Informazione

POGROM [en francais]


1. Article de "Liberation Online", 17/3/2004
2. "les enfants sont morts noyés en représailles d'une embuscade contre
un adolescent serbe...": version catégoriquement démentie dès le
premier jour par le porte-parole de l'UNMIK
3. Renforts de l'Otan au Kosovo, interventions à Mitrovica
(par Frederik Dahl - Reuters, 21 mars)

4. Serbes du Kosovo : LA VALISE OU LE CERCUEIL
(Le Figaro Magazine, J.-L. Tremblais, 9 avril 2004)

5. Kosovo : Un voyage pour rompre cinq ans de silence
(Comité de Surveillance OTAN, www.csotan.org )

6. Une possibilité que le Kosovo rejoigne l'OTAN
(B92, 16 mai 2004)

7. Kosovo – 5 ans après
(Markus Sanz, Comité pour la paix en Yougoslavie, Suisse)


---

SOURCES:
Anti-imperialiste mailing list
http://chiffonrouge.org/cgi-bin/mailman/listinfo/anti-imperialiste
Alerte OTAN mailing list
http://it.groups.yahoo.com/group/alerte_otan


=== 1 ===

http://www.liberation.fr/page.php?Article=186903

MITROVICA, Serbie-et-Monténégro - Une dizaine de personnes ont trouvé
la mort, mercredi au Kosovo, au cours d'affrontements entre communautés
serbe et albanaise qui passent pour les plus graves depuis que la
province de l'ex-Yougoslavie a été placée sous l'autorité de l'Onu en
1999.

Cette flambée de violence est un revers pour la communauté
internationale à l'approche des négociations sur le futur statut de la
région, où l'hostilité entre les différentes communautés ne s'est en
rien résorbée.

"C'est une situation très dangereuse", a déclaré Derek Chappell,
porte-parole de la police onusienne.

Tleurat Sejdiu, responsable du ministère kosovar de la Santé, a affirmé
que six personnes avaient trouvé la mort à Mitrovica, ville du nord du
Kosovo où une rivière et un cordon de police de l'Onu tiennent
théoriquement à distance les deux communautés.

Elle a ajouté que trois autres étaient mortes au village de Caglavida,
dans le centre de la province, et qu'un individu avait été tué dans
l'ouest par un policier de l'Onu.

"PIRES ACTES DE VIOLENCE"

Deux jeeps des Nations unies ont été incendiées à Mitrovica, où les
soldats de la paix ont dû progresser dans l'après-midi immeuble par
immeuble, à grand renfort de gaz lacrymogènes, pour mettre en place une
zone de sécurité. Plusieurs habitations serbes ont été incendiées dans
des villages que les Serbes ont dû fuir escortés par les soldats de la
force de l'Otan (Kfor). Un bureau de poste serbe, une clinique, une
école et une dizaine d'habitations ont ainsi été brûlés à Kosovo Polje,
près de Pristina.

Angela Joseph, porte-parole de la police de l'Onu, a précisé qu'une
militaire des Nations unies avait été contrainte d'ouvrir le feu en se
voyant attaquée dans la ville de Pec, dans l'ouest de la province.

"Elle était à deux doigts de recevoir une brique dans la tête", a dit
la porte-parole.

"Il s'agit des pires actes de violence perpétrés depuis longtemps", a
déclaré à Bruxelles un responsable de l'Otan. "Il faut que chacune des
communautés lance un appel à l'arrêt des violences."

Le Kosovo est administré par l'Onu depuis les bombardements de l'Otan
(1999), qui avaient entraîné le retrait des forces serbes de la
province. L'intervention alliée visait à mettre fin à la répression
exercée par les Serbes contre les Albanais de souche.

Les violences de mercredi font craindre que les Albanais ne se
retournent à nouveau contre l'Otan et l'Onu s'ils jugent que leur
indépendance tarde à venir.

Les heurts ont débuté en matinée à Mitrovica autour du pont de l'Ibar,
qui sépare les quartiers serbe, au nord, et albanais, au sud. Une foule
d'Albanais en colère après la mort par noyade dans un village voisin de
plusieurs enfants, provoquée selon eux par des Serbes, a tenté
d'envahir la partie serbe de la ville.

Selon les Albanais, les enfants sont morts noyés en représailles d'une
embuscade contre un adolescent serbe à Caglavica. Ce dernier a été
grièvement blessé par balles.

PLUS DE 300 BLESSES

Les forces de l'Onu et de l'Otan se sont interposées, tentant de
disperser la foule à l'aide de balles en caoutchouc et de gaz
lacrymogènes. Des coups de feu ont alors retenti et des grenades ont
été lancées.

A la tombée de la nuit, les deux camps ont pu être séparés et un
couvre-feu a été imposé à Mitrovica. Mais la situation était moins
claire ailleurs dans la province. Certains bilans font état de 300
blessés côté albanais et de 70 autres côté serbe.

Au village serbe de Caglavica, au sud de Pristina, la capitale
provinciale, plusieurs centaines d'Albanais ont franchi un cordon de la
police onusienne et incendié deux habitations.

La télévision serbe a montré des images des troupes de l'Otan, épaulées
par des hélicoptères, tentant de repousser les assaillants à l'aide de
gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes.

A Pec, des Albanais ont incendié trois maisons appartenant à des
Serbes. Une trentaine de Serbes ont trouvé refuge dans une église visée
par des jets de pierres.

A Belgrade, le Premier ministre serbe Vojislav Kostunica a écarté tout
envoi d'une force militaire serbe au Kosovo, comme le demandaient des
députés.

17/3/2004


=== 2 ===

Date: Sun, 21 Mar 2004 11:16:53 +0100
Subject: [Anti-imperialiste] [alerte_otan]Violence intercommunautaires
au Kosovo pacifié par l'OTAN - précision

"Les heurts ont débuté en matinée à Mitrovica autour du pont de l'Ibar,
qui sépare les quartiers serbe, au nord, et albanais, au sud. Une foule
d'Albanais en colère après la mort par noyade dans un village voisin de
plusieurs enfants, provoquée selon eux par des Serbes, a tenté
d'envahir la partie serbe de la ville. Selon les Albanais, les enfants
sont morts noyés en représailles d'une embuscade contre un adolescent
serbe à Caglavica. Ce dernier a été grièvement blessé par balles."

Cette version a été catégoriquement démentie dès le premier jour par le
porte-parole de l'UNMIK :

No Serbs involved in drowning: UNMIK | 01:58 | Beta

Le porte-parole de l'UNMIK Derek Chappell a déclaré cette nuit que le
seul survivant de la noyade d'hier avait dit aà ses parents que lui et
ses trois amis étaient entré dans la rivière d'eux-même, et avaient été
immédiatement pris par un courant très puissant. Le graçon avait réussi
à regagner la rive, mais ses 3 compagnons ont été emportés. L'incident
s'est produit aux environs de 16h30 et la police commencé à effectuer
des recherches le lond de la rivière à peu près une heure et demie plus
tard. 2 corps ont été retrouvés jusqu'ici. Les violents incidents dans
tout le Kosovo ont éclatés après qu'on ait prétendu que les garçons
avaient été pourchassés dans la rivière par des Serbes avec un chien.
Chappel a déclaré aux médias à Pristina que cela était catégoriquement
faux, d'après le récit du survivant.

[PRISTINA -- Wednesday - UNMIK spokesman Derek Chappell said tonight
that the survivor of yesterday's Ibar River drowning has told his
parents that he and three friends entered the river alone and were
immediately caught up in the heavy current.The boy managed to reach the
opposite bank of the river, but his three companions were swept
away.The incident happened at about 4.30 p.m. and police began a search
of the river about an hour and a half later. Two bodies have been found
so far.Today's violent incidents around Kosovo were sparked after
claims that the boys had been chased into the river by Serbs with a
dog.Chappell told media in Pristina tonight that this was definitely
not true according to the account of the surviving boy.]

Le bilan est actuellement de 31 morts, 600 blessés et 3.600 sans-abris.


=== 3 ===

Date: Sun, 21 Mar 2004 11:10:17 +0100
Subject: [Anti-imperialiste] [alerte_otan] Kosovo : "Les Albanais
tentent de se débarrasser des Serbes et de créer un fait accompli avant
toute négociation"


'des bombardements de l'Alliance atlantique destinés à mettre fin à la
répression serbe du soulèvement des albanophones' : La version
officielle est manifestement indifférente au fait que.d'une part les
fascistes de l'UCK avaient été soutenus dès 1996 par les services
secrets occidentaux, et que d'autre part que l'Alliance n'est
absolument pas troublée par l'épuration ethnique qui se poursuit depuis
5 ans au Kosovo contre les minorités non-albanophones. Les succès
remarquables obtenus par l'OTAN, c'est plutôt le retour de
l'ex-Yougoslavie dans le giron des multinationales, l'installation
d'une grande base militaire US (Camp Bondsteel) et l'instauration d'un
régime fasciste et maffieux au Kosovo.
R.M.

Renforts de l'Otan au Kosovo, interventions à Mitrovica
par Frederik Dahl
Reuters, 21 mars

PRISTINA, Kosovo (Reuters) - L'Otan a dépêché des renforts au Kosovo
vendredi après deux journées de violences entre albanophones et Serbes
qui ont fait 31 morts dans l'ensemble de la province serbe placée sous
tutelle provisoire de l'Onu.

Malgré un apaisement apparent, les incidents se sont à nouveau
concentrés vendredi sur la ville de Mitrovica, où les premiers
affrontements avaient éclaté mercredi en marge d'une manifestation de
Kosovars albanophones, dont la frange extrémiste voulant chasser la
minorité serbe de la région serait, selon l'Otan, à l'origine des
violences.

La France a décidé l'envoi de 400 soldats supplémentaires, qui
devraient arriver (demain) samedi, pour renforcer la force
internationale de paix au Kosovo (Kfor), dont les effectifs sont
actuellement de 18.500 militaires.

La France, qui comptera désormais 2.900 soldats au Kosovo, doit prendre
le commandement de la Kfor au cours de l'été.

Quelque 600 soldats allemands supplémentaires devraient également
rejoindre le Kosovo samedi tandis que le Danemark s'est engagé à
fournir une centaine de soldats en renfort.

Cent-cinquante des 750 militaires promis par la Grande-Bretagne sont
arrivés vendredi, au lendemain de 150 soldats américains et 80
carabiniers italiens.

Malgré ces renforts, la crainte est vive au Kosovo que les 48 heures de
violences communautaires n'aient d'ores et déjà infligé des dégâts
irrémédiables au processus engagé en 1999.

FAIT ACCOMPLI

"Les Albanais tentent de se débarrasser des Serbes et de créer un fait
accompli avant toute négociation", juge un responsable occidental sous
le sceau de l'anonymat. "Toute personne disposant d'un minimum
d'expérience politique peut le constater."

L'Otan et l'Onu ont pris le contrôle du Kosovo en 1999 à la suite des
bombardements de l'Alliance atlantique destinés à mettre fin à la
répression serbe du soulèvement des albanophones de la province. Les
représailles des Kosovars albanais avaient contraint quelque 200.000
Serbes à fuir le Kosovo.

Quelque 100.000 Serbes sont restés, principalement dans le nord de
Mitrovica et dans quelques enclaves.

Pour le Haut Commissariat de l'Onu pour les réfugiés (HCR), cette
nouvelle flambée de violence pourrait provoquer un nouvel exil serbe et
"menace d'annihiler des années d'efforts internationaux" pour
réconcilier Serbes orthodoxes et Albanais musulmans.

A Belgrade, quelque 15.000 Serbes ont manifesté pour exiger des Nations
unies qu'elles s'interposent face aux "terroristes albanais".

Le commandant des forces de l'Otan pour le sud de l'Europe, l'amiral
américain Gregory Johnson, a fait part de la détermination de
l'alliance à mettre fin à ce qui s'assimile, selon lui, à du "nettoyage
ethnique".

TIREUR ISOLE

La Kfor est intervenue vendredi à Mitrovica pour évacuer un immeuble
d'habitations ébranlé par une puissante explosion d'origine inconnue.
Ce bâtiment se trouve dans la partie serbe de Mitrovica mais est
essentiellement habité par des albanophones.

Auparavant, toujours à Mitrovica, quelque 300 soldats et gendarmes
français de la Kfor ont pris le contrôle de trois immeubles peuplés
d'Albanais à la suite de tirs d'un tireur isolé.

"Un tireur isolé à Mitrovica a été tué par des tirs de soldats de la
Kfor", a ensuite déclaré à Reuters le lieutenant-colonel Jim Moran,
sans préciser la nationalité de ce tireur isolé.

Un responsable d'un quartier de Mitrovica peuplé essentiellement de
Bosniaques a par ailleurs indiqué qu'un homme avait été hospitalisé à
la suite de tirs d'un franc-tireur.

Les forces de l'Otan sont également restées déployées aux alentours du
pont séparant la ville en deux et près duquel les premières violences
avaient éclaté mercredi.

A Svinjare, village serbe situé à environ cinq km au sud de Mitrovica,
de la fumée s'élevait de maisons incendiées par des Albanais, selon un
habitant.


=== 4 ===

http://www.lefigaro.fr/

Le Figaro Magazine

Serbes du Kosovo : La valise ou le cercueil

28 morts, 600 blesses, 3 200 refugies, 30 eglises ou monasteres
incendies : au Kosovo, les pogroms anti-Serbes ont repris avec une
violence accrue. Pour la premiere fois depuis 1999, des fonctionnaires
internationaux evoquent
publiquement un "nettoyage ethnique". Objectif des extremistes albanais
: se debarrasser des 100 000 derniers Serbes de la province. Reportage
chez les damnes de la guerre.

De notre envoye speciaul Jean-Louis Tremblais

[09 avril 2004]

A notre derniere rencontre, Borislav Kevkic etait en sursis. Ce pretre
orthodoxe veillait sur Saint-Sava, la derniere eglise de Mitrovica-Sud
(NDLR: secteur albanais de cette ville divisee par la riviere Ibar ; le
nord etant serbe). A ses cotes, repartis dans trois bicoques, on
comptait six Serbes : sa femme, deux autres popes temeraires, une
vieille paralytique et paranoiaque, les petits-enfants de cette
malheureuse partant tous les matins a l'ecole sous escorte militaire.
Et puis des chats. Plein de chats, ni serbes ni albanais, felins
apatrides se jouant des check-points et autres barbeles.

Dans cette ultime enclave, protegee vingt-quatre heures sur
vingt-quatre par les soldats de la Kfor (la force multinationale de
l'Otan), interdite de sortie sous peine de lynchage, cette communaute
irreductible et anachronique (sur)vivait tant bien que mal. Six Serbes
au milieu de 80 000 Albanais. Les derniers des Mohicans. Chaque
dimanche, le pere Borislav sonnait les cloches a toute volee. Pour la
forme, car Saint-Sava restait vide, les Serbes de Mitrovica-Nord
refusant de s'aventurer de l'autre cote du pont, chez les Shiptars (nom
que se donnent eux-memes les Albanais et que les Serbes emploient avec
mepris). Malgre tout, le pretre disait la messe. Pour lui et les siens.
Pour Dieu et la Serbie. <Si je m'en vais, me disait-il, ils
construiront une mosquee.>

Huit mois plus tard, si la mosquee n'est pas encore construite,
l'eglise est deja detruite... Incendiee le 18 mars lors du pogrom qui a
fait 28 morts et 600 blesses dans tout le Kosovo. De Saint-Sava il ne
reste qu'un batiment calcine et la croix du toit (trop haut pour les
vandales). A l'interieur, ce n'est plus qu'un tas de cendres : icones,
statues, chaire, autel, etc. Idem pour les habitations, pillees avant
d'etre brulees. Le cimetiere du jardin, ou reposent des
ecclesiastiques, a ete profane. Steles renversees et fracassees. Des
parachutistes francais (la brigade multinationale nord-est de la Kfor,
qui controle la region de Mitrovica, est placee sous commandement
francais) gardent desormais cet amas de ruines que meme les chats ont
deserte, griffons ecoeures par le spectacle de la folie humaine.

- Il faisait nuit, se souvient le pere Borislav, aujourd'hui refugie a
Mitrovica-Nord, en zone serbe et donc sure. Les Albanais ont defonce
les grilles. Ils reclamaient ma tete. Je les entendais vociferer.
Heureusement, les soldats marocains de la Kfor sont venus nous chercher
et nous ont sortis de l'enfer. Nous n'avons pas eu le temps de faire
nos valises. On a ramasse ce que l'on pouvait dans un sac en plastique,
et puis adieu. Les Albanais
ont commence par casser, par voler. Le lendemain, ils ont tout fait
flamber.
Quarante annees de ma vie sont parties en fumee !

Maisons incendiees et scenes de pogrom

Pour echapper a ses tourmenteurs, le religieux a ete exfiltre grave a
un helicoptere francais. Il squatte maintenant la maison d'un pope,
avec une couverture et quelques hardes dans son balluchon. Ils sont 3
200 Serbes (et quelques Ashkalis, des Tziganes musulmans persecutes
egalement par les Albanais en tant qu'ex-collaborateurs du regime
Milosevic) dans le meme cas.
Dans la novlangue onusienne, on les appelle les IDP (Internal Displaced
Persons), litteralement des <personnes internes deplacees>. Subtilite
juridique qui evite de les comptabiliser comme refugies et permet de
sauver la face. <Vous avez droit au retour>, leur a promis Harri
Holkeri, administrateur finlandais de l'ONU au Kosovo. Mais revenir ou
? Sept
villages serbes ont ete rayes de la carte. Svinjare, Obilic, Kosovo
Polje, Gnjilane, Caglavica, Lipljan, Urosevac. A Pristina, capitale de
la province, il n'y a plus un Serbe. Les 200 qui vivotaient encore dans
les barres HLM du YU Program ont fui leurs appartements livres a la
rapine et au pillage.

Pour l'instant, ils sont accueillis soit dans les camps de la Kfor,
soit dans les enclaves rescapees comme Mitrovica-Nord ou Gracanica.
C'est toujours la meme histoire, avec des variantes plus ou moins
sordides. Un air de deja vu dans ces maudits Balkans. Toujours au
printemps, poussee de seve et de sang, comme au Moyen Age, apres la
treve hivernale. Toujours et encore les memes masques, tragiques et
fatigues, marques par le fatum. Au pied du monastere de Gracanica,
Ljubica Milkovic, 73 ans, poignet dans le platre suite a un tabassage,
raconte comment elle a vu debarquer des centaines d'Albanais dans son
village et comment les soldats de la Kfor l'ont sauvee
des flammes. A l'hopital de Mitrovica, Goroljub Janackovic, 64 ans,
machoire edentee et crane bande, relate comment il s'est barricade dans
les toilettes quand les Albanais ont envahi sa maison. Il a reussi a se
degager et a s'enfuir dans les champs, non sans ecoper d'un coup de
hache sur la tete au passage.

Personne ne croit plus a des represailles spontanees qui au-raient
eclate suite a la noyade de trois enfants albanais dans la riviere
Ibar, le 16 mars. Selon cette these developpee par les medias et les
leaders albanais, les trois gosses, courses par des Serbes, se seraient
jetes dans l'eau pour echapper a leurs poursuivants. Telle est la
version rapportee par un quatrieme adolescent, pretendu survivant de
cette sinistre affaire. Diffuse
le jour-meme sur une tele locale, son temoignage aurait provoque la
colere des Albanais du Kosovo et declenche les violences des 17 et 18
mars.

- La realite est bien differente, confie sous couvert d'anonymat un
fonctionnaire de l'ONU. D'abord, la chronologie des faits : entre le 12
et le 16 mars, trois Serbes ont ete tues par balle et un quatrieme
blesse. Le signal de l'hallali avait donc ete donne avant la noyade.
Ensuite, il y a effectivement un survivant a cette noyade, mais c'est
une survivante, une fille ! On se demande alors qui est le gamin qui a
temoigne devant les
cameras. Qui l'a instrumentalise ? Enfin, on est frappe par la
simultaneite des attaques, lesquelles sont intervenues dans tout le
Kosovo presque en meme temps. Et avec des moyens lourds : armes
automatiques, grenades defensives, cocktails Molotov. Comme si tout
avait ete planifie et concerte depuis un moment.

Impossible de verifier les assertions sur la noyade : invoquant le
secret de l'instruction, la police de la Minuk (Mission des Nations
unies au Kosovo, 4000 hommes de toutes les nationalites) refuse de
communiquer sur ce dossier.

Eglises orthodoxes saccagees

Une chose est sure : les auteurs des exactions n'ont pas agi au hasard,
sous le coup de l'emotion. Il suffit de voir leurs cibles. Outre les
particuliers, les activistes albanais (les veterans de l'UCK,
l'ex-armee de liberation du Kosovo, sont fortement soupconnes d'avoir
teleguide les operations) ont vise des monuments emblematiques,
symboles de la <Jerusalem serbe>, ainsi que l'Eglise orthodoxe designe
le Kosovo. Trente eglises ou monasteres orthodoxes, dont plusieurs
joyaux de l'architecture medievale, ont ete incendies en moins de
vingt-quatre heures.

A Prizren, pour ne citer que cette ville : les eglises du
Christ-Sauveur, Saint-Nicolas, Saint-Cosmas et Damian, le monastere des
saints Archanges, tous monuments du XIVe siecle. Depuis 1999, 145 lieux
de culte ont ainsi ete detruits. La plupart avaient resiste a cinq
siecles d'occupation ottomane ; ils n'ont pas supporte cinq ans
d'administration onusienne...

Fait nouveau : c'est la premiere fois depuis 1999 que de hauts
responsables du Leviathan multinational qui preside aux destinees du
Kosovo parlent de <nettoyage ethnique>. C'est l'expression utilisee par
l'amiral Gregory Johnson, commandant de l'Otan pour le sud-est de
l'Europe. Pour le general italien Alberto Primicerj, qui commande l'une
des cinq brigades de la Kfor, <ce plan pour mettre le Kosovo a feu et a
sang etait pret de longue date>.
Il faut dire que ce printemps tragique illustre une escalade dans la
violence. Nous avons pu nous procurer un <document a diffusion interne>
de l'ONU qui insiste sur deux elements inedits.

Primo, indique la note, <le changement le plus significatif est
l'apparition de snipers>. Genre Sarajevo, ce qui est de mauvais augure.
Ce fut le cas a Mitrovica (ou un sniper albanais, qui tirait sur des
soldats danois de la Kfor, a ete abattu), a Pristina et a Lepo Selo,
sur la route de Skopje.
Secundo, poursuit le rapport, <il y a une tendance deliberee a attaquer
la Kfor et la police de la Minuk>. Autrement dit, a s'en prendre a la
communaute internationale. C'est ainsi que l'ONU a perdu une centaine
de vehicules, lamines ou carbonises, que plusieurs de ses bureaux
(comme celui du House and Property Directorate a Mitrovica-Sud) ont ete
aneantis, que
nombre de ses employes ont du etre transferes en lieu sur, avec
interdiction de se deplacer sur les routes. Sans oublier le tribut
verse par les soldats de la Kfor : 61 blesses, dont trois graves.

Pour les Serbes, la prise de conscience des <internationaux> est aussi
timide que tardive. 250 000 d'entre eux ont quitte la province depuis
l'intervention de l'Otan. Sur deux millions de Kosovars, ils ne sont
plus que 100 000. Doublement punis : par l'epuration ethnique qu'ils
endurent au quotidien et par la segregation sociale (ne restent au
Kosovo que les Serbes les plus pauvres, ceux qui n'ont ni les moyens ni
les contacts pour
s'etablir ailleurs). Le probleme, c'est que si des personnalites
isolees commencent a ouvrir les yeux, ce ne semble pas etre le cas au
sommet des organismes internationaux qui regissent le monde. En
temoigne ce communique surrealiste du Conseil de securite de l'ONU, en
date du 18 mars (soit apres les evenements) : <La creation d'une
societe multiethnique, tolerante et democratique dans un Kosovo stable
demeure l'objectif prioritaire de la communaute internationale.> A
mourir de rire ? <Non, a mourir tout court>, repondent les Serbes.


http://www.lefigaro.fr/magazine/20040408.MAG0020.html


=== 5 ===

Kosovo : Un voyage pour rompre cinq ans de silence

Après des années de silence médiatique, les sanglants événements de
mars dernier ont brutalement rappelé que la violence n'avait jamais
cessé de gangrener le Kosovo. Administré par l'ONU et occupé par les
troupes de l'OTAN depuis 1999, ce territoire est en passe de devenir «
ethniquement pur », les minorités y étant systématiquement discriminées
et expulsées.

Pourtant, il y a cinq ans, en guise de justification de 78 jours de
bombardements sur la Serbie et le Monténégro, les leaders occidentaux
nous avaient promis que le Kosovo deviendrait un modèle de tolérance
multiethnique, de démocratie et de respect des droits humains. Ces
beaux principes ont même été coulés dans une résolution de l'ONU,
mettant le territoire sous sa responsabilité et autorisant son
occupation par une force de l'OTAN.

Cinq ans plus tard, le Kosovo est loin d'être le paradis promis. Outre
le fiasco économique (70 % de chômage !) et son rôle de plaque
tournante pour les trafics en tous genres (êtres humains, héroïne.), la
province serbe - dont le « statut définitif » pourrait être examiné
l'an prochain par les grandes puissances - est petit à petit « épurée »
de ses nombreuses minorités. Depuis sa mise sous tutelle, les
deux-tiers de leurs membres - Serbes, Roms, Slaves musulmans, Croates,
Turcs. - ont été expulsés par des extrémistes de la communauté
albanaise, des milliers d'entre eux ont été assassinés ou sont portés
disparus depuis la cessation des combats. Environ 150 églises et
monastères orthodoxes, certains bâtis il y a plus de sept siècles, ont
été détruits. Les quelques dizaines milliers de non-Albanais qui y
vivent encore ont dû se replier dans des enclaves protégées, plutôt mal
que bien, par les troupes de l'OTAN et leur liberté de mouvement est
strictement limitée.

Afin de se rendre compte de la situation vécue par les minorités dans
ce protectorat sous contrôle occidental et leur exprimer notre
solidarité, le Comité de surveillance OTAN (CSO), soutenu par des
organisations de divers pays *, a pris l'initiative d'organiser cet été
un voyage d'inspection citoyenne au Kosovo . Nous irons dans les
enclaves où ces minorités subsistent, nous rencontrerons quelques uns
de leurs responsables, ainsi que l'un ou l'autre fonctionnaire
international. Une visite d'un camp de réfugiés, peut-être en Serbie,
est également prévue. Tous ceux qui souhaitent s'informer sans parti
pris sur ces problèmes et sur la réponse des représentants de la «
communauté internationale » sont les bienvenus. Etant donné l'objectif
du projet (« rompre cinq ans de silence »), chaque participant devra
selon ses moyens partager son expérience avec son entourage après son
retour.

La visite au Kosovo débutera vers le 15 août et durera 8 à 10 jours. Le
logement sera effectué aussi souvent que possible chez l'habitant. Les
déplacements seront effectués au moyen des voitures des participants,
si nécessaire la location d'un véhicule supplémentaire sera effectuée
sur place. Comme les participants proviendront de divers pays, un
briefing sera organisés dans une ville proche - probablement Belgrade -
la veille du départ groupé vers le Kosovo.

* Stop USA (Bruxelles), Comité pour la paix en Yougoslavie (Genève),
Voix des Roms (Liège), Voice of Roma (Sebastopol, Californie), Kelebek
(Italie)

Si vous êtes intéressé(e) par ce projet, si vous souhaitez plus
d'informations sur sa préparation, si vous voulez être tenu au courant
de ses suites, contactez-nous :

CSO, 31 rue de Dublin, 1050 Bruxelles, Belgique
info@...
0(032) 474 46 97 08

Comité de Surveillance OTAN, www.csotan.org


=== 6 ===

http://www.b92.net/english/news/
index.php?&nav_category=&nav_id=28396&order=priority&style=headlines

Une possibilité que le Kosovo rejoigne l'OTAN
B92, 16 mai 2004

Le commandant de l'OTAN George Johnson a déclaré lors d'une rencontre
avec le premier ministre du Kosovo Bajram Rexhepi, qu'il est concevable
que le Kosovo rejoigne l'OTAN dans un avenir 'pas tellement éloigné'.

"Le processus qui nous attend est difficile; nous avons plein de choses
à faire, et je promets que je ferai tout ce que je peux. Mais nous
devons rassurer chacun que les revendication de vivre ensemble en paix
fonctionnent également au niveau local.[?] De cette manière, nous
prouverons à tous que nous travaillons à former une communauté stable,
multiethnique au Kosovo", a dit Johnson.

Un membre du conseil exécutif, Oliver Ivanovic, a déclaré à B92 qu'il
n'y avait absolument aucun moyen pour que le Kosovo rejoigne l'OTAN,
car ce n'est pas un pays indépendant. "Il ne peut être membre de
l'alliance que de façon indirecte, via la Serbie-Monténegro", a-t-il
dit.

A possibility of Kosovo joining NATO

PRISTINA -- Sunday - NATO commander George Johnson said, at a meeting
with Kosovo Prime Minister Bajram Rexhepi, that Kosovo could
conceivable join the NATO alliance in the "not so distant future."

"The process that awaits us is difficult; there is a lot for us to do,
and I promise that I will do everything I can. But, we have to assure
everyone else that claims of living together in peace are working on
the local level as well. In this manner, we will prove to all that we
are working on forming a stable, multiethnic community in Kosovo."
Johnson said.

Executive council member, Oliver Ivanovic told B92 that there is
absolutely no way that Kosovo can join NATO, because it is not an
independent country.

It can only be part of the NATO alliance indirectly, through the
country of Serbia-Montenegro." he said.


=== 7 ===

Kosovo – 5 ans après

Markus Sanz


Le mercredi 24 mars 1999 marque une date sinistre de notre histoire:
pour la première fois depuis 1945, un Etat souverain de l’Europe, qui
n’avait attaqué personne et ne représentait une menace pour aucun pays
voisin, se voyait bombardé par une alliance militaire placée sous
commandement américain, au mépris total des règles du droit
international et en violation flagrante de la charte de l’ONU.

Le 24 mars 1999, début du bombardement de la République fédérale de
Yougoslavie par l’OTAN, fut, on le voit aujourd’hui, une date
charnière. Depuis ce jour, la même armée a inauguré une série continue
de ­guerres d’agression mobilisant des moyens colossaux, déstabilisant
des continents entiers et reposant sur des alibis fabriqués de toutes
pièces, comme cela avait été le cas pour la Yougoslavie.

Depuis 5 ans, cette date est commémorée par les adversaires de la loi
de la jungle planétaire. Cette année, elle prend un relief particulier
à la suite du nettoyage ethnique et religieux du Kosovo perpétré par
les extrémistes albanais, blanchis et couverts par l’occupant
occidental.

Faut-il le rappeler? Ces événements ne sont pas une surprise pour les
observateurs avertis. L’administration du Kosovo par les forces
américaines et leurs alliés a, depuis toujours, misé exclusivement et
totalement sur les extrémistes indépendantistes, partisans d’un Kosovo
albanais ethniquement pur et disposant de ressources inépuisables,
celles du trafic de drogue et de la prostitution. De nombreuses voix
s’étaient élevées depuis des mois, pour annoncer que des massacres
auraient lieu si l’on ne fait rien. On n’a rien fait.

Il est fort à parier qu’une photo passera à l’Histoire comme symbole de
la plus grande erreur commise par l’Europe de la fin du XXe siècle:
celle montrant Bernard Kouchner, alors premier représentant spécial du
Secrétaire général des Nations Unies au Kosovo, Wesley Clark, chef des
forces américaines et Hashim Thaçi, le chef de l’UÇK terroriste,
faisant serment d’indéfectible amitié.

Endoctrinement des populations par le contrôle absolu de l’information

Sous prétexte de combattre une purification ethnique serbe inventée de
toutes pièces pour justifier la guerre, on aura réussi à en réaliser
une vraie, dans l’autre sens. Et cela sans que personne ne dise quoi
que ce soit! Ce parfait endoctrinement des populations européennes par
le contrôle absolu de l’information, et ce, au moment précis où l’on
parle de l’avènement de l’Ere de l’information, est le seul véritable
succès de l’OTAN. Car pour le reste, c’est le cauchemar: des milliers
de personnes ont été expulsées de leurs foyers ces derniers jours, dans
le nettoyage des dernières petites enclaves où des Serbes vivaient
encore. 25 églises et monastères ont été incendiés, sept villages
rasés. Ces crimes s’ajoutent à l’exil de plus de 200.000 habitants du
Kosovo et à la destruction d’environ 120 monuments chrétiens, sous
l’œil et la responsabilité de M. Kouchner et d’autres apparatchiks
«humanitaires», et d’une force internationale venue soi-disant rétablir
la paix civile. Depuis 5 ans, les médias occidentaux couvrent de leur
silence ce qui est

• un désastre humanitaire: 800.000 personnes déplacées pendant le
conflit, puis 230.000 habitants chassés de leur foyer après l’entrée
des forces de l’OTAN; une épuration ethnique ouverte: 6000 attaques
contre des Serbes provoquant la mort de plus de 1000 d’entre eux depuis
que les forces d’occupations contrôlent le Kosovo;

• un désastre économique: 29 milliards de dégâts dans les
infrastructures industrielles de la Serbie et du Monténégro (routes,
ponts, hôpitaux, systèmes de télécommunications);

• un désastre écologique: augmentation fulgurante des cancers sur les
territoires bombardés, disparition de certaines espèces animales et
végétales de l’écosystème;

• un désastre pour les relations intercommunautaires: la mise en place
d’un régime d’apartheid et d’injustice, supervisé par l’UNMIK, n’a fait
que radicaliser et enflammer encore davantage les antagonismes;

• un désastre institutionnel: la création d’une zone
constitutionnellement indéterminée ayant pour seule légitimité la
résolution 1244 du Conseil de sécurité bloque, de fait, toute
possibilité de stabilisation de la région;

• un désastre militaire: l’Alliance militaire la plus puissante du
monde n’est pas parvenue à détruire plus de 13 chars, quelques
batteries antiaériennes et quelques véhicules de l’armée Yougoslave en
78 jours de bombardements, ce qui démontre que l’objectif n’était pas
militaire, mais géostratégique, donc sans lien avec des préoccupations
humanitaires;

• un désastre pour le Droit international: cette intervention illégale
des pays membres de l’OTAN a ouvert la porte aux interventions qui ont
suivi en Afghanistan puis en Irak;

• un désastre diplomatique: la farce des négociations de Rambouillet a
ridiculisé l’idée de médiation internationale ayant pour but de trouver
des solutions dans le respect des intérêts des populations concernées.

Que font les armées européennes dans ce cauchemar? Que sont allés y
chercher les Suisses? Qui répondra de ce désastre, imposé au prix du
bombardement féroce de tout un pays?

Qui répondra à ce désastre?

Les éléments de réponses ne manquent pas. Pour l’essentiel, les
mécanismes économiques jouent et la nouvelle donne est l’occasion pour
les entreprises les plus agressives de faire main basse sur de
nouvelles ressources à exploiter (sous-sol, main d’œuvre) dans un
contexte mafieux où les lois et le Droit ne jouent plus, où règne la
loi du plus fort.

On est à des années-lumière de la construction d’une Europe de la Paix
et du Droit. A tel point que l’on peut se demander même si les dégâts
faits dans les Balkans sont rattrapables. Les USA, dont le but premier
de l’intervention au Kosovo est la déstabilisation de l’Europe, font en
tout cas le maximum pour parachever leur œuvre de sape. Du Kosovo, ils
contrôlent aussi bien la voie fluviale du Danube que le passage vers la
Grèce et la Turquie. Ils contrôlent surtout un point stratégique de la
route du pétrole qu’ils veulent soustraire aux Européens. Enfin, ils
contrôlent les sociétés qui désirent s’implanter au Kosovo.

Curieusement, dans ce jeu de Monopoly, pour reprendre l’expression du
journaliste et écrivain Michel Collon (voir «Monopoly, l’Otan à la
conquête du monde»), l’Europe, qui a tout perdu dans l’aventure, n’a
qu’un espoir: que les Albanais, une fois le Kosovo entièrement sous
leur contrôle, se retournent contre leurs bienfaiteurs et complices et
les chassent eux aussi. Scénario possible, mais où l’Europe fait figure
de spectateur bien plus qu’acteur de sa construction.

Quant à la Suisse, la guerre du Kosovo aura été un événement
particulièrement sinistre et triste, que l’Histoire retiendra
probablement aussi, comme un jalon sur la voie de sa désintégration.
C’est, en effet, lors de la guerre du Kosovo que la Suisse, sous la
poussée des médias et du conditionnement généralisé des esprits de ce
moment, a accepté de renier sa propre identité en votant pour que son
armée intervienne dans d’autres pays pour y faire régner l’ordre des
puissants du moments, trahissant par là l’esprit même de son identité,
sa légendaire neutralité et son armée exclusivement vouée à des tâches
de défense.

Un bilan accablant, mais un espoir intact

Ce constat de faillite ne doit pas faire oublier que le présent ne
préfigure pas obligatoirement l’avenir et que l’espoir existe. En
effet, durant ces 5 ans, rien n’a été fait pour la paix et une solution
durable. Absolument rien, quoi qu’on en dise. Des milliers de
personnes, de sociétés, d’organisations, d’ONG, de coopérants se sont
précipités dans les Balkans, mais tous centrés sur leurs idées, leurs
visions, leurs intérêts. Des milliers d’actions de développement ont
été entreprises, mais pour générer des profits, pas pour générer la
paix. De sorte que l’espoir est toujours intact!

Il nous faut absolument le redire ici, le rétablissement de la paix
dans les Balkans et dans le monde passe prioritairement par un refus
clair opposé aux stratégies impériales de division des peuples et par
l’ouverture de vraies négociations politiques et diplomatiques visant à
concilier les parties autour de projets de paix durables, c’est-à-dire
respectueux du droit de tous les peuples à disposer d’eux-mêmes.

Le Comité pour la paix en Yougoslavie, créé le jour où l’horreur des
bombardements a déferlé sur la Serbie, avait, il y a cinq ans rédigé un
manifeste qui reste toujours d’actualité (cf. L’appel de Genève sur
www.gael.ch/collectif). Nous en reprendrons ici la conclusion:

Le Comité pour la paix en Yougoslavie demande aux autorités suisses de

• prendre l’initiative des démarches pour faire juger l’OTAN et les USA
par les tribunaux internationaux pour leur agression du 24 mars 1999
contre la République fédérale de Yougoslavie, au même titre que les
auteurs d’exactions perpétrées sur le terrain;

• mettre en place, en Suisse, le cadre adéquat pour la reprise du
dialogue entre les parties au conflit au Kosovo;

• proposer une approche du problème basée sur la prise en compte des
aspirations des populations et non des extrémistes qui prétendent les
représenter, et ce dans une perspective de respect mutuel aussi bien
des peuples que des individus;

• favoriser la création, en Suisse, d’un Institut de la Paix, institut
de formation chargé d’élaborer des stratégies de médiation et de
résolution pacifique des conflits basées sur les approches utilisées
avec succès dans le contexte de petits groupes.


Source: "Horizons et debats", numero 25, avril 2004 - Comité pour la
paix en Yougoslavie, Cp 915, 1264 St-Cergue, Suisse, courriel:
www.gael.ch/collectif


http://www.apisgroup.org/article.html?id=1860
7. maj 2004. godine

From: "Roland Marounek"
Date: Tue, 4 May 2004 21:10:38 +0200
To: <alerte_otan@...>
Subject: [alerte_otan] Les Etats-Unis, l'Otan et l'armée européenne


Contribution à l'atelier sur l'OTAN de l'European Network For Peace And
Human Rights

Les Etats-Unis, l'Otan et l'armée européenne

Dr Pol De Vos (Belgique)
Coordination contre la guerre Stop United States of Aggression (
www.stopUSA.be )
18 avril 2004

1. La globalisation de la crise économique

Ces vingt dernières années, nous avons assisté à de gigantesques vagues
de concentration du capital à l'échelle mondiale. Actuellement, une
douzaine de multinationales contrôlent les divers secteurs de
l'économie mondiale. Les deux cents principales multinationales
mondiales représentent 25% de la valeur manufacturière mondiale.
Quelques milliers de multinationales (sur un total de 65.000)
détiennent la majeure partie des moyens de production et les font
tourner dans le seul but de réaliser un maximum de profit à l'avantage
de leurs actionnaires.

Partout, l'exploitation s'intensifie. Le nombre de travailleurs se
réduit alors que la productivité s'accroît de façon galopante. Les
travailleurs sont surexploités et sous-payés. L'immense majorité de la
population mondiale est maintenue en dehors de la production
industrielle moderne. Les pays en voie de développement gémissent sous
le fardeau de leur dette : 2.500 milliards de dollars, alors que la
privatisation a permis aux multinationales américaines et européennes
de reprendre la plupart de leurs richesses et entreprises.

La surproduction et la crise sont aujourd'hui un phénomène généralisé.
En vingt ans de globalisation néo-libérale, les remèdes à court terme à
la crise ont été épuisés. En dépit de tous les « gains » réalisés, les
Etats-Unis ont été confrontés à la crise la plus grave de toute leur
histoire. Désormais, la superpuissance américaine place surtout ses
mises sur la « globalisation militaire », sur sa supériorité militaire
écrasante, et ce, afin de sauver ses multinationales au détriment du
reste de la planète. Les Etats-Unis essaient de gonfler l'économie
grâce à une production massive d'armes tout en s'assurant une position
hégémonique à l'échelle mondiale et en ratissant le plus grand nombre
possible de sources de matières premières et de marchés...

L'Union européenne elle aussi est devenue un bloc impérialiste capable
de rivaliser avec les Etats-Unis dans les domaines économique et
financier. L'euro défie la position du dollar américain en tant que
seule devise de réserve internationale. Un transfert vers l'euro d'une
partie importante des actuelles réserves mondiales conservées en
dollars provoquerait un véritable séisme économique. La même chose
serait vraie si une partie importante du commerce pétrolier qui,
aujourd'hui, s'effectue en dollars, passait à l'euro.

2. Concentration de la production d'armes aux Etats-Unis et en Europe

La concentration à l'échelle mondiale du capital s'est également opérée
dans l'industrie militaire. De 1990 à 1998, une série de fusions et de
reprises aux Etats-Unis a abouti à la mise en place de quatre
producteurs géants dans le secteur aérospatial : Lockheed Martin,
Northrop Grumman, Raytheon et Boeing. De 1998 à 2002, le taux de
concentration parmi les grosses compagnies s'est ralenti, mais le
processus s'est poursuivi au niveau des sous-traitants. La
concentration a réduit dramatiquement le nombre d'« entreprises de
tête » - les producteurs terminaux des plus importants systèmes
d'armements – au cours des années 1990. En 1990, aux Etats-Unis, par
exemple, 13 fournisseurs de missiles tactiques fonctionnaient encore.
En 2000 ? ils avaient fusionné en trois grosses sociétés.

Alors que le processus de concentration et de consolidation de
l'industrie américaine de l'armement a été à prédominance nationale,
les industries de l'armement des pays ouest-européens ont poursuivi le
processus de concentration au-delà de tout niveau national, en
conséquence de ce que leurs « marchés » domestiques et leurs budgets
d'achats nationaux se réduisaient progressivement. Depuis la fin des
années 1990, il y a eu en Europe un certain nombre de fusions et de
reprises, ainsi que la constitution de joint-ventures en Europe même.
L'une des conséquences de ceci est l'évolution des trois plus gros
producteurs d'armes de l'Europe occidentale : BAe Systems, EADS et
Thales. Alors qu'ils intègrent sous une seule enseigne la plupart des
grosses capacités de production dans les parts de marché de leurs pays
respectifs, ils acquièrent également des sociétés de production d'armes
à l'étranger.

Les gouvernements ont soutenu cette concentration via le déploiement
d'un large éventail de programmes communs d'armements, la signature de
lettres d'intentions et d'accords-cadres et leur soutien à la création
de joint-ventures.

La dimension transatlantique de cette internationalisation est plus
limitée en raison d'une série de problèmes relatifs au transfert des
technologies et – surtout – en raison de préférences dans le choix des
arsenaux domestiques, et ce dans le contexte de la concurrence
euro-américaine.

A l'instar de ce qui se passe aux Etats-Unis, la concentration de la
production militaire en Europe s'inscrit dans une mondialisation accrue
de la militarisation de l'économie et elle est une composante
essentielle de la construction d'une Europe militaire. Divers organes
ont été instaurés. En 1993, était fondé le COARM, groupe des
« exportations d'armes conventionnelles », dépendant directement du
Conseil européen. Son objectif est de coordonner les exports vers les
pays du tiers monde. En 1995, a suivi le POLARM, le groupe consacré à
la « politique européenne de l'armement », également lié au Conseil
européen. La tâche de ses experts consiste à développer une stratégie
commune. Le 12 novembre 1996, est créée l'Organisation commune de
coopération dans le domaine de l'armement (OCCAR), sur l'initiative des
quatre principaux pays de l'Union : la France, l'Allemagne, le
Royaume-Uni et l'Italie. Son objectif est de coordonner leurs
politiques sur le plan de l'industrie militaire. Après le rachat par
Boeing de McDonnell Douglas, en 1997, les dirigeants européens
craignaient de voir leur industrie militaire terrassée par leurs rivaux
américains. Airbus était en danger. En décembre 1997, les chefs d'Etat
de l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne signaient une
déclaration commune, confirmant que :   « La France, l'Allemagne et le
Royaume-Uni ont un même intérêt essentiel, politiquement et
économiquement, à s'assurer que l'Europe ait une industrie efficace et
compétitive dans le domaine de l'aérospatiale et de l'électronique de
défense. Cela permettra à l'Europe d'améliorer sa position commerciale
dans le monde, de renforcer sa sécurité et de s'assurer un rôle complet
dans sa propre défense. Nous nous sommes mis d'accord sur la nécessité
urgente de réorganiser l'industrie dans le domaine de l'aérospatiale et
de l'électronique de défense. Ce processus devrait inclure, dans le
secteur aérospatial, des activités civiles et militaires, et mener à
une intégration européenne reposant sur un partenariat équilibré. » 1

Le 27 mars 1998, les présidents des sociétés participant au projet
Airbus (DASA, British Aerospace et Aérospatiale) proposaient de
développer une société intégrée, l'European Aerospace and Defence
Company (EADC). L'accord était signé en décembre 1999. EADC contrôle
80% d'Airbus (qui représente 50% de son chiffre de ventes), 100%
d'Eurocopter, 62,5% d'Eurofighter, 25,9% d'Arianespace, 75% d'Astrium,
46% de Dassault, etc. Le groupe français Lagardère et le groupe
allemand Daimler (c'est-à-dire la Deutsche Bank) dominent EADC.

La concentration, européenne conduit à la constitution de quelques
groupes très puissants. Outre EADC, il y a BAe Systems, la nouvelle
appellation de British Aerospace, devenu la première industrie de
défense de la planète, après avoir repris les activités de contrôle de
systèmes de .Lockheed Martin. Son président définissait sa société
comme « la première société américaine en Europe et la première société
européenne aux Etats-Unis ». 2 Son poids est plus important aux
Etats-Unis qu'en Europe. Ce qui constitue – en même temps que les
intérêts pétroliers coïncidents – un élément important pour expliquer
l'impatience britannique de participer à la guerre des Etats-Unis
contre l'Irak. EADS est devenu le « véritable » pôle européen, mais il
est fortement lié à BAe Systems.

Ces développements industriels – aux Etats-Unis et en Europe –
entraînent une véritable course mondiale aux armements. Selon le
Stockholm International Peace Research Institute, quelque 80% du total
des équipements militaires mondiaux sont produits par des membres de
l'Otan (chiffres de 1996). Les membres suivants de l'Otan font partie
des dix principaux producteurs militaires mondiaux : Etats-Unis,
Grande-Bretagne, France, Allemagne, Italie et Canada. Les Etats-Unis,
la Grande-Bretagne et la France, à eux trois, prenaient à leur compte
environ 70% de la production totale d'armements de cette année.

3. Le changement de stratégie de l'Otan 

Yougoslavie 1999 : « Le nouveau concept stratégique »

Après la disparition de l'Union soviétique et du pacte de Varsovie,
l'Otan a progressivement perdu sa raison d'être en tant qu'alliance de
défense. Dans le but d'utiliser l'alliance au profit de leurs ambitions
à l'échelle planétaire, les Etats-Unis tout mis en oeuvre pour que la
doctrine de l'Otan reçoive une nouvelle définition. L'Otan ne devrait
pas uniquement servir à défendre l'intégrité territoriale de ses
membres, mais également à mener des « interventions humanitaires » en
dehors de son territoire.

Cette nouvelle stratégie a été mise en pratique au cours de la guerre
contre la Yougoslavie. Dans ce pays, pour la première fois, l'Otan
intervenait en dehors du territoire couvert par le traité. Ce « nouveau
concept stratégique » fut ratifié par la suite lors d'un sommet qui se
tint à Washington à la fin du mois d'avril 1999. La prétendue « guerre
humanitaire » de l'Otan en Yougoslavie fut vendue au public comme étant
un moyen de régler des conflits entre groupes ethniques, alors que son
but réel était d'étendre les sphères d'influence des Etats membres de
l'Otan et de leurs alliés constitués.

Une récente escalade dans les contradictions ethniques au Kosovo (mars
2004) prouve l'échec complet de l'occupation « humanitaire » par
l'Otan. Les minorités restantes du Kosovo n'ont aucune liberté de
mouvement, vivent dans des ghettos et doivent affronter d'incessantes
attaques terroristes ainsi que la destruction de leurs biens et avoirs.

La « Force de riposte de l'Otan » et l'implication de l'Otan dans la
« guerre contre le terrorisme »

Le sommet de Prague de novembre 2002 a réinséré l'Otan dans la
stratégie d'évolution des Etats-Unis vers la domination mondiale et
qui, aujourd'hui, porte le nom de « guerre contre le terrorisme ».
D'organisation de « défense » (1949), en passant par un stade
d'organisation de « défense et de sécurité » (1999), l'Otan se
transforme en organisation « antiterroriste ».

Le secrétaire général de l'Otan, Lord Robertson, a décrit les décisions
de Prague comme « un nouveau plan de capacités doté de fortes
implications nationales en vue de parer aux besoins les plus urgents;
des propositions concrètes afin d'améliorer les capacités de défense de
l'Otan contre les armements biologiques et chimiques; un ensemble de
mesures antiterroristes qui oblige l'Alliance à intervenir là et quand
c'est nécessaire; des réformes internes garantissant que l'Otan élargie
demeurera une organisation efficace et flexible ». C'est dans ce
contexte qu'a été créée la « Force de riposte de l'Otan », dans le but
d'assurer des interventions mobiles et efficaces en dehors du
territoire même de l'Otan. Cette armée destinée à des interventions
rapides de combat à l'échelle mondiale disposera de 21.000 hommes d'ici
2006. 3">ref3">3

Le contenu concret de cette nouvelle stratégie a été officiellement
accepté durant une réunion de l'Otan à Bruxelles, en juin 2003. A
travers cette réforme fondamentale de l'Otan, l'alliance se prépare
manifestement à mener des guerres un peu partout dans le monde afin de
faire régner l'ordre néo-colonial. Le secrétaire général Robertson
expliquait : « C'est une nouvelle Otan. Une Otan capable de remplir ses
engagements quand les temps se durcissent, depuis le détroit de
Gibraltar au Sud de la Turquie, en passant par les Balkans. Une Otan se
préparant aujourd'hui à entreprendre une exigeante mission de
stabilisation dans la capitale afghane. Bref, une Otan transformant ses
affiliations, ses relations, ses capacités et ses missions. » 4
Robertson était très clair sur les objectifs de l'Otan : l'organisation
veut jouer un rôle central dans la stratégie prévoyant de contrer
toutes tentatives de résistance et d'opposition à la domination et à
l'hégémonie mondiales sous la direction des Etats-Unis. Robertson y
allait ensuite de quelques exemples pour 2003 : « Dernièrement, nous en
avons terminé avec le déploiement de l'aviation de surveillance, des
systèmes de défense balistique et des unités de protection nucléaires,
biologiques et chimiques en Turquie. Nous continuons, dans la
Méditerranée, à mener de larges opérations maritimes contre le
terrorisme. Nous restons engagés de façon décisive dans les Balkans. A
partir d'août, l'Otan assumera le rôle central dans la Force
internationale d'Assistance sécuritaire à Kaboul, en Afghanistan. Et,
la semaine dernière, l'Otan a répondu favorablement à la requête de la
Pologne en faveur du soutien de l'alliance dans le rôle qu'elle va
assumer cet été dans la stabilisation de l'Irak. »

Davantage d'argent pour l'armement, moins pour la sécurité sociale et
la santé...

La « paix et la stabilité » que l'Otan prétend défendre n'est autre
qu'une volonté de s'assurer l'hégémonie mondiale par tous les moyens
nécessaires. La réforme de 2003 comprend quatre points principaux,
comme Robertson l'a expliqué. Tout d'abord, une structure de
commandement plus flexible qui prendra la direction de l'alliance :
« Tous les commandements opérationnels seront sous le contrôle des
nouvelles Opérations du Commandement allié, cantonnées au SHAPE, à
Mons, Belgique. » Secundo, tous les pays membres ont pris une série
d'engagements concrets destinés à accroître leurs capacités militaires,
principalement leurs forces aériennes et navales. Ceci se traduira
nécessairement par une importante augmentation des budgets de la
défense de tous les Etats membres de l'Otan. Tertio, il existe un
accord sur « la création d'un nouvel outil clé, la Force de riposte de
l'Otan. Il s'agira d'une force combattante de réaction robuste et
rapide qui pourra être aisément déployée partout dans le monde. Elle
pourrait avoir une capacité opérationnelle précoce, dès l'automne de
cette année. » Et, finalement, comme l'expliquait Robertson, il y a
« des progrès importants sur le plan de la défense balistique et dans
nos assortiments de défense chimiques, biologiques, nucléaires et
antiterroristes. »

Ces réformes seront réalisées très rapidement, et Robertson est
optimiste : « Le monde a changé fondamentalement pour devenir plus
complexe et même plus dangereux qu'auparavant. Mais l'Otan a su tenir
le rythme. Elle a prouvé son élasticité, sa force et sa détermination.
C'est un facteur décisif dans notre sécurité et dans une stabilité plus
large. Une force pour l'avenir, qui travaille déjà pour la paix
aujourd'hui. »

Puisqu'ils font partie de « l'Initiative des Capacités défensives de
l'Otan », les Etats membres de cette dernière se sont engagés à
accroître leurs capacités militaires dans « des projets de pouvoir, la
mobilité et un accroissement de leurs possibilités
inter-opérationelles ». Ceci va requérir d'importantes dépenses
militaires additionnelles. Depuis 1995, les pays européens de l'Otan
ont déjà accru leurs dépenses en équipements militaires de 11% en
termes réels.

Par le biais de l'Otan, les Etats-Unis poussent l'Europe vers des
dépenses militaires de plus en plus élevées, tout en assurant sa
dépendance vis-à-vis des mêmes Etats-Unis. Le budget militaire
américain atteignait presque 400 milliards de dollars en 2003, alors
que les dépenses militaires totales de ses alliés de l'Otan s'élevaient
à 165 milliards de dollars.

Lors du sommet de l'Otan de décembre 2001, le secrétaire général
Robertson insista sur une augmentation de ces budgets. L'Italie annonça
une augmentation passant de 1,5 à 2% de son PIB et la France allait
augmenter son budget en vue de l'acquisition de nouveaux équipements
(+1.7%). En janvier 2003, le parlement français décidait un
investissement de 14,6 milliards d'euros en 5 ans.

La Belgique et l'Allemagne ont été critiquées par l'Otan parce qu'elles
ne consacraient que 1,5% de leur PIB à des dépenses militaires.
L'Allemagne décida de dépenser 7,8 milliards d'euros par an pour sa
défense dès 2010, soit une augmentation de 78%, en comparaison avec les
4,4 milliards d'euros actuels.

En attendant, les budgets militaires américain et canadien n'ont cessé
non plus d'augmenter, ces dernières années. Les budgets militaires des
pays de l'Otan s'élevaient à quelque 60% des dépenses militaires
totales dans le monde (798 milliards de dollars) pour l'année 2000.

4. Le futur engagement de l'Otan en Irak a déjà été décidé

Pas à pas, l'Otan acquiert une position de force occupante dans les
pays colonisés par l'agression américaine. En Afghanistan, l'Otan a
repris la responsabilité finale de l'occupation. Il s'agissait d'un
nouveau pas qualitatif dans le développement de l'Otan. En décembre
2003, le secrétaire d'Etat américain Colin Powell confirmait que tous
les alliés de l'Otan avaient été unanimement d'accord sur une hausse du
taux d'engagement en Irak. « Pas un seul membre de l'Otan n'a été
contre cette idée ni n'a donné de raisons de ne pas y participer »,
déclara Powell, « pas même la France ou l'Allemagne ». 5 Aujourd'hui,
18 des 26 membres de l'Otan exercent une forme de présence ou l'autre
en Irak.

En février 2004, l'ambassadeur américain à l'Otan, Nicholas Burns,
parlait de « forte volonté politique au sein de l'alliance d'en faire
plus en Irak ». Washington suggérait que l'Otan reprenne le
commandement des divisions déployées en Irak du centre sud actuellement
sous le commandement de la Pologne. Mais Burns ajouta que
l'augmentation de la présence militaire de l'Otan en Afghanistan allait
occuper le centre des discussions au cours des mois à venir. « Je pense
qu'il est trop tôt pour discuter formellement au sein de l'Otan d'un
rôle formel en Irak. La discussion viendra plus tard, peut-être au
printemps ou au début de l'été... » 6

A la suite de la promesse de l'Allemagne, la France et la Belgique,
l'Otan ne sera engagée qu'après la reprise formelle du pouvoir
politique par les Irakiens, à la fin de juin prochain. Même si le
nouveau gouvernement irakien était un régime fantoche complètement
dépendant des Etats-Unis, un tel gouvernement de façade ouvrirait la
voie à une résolution de l'ONU accordant à l'Otan un mandat pour une
prétendue « mission de paix ». A la fin 2004 ou au début 2005, l'Otan
pourrait être sur le terrain. L'Europe désire réellement participer à
une occupation (pacifique). Non à cause de son désir de restaurer la
paix et la souveraineté du peuple irakien, mais pour s'assurer sa part
de profit pour ses propres multinationales...

Naturellement, les évolutions actuelles en Irak influenceront
certainement, et de façon décisive, la date et le mode de participation
de l'Otan dans l'occupation. Mais la décision a été prise. Seule une
intensité croissante de la résistance irakienne ainsi que la capacité
de mobilisation du mouvement de la paix partout dans le monde, et
particulièrement en Europe, pourrait encore l'empêcher.

5. Les Etats-Unis contre l'Europe : les contradictions croissantes

Il ne fait aucun doute que les Etats-Unis sont aujourd'hui la seule
superpuissance disposant de la stratégie, des moyens et de la politique
pour s'assurer et conserver l'hégémonie mondiale. Pour les Etats-Unis,
l'Otan demeure un instrument en vue de garantir cet ordre hégémonique
mondial. Les Etats-Unis utilisent l'Otan pour s'assurer le contrôle de
l'Europe et empêcher toute tentative d'insubordination envers leurs
plans. En 1995, le Pentagone déclarait que « l'Otan est l'instrument le
plus important d'une direction américaine de longue durée sur la
situation de la sécurité européenne ». 7 Steven Metz, un expert de
l'armée américaine, avertissait de ce que « l'objectif américain devait
être de veiller à ce que la capacité défensive de l'Europe se développe
en tant que complément, dans le même temps que le rôle prépondérant de
l'Otan restera intact ». 8

A travers l'Otan, les Etats-Unis continuent à impliquer leurs alliés
dans des guerres d'agression, comme en Yougoslavie, en Afghanistan et
en Irak. Même si le secrétaire général de l'Otan est toujours un
Européen, les Etats-Unis n'acceptent de travailler qu'avec des gens
capables de garantir que cette politique sera toujours mise en
pratique. L'ancien secrétaire général de l'Otan, Lord Robertson,
confirma par exemple lors de la Conférence des Industries de Défense, à
Londres, le 14 octobre 2002, que « même en 2015 et ce, malgré – et
naturellement, en partie à cause de – le gain de puissance de l'Europe,
les Etats-Unis fourniront le noyau indispensable autour duquel les
coalitions militaires se construiront ». 9

L'actuel secrétaire général de l'Otan, l'ancien ministre hollandais des
Affaires étrangères Jaap de Hoop Scheffer, aura besoin de tout sa force
de persuasion pour rebâtir les relations transatlantiques mises à mal
par une querelle entre les Etats-Unis et la France et l'Allemagne à
propos de la guerre en Irak dirigée par les Etats-Unis. Mais les
Etats-Unis sont confiants : de Hoop Scheffer a toujours été un
« transatlantique » très convaincu. « S'il y a bien quelqu'un du camp
transatlantique qui serait à même de construire des ponts vers la
France, c'est lui », a révélé une source diplomatique à Reuters. 10

De Hoop Scheffer avait été accueilli à bras ouverts à la
Maison-Blanche, au début 2003, pour avoir forcé le soutien politique
hollandais à la guerre en Irak dirigée par les Etats-Unis. C'est un
candidat très convenable, pour les Américains, mais il est toujours
acceptable pour les Allemands, pour les Français et les Belges, puisque
les Pays-Bas n'ont pas soutenu la décision d'aller en guerre dans le
sens militaire, mais uniquement dans un sens politique (même si, par la
suite, ils ont envoyé des troupes pour soutenir l'occupation). Il est
surtout une expression de l'équilibre du pouvoir existant au sein de
l'Otan : l'Europe n'a d'autre choix que d'accepter la domination
américaine.

La récente guerre (qui se poursuit, d'ailleurs) en Irak montre de
sérieuses contradictions entre les Etats-Unis et l'Union européenne.
Ces contradictions constituent une expression bien tranchée de la
rivalité croissante entre les deux puissances économiques occidentales
et qui n'a cessé de s'accentuer depuis 1989, lorsque la chute de
l'Union soviétique mit un terme à l'union sacrée avec l'ennemi
communiste. Le Premier ministre belge Guy Verhofstadt expliquait en
février 2003 : « Aussi longtemps que les divisions de l'Armée rouge
pouvaient atteindre le Rhin en 48 heures, il était évident de maintenir
un lien de sang avec nos cousins américains. Mais, aujourd'hui, la
guerre froide est terminée et les points de vue contradictoires peuvent
s'exprimer plus ouvertement. D'un point de vue économique, l'Europe est
devenue une puissance mondiale. Sur le plan international, l'Europe
adopte un profil qui lui est propre, elle développe ses propres projets
et montre ses propres ambitions. C'est aussi ce qui explique les
tensions qui sont apparues au sein de l'Alliance atlantique. » 11

Les différences de stratégie entre les deux blocs économiques sont nées
de la nécessité de l'Europe de conquérir une place plus importante dans
la domination du monde, et cela ne peut se faire qu'au détriment des
Etats-Unis. Ceux-ci sont une puissance économique en déclin, rattrapée
et même dépassée par la puissance économique mondiale de l'Union
européenne. Mais la puissance militaire américaine reste
incomparablement supérieure. A la fin, c'est sur cette force
destructive inégalée que l'impérialisme américain parie afin de
maintenir et de renforcer sa domination et son exploitation au maximum.
L'Europe, qui ne progresse que très timidement dans la construction de
son armée européenne, tente d'empêcher les Etats-Unis de jouer leurs
cartes militaires. Non en raison de l'aversion de l'Europe à l'égard
des armes, mais à cause de son manque d'armes.

Les objectifs militaristes de l'oligarchie européenne étaient déjà
évidents en septembre 1991, trois mois avant le sommet de Maastricht,
lorsque la Table ronde européenne fit son évaluation de la guerre du
Golfe de 1991 : « La crise du Moyen-Orient de 1990 a montré la
difficulté de transposer nos développements techniques et économiques
sur la scène politique : et c'est là le paradoxe européen, un géant
économique mais un nain politique. (...) L'Europe a des intérêts à
défendre dans le Golfe et des idées sur ce qu'il convient de faire.
Mais quand il convient d'user la force, l'Europe n'a pas les mécanismes
de décision ni les moyens qui permettraient d'intervenir. Aujourd'hui,
c'est un anachronisme de prétendre que l'Union européenne peut gérer
ses problèmes économiques d'une façon satisfaisante tout en laissant à
d'autres le soin de débattre les questions de politique étrangère. » 12

Thomas Friedman, journaliste du New York Times et partisan du libre
marché, a montré clairement comment l'économie mondiale est liée à la
guerre quand, en mars 1999, durant la guerre de Yougoslavie, il
écrivait : « la main cachée du marché ne fonctionnera jamais sans un
poing de fer – McDonald's ne peut prospérer sans McDonnell Douglas, le
constructeur du F-15. Et le poing caché qui garde le monde en
sécurité pour les technologies de Silicon Valley s'appelle l'Armée de
terre, les Forces aériennes et le corps des Marines des Etats-Unis. »
13 Il n'est pas superflu de rappeler que l'Union européenne s'est
considérée elle-même comme une institution au service de ses propres
multinationales et que « si McDonald's a besoin de McDonnell, Danone a
aussi besoin de Dassault » . 14

Nain militaire, l'Europe doit jouer la carte économique pour entrer au
Moyen-Orient. Par exemple, les exportations de l'Allemagne vers l'Iran
sont passées de 1,6 milliard en 1999 à 2,33 milliards en 2001. Au cours
des cinq premiers mois de 2002, elles ont augmenté de 17% par rapport à
l'année précédente. L'Allemagne est devenue la principale importatrice
au monde de produits iraniens, à l'exception du pétrole. L'Europe
aimerait également se débarrasser des régimes trop indépendants, trop
attachés à leur souveraineté, trop jaloux de leur propre développement.
Elle aimerait installer des régimes pro-européens en Irak, en Iran, en
Syrie et partout ailleurs, via des moyens politiques, en d'autres
termes, en renforçant les groupes d'opposition pro-européens, ce qu'on
appelle communément la « société civile ». Dans un même temps,
toutefois, la majorité des pays européens sont conscients de ce qu'ils
ne peuvent le faire sans la puissance militaire américaine. Via
l'expérience de la Yougoslavie et – de façon plus évidente – les
véritables contradictions en Irak aujourd'hui, l'Union européenne est
de plus en plus convaincue de la nécessité d'avoir sa propre armée.
Néanmoins, l'Otan reste le seul cadre dans lequel l'Europe,
aujourd'hui, peut intervenir militairement et à grande échelle dans le
monde.

Par conséquent, même s'ils s'opposent à l'agression contre l'Irak, la
plupart des Etats européens ont soutenu de diverses façons les efforts
de guerre américains en Irak. L'armée américaine a été autorisée à
utiliser tous les ports, aéroports et autres infrastructures des pays
de l'Otan.

6. L'expansion de l'Otan vers l'Est

Après l'annexion par l'Otan de la République tchèque, la Hongrie et la
Pologne voici quelques années, l'adhésion récente de la Bulgarie,
l'Estonie, les Lettonie, la Lituanie, la Roumanie, la Slovaquie et la
Slovénie ont encore accéléré l'expansion de l'Otan vers l'est.

L'expansion de l'Otan vers l'Europe centrale et l'Europe de l'est
représente un moyen d'intégrer les forces militaires de ces pays sous
le contrôle de l'Otan (et principalement des Etats-Unis). En tant
qu'unités militaires de l'Otan, les forces armées des nouveaux Etats
membres de l'Otan doivent se soumettre aux exigences en matière de
standardisation de l'entraînement militaire, des armements et autres
équipements militaires. Ces requêtes de standardisation selon les
normes spécifiques de l'Otan constituent un filon terrible pour les
industries militaires des Etats-Unis et de l'Europe qui vont tirer
d'amples bénéfices de cette extension de leurs marchés d'exportations.

Les nouveaux Etats membres de l'Otan perdent également leur
souveraineté sur d'autres aspects importants de leurs forces armées,
tels le commandement, le contrôle, le fonctionnement des communications
et des renseignements, qui risquent également d'être soumis aux
auspices de la standardisation de l'Alliance.

Les raisons de l'expansion vers l'est de l'Otan sont en majeure partie
économiques. Par exemple, l'accès militaire et le contrôle de l'Otan
sur l'Europe de l'Est aide les sociétés ouest-européennes à s'assurer
des ressources énergétiques stratégiques, tel le pétrole de la mer
Caspienne et de l'Asie centrale. Les sociétés américaines et
ouest-européennes tireront grandement parti du contrôle de l'Otan sur
le corridor pétrolier qui passe par les montagnes du Caucase. L'Otan
veut que ses troupes patrouillent autour de ce pipeline et qu'elles
dominent la route arménienne et russe vers la mer Caspienne. Le Caucase
lui aussi relie le pipeline Adriatique-Ceyhan-Bakou aux pays riches en
pétrole un peu plus à l'est, dans les anciennes républiques soviétiques
de l'Asie centrale que sont le Kazakhstan et l'Ouzbékistan. Des
milliards de dollars en pétrole vont pouvoir, un jour ou l'autre,
emprunter ces corridors vers l'Europe occidentale au profit des
compagnies pétrolières basées en Occident.

Cet élargissement de l'Otan a une influence importante sur les
contradictions internes au sein de l'Otan même. De l'Estonie à la
Bulgarie, les Etats-Unis ont aujourd'hui 10 nouveaux – ou assez récents
– Etats dans l'Otan sur le soutien desquels Washington peut compter
lorsque les contradictions entre les Etats-Unis et l'Europe vont
s'intensifier à l'avenir. L'adhésion de ces pays à l'Otan renforce les
Etats-Unis par rapport à l'Allemagne et la France, les rivaux de
l'impérialisme américains au sein de la « vieille Europe ». Cela
rapproche les forces américaines de la frontière russe, avec des bases
aériennes qui ne sont qu'à cinq minutes de vol de Saint-Pétersbourg. Et
les jeunes travailleurs de ces pays représentent une source
supplémentaire de chair à canon pour les occupations militaires
américaines. Elles sont déjà stationnées en Irak, Afghanistan et
Yougoslavie. 15

Mais Washington a d'autres raisons de procéder à cette expansion de
l'Otan. Avant 1989, les gens vivant dans les sept nouveaux Etats
membres faisaient partie du camp socialiste. La Bulgarie et la Roumanie
étaient des pays indépendants. L'Estonie, la Lettonie et la Lituanie
étaient des républiques de l'Union soviétique. La Slovaquie faisait
partie de la Tchécoslovaquie. La Slovénie était la plus riche des
républiques yougoslaves. Les peuples de tous ces pays avaient accès à
la gratuité de l'éducation, des soins médicaux et ils connaissaient
pour ainsi dire le plein emploi. Les différences de salaires étaient
relativement minimes. Aujourd'hui, l'éducation, les soins médicaux et
tout le reste sont assujettis au « libre marché » dominé par les
monopoles occidentaux. L'extrême minorité de gens très riches dans ces
pays le sont en raison de leurs connexions avec ces monopoles. Il y a
beaucoup de chômage, aujourd'hui, et, par ailleurs, des travailleurs
très pauvres. Les conditions de vie, spécialement pour les
travailleuses, se sont vilainement détériorées. Les gouvernements qui
ont accepté les exigences liées à l'adhésion au sein de l'Otan,
désirent cette adhésion à l'alliance en vue d'une protection future si,
d'aventure, la classe ouvrière de leur pays se révoltait.

7. Une pression croissante vers une armée européenne

L'armée européenne est à l'ordre du jour parce que la superpuissance
européenne veut jouer un rôle dans la lutte pour le repartage du monde
qui a débuté lorsque l'URSS a disparu.

La « guerre contre le terrorisme » est le prétexte d'une lutte commune
où « Américains et Européens sont des partenaires dans ces valeurs
communes qui sont au-delà de toute discussion ». 16Aucun gouvernement
européen ne doute de la nécessité de l'Otan. Même ceux qui sont le plus
« européens » savant que, pour la défense de leurs intérêts communs,
ils ont toujours besoin, et durant de nombreuses années encore, de
l'Otan et de son infrastructure. Verhofstadt explique sa conception de
l'armée européenne en tant que « pilier européen au sein de l'Otan ».
« La solidarité au sein de l'Alliance risque de disparaître en raison
de son manque d'équilibre : une superpuissance et 18 Etats, la plupart
européens, sans une ligne commune en matière de défense, et dont
certains pensent toujours qu'ils sont eux-mêmes une superpuissance,
alors que, comparés aux Etats-Unis, ils ne font guère le poids. »

Mais pour la France et l'Allemagne (et la Belgique), le pilier européen
de l'Otan n'est qu'une étape vers la construction d'une armée
européenne indépendante comparable à celle des Etats-Unis. Par
conséquent, dans certaines régions, ceux qui sont considérés comme des
« terroristes » par certains, ne sont pas nécessaires des
« terroristes » pour d'autres. Les Etats qui fournissent pétrole et gaz
au continent européen sont, en maintes occasions, en conflit avec
Washington. Ces « Etats voyous », pour reprendre l'étiquette de la
Maison-Blanche, assurent 27% du pétrole européen. Et cela, sans compter
les 14% de la Russie, les 3% de l'Algérie et les 2% du Venezuela, trois
pays qui n'entretiennent pas de très bonnes relations avec
l'impérialisme américain.

C'est un point essentiel sur lequel les intérêts européens et
américains risquent de diverger de plus en plus à l'avenir. Le
Moyen-Orient et l'Asie centrale sont plus importants pour
l'approvisionnement pétrolier de l'Europe que pour les Etats-Unis.
Ainsi donc, cette partie du monde est stratégique pour l'Europe (et
pour le Japon, la Chine, le reste de l'Asie et la Russie). Par
conséquent, le fait que les Etats-Unis sont intéressés par le contrôle
de cette région constitue une affirmation de leur désir d'hégémonie.
Alors qu'en même temps, c'est l'endroit par excellence où cette
suprématie pourrait être défiée.

La confrontation au sujet de l'Irak, en 2002-2003, révèle les
contradictions croissantes entre l'impérialisme américain et
l'impérialisme européen. Manifestement, ceci concerne moins les « armes
de destruction massive » que la mise en place d'un ordre nouveau dans
le monde arabe.

De là vient la demande d'accélérer la constitution d'une force
militaire européenne, capable de défendre les intérêts des monopoles
européens chaque fois qu'ils divergent des intérêts américains ou ceux
de tout autre concurrent ou ennemi. Il y a dix ans, la France et
l'Allemagne avaient déjà développé l'Eurocorps auquel la Belgique, le
Luxembourg et l'Espagne sont susceptibles de participer. La chose avait
été perçue comme le point de départ de la future armée européenne.
Depuis, le pilier de la politique étrangère et sécuritaire commune
(CFSP) a été introduit dans le traité de Maastricht (1993). 17 Lors du
sommet de Cologne de juin 1999, un mois après la guerre contre la
Yougoslavie, il fut décidé qu'une « force européenne d'intervention
rapide » de 60.000 soldats allait être créée.

Mais les contradictions demeurent et se sont encore accrues depuis la
guerre de l'Irak. Alors que la Grande-Bretagne considère clairement
l'armée européenne comme un « pilier de l'Otan », la France et
l'Allemagne (ainsi que la Belgique) soutiennent la constitution d'une
« avant-garde européenne » composée des pays désireux d'accélérer le
développement d'une « politique sécuritaire et défensive européenne ».

8. Conclusion

L'axe France-Allemagne-Belgique affirme que la constitution d'une armée
européenne est une nécessité pour développer un contrepoids à la
politique hégémonique des Etats-Unis. Ces trois pays présentent
l'Europe comme une alternative humaine, sociale, écologique et
multilatérale aux Etats-Unis. Verhofstadt affirme : « L'union
européenne a un profil plus modéré dans le monde que les Etats-Unis,
sans pour autant leur être inférieure. L'Europe est présentée comme un
exemple de coopération multilatérale. L'Europe est perçue comme un
continent sensible aux problèmes sociaux et écologiques, comme un
continent qui comprend que sa propre richesse est vulnérable si la
plupart des peuples du monde souffrent de la faim. » 18

Nous ne sommes pas d'accord avec cette déclaration. L'armée européenne
n'est pas une solution à la politique de guerre américaine. C'est
également une armée impérialiste, au service des intérêts économiques
des monopoles européens. Sa création accroît le danger de guerre,
conduit à la militarisation de l'économie, à l'explosion des budgets
militaires et à la rupture des droits démocratiques.

Si « l'Europe des monopoles » parle de diplomatie, de dialogue et de
multilatéralisme, c'est avant tout parce qu'elle n'a pas encore les
moyens d'imposer ses vues face à la puissance militaire américaine. Le
passé européen en Afrique, en Amérique latine ou en Asie montre la
férocité de l'impérialisme européen là et quand il a été dominant.
L'armée européenne ne fera qu'accélérer la rivalité et le danger d'une
guerre mondiale majeure. Plus cette armée sera en mesure de développer
sa capacité d'intervention à l'étranger, plus elle renforcera la
capacité politique de l'Union européenne, plus elle rendra possible une
politique européenne indépendante en faveur des multinationales
européennes, plus elle donnera à l'Union européenne la possibilité de
défendre ses zones d'influence contre d'éventuels concurrents, comme
les Etats-Unis, par exemple. Ceci peut mener à d'importants conflits,
comme on l'a vu lors des deux précédentes guerres mondiales.

Un commentaire final.

Sans aucun doute, la crise à propos de l'Irak a sévèrement divisé
l'Otan. Mais à l'égard du Moyen-Orient, les intérêts communs de
l'Europe et des Etats-Unis sont – dans la situation actuelle sur le
terrain, en Irak – sans commune mesure plus importants que ce qui
oppose les Etats-Unis et l'Union européenne. Tous deux veulent garantir
la « stabilité » de la région du Moyen-Orient. Les Etats-Unis sont
obligés par la réalité des choses de laisser leurs partenaires entrer
dans l'affaire. Et l'Europe a hâte de le faire. Malgré toute la rancœur
qui pourrait toujours subsister au sein même de l'alliance, l'Otan
subit une profonde transformation qui en fait une organisation
« dont les principales missions sont la sécurité collective et la
gestion de la crise et dont le principal centre d'activité est de plus
en plus situé dans le monde musulman. L'Otan aujourd'hui assure la
sécurité de l'Afghanistan. Et, au-delà, l'Otan se prépare actuellement
à se déplacer vers le Moyen-Orient. » 19 La question de savoir si, et
quand, l'Otan va entrer en Irak dépendra de la résistance opposée par
le peuple irakien à ses occupants. « Bien que l'actuelle priorité de
l'Otan soit l'Afghanistan et qu'elle soit réticente à entrer en Irak
sauf si ses membres de mettent d'accord autour de cette idée, le
principe de l'engagement au Moyen-Orient ne fait pas l'objet d'une
contestation. Ce serait plutôt la question de savoir comment procéder,
c'est-à-dire les modalités de cet engagement. En fait, l'Otan est
manifestement en voie de créer une base plus solide pour ses relations
avec le Moyen-Orient. Le nouveau plan de l'Otan, baptisé « Davantage
d'initiative au Moyen-Orient », sera dévoilé lors de son prochain
sommet à Istanbul, en juin. » 20

S'ils veulent bloquer les préparatifs de guerre américains et préserver
la paix mondiale, les peuples du monde ont raison d'exiger le retrait
des troupes d'occupation américaine des Balkans, de l'Afghanistan et de
l'Irak, la dissolution de l'Otan et le démantèlement des bases
militaires américaines à l'étranger. Le mouvement anti-guerre mondial
prend de l'ampleur, dans le même temps que le surcroît de l'agressivité
américaine et la complicité de l'Otan vont nous aider à renforcer son
caractère anti-impérialiste.

Nous nous opposons à toute augmentation des budgets militaires, à tout
développement ou production de nouvelles armes. Pas un cent, pas un
homme pour l'armée impérialiste. Pas d'argent pour la guerre
impérialiste, mais pour l'éducation, la santé et l'emploi. Nous
soutenons le droit des nations opprimées à se défendre. Nous luttons
pour la signature de pactes de non-agression, dans le but de préserver
la souveraineté et la sécurité collective des nations.

Notes

1
http://www.archives.premier-ministre.gouv.fr/jospin_version2/PM/
091297.HTM.

2 Burkard Schmitt. “From Cooperation to Integration: Defence and
Aerospace Industries in Europe,” Chaillot Paper 40, Paris: Western
European Union Institute for Security Studies, juin 2000. p.53.

3Robert van de Roer, NAVO gaat ingrijpend reorganiseren,
NRC-Handelsblad , 7 juin 2002.

4 http://www.NATO.int/docu/update/2003/06-june/e0612a.htm.

5www.cnn.com – 4 décembre 2003.

6www.yahoo.com – Reuters, 5 février 2004.

7US Department of Defense, United States security strategy for Europe
and NATO, juin 1995.

8Steven Metz, The American army in the Balkan, strategic alternatives
and implications, Strategic Studies Institute (SSI), janvier 2001.

9www.NATO.int/docu/speech/2002/s21014a.html.

10http://www.reuters.co.uk/
newsPackageArticle.jhtml?type=topNews&storyID=376518§ion=news .

11Discours prononcé par le Premier ministre Guy Verhofstadt à La Haye,
le 19 février 2002.
(http://www.diplomatie.be/fr/press/speechdetails.asp?TEXTID=4661)

12 ERT, Remodeler l'Europe, Bruxelles, septembre 1991, p.58.

13 Friedman Thomas. New York Times Magazine, 28 mars 1999.

14 Geoffry Geuens. The B Russell s Tribunal, Questioning the New
Imperial World Order.p.51, Bruxelles, avril 2004. (
www.brusselstribunal.org )

15Stratfor Weekly , 2 février 2004.

16 Lydia Pnevmaticou, « Aspects juridiques de la politique européenne
de sécurité et de défense », Institut d'études de sécurité - Union de
l'Europe occidentale, Publications occasionnelles, n°31, novembre 2001,
p.1.

17 http://ue.eu.int/Pesc/default.asp?lang=en.

18 Discours prononcé par le premier ministre Guy Verhofstadt à La Haye,
le 19 février 2002.
(http://www.diplomatie.be/fr/press/speechdetails.asp?TEXTID=4661)

19 Stephen Blank, NATO's Drive to the East (February 11, 2004). Stephen
Blank is a Professor in the Strategic Studies Institute at the U.S.
Army War College.
http://www.inthenationalinterest.com/Articles/Vol3Issue6/
Vol3Issue6BlankPFV.html .

20 Ibidem.



Pour vous désabonner de cette liste de diffusion, envoyez un email à :
alerte_otan-unsubscribe@...

Pour retrouver les messages précédemment envoyés:
http://fr.groups.yahoo.com/group/alerte_otan/messages

Cette liste est gérée par des membres du Comité de Surveillance OTAN.
Les opinions éventuellement exprimées n'engagent que les auteurs des
messages, et non le CSO.

RELAZIONE SUL TOUR DI JUERGEN ELSAESSER IN ITALIA:

I BALCANI SENZA LA JUGOSLAVIA ?
Cinque anni dopo l'aggressione
Un anno dopo la cancellazione formale del paese degli slavi del sud
La rimozione continua...


Si e' svolta nei primi giorni di aprile 2004, a cura del Coordinamento
Nazionale per la Jugoslavia (CNJ) e grazie all'impegno di svariate
realta' locali (spec. l'area Lavoro e Societa' - Cambiare Rotta della
CGIL di Torino, la federazione di Trieste del Partito della
Rifondazione Comunista, e l'Associazione Zastava Trieste) una seconda
serie di conferenze di Juergen Elsaesser in Italia - e precisamente a
Milano, Torino e Trieste.

1. CONSIDERAZIONI GENERALI E LINK UTILI

Le conferenze hanno coinciso con il quinto anniversario della
aggressione della NATO contro la Repubblica Federale di Jugoslavia, e
si sono tenute a pochissimi giorni di distanza dai pogrom di meta'
marzo, scatenati dagli irredentisti pan-albanesi nella provincia del
Kosovo-Metohija, che hanno costato la vita ad una ventina di persone.

Juergen Elsaesser e' l'autore di "MENZOGNE DI GUERRA -
Le bugie della NATO e le loro vittime nel conflitto per il Kosovo"
(Napoli, La città del sole, 2002), testo del quale e' uscita da poche
settimane in Germania una nuova edizione (la quinta!) aggiornatissima
e quasi doppia per numero di pagine, contenente nuove sezioni sul
Kosovo, sul processo-farsa contro Milosevic, e sui crimini di guerra
commessi dalla NATO nel 1999.
La versione italiana del libro "Menzogne di guerra" riproduce dunque
una precedente edizione tedesca; anche se una riedizione aggiornata in
lingua italiana sarebbe auspicabile, la versione esistente rimane di
grandissima utilita' e valore, e non a caso ha avuto una notevolissima
diffusione nel nostro paese, con migliaia di copie vendute. Per una
presentazione del libro (Indice e Quarta di copertina) rimandiamo alla
URL:
http://it.groups.yahoo.com/group/crj-mailinglist/message/1815
Una recensione apparsa su "Liberazione" si puo' leggere alla pagina:
http://it.groups.yahoo.com/group/crj-mailinglist/message/1985

Un primo giro di dibattiti con Elsaesser, sempre a cura del CNJ, si
era gia' svolto nel settembre 2002, con tappe a Roma, Napoli, Bologna
e Milano. L'ultima citta' e' stata di nuovo scelta dall'autore per
organizzarvi un dibattito quest'anno, anche a causa della presenza
nella metropoli lombarda di una forte comunita' jugoslava.
[Sui dettagli logistici del giro di conferenze di Elsaesser in Italia
vedi:
https://www.cnj.it/INIZIATIVE/elsaes2004.htm ]

In generale, ci e' sembrato importante, come coordinamento nazionale,
riproporre con iniziative pubbliche e di dibattito la tematica
jugoslava. Da affrontare, quest'ultima, da diversi punti di vista,
tutti cruciali.
Il primo e' il punto di vista del Kosovo-Metohija, cioe' quella
provincia della Serbia la cui situazione e' stata resa assolutamente
tragica dai bombardamenti e dalla occupazione militare della NATO,
come dimostra la cronaca recente.
Il secondo e' il punto di vista piu' generale del quadro balcanico,
che i mass media continuano a deformare secondo gli interessi
geostrategici e di ricolonizzazione economica delle grandi potenze;
tra queste ultime, oggi, possiamo includere come polo imperialista
autonomo (spec. franco-tedesco) la Unione Europea, che porta
gravissime responsabilita' rispetto alla degradazione dei rapporti
sociali ed "interetnici" su quel territorio.
lnfine, un punto di vista complessivo da considerare e' quello degli
assetti globali nell'era della "guerra infinita" scatenata dalla
amministrazione Bush, guerra alla quale l'Italia partecipa attivamente
disponendo di truppe sul territorio di tutti i paesi prima
destabilizzati, poi aggrediti ed occupati: dopo le repubbliche
jugoslave, L'Afghanistan e, soprattutto, ovviamente l'Iraq.

Portare la problematica jugoslava nel piu' generale movimento contro
la guerra, ristabilendo la memoria e la conoscenza delle vicende
gravissime di questi anni, resta il compito essenziale che ci
prefiggiamo come coordinamento nazionale in questa fase.

Sulle iniziative precedenti con Elsaesser e su tutte le altre
iniziative del CNJ vedi anche:
https://www.cnj.it/INIZIATIVE/index.htm

Alla pagina: http://www.juergen-elsaesser.de , invece, si trovano
tutti gli aggiornamenti sulle altre iniziative e sugli scritti di
questo autore.
Il testo "L'ultimo giorno di Sanja", che costituisce uno dei capitoli
della nuova versione del libro di Elsaesser e che, tradotto in lingua
italiana, e' stato recitato nel corso delle varie conferenze, si puo'
invece leggere al sito:
https://www.cnj.it/documentazione/sanja.htm

Il testo di una delle relazioni di Elsaesser - quella tenuta a Milano
- e' stato trascritto integralmente da Babsi Jones e si puo' leggere
in allegato oppure al sito:
http://www.exju.org/archivio/incontro_con_jurgen_elsaesser_testo_integrale_=
e_immagini.html

2. MILANO 4 APRILE

Rinviamo alla pagina suddetta anche per alcune fotografie
dell'avvenimento, sul quale di seguito relazioniamo in breve.

L'iniziativa, svoltasi nel circolo "Concetto Marchesi", e' durata più
di 3 ore, e alla fine si e' avuta persino difficolta' a chiudere:
nessuno voleva andarsene! Come relatore, oltre ad Elsaesser, era
invitato anche FULVIO GRIMALDI, noto reporter di guerra e recentemente
autore del libro "Mondocane: Serbi, Bassotti, Saddam e Bertinotti" -
che tra gli altri affronta anche il tema della disinformazione
strategica sulla Jugoslavia, vedi:
http://it.groups.yahoo.com/group/crj-mailinglist/message/3295

Il pubblico era costituito da almeno una 50-ina di persone, tra le
quali alcuni giornalisti, molti jugoslavi, la traduttrice del libro,
rappresentanti di organizzazioni ed associazioni tra cui i Cobas, Che
fare, Maquis, eccetera. Non poche le persone venute da fuori Milano,
anche da lontano: Alessandria, Cremona, Lecco e dintorni.

Innanzitutto e' stata data lettura del testo "L'ultimo giorno di
Sanja". Cinque donne, tutte jugoslave, visibilmente commosse si sono
alternate a leggere.
Dopo l'intervento di Elsaesser - che e' riprodotto anche qui in
allegato - ha preso la parola Fulvio Grimaldi, con la medesima
intensita' e passione. Come ha sottolineato Ivana del CNJ - che ha
condotto l'iniziativa - entrambi i relatori hanno dimostrato nei loro
interventi "l'amore per il nostro paese e la
lotta per la verità. Un amore ed una lotta dimostrati dal fatto che
entrambi sono stati cacciati via dai rispettivi posti di lavoro per
colpa nostra..." Mentre infatti Grimaldi e' stato protagonista della
nota vicenda delle censure e del licenziamento da "Liberazione",
Elsaesser e' stato escluso dalla redazione ed ha infine dovuto
abbandonare la collaborazione alla rivista marxista tedesca KONKRET a
causa di insanabili divergenze sulla interpretazione della fase
internazionale apertasi negli ultimi anni.
La discussione si e' rivelata abbastanza accesa, movimentata a causa
delle diverse chiavi interpretative adottate per gli stessi problemi
da chi, pure, condivide la condanna di fondo per lo squartamento della
Jugoslavia e per la demonizzazione ed umiliazione della parte
maggioritaria di quel paese - i serbi.

Nel corso della iniziativa sono state vendute svariate copie dei libri
di entrambi gli autori-relatori.

3. TORINO 7 APRILE

La serata svoltasi nella sala Pia Lai della Camera del Lavoro di
Torino è andata benissimo. All'iniziativa, organizzata da Lavoro
società - cambiare rotta della CGIL di Torino e dal Coordinamento
Nazionale per la Jugoslavia, ha partecipato un pubblico folto - ad un
certo punto erano 120 persone - e variegato - oltre a sindacalisti,
conoscitori della questione jugoslava, ricercatori e scienziati
impegnati contro la guerra e militanti in varie organizzazioni, era
presente anche il Goethe Institut di Torino.

L'introduzione è stata fatta da Fulvio Perini, della Camera del Lavoro
di Torino. Perini ha ricordato le difficoltà di chi nel '99 era contro
la guerra alla Jugoslavia, e i cambiamenti che ci sono stati nella
opinione pubblica e nella sinistra fino ad oggi.
Molti allora ritenevano che si trattasse di una guerra etnica tra
Serbi ed Albanesi, ma gli avvenimenti successivi in Jugoslavia e nel
mondo hanno dato ragione a chi allora si batteva contro questa guerra.
Juergen Elsaesser, coadiuavato dall'interprete Marija Zivkovic, ha
esposto le ragioni della guerra alla Jugoslavia, le strategie della
preparazione della guerra, ha messo in evidenza la situazione
determinatasi in Kosovo dopo l'occupazione NATO-UCK, ed ha infine
collegato la strategia di questa guerra alle successive e all'attuale
situazione in Iraq.
Elsaesser ha concluso dicendo che il Kosovo dovrà rimanere parte
integrante della Jugoslavia (ora ridotta a Serbia- Montenegro) e
auspicando il rientro delle truppe serbe in Kosovo.

L'attore Beppe Rosso, noto anche per la sua partecipazione al film di
Armando Ceste "Rosso Askatasuna", ha recitato il capitolo "L'ultimo
giorno di Sanja". La lettura, serrata, era accompagnata da musiche
tratte dal recente lavoro di Goran Bregovic, per lo più in lingua rom
e macedone.
Nel successivi dibattito, Maurizio Poletto, di Lavoro e società, ha
ricordato che da tutto quanto emerge la necessità per la sinistra di
ammettere il carattere imperialista e colonialista delle guerre
attuali e la legittimità della resistenza dei popoli.
Un ragazzo dell'associazione di amicizia con la Colombia, ha messo in
evidenza la dura vita dei sindacalisti colombiani, soprattutto donne,
in continuo pericolo di vita: esiste una fondazione a nome di
Raffaello Renzacci, della Camera del lavoro di Torino, che si propone
di aiutare queste donne.

Nel corso della serata e' stato anche proiettato il video "Foto
ricordo", la cui anteprima assoluta si era tenuta la sera precedente a
Condove in Val di Susa nell'ambito del locale festival del
cortometraggio. "Foto Ricordo" e' un breve film sul tema delle vittime
jugoslave delle guerre coloniali degli ultimi decenni - dai
giovanissimi martiri di Kragujevac (1944) ai lavoratori immigrati
sfruttati nel Nord Italia (2003), passando attraverso Sanja Milenkovic
(1999) - quella, appunto, de "L'ultimo giorno". Su "Foto Ricordo" vedi
anche:
http://it.groups.yahoo.com/group/crj-mailinglist/message/3411

Rino, del CNJ, si è "improvvisato" tecnico sia per il video che per le
musiche. Alla fine della serata sono state vendute tutte le copie
rimaste del libro "Menzogne di guerra".

4. TRIESTE 9 APRILE

Inferiore la partecipazione alla serata con Elsasser svoltasi a
Trieste, presso il Circolo della Stampa.

La distribuzione di centinaia di volantini (molti bilingui
italiano-sloveno), l'invio di numerose e-mail, e persino
l'organizzazione di una conferenza stampa di presentazione della
iniziativa (il giorno prima nella sede del gruppo consiliare PRC in
Regione) non hanno potuto molto evidentemente di fronte a condizioni
atmosferiche pessime, con bora e pioggia forte, che hanno certo
scoraggiato molto la partecipazione.
C'e' comunque da aggiungere che la "piazza" triestina risulta tuttora
molto difficile per iniziative-dibattito libere ed autonome sulla
questione jugoslava, questione da sempre "ostica" in certi ambienti
sul confine orientale. La consistente comunita' serba di Trieste (sia
quella "autoctona" che quella dei lavoratori immigrati recentemente ed
a causa della guerra) dopo il 1999 e' apparsa sempre piu' difficile da
coinvolgere: pesa certamente il clima politico in Serbia, che dopo il
colpo di Stato del 5 ottobre 2000 e' viziato da una ventata
reazionaria e filo-occidentale, che tende a rimuovere la memoria della
aggressione della NATO ed a silenziare le voci critiche, e da un clima
culturale bigotto e revisionista.
Paradossalmente piu' presenti a queste iniziative, a Trieste, sono
personalita' progressiste della comunita' slovena.
Alla conferenza stampa era ad esempio presente solo il Primorski
Dnevnik, quotidiano della minoranza di lingua slovena della Venezia
Giulia, mentre hanno preferito tenersi "alla larga" i giornalisti
italiani. Simile era stato l'atteggiamento dei giornalisti anche in
occasione del convegno organizzato come CNJ nel novembre 2002 [vedi:
https://www.cnj.it/TRIESTE161102/index.htm ]
il quale, malgrado lo sforzo di presentazione, il livello degli
invitati e l'oggettivo interesse dei contenuti, aveva visto in fondo
solo poche decine di partecipanti.

Di contro, maggiore fortuna hanno a Trieste iniziative di taglio piu'
culturale e solidaristico: tanto per fare un esempio recente, solo un
mese prima, una serata di poesia contro la guerra con cena di
solidarieta' a seguire aveva visto piu' di quaranta persone presenti e
centinaia di euro di incasso. In generale, la campagna sulle "adozioni
a distanza" dei figli dei lavoratori della Zastava di Kragujevac a
Trieste e dintorni riscuote crescente successo, e va coinvolgendo
sempre di piu' realta' importanti - associative, politiche, sociali e
persino commerciali. Sempre piu' rilevante e' anche il coinvolgimento
e l'appoggio della federazione di Trieste del PRC in tutte queste
attivita'.

Gli organizzatori della iniziativa di Trieste riferiscono comunque di
un intervento interessantissimo, da parte di Juergen Elsaesser, e di
un dibattito di buon livello. Sono state vendute un'altra decina di
copie del libro "Menzogne di guerra", libro che a Trieste e dintorni
nell'ultimo anno e mezzo ha avuto una diffusione notevolissima e per
molti versi sorprendente.


(a cura di Andrea, Ivana, Tamara e Gilberto -
Coordinamento Nazionale per la Jugoslavia)


=== ALLEGATO ===

Apr 5, 04

incontro con jurgen elsaesser : testo integrale

(fonte:
http://www.exju.org/archivio/incontro_con_jurgen_elsaesser_testo_integrale_=
e_immagini.html
)

"...credo che sulla storia di questa guerra e sulle sue vittime sia
stato detto a sufficienza in questa storia, "l'ultimo giorno di
sanja", che è appena stata recitata; vorrei aggiungere qualcosa
piuttosto sulla continuazione delle aggressioni dopo la guerra del
'99. il kosovo è stato "liberato" dalla NATO con il pretesto della
salvaguardia dei diritti umani. con questo pretesto, la NATO ha
occupato il kosovo con quarantamila soldati, e vale la pena chiederci
- dopo questo dispiegamento di forze militari - le cose a che punto
stanno. la situazione in kosovo oggi è peggio di quanto sia mai stata
in precedenza: delle minoranze non albanesi, oltre la metà è stata
espulsa. precisamente 233.000 persone, secondo le cifre fornite dalla
croce rossa. secondo le cifre fornite dal governo di belgrado
sarebbero addirittura 350.000, gli espulsi. in ogni caso, i due terzi
della popolazione non albanese del kosovo è stata espulsa. una tale
proporzione di popolazione albanese non si è mai trovata in fuga,
neppure nei momenti peggiori della storia della regione. ciò
nonostante, soltanto quando si trattava di albanesi si sono udite
parole come "oppressione" e "diritti umani da tutelare". ora che sono
i serbi e i rom a essere espulsi, le notizie le troviamo soltanto sui
trafiletti nascosti dei giornali. dall'ingresso NATO in kosovo sono
stati uccise 2500 persone di etnia non albanese. queste sono le cifre
fornite dal premier serbo zivkovic lo scorso novembre, un ministro
comunemente considerato filo-NATO. in merito a queste stragi non è mai
stata avviata nessuna inchiesta: nessun albanese è mai stato portato
in tribunale accusato di aver assassinato un rom o un serbo. gli unici
casi di sentenza per omicidio riguardano esclusivamente albanesi che
hanno ucciso altri albanesi. e queste sono le cifre di amnesty
interational pubblicate il mese scorso. una particolare attenzione
meriterebbe una di queste stragi, su cui non è mai stata fatta luce:
l'assalto all'autobus nis express nei dintorni di podujevo, in cui
furono uccisi sedici bambini. la polizia all'epoca arrestò cinque
persone, delle quali quattro furono immediatamente rilasciate. il
quinto venne trattenuto nel centro di detenzione ONU perché dalle
indagini risultò che si trovasse sul posto al momento dell'attentato.
a pochi giorni dall'inizio del processo, il detenuto venne prelevato
dalle truppe della NATO e così salvato dal procedimento giudiziario.
gli americani l'hanno portato nella loro base militare di camp
bondsteel; la base di camp bondsteel è la più grande base militare
americana costruita dopo la seconda guerra mondiale: ciò nonostante
l'imputato è riuscito a "fuggire" da questa gigantesca struttura
militare. così, l'attentato ai danni del nis express è rimasto senza
colpevoli. l'ONU e la NATO violano in continuazione la risoluzione
1244 delle stesse nazioni unite. la risoluzione 1244 sarebbe la
ragione per cui le truppe NATO e le forze ONU sono presenti sul
territorio; in barba a questo sia la NATO che l'ONU violano
sistematicamente quanto stabilito dalla risoluzione. ad esempio, la
risoluzione afferma che il kosovo è a tutti gli effetti una regione
del territorio della federazione serbo-montenegrina. ma l'ONU ha
permesso che l'unità commerciale fra il kosovo e la federazione
venisse distrutta introducendo come moneta ufficiale il marco tedesco,
e in un secondo tempo l'euro. in più, dalla scorsa estate, grazie
all'intervento del responsabile dell'ONU in kosovo steiner, l'unione
doganale con la federazione serbo-montenegrina è stato di fatto
interrotta, mentre sono state aperte tutte le possibili unioni
commerciali con lo stato albanese. la risoluzione 1244 prevedeva
inoltre il disarmo delle milizie albanesi; in verità sono state
consegnate solo 10.000 delle 30.000 armi in mano ai guerriglieri
dell'UCK. gran parte dei miliziani sono stati assunti nel cosiddetto
"corpo di protezione del kosovo", il TMK. a capo di questo sedicente
"corpo di protezione civile" c'è agim ceku, che era anche a capo
dell'UCK. questo "corpo di protezione del kosovo" è stato anche autore
delle aggressioni a danno della macedonia nel 2001. queste aggressioni
messe a segno in territorio macedone sono state organizzate in kosovo,
e la parte da cui le unità hanno sconfinato è quella di competenza dei
militari tedeschi. l'allora presidente della macedonia scrisse una
lettera a kofi annan denunciando l'accaduto: uno stato sovrano veniva
aggredito da parte di un territorio sotto egida delle nazioni unite.
se teniamo conto di questi precedenti non ci devono meravigliare gli
atti terroristici subiti dai non albanesi in kosovo due settimane fa.
attacchi organizzati da parte di nazionalisti albanesi in tutta la
regione, che stando alle cifre ufficiali hanno ucciso 30 persone, ne
hanno ferite mille, hanno mandato in cenere 500 villaggi serbi e 30
fra chiese e monasteri medievali. quanto è accaduto ha avuto di fatto
l'aspetto di un pogrom di stampo antisemita, nello stile della russia
dei vecchi tempi. durante i pogrom dei nazisti contro gli ebrei, poi,
la propaganda si inventava che gli ebrei avessero avvelenato i pozzi,
per giustificare le violenze perpetrate. in modo analogo, in questi
ultimi avvenimenti in kosovo si è detto che il casus belli fosse il
fatto che alcuni serbi avrebbero dato la caccia a due bambini albanesi
poi caduti in un fiume e annegati. la notizia è stata divulgata dai
media albanesi martedì 16 marzo, al principio delle aggressioni. io
non so come abbiano trattato la notizia i media italiani, ma in
germania per molti giorni i media hanno semplicemente divulgato la
notizia, sebbene la polizia dell'ONU avesse già smentito il tutto dopo
sole 24 ore, e la polizia ONU stessa avesso chiarito le cause di
quello che è stato un banalissimo incidente. la polizia ONU ha
interrogato un terzo ragazzo albanese presente durante l'incidente, e
il fatto si è rivelato essere solo una tragedia casuale: i bambini
sono annegati mentre si sfidavano fra loro in un gioco pericoloso in
riva al fiume. nessuna persona di etnia serba era presente sul luogo
dell'incidente. ma la smentita non è stata ripresa dai giornali
tedeschi, e quando è stata pubblicata, in trafiletti poco visibili,
molti giorni dopo, l'effetto propaganda era stato comunque ottenuto.
voglio farvi anche notare che i media tedeschi non hanno pubblicato
nessuna fotografia delle vittime serbe del pogrom. non posso fare a
meno di aggiungere che l'impressione che io ne ricevo è che si tratti
di una manipolazione della diffusione delle notizie. io lavoro per un
giornale di sinistra, e noi naturalmente abbiamo cercato di coprire
gli eventi. quando ho scritto il mio pezzo sul pogrom avevo la
necessità di fotografie che illustrassero il mio articolo e ho
domandato alla redazione fotografica di trovarmi le immagini adatte.
mi è stato risposto che le agenzie stampa non avevano inviato nessuna
fotografia delle vittime serbe o dei danni causati ai villaggi serbi e
ai luoghi di culto ortodossi. le uniche foto che sono state scattate e
che noi abbiamo ricevuto sono state le immagini delle due moschee a
nis e a belgrado che nella notte di proteste qualcuno ha incendiato.
in pratica, abbiamo avuto 30 chiese e monasteri ortodossi in fiamme e
due moschee in fiamme, ma le fotografie disponibili erano solo quelle
delle due moschee. tutto questo ha creato la falsa impressione che gli
scontri fossero interetnici e di carattere simmetrico. è stato anche
impressionante il comportamento dei soldati NATO durante il pogrom. mi
limito a descrivere il comportamento delle truppe tedesche perché sono
quelle di cui dispongo di informazioni più precise. il comando tedesco
ha sede a prizren; nel pomeriggio del 18 marzo un vasto gruppo di
albanesi si è diretto verso il quartiere serbo dove erano rimasti 100
serbi (dei 10.000 che abitavano a prizren prima del '99). i soldati
tedeschi hanno evacuato i serbi, però non hanno fermato gli albanesi
dall'entrare nel quartiere: sono entrati e hanno distrutto tutto,
chiese e case. il comandante in carica ha giustificato l'indifferenza
delle sue truppe dicendo che non poteva certo dare l'ordine di sparare
su una folla di civili fra cui c'erano alcuni bambini. trovo strano
che proprio adesso i bambini siano un ottimo alibi per non
intervenire; nel '99, quando i tedeschi hanno bombardato la serbia,
nessuno si è posto il problema dei bambini. gli stessi soldati che
hanno bombardato i civili in serbia adesso si compiacciono di essere
non-violenti, e pare che non sappiano come fermare una manifestazione.
io vi posso confermare in realtà che la polizia tedesca sa benissimo
come procedere quando si tratta di fermare una manifestazione a
berlino o ad amburgo. è molto chiaro che i serbi in kosovo non possono
aspettarsi alcuna protezione da questi 18.000 tedeschi della NATO. per
proteggere i serbi servirebbe ben altro, ed elenco in quattro punti
quello che io ritengo che sia necessartio: 1. che venga rispettata
alla lettera la risoluzione ONU 1244; 2. che si dimetta l'incaricato
ONU per il kosovo holkeri, che ha minimizzato il pogrom liquidandolo
come un "conflitto interetnico"; 3. che vengano arrestati
immediatamente gli esponenti dell'UCK quali thaci e ceku; 4. infine,
che le forze dell'ordine serbe vengano autorizzate a rientrare in
kosovo a protezione della popolazione serba."

[jurgen elsaesser, circolo culturale marchesi, milano, 4 aprile 2004]

by babsi @ April 5, 2004 03:54 AM

Riceviamo con richiesta di diffusione alla nostra mail-list.


--------

 
FORUM CONTRO LA GUERRA
 
Tutta la documentazione sul COMITATO PER IL RITIRO DEI MILITARI
ITALIANI DALL'IRAQ la trovate sul sito WWW.FORUMCONTROLAGUERRA.ORG
 

---


Riunione del COMITATO del 9 Maggio 2004 - Roma e LETTERA APERTA al
movimento contro la guerra
 
1) La riunione del Comitato per il ritiro dei militari italiani
dall’Iraq tenutasi a Roma domenica 9 maggio, ritiene che la visita in
italia del presidente statunitense Bush debba incontrare sulla sua
strada una netta opposizione ed una forte mobilitazione.

Bush rappresenta concretamente l’amministrazione che ha voluto e
realizzato l’aggressione contro l’Iraq, ha dato il via libera al Piano
Sharon di annessione della Cisgiordania ed ha fatto della guerra
preventiva il cardine delle relazioni tra gli Stati Uniti ed il resto
del mondo. La sua visita a Roma è da considerarsi sia una provocazione
contro la vasta opinione pubblica che ha detto no alla sua guerra sia
una operazione strumentale a sostegno del governo Berlusconi e della
tesi secondo cui “l’Italia è stata liberata dagli americani”
contribuendo così a quella campagna di liquidazione del ruolo della
Resistenza antinazifascista nel nostro paese. Con l’amministrazione
Bush non è possibile alcuna complicità o reticenza.

Riteniamo pertanto doveroso e necessario mobilitarci in massa contro la
visita in Italia di George Bush, presidente degli Stati Uniti. In tal
senso sosteniamo la proposta emersa in questi giorni di una grande
manifestazione nazionale il 4 giugno a Roma.

Invitiamo inoltre le organizzazioni sindacali ed i movimenti sociali ad
articolare tra il 4 e 5 giugno scioperi nei posti di lavoro per
consentire ai lavoratori di partecipare ad assemblee, manifestazioni e
presidi contro la guerra ed a promuovere iniziative di disobbedienza
civile e sociale che rendano pubblica la volontà di dichiarare “George
Bush ospite non gradito” nel nostro paese.

 

2) Il Comitato per il ritiro dei militari italiani dall’Iraq rilancia
la raccolta di firme sulla petizione popolare per il rientro immediato
delle truppe italiane e il disinvestimento dalle spese di guerra che, a
partire dal 25 aprile, ha già raccolto decine di migliaia di firme
nelle piazze socializzando gli obiettivi del movimento contro la guerra
ed attivando forme minime ma concrete della vastissima opposizione
dell’opinione pubblica del nostro paese alla guerra. Segnaliamo
l’importanza dell’iniziativa del movimento a Firenze nei confronti
della SACE, la società pubblica che assicura e finanzia la
partecipazione delle imprese italiane all’occupazione e al saccheggio
dell’Iraq. Riaffermiamo l’indicazione di gestire la campagna e la
petizione sia attraverso la costruzione dei comitati locali per il
ritiro dei militari italiani sia nelle forme a rete che meglio
corrispondono all’autonomia e alla situazione delle realtà locali.
Lanciamo un appello particolare alle organizzazioni sindacali a fare
propria la petizione in tutti i posti di lavoro. La campagna deve
proseguire fino a quando le truppe italiane non saranno andate via
dall’Iraq.

 

3) Il Comitato per il ritiro dei militari italiani dall’Iraq, nel
quadro della settimana di iniziative lanciata a Istanbul dal Forum
Sociale Europeo, rilancia a tutto il movimento la proposta di Sabato 26
giugno – vigilia del 30 giugno - come data di mobilitazione per il
ritiro immediato delle truppe all’Iraq, per l’autodeterminazione del
popolo iracheno e palestinese, di sostegno della lotta dei palestinesi
contro il Muro dell’Apartheid di cui ricorre il secondo anniversario
della sua costruzione, per lo smantellamento delle basi militari USA e
NATO in Italia e per un drastico taglio delle spese militari.

La guerra non è finita. Non cesseremo di mobilitarci contro la guerra

 

Roma, 9 maggio 2004


---


LETTERA APERTA AL MOVIMENTO CONTRO LA GUERRA

 

Dal 25 aprile abbiamo cominciato a raccogliere nelle piazze le firme
sulla petizione popolare che chiede il ritiro immediato dei militari
italiani dall’Iraq e il disinvestimento dalle spese di guerra. La
risposta della gente comune è stata entusiasmante, quella della
politica un pò meno. Mentre la gente sembra capire al volo il
significato di una iniziativa semplice ma chiara nei contenuti e nelle
indicazioni, la “politica” anche nelle sue articolazioni associative e
di movimento guarda a tale campagna con disattenzione ed un pizzico di
reticenza.

Abbiamo scelto lo strumento di questa lettera aperta per sottolineare
la riflessione che è stata alla base del lancio della petizione
popolare e richiedere a tutti i soggetti in movimento contro la guerra
un confronto sulle possibili coordinate comuni da poter mettere in
campo nei prossimi mesi.

 

In Italia c’è un ampio movimento che si oppone alla guerra e alla
presenza dei militari italiani in Iraq e che coincide, una volta tanto,
con il sentire comune dell’opinione pubblica. Questa maggioranza reale
non dispone però di una rappresentanza proporzionale nelle sedi dove si
decide, in primo luogo nel Parlamento. Solo una minoranza di
parlamentari sostiene quello che la maggioranza dell’opinione pubblica
e il movimento per la pace chiedono di fare: ritirare subito il
contingente militare italiano dall’Iraq. Questa contraddizione deve
essere portata alla luce non solo come fattore di polemica tra le forze
politiche ma come contraddizione pubblica che attiene ai rapporti tra
società e rappresentanza politica

 

La petizione popolare è uno strumento semplice ma efficace. E’ uno
strumento di attivizzazione sociale minimo ma capillare. Non possiamo
nasconderci alcuni problemi. Tra le grandi manifestazioni nazionali e
la gestione quotidiana della mobilitazione c’è uno iato evidente.
Milioni in piazza il 15 febbraio e il 20 marzo, poche decine nei giorni
successivi davanti al Parlamento o a Palazzo Chigi, poche migliaia il
29 aprile con i familiari degli ostaggi ed i sindaci. Questa guerra non
sarà breve ed ogni giorno aggiunge orrori e annuncia i pericoli di una
sua estensione regionale, la società in cui viviamo non regge i ritmi
di una mobilitazione permanente contro la guerra, ed i soggetti attivi
rappresentano una minoranza sempre più ristretta anche rispetto a
quella “militanza nomade” che si mette in movimento nelle grandi
manifestazioni ma che non accetta i nostri luoghi di riunione,
decisione, iniziativa come adeguati alle proprie possibilità di
partecipazione.

In questo senso, gli strumenti di attivizzazione minima possono essere
quelli più efficaci. C’è chi è disponibile a mettere la bandiera
arcobaleno sul balcone e adesso c’è anche chi si viene a prendere o
scarica dalla rete i moduli per la petizione e si attivizza per
raccogliere le firme nel proprio luogo di lavoro o negli ambiti sociali
che frequenta. E’ un modo semplice ma concreto di veicolare gli
obiettivi del movimento e di rispondere alla domanda di iniziativa di
soggetti non mobilitabili permanentemente.

C’è infine un altro aspetto che è doveroso non sottovalutare. Esiste
sempre il rischio che i movimenti ritengano se stessi autosufficienti,
soprattutto quando la capacità di mobilitazione avviene ai livelli del
15 febbraio e del 20 marzo. Eppure sappiamo che così non è e non può
essere. Esiste un problema di comunicazione sociale continua tra gli
obiettivi del movimento ed il resto della società, una società in gran
parte orientata contro la guerra e che condivide i nostri obiettivi ma
estranea o distante dai giornali o dalle sedi in cui discutiamo. Come
intercettiamo e capitalizziamo questa maggioranza reale? Come e dove
verifichiamo se gli obiettivi del movimento sono chiari e condivisi
dalla gente comune che arriva alle nostre conclusioni ma con passaggi,
tempi, modi diversi dai militanti “attivi”?

 

La campagna per la petizione popolare in qualche modo ci costringe a
verificare le nostre posizioni ed a farlo nei luoghi di lavoro, di
studio o nel territorio. In tal senso riteniamo fondamentale che le
organizzazioni sindacali schierate contro la guerra facciano proprio
questo strumento, lo utilizzino come pretesto per far discutere e
coinvolgere maggiormente i lavoratori nel movimento contro la guerra,
la inseriscano nella agenda della loro attività informativa e
rivendicativa. Diventa altrimenti difficile, come abbiamo verificato,
chiamarli poi allo sciopero contro la guerra.

 

La nascita del Comitato per il ritiro dei militari italiani dall’Iraq,
non è un atto auto-escludente verso le coalizioni di soggetti che fino
ad oggi hanno promosso le manifestazioni contro la guerra, al contrario
ne rappresenta un arricchimento. Abbiamo seguito e partecipato alla
discussione preparatoria e successiva alla grande manifestazione del 20
marzo, e ci siamo resi conto che la difficoltà oggettiva emersa
chiaramente nelle settimane successive al 20 marzo è proprio quella
della gestione quotidiana dell’iniziativa contro la guerra, una
difficoltà oggettiva che rischia di immobilizzare le cose proprio
quando la spinta ad obiettivi definiti – come il ritiro immediato del
contingente militare italiano - viene questa volta dalla società e non
dalla politica.

 

E’ questo lo spirito con cui parteciperemo alla manifestazione
nazionale del 4 giugno contro la visita in Italia di Bush ma anche con
cui rinnoviamo la proposta di dare vita unitariamente il prossimo 26
giugno ad una giornata di mobilitazione nazionale alla vigilia del 30
giugno. Una indicazione in questo senso viene anche dalla riunione del
Forum Sociale Europeo a Istanbul. Il 30 giugno ha assunto – suo
malgrado – il ruolo di spartiacque tra chi si batte per il ritiro
immediato dall’Iraq e chi nuota ancora nell’ambiguità e la reticenza.
E’ difficile pensare che entro quella data i nostri obiettivi siano
raggiunti. La guerra proseguirà con il rischio di un suo allargamento
regionale già oggi visibile in quello che accade in Palestina, alle
frontiere tra Israele e Libano o con le minacce alla Siria. L’Italia ne
sarà ancora complice e protagonista con la presenza di soldati, imprese
ed eserciti privati in Iraq ed una politica estera subalterna a quella
dell’amministrazione Bush. Portare alla luce anche questa
contraddizione non è rinviabile, tanto più che le elezioni europee
saranno già alle spalle e dunque, dibattito ed iniziativa contro la
guerra non saranno più condizionati dal confronto e dallo scontro tra
le forze politiche.

Abbiamo sempre valorizzato e difeso l’autonomia del movimento. Oggi più
che mai riteniamo che questa autonomia del movimento dai tempi della
politica vada rafforzata.

 

Con questa lettera aperta intendiamo chiedere un confronto con tutti i
soggetti che hanno animato il vasto movimento contro la guerra nel
nostro paese. La nostra è una proposta minima ma concreta, in quanto
tale contiene tutte le possibilità di essere veicolata nelle forme più
corrispondenti alla realtà e alle possibilità di ognuno di noi.