non des améliorations au sein de la Yougoslavie mais sa mort ne changèrent rien à leurs projets « croates » et « slovènes » nés dès 1918. Le roi Alexandre ne put, pour des raisons socio-économiques de fond, mobiliser les forces susceptibles de préserver l'unité « yougoslave » : il crut que la curée anti-bolchevique (qui mit en prison, comme nombre de ses pareils, le Croate bolchevique Josip Broz, dit Tito) séduirait aussi les catholiques partisans de l’« ordre ». Ses ennemis jurés l’étaient, mais voulaient l’assurer hors du cadre « yougoslave ».

La Grande Crise des années trente donna à cette conjuration, gérée de plus en plus largement par Berlin et le Vatican, l'efficacité ultime. L’amitié allemande servit d'ailleurs le second, que son alignement sur l'Italie en Dalmatie desservait auprès des catholiques slaves. Haïssant la tutelle italienne couverte par le Saint-Siège, Croates et Slovènes ennemis des Serbes se déroberaient si la destruction de la Yougoslavie devait profiter à la seule Italie. C’est d'ailleurs en raison de leur opposition à sa politique italienne que le Vatican remplaça systématiquement depuis 1920 les clercs séculiers par des franciscains, vieil instrument de l’expansion autrichienne ainsi érigé en pivot d’une Église « fanatique » d’Inquisition qui effarait les diplomates français d’avant 1914. Le Reich put donc accomplir ce que l'Italie détestée, occupante de territoires slaves, était incapable d'imposer aux « Yougoslaves » unis contre elle. En compagnie de l’Autriche qu’il contrôlait bien avant l’entrée de ses troupes le 12 mars 1938 : étape cruciale de l'Anschluss, l'accord secret « militaire, politique et économique », conclu entre les 26 et 29 mars 1926 à Berlin, assura la fusion des politiques extérieure et militaire. L’action anti-yougoslave de Vienne, apparemment menée en compagnie de Rome et Budapest, était téléguidée par Berlin. Fort habilement, l’Allemagne passa avec la Yougoslavie des accords commerciaux renforcés pendant la Crise, tandis que l’alliée française se dérobait . Se déclarant dépourvu d'ambitions politiques, Berlin s’offrit même le luxe de critiquer les empiètements incessants de l'Italie, séduisant ainsi tous les Yougoslaves, Serbes inclus. À qui croit que les affaires yougoslaves relèvent de la folie nationaliste et de l'idéologie, rappelons que la seule Slovénie représentait en 1929 42% de la production industrielle et minière du pays. Éric Rouleau a récemment rappelé que l’intérêt métallurgique du Kosovo, « fournisseur majeur de l’Europe en plomb et en zinc, avant les crises et les guerres des années 90 », producteur de « 100% du nickel, 50% de la magnésite » et de maint autre minerai du pays, n’est pas moindre ...

L'action conduite par Berlin avec Pacelli, nonce jusqu'en décembre 1929, secrétaire d'État depuis janvier 1930, montrait pourtant un intérêt aigu pour les Balkans yougoslaves: ce germanophile impénitent certes, mais aussi porte-parole de la politique allemande de son chef depuis le règne de Pie X, confia en décembre 1930 la charge des « minorités allemandes catholiques [vivant] en Europe orientale et hors d'Europe » à Mgr Berning, évêque d'Osnabrück (Basse-Saxe), un des chefs de file nazis de l'épiscopat allemand (après lui avoir remis en 1924 celle des « catholiques allemands en Galicie» (Pologne), et en 1926 au puissant archevêque de Cologne, Mgr Schulte, chef du combat contre l'occupant français, celle des « catholiques allemands d’Europe occidentale »). La Yougoslavie, où vivaient 450.000 Allemands, subit ce zèle « religieux » comme les autres pays voués à la conquête. Les deux seuls évêques à s'être émus, en 1933-34, de ces ingérences étrangères, désormais à grande échelle, violant le droit canon, furent réprimandés par le Vatican : Pacelli, devenu (en 1939) Pie XII, n'ayant rien oublié, contraignit l'un d'entre eux, Mgr Aksamovic, évêque de Djakovo, à la démission en livrant son diocèse à la Hongrie, quand les occupants se partagèrent en 1941 les dépouilles yougoslaves. La comédie du non-intérêt allemand demeura à l'ère hitlérienne jouée par les mêmes larrons. En mai 1934, Röhm confia à des compères autrichiens : « d'ici peu la Dalmatie sera la Riviera allemande ».

Dans le crime du 9 octobre 1934 contre Alexandre de Yougoslavie et Louis Barthou, fugace symbole d'une politique française à nouveau tournée vers l’alliance de revers à l'Est, URSS incluse, toute l'Europe informée vit le signe de l’imminence du conflit général. Certes était engagée la responsabilité de l'Italie et de la Hongrie, terres d'asile et d'armement des Oustachis croates d'Ante Pavelic, qui avaient délégué au forfait un meurtrier macédonien; mais on accordait crédit à la thèse soviétique « d'une action secrète de l'Allemagne qui, incapable de faire la guerre, susciterait des troubles et des actes de terrorisme dans toute l'Europe ». Berlin voulait ainsi tuer dans l’œuf la « politique [française] à l'Est », seule garantie, admettait l'officier nationaliste et antibolchevique de Gaulle, contre l’assaut à nouveau attendu sur deux fronts. L'« apaisement » triompha tant à Londres qu'à Paris dans la période qui suivit, tuant le projet d’alliance militaire avec l'URSS qui compléterait la Petite Entente orientale (Tchécoslovaquie, Yougoslavie, Roumanie). En signant le 2 mai 1935 le traité avec Moscou, le successeur de Barthou, Laval, partisan des concessions à l'Italie et à l'Allemagne, ne fit qu’un « petit pas » tactique. Il répugnait, au contraire de Barthou, à accorder aux « Russes » ce qu’ils réclamaient « comme naguère ? une vraie alliance, assortie d'une convention militaire » (J.-B. Duroselle).

Cet « Apaisement », dont on ne soulignera jamais assez les profondes racines socio-économiques, antérieures aux frayeurs de mai-juin 1936, favorisa le vieux projet du Reich «de faire la guerre». La haine avivée des classes dirigeantes contre la population exaspérée par la crise ne visait pas seulement la France ouvrière de 1936. La monarchie serbe, aussi bien informée que les autres décideurs d'Europe, se laissa également séduire par les sirènes allemandes. Un refrain, si plaisant alors que la crise aiguisait le mécontentement social, précéda l'assaut contre tous les pays voués à la conquête: la bonne Allemagne hitlérienne ne songeait qu'à protéger l’Europe entière de l'abominable peste rouge. L'État yougoslave manifesta à ses ennemis mortels l’indulgence qu’il refusait à son mouvement révolutionnaire, traqué et réduit à la clandestinité (qui fit changer Broz de nom), ce qui ne lui valut pas une once de reconnaissance de ses coalisés de l'extrême-droite catholique. Il ne se montra pas aussi ferme contre ces derniers, bénis par le Vatican et les prélats « yougoslaves », et armés par ses ennemis, Berlin en tête, qui finançait, ouvertement dès 1933-1934, les activités anti-serbes et antisémites oustachies.
Le travail de fourmi de la hiérarchie catholique fit le reste. Du côté dalmate, l'Italie s'était taillé la part du lion. Dans toutes les autres zones catholiques, les années trente consacrèrent le triomphe du Reich. Signalons parmi ces prélats Joannes Saric, chef de «la droite irréductible», à la longue carrière vouée à la destruction de l’État serbe. Le Vatican le nomma en 1920 évêque de Sarajevo, déclaration de guerre contre le jeune État: comme son prédécesseur Stadler, spécialiste de la conversion forcée des Serbes et Musulmans et de l’enrichissement rapide, il était l'« ennemi acharné des Serbes à l'époque de l'ancienne Monarchie, l'instrument en Bosnie de la Cour de Vienne [qui] dressait les catholiques et les musulmans contre les orthodoxes». Député au Sabor de Bosnie avant 1914, il poursuivit sa croisade anti-serbe pendant la guerre. Devenu évêque contre le vœu de Belgrade, il s'autoproclama « chef des Croates et des Slovènes » contre les Serbes, avec l'entière complicité du Vatican : Pie XI recevait solennellement à toute occasion ses « chers Croates martyrs », tandis que ses nonces mettaient les régions catholiques en feu. Appuyé sur son journal Istina au « ton extrêmement violent » et sur l’« Action catholique », école de guerre civile créée par Pie XI et imposée à tous les pays, Saric pratiquait la provocation permanente, en compagnie de Rome dès les années vingt, mais aussi de Berlin : il fréquentait avant 1933 le Collegium Germanicum romain, présenté plus loin. Lié à la sécession de Macek et membre des oustachis d’Ante Pavelic depuis 1934 au plus tard, il rêvait de «devenir le chef spirituel des Croates afin d'être plus tard leur chef politique».

Il dut cependant céder le pas au récent héros des promotions pontificales, Aloïs Stepinac, jeune clerc croate dont la Curie assura la promotion fulgurante. Fils d'un gros propriétaire foncier né en 1898 près de Zagreb, Stepinac fut lié au séparatisme croate avant que l’État yougoslave ne fût officiellement constitué. Prisonnier de guerre austro-hongrois sur le front italien, il mima le ralliement au « comité yougoslave (...) pour se faire engager dans le camp des officiers serbes » en Italie puis sur le front de Salonique, et y espionner l'ennemi. En 1924, ce chef des jeunesses catholiques, porteur au congrès international de Brno de 1922 « le grand drapeau croate à la tête d'une délégation croate », protégé des jésuites, entra pour sept ans au Germanicum. Cet institut allemand de Rome, repaire du pangermanisme tôt basculé vers le nazisme, et cet ordre comptaient parmi les exécutants des plans d’Anschluss et de la reconquête « catholique » de l’Est européen. Moins d’un an après la prêtrise (octobre 1930), Stepinac, docteur en théologie de la Grégorienne (juillet 1931), devint maître de cérémonies de l’archevêque allemand de Zagreb, Bauer, puis en mai 1934 son coadjuteur avec droit de succession. Oustachi comme Saric, Stepinac anima en 1935 la guérilla préélectorale, déchaînant peu après l’attentat réussi de Marseille la colère paysanne contre Belgrade. À la mort de Bauer en décembre 1937, Pacelli, artisan de son ascension, préféra ce jeune agent du Reich à Saric, au passé trop « italien ». Il dirigeait donc désormais la sécession bénie lors de pèlerinages tapageurs par Pie XI puis Pie XII promettant à la « gens croatica » (« nation croate ») torturée par les Serbes la « libération » prochaine. « Gouverneur de Zagreb » depuis 1939, où l’État yougoslave concéda l’autonomie à la Croatie, il y représentait « l’influence hitlérienne » (F. Charles-Roux, ambassadeur au Vatican de 1932 à 1940). Début 1940, il exulta devant le consul de France à Zagreb sur l’imminence de la destruction de la Yougoslavie. L’invasion de l’Axe et la fondation de « l’État indépendant de Croatie » de Pavelic en avril 1941 réalisèrent ses vœux.


DE LA DEUXIÈME GUERRE MONDIALE À L’APRÈS-GUERRE AMÉRICANO-ALLEMAND

Le bas clergé séculier, qui avait parfois renâclé devant la guérilla anti-yougoslave de son épiscopat organisée par le Vatican, avait été, en cas de besoin, remplacé par des réguliers franciscains, plus dociles devant les ambitions déclarées des éléments germaniques, magyars ou italiens. Bénéficiaires de cette politique de «dénationalisation» (Louis Canet, conseiller aux Affaires religieuses du Quai d'Orsay de 1920 à 1946) les Franciscains «croates», aussi violemment anti-italiens qu’anti-serbes et antisémites, constituaient en 1939 non seulement 80% des réguliers, mais un tiers des prêtres de Yougoslavie. Ce corps fanatique s’illustra dans le massacre des juifs, serbes, tsiganes, slovènes, qui érigea l’État satellite de Pavelic en champion de l’« épuration ethnique » (origine historique de l’expression), sans oublier de liquider les dissidents croates. Leurs chefs, que nous bornerons aux deux prélats déjà présentés, menèrent la danse des horreurs de l'ère allemande, connues d'emblée et couvertes jusqu'à leur terme par le Vatican. Saric s'illustra entre 1941 et 1945 « comme le “bourreau” des Serbes, tant en Croatie qu'en Bosnie-Herzégovine lors des sanglants massacres perpétrés par les Oustachis »; il pilla aussi les biens juifs et orthodoxes (serbes) avec l’aval officiel du Saint-Siège. Quant à Stepinac, la thèse de ses bontés pour les martyrs répandue en France à l'occasion de la béatification d’octobre 1998 est dépourvue de tout fondement. Elle repose sur: 1° les travaux de Stella Alexander, dont la seule source originale, Katolicki List, journal de l'archevêché, ne cite que des signes d'adhésion au régime: tous les documents de défense sont de seconde main ; 2° des hagiographies romaines et fausses « révélations » de Guerre froide de l’Osservatore Romano sur lesquelles ironisa en janvier 1951 l’ambassadeur Wladimir d’Ormesson: « on peut s'étonner [que le quotidien du Vatican] ne leur ait pas donné plus tôt une large publicité ».

Les archives décrivent à l’inverse ce que Falconi appelait en 1965, fonds de l’État croate à l’appui, « un hideux mélange de boucheries et de fêtes». Les franciscains y participèrent à la masse, à la hache et au poignard avec une ardeur parfois jugée excessive par le maître allemand, soucieux du caractère « ordonné » des tueries (Hilberg): destruction des bâtiments des cultes « ennemis », tortures, assassinats en masse de Serbes, juifs et tsiganes, dans les villages (dont celui de Glina en mai 1941: 2 000 morts dans la nuit, hommes, femmes et enfants, pillés ensuite) et les camps de concentration (tel l’abominable camp de Jasenovac, ouvert dès mai 1941), lutte contre la résistance, etc. Biddle, ministre américain auprès du gouvernement yougoslave en exil, évaluait en septembre 1942 les seuls « atroces massacres de Serbes », poursuivis alors « avec frénésie », à «600 000 hommes, femmes et enfants ». Les archives oustachies furent lors de la déroute regroupées dans le palais archiépiscopal de Stepinac, extraordinaire signe de fusion de l'Église et de l'État. Les titistes n’y découvrirent en 1945 « aucun document protestant contre les crimes commis en Croatie par les Oustachis et les Allemands », mais mainte photo de l’archevêque faisant en tous lieux le salut oustachi (bras levé) auprès des hauts fonctionnaires, et des textes : telle sa circulaire du 28 avril 1941 aux évêques glorifiant « l’État croate ressuscité » et « le chef de l’État croate », et ordonnant un « Te Deum solennel dans toutes les églises paroissiales ». Stepinac, deuxième personnage de l’État oustachi et membre de son « Parlement », fut aussi l’exécutant du décret du 3 mai 1941 de « conversion forcée » des orthodoxes, intelligentsia exclue car considérée comme irrécupérable: ce retour à « l'Inquisition espagnole » donnait aux Serbes non massacrés d'emblée le « choix » entre adhésion immédiate au catholicisme et mort. Ce texte non étatique mais vatican fut contresigné par le cardinal français Tisserant en tant que secrétaire de la Congrégation de l’Orientale. « Contre son gré », précisa Belgrade tout en le révélant en 1952, année où Pie XII mit le pays en ébullition en nommant Stepinac cardinal, dans un Livre Blanc sur les relations Vatican-« État indépendant de Croatie » puisé au « journal » de l’archevêque et aux archives oustachies. Tisserant, censeur sévère, en privé, du régime de Pavelic (le Livre blanc fournit tous les détails), confirma l’information au diplomate français de Margerie. Comme Saric et bien d’autres, Stepinac pilla aussi les biens juifs et serbes, avec l’aval écrit (en latin) du Saint-Siège, via son légat Marcone les 9 décembre 1941 et 23 décembre 1943 (et fut convaincu en 1949 par les héritiers de Bauer d’avoir détourné ses biens, estimés à « plusieurs dizaines de millions de dinars »).
Les monastères-arsenaux des franciscains, dont certains furent arrêtés armes à la main en 1945, recelaient depuis quelque temps trésors et criminels de guerre en instance de départ. C’est dans le couvent du Kaptol, à Zagreb qu’on trouva au début 1946 le trésor oustachi, contenant bijoux, or, dents en or scellées à des mâchoires, bagues sur des doigts coupés, etc., arrachés aux orthodoxes et juifs assassinés; un PV d'emballage rédigé pour chaque caisse attestait la présence de fonctionnaires à chaque opération. L’Église catholique yougoslave s'était « compromise à tel point qu'il serait possible de dresser contre elle un réquisitoire en n'invoquant que des témoignages religieux »: des clercs français en fournissaient encore de nouveaux en 1947 à Guy Radenac, consul de France à Zagreb. Stepinac y était resté, notamment pour organiser la fuite des bourreaux, clercs ou laïcs, sur mandat du Vatican, avec les fonds alloués par les États-Unis à un recyclage jugé utile à leurs intérêts dans la zone adriatique. Zagreb fut un centre essentiel des Rat Lines décrits par le renseignement américain: 30 000 criminels croates, dont Pavelic et Saric, s’échappèrent par la filière du père Draganovic, secrétaire de Saric et familier de guerre de Maglione (secrétaire d'État mort en 1944), Montini (secrétaire aux Affaires Ordinaires, futur Paul VI) et Pie XII. Ils étaient regroupés par l'archevêché, les couvents et autres institutions croates (dont la Croix-Rouge) sous tutelle de Stepinac; ils gagnaient ensuite l’Autriche, où les accueillaient le haut-clergé autrichien et la « mission pontificale » de Salzbourg; puis Rome, étape fréquente avant le départ de Gênes, aidés par la Curie, l'archevêque de Gênes, « la police italienne » et des chefs de la Démocratie chrétienne (tel De Gasperi). Selon Radenac, « les milieux oustachis de Zagreb » diffusaient encore en 1947 les adresses connues des couvents accueillant les fugitifs, bénéficiaires des bourses de l’association « Pax romana »; lui-même en connaissait « de source directe » maint cas. En Yougoslavie même, l’association Caritas finançait les secours aux familles d'émigrés et aux oustachis restés actifs.

Derrière le masque d'une «guerre froide» perçue pendant la guerre même, les grandes questions du début du siècle continuèrent à se poser après la défaite du Reich hitlérien, en Yougoslavie comme dans le reste du Vieux Continent. En apparence, le pays, à nouveau hissé au rang des vainqueurs et reconstitué, n'avait plus à craindre la coalition de ses ennemis. L'Allemagne vaincue, démembrée et occupée n'avait plus rien à dire sur la question; ni l'Italie, rangée parmi ses «satellites». En réalité, comme les Empires centraux en 1918, les pays de l'Axe trouvèrent des relais, au premier chef le Vatican. Pie XII avait passé la guerre à soutenir l'Axe, puis tenté des efforts désespérés, à partir de Stalingrad, en faveur d’une solution de rechange: il rechercha fébrilement depuis 1943 un retournement des fronts contre l'Armée Rouge associant les Anglo-Saxons à l’Allemagne « honorable », celle des généraux taxés d'antinazisme pour les besoins de la cause et autres élites disposées en 1943-44 à changer de cheval. La tâche était triplement impossible: ces anti-nazis présumés manquèrent à l'appel jusqu'au bout (les modalités de l’attentat de juillet 1944 contre Hitler le montrent clairement); le rôle militaire déterminant contre l'Axe de l'URSS la rendait indispensable aux buts de guerre propres des Alliés anglo-saxons; enfin, l’état d'esprit des peuples occupés voua au néant les complots visant à jeter contre les Soviets une coalition des Allemands et de leurs satellites avec les Alliés de l'Ouest, sous couvert de sauver « la civilisation chrétienne » (dont les intéressés venaient de tâter). Le Vatican se mobilisa aussi fébrilement au service d’une «paix séparée», manœuvre qui réussit en Italie, au grand dam des Soviets, avec la reddition des armées allemandes aux Anglo-Saxons (via Allen Dulles, chef de l'OSS en Suisse, frère de Foster et futur chef de la CIA).

Les Américains, qui avaient eu besoin de vaincre le Reich avec l'URSS se présentaient aussi, comme après l'autre guerre et pour les mêmes raisons, comme la seule carte à jouer pour offrir au vaincu une «paix douce». Donnée générale qui eut naturellement des conséquences en Yougoslavie. Le Vatican, à nouveau employé à sauver la «bonne et pauvre Allemagne», trouva un allié dont le rôle n’avait cessé de grandir au fil du conflit, et qui attendait de sa nouvelle victoire le rôle en Europe que la précédente ne lui avait pas encore donné. L'alliance ambiguë mais décisive entre États-Unis et Vatican, qui ne date pas de 1945, mais de 1918, reposait sur des stratégies européennes partiellement communes. Elle passa par une organisation américaine catholique intégriste née dans les années 1880, les «Chevaliers de Colomb». Émanation des milieux «germano-américains» et assimilés (irlando-américains, etc.) directement intéressés au relèvement du Reich, ce mouvement richissime finança aussi le Vatican dans les années vingt pour favoriser l'expansion américaine dans le Pacifique, via les missions en Chine. Washington avait également perçu, après les grands bouleversements induits par la Grande Guerre et menaçant à nouveau depuis la Crise, l’importance de l'Église catholique pour stabiliser le continent bouleversé. Roosevelt, qui avait noué en novembre 1936 alliance avec Pacelli, en voyage à Washington, contre «le danger croissant du communisme», la réaffirma solennellement en 1939, dans des déclarations communes en faveur de la paix.

Le soutien marqué du Vatican à l'Axe pendant la guerre suscita des conflits: ainsi lorsque Pie XII rejeta obstinément depuis l'été 1942 la demande américaine d’une condamnation publique des atrocités allemandes, désormais notoires, contre les juifs, atrocités qu'il présenta au délégué américain permanent, Tittman, comme «exagérées» par les Alliés, «pour des buts de propagande», et à propos desquelles «il ne pouvait nommer les nazis sans mentionner en même temps les bolcheviks». Mais l'argent que les États-Unis versaient massivement à la Curie leur valut des services appréciables, ainsi en matière de renseignement militaire, par le truchement d'un héros du siècle, Mgr Spellman (futur croisé des «faucons» de la guerre du Viet-Nam). C'est du début des années trente que date l'ascension politique de ce «jeune prélat américain», ami personnel de Pacelli, émissaire des «Chevaliers de Colomb» chargé de gérer depuis 1925 à Rome même les fonds octroyés à la Curie. Comme Pacelli germanophile et antisoviétique militant, il fut nommé en 1932 évêque auxiliaire de Boston et en 1945 cardinal et archevêque de New York. Symbole de l'ambiguïté du combat américain contre l'Axe, ce maître-espion, qui dirigea les services de renseignements américano-vaticans pendant la guerre, fut chargé juste après Stalingrad d'une mission en Europe en vue du futur règlement du «problème soviétique». Le renseignement fut après guerre maintenu et complété : Spellman et son équipe d’ecclésiastiques américains avaient dès la guerre assuré l'aide aux «prisonniers de guerre», puis aux «réfugiés» à l'Est de l'Europe; leur mission d'espionnage s’accompagna ensuite d’«action psychologique» contre les nouveaux gouvernements alliés à l'URSS.

Seul le Vatican, par le réseau dont il disposait à Rome même et dans chaque pays grâce au clergé, épiscopat allemand et autrichien en tête, pouvait aider les États-Unis (les Britanniques, et d'autres encore, Français inclus) dans cette double tâche, légitimée par la priorité de la croisade anti-rouge. Elle avait commencé avant la capitulation allemande, sous la houlette de Mgr Hudal, nazi autrichien endurci dont Pacelli avait fait la glorieuse carrière romaine, pour sauver les plus grands criminels de guerre, allemands, d’Eichmann à Barbie, de Bormann à Brunner, et satellites, Oustachis en tête, mission déjà présentée. Washington soutint donc précocement la thèse vaticane selon laquelle les clercs traduits devant les tribunaux n’étaient que d’innocents adversaires politiques que «les communistes» avaient ainsi trouvé le moyen d’éliminer: dès 1945, Pie XII transforma Stepinac, demeuré sur place, en martyr de Tito, mythe couvert par Washington et à sa suite l’« Occident » (pourtant sans illusion). Cette collaboration clandestine le fut de moins en moins au fil de la guerre froide. L'administration américaine avoua dès 1947 combien elle appréciait «cette source d'informations et ce moyen d'action sur tous les pays de l'Est et du centre de l'Europe que constituent les cadres du catholicisme». Dans les années cinquante, la diplomatie considérait les ecclésiastiques américains du Vatican», toujours dirigés par le «Richelieu du Texas» (Spellman) comme de purs spécialistes du «renseignement. Truman, qui, depuis son accession à la Présidence (avril 1945), avait multiplié les effusions avec Pie XII, bannit toute précaution pendant la Guerre de Corée, exaltant en octobre 1951 « l'importance du Vatican comme centre d'informations, “autant dire d'espionnage” ». Pour leurs motifs propres, économiques en premier lieu malgré les apparences, comme après la guerre précédente, les États-Unis relevèrent l'Allemagne occidentale et disculpèrent, en étroite collaboration avec le Vatican, cet État où le retour au statu quo n'avait épargné aucun secteur, économie, justice, enseignement, monde politique, etc. Il en alla de même en Italie où ils procédèrent au replâtrage hâtif des élites compromises jusqu'au bout avec le fascisme.

Sous la couverture désormais du combat anti-rouge, ils reproduisirent la guerre à peine achevée le mécanisme qui avait naguère œuvré au démantèlement de la Yougoslavie. Alors que les Anglais Churchill et Eden à Moscou avaient en octobre 1944 reconnu l’octroi de Trieste et Pola à la Yougoslavie, Washington refusa, troupes à l’appui, Trieste à Tito : cet abcès précoce des rapports entre Alliés du guerre offrait un moyen de pression sur l'URSS, sur la Yougoslavie, mais aussi sur l'Italie. Car le régime de De Gasperi se montra aussi revendicatif contre la Yougoslavie sur cette zone de la Vénétie julienne que du temps de Nitti et de Mussolini; et, soutenu par le Vatican, il clama ses bons droits d'«Occidental» à la révision du Traité qui sanctionnait sa défaite: le règlement américain de la question en octobre 1953 rendit Trieste à l'Italie, à la grande fureur (clandestine) du Quai d'Orsay et à la grande joie de Pie XII, qui « se réjouit des bonnes nouvelles de Trieste » en réclamant pour l’Italie l’Istrie entière. Les «ligues» du Nord présentent aujourd'hui des revendications balkaniques que la Démocratie chrétienne avançait ouvertement pendant la Guerre froide. Washington pesa lourd à Belgrade pendant les années de fâcherie avec Moscou, mais l’inclinaison de Tito vers l’Ouest ne sauva pas son pays des griffes du « lobby Stepinac de Spellman » (expression de la presse américaine en septembre 1951). L’action sécessionniste conduite tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la Yougoslavie par les alliés du « lobby » ne connut jamais de pause : le PC « sent parfaitement [l]e danger» qui menace le pays, et il lutte contre le Vatican tout s’efforçant de ne pas rompre avec l’Église ? quadrature du cercle ? « car il y a, dans la question catholique yougoslave, assez de force explosive pour désagréger un jour l'empire slave que Tito a recueilli de la succession des Karageorges (sic) » (G. Heuman, consul de France à Ljubljana, juin 1947). La contribution des États-Unis à la dislocation yougoslave va donc bien au-delà des développements récents de leur vieille politique pétrolière au Moyen-Orient musulman.

Quant au Reich, les années cinquante lui rendirent, notamment par la voie ecclésiastique, la place perdue en 1945 en terre yougoslave. Le Vatican avait d'abord dû jouer la carte américaine, nommant en 1946 nonce («visiteur apostolique») en Yougoslavie après guerre l’Américain Hurley, de l’équipe de renseignement de Spellman. Belgrade s’était réjouie trop tôt d’échapper aux méfaits d'« un Italien » : Mgr Hurley alluma l’incendie pendant les premières années au bénéfice apparent de Stepinac. Après quoi les Yougoslaves eurent en 1950 effectivement droit à « un Italien », chargé des mêmes missions, Oddi. Puis vint au milieu de la décennie le temps des Allemands : Tardini, secrétaire des Affaires extraordinaires, expliqua en décembre 1954 au diplomate français Burin des Rosiers qu’un Allemand conviendrait bien mieux qu’« un Yougoslave », puisque « la majorité des membres du clergé et des fidèles catholiques yougoslaves parlent allemand ». Tout porte à croire que les décennies suivantes ne changèrent pas la donne.


Un point sur les sources :


Mon travail sur la Yougoslavie s’est appuyé sur la consultation des archives du Quai d'Orsay portant sur tous les pays d'Europe et sur les États-Unis (de 1890 à la fin des années 1950) et des archives publiées par les États, notamment les Foreign Relations of the United States (FRUS), les Documents on British Foreign Policy, 3d Series (1919-1939), les Documents on German Policy (1933-1941) (publication d’après-guerre des Alliés anglo-saxons), les séries allemandes Die grosse Politik der Europäischen Kabinette 1871-1914 et Akten zur deutschen auswärtigen Politik, 1918-1945, consultables, en usuels, à la Bibliothèque de Documentation Internationale Contemporaine (BDIC) de l'Université de Nanterre. 

Le lecteur en trouvera la liste dans mon article « Le Vatican et les buts de guerre germaniques de 1914 à 1918 : le rêve d'une Europe allemande », revue d'histoire moderne et contemporaine, n° 42-44, octobre-décembre 1995, p. 517-555, et surtout mon ouvrage Le Vatican, l'Europe et le Reich de la Première Guerre mondiale à la Guerre froide (1914-1955), Paris, Armand Colin, 1996 (tout ce qui figure plus haut en provient, avec les références). Ajouter à sa bibliographie Marco Aurelio Rivelli, Le Génocide occulté, riche en documents, Lausanne, L’âge d’homme, 1998; Christopher Simpson, Blowback. America’s recruitment of Nazis and its effects on the Cold War, New York, Weidenfeld & Nicolson, 1988 (largement fondé sur les archives « déclassifiées » de la CIA, essentiel sur le sauvetage-recyclage des bourreaux), et John Cooney, The American Pope. The life and times of Francis Cardinal Spellman, New York, Times Books, 1984. 

La dernière biographie de Pie XII perçoit l’intérêt porté par le Vatican aux Balkans, entre le concordat de Serbie de 1914 et le dépècement de 1941, mais situe mal la « politique à l’Est » du Vatican en général et la question yougoslave en particulier (John Cornwell, Le pape et Hitler, Albin Michel, Paris, 1999).